M. Stoffel était un excellent homme, de ceux dont les élèves abusent. Ceci explique certaines farces qu’on lui prodiguait et quelques chahuts qui mirent sa patience à une rude épreuve.

Il avait coutume de mettre sécher ses chaussettes sur le toit du préau des Grands et en attendant que le vent et le soleil aient fait leur œuvre, il se mettait à son aise, les pieds à l’air, à distance respectueuses des odorats. Plus d’une fois on lui fit disparaitre ses chaussettes sans qu’il pût découvrir le voleur.

Sous prétexte de mettre à profit ses connaissances en botanique, on lui rapportait des monceaux d’herbages, il y en avait des bottes sur son bureau ; il examinait tout, discutait, comparaît et le lendemain tout était à recommencer.
Nous avions quelques années auparavant, en rhétorique, inauguré quelque chose d’analogue. C’était le jour de la fête du père Buhr (l’idée première était, je crois, de l’ami Alexandre Simon), nous avions cru bon de rapporter, je ne sais trop d’où, une énorme brassée de joncs, de fougères et de chardons. On en avait semé dans toute la classe. On en avait accroché aux murs, au tableau, partout et la chaire avait été décorée de monstrueux chardons.

On juge de la tête du père Buhr en entrant dans ce paradis de verdure au milieu duquel trônait une immense image d’Épinal, chérie du père Zinger et qui représentait la Pucelle d’Orléans. Il jeta un rapide regard circulaire en faisant sa grosse moue, puis de ses lèvres sentencieuses tombèrent ces mémorables paroles :

Je crois bien, ma foi, que j’entre dans une écurie d’ânes, il y a assez de chardons pour tous les simplex que vous êtes »

« A votre service », murmura insolemment Miclo !
Au même instant, Vallon qui se pouffait dans un coin, laissa échapper un braiement sonore et ce fut le malheureux Paul Poinsotte qui écopa de deux heures d’arrêts, car le père Buhr n’avait pas ses lunettes. Puis il sortit très digne, en déclarant qu’il rentrerait dès que « nos détritus et notre litière auraient disparus ».

Et voilà comment, le jour de sa fête, mais un peu malgré lui, le père Buhr nous fit cadeau d’une de récréation supplémentaire.

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