Adèle de Batz de Trenquelléon n’a que cinq semaines quand la Bastille est prise. Ses parents sont nobles. Son père, baron. Ils émigrent au Portugal. La révolution finie, ils reviennent en France, via l’Espagne. C’est dans ce pays qu’Adèle fait sa première communion. – « Je veux rester ici, et entrer dans un Carmel espagnol » ! – « Attends d’avoir vingt-cinq ans », lui répondent ses parents. La petite fille n’a que douze ans.
Adèle ne manque ni de charité ni de zèle ni d’imagination. Elle élève des poules dont elle distribue les produits et les bénéfices aux pauvres qu’elle rencontre. Elle fait le catéchisme aux enfants de son village. Elle rassemble autour d’elle de nombreuses amies.
À dix-neuf ans, c’est une « maîtresse femme ». Elle est à la tête d’une communauté d’environ soixante jeunes filles. De son château de Trenquelléon, non loin d’Agen, elle les dirige et leur écrit. Elle les réunit. Sous son impulsion, chacune, dans son village ou sa ville, multiplie les œuvres de charité et d’apostolat.
En 1808, elle écrit au Père Guillaume-Joseph Chaminade pour demander l’affiliation de sa communauté à la Congrégation. Celui-ci accepte. Il la rencontre en 1810. Quelques années plus tard, des Congrégations de jeunes filles naîtront dans toutes les villes où Adèle compte des amies : Agen, Tonneins, Lompian…
Avec quelques-unes de ses compagnes, Adèle de Trenquelléon voudrait aller plus loin. Vivre en communauté, être religieuse. Le Fondateur hésite. Les congréganistes sont dans leur milieu respectif de vivants témoins de l’évangile. Des apôtres. Regroupées en communauté, leur influence diminuera…
Un autre problème surgit. Être religieuse implique que l’on fasse le vœu de clôture. Or celui-ci n’est guère conciliable avec l’objectif du Père Chaminade : multiplier les chrétiens et soutenir les congrégations partout où elles existent.
Ces obstacles sont surmontés. Et, au mois de juin 1816, le Père Chaminade vint à Agen pour y ouvrir le premier couvent des Filles de Marie Immaculée. Un an plus tard, six religieuses prononceront leurs vœux perpétuels. L’Institut des Filles de Marie Immaculée était né.
Adèle de Trenquelléon est la supérieure du couvent. Les religieuses accueillent chez elles les réunions des Dames de la Retraite et la Congrégation des jeunes filles. Elles ont aménagé un ouvroir où sont donnés des cours de couture. Bientôt, elles ouvrent des classes gratuites pour les enfants pauvres de la ville.
En dépit des difficultés des premières années, le nombre des Filles de Marie Immaculée croît. Dès 1820, elles peuvent installer un nouveau couvent.