Quand nous contemplons nos origines, un constat s’impose : la place accordée à la Vierge Marie et la fécondité des œuvres du père Chaminade et d’Adèle deTrequellon ont comme relation de cause à effet.
Qu’en est-il , à une autre époque et face à d’autres défis ? Comment puiser à ce même dynamisme et l’adapter au temps présent ?
QU’EST-CE QUE LA CONSECRATION, L’ALLIANCE AVEC MARIE ? UN ELEMENT DE LA FOI ET DE LA VIE CHRETIENNE ? DANS LE DYNAMISME DE VATICAN II
Dans notre pratique chrétienne, on parle souvent de se « consacrer ». Il importe de bien comprendre ce que cela signifie si nous voulons le vivre en vérité.
Le Christ est l’unique consacré, l’oint véritable. Il est consacré au Père par l’Esprit. En lui et par lui se réalise l’alliance définitive de l’humanité et de Dieu, accomplissement des premières alliances de Dieu et de son Peuple, décrites dans l’Ancien Testament.
Le baptême est le sacrement qui nous fait participer à la consécration divine du Christ. La confirmation lui apporte son achèvement et l’Eucharistie sa réalisation au long des jours. Le baptisé devient un nouveau Christ et « par lui » avec lui et en lui », il est consacré au Père dans l’Esprit. Il participe à la triple fonction du Christ, prêtre, prophète et roi : par l’offrande de sa vie et l’intercession, par l’annonce et le témoignage, par son activité humaine de transformation du monde.
Le baptême nous constitue membres de l’Eglise puisqu’elle est le corps du Christ. Plus qu’une entrée dans un groupe, cette appartenance est désormais un élément de notre identité et constitue le milieu vital du développement de tout notre être. L’effet de la consécration du baptême est aussi profond que le permettent l’ouverture et la participation active de chaque croyant à la grâce de Dieu.
Marie est l’être humain qui a le plus pleinement vécu cette consécration, du fait de la grâce reçue de Dieu et de sa parfaite réponse humaine. L’offrande de Marie est totalement et inséparablement unie à celle de son Fils. Avec lui, elle s’offre à la volonté du Père, conformée et mue par l’Esprit Saint. Elle est donc pour cela la toute sainte, la pleine de grâce, la première des croyants (cf LG 63). Cette place occupée par Marie n’est pas ponctuelle, mais définitive. Elle est à jamais celle qui s’offre au Père, associée au Fils dans l’Esprit.
En accueillant l’Esprit engendrant le Christ en elle, Marie devient Mère de toute l’humanité régénérée en ce même moment par son Fils Dieu-fait-homme. Sa maternité s’exerce, au-delà; des limites de l’Eglise, sur tout homme. Elle trouve son accomplissement dans la vie chrétienne inaugurée par le baptême. Marie participe à notre engendrement quand nous sommes marqués de l’Esprit au baptême et à la confirmation et c’est alors que s’exprime le plus fortement sa maternité. Elle est la Mère de la multitude des frères de son Fils.
C’est au Calvaire que la consécration du Fils à la volonté de son Père parvient à la perfection et celle de Marie avec lui. Il choisit ce moment pour expliciter le lien qui existe entre nous et sa Mère. En révélant au disciple bien-aimé sa véritable filiation maternelle, il l’introduit et nous introduit dans le « oui » de Marie, écho de son propre « oui » à la volonté de salut du Père. En acquiesçant à ce « oui » , nous entrons véritablement en alliance avec Marie.
Marie sanctifiée par la grâce dès sa conception e revêtue de l’Esprit à l’Annonciation ne cesse de demeurer avec la communauté des croyants et de demander avec eux et pour eux L’Esprit Saint, ainsi qu’elle l’a fait à Jérusalem. pour nous le Cénacle n’est pas qu’un modèle historique, il est une attitude, une manière d’être ensemble avec Marie, pour recevoir, avec son aide, l’Esprit qui transforme la communauté, l’unit dans la diversité et en fait une communauté missionnaire. Ainsi, en répondant à l’action maternelle de Marie qui nous conforme à son Fils premier-né, nous sommes comme lui et à sa suite lancés sur les chemins de la mission.
En résumé:
1 La consécration baptismale nous unit au Fils consacré au Père dans l’Esprit. C’est en elle que s’insère la consécration-alliance avec Marie. La consécration baptismale est prolongée et parfaite par la confirmation et l’Eucharistie. elle fait de nous existentiellement un membre de l’Eglise
2 Sans rien y ajouter, Marie facilite l’action de l’Esprit en chaque chrétien, en chaque communauté et dans toute l’Eglise
3 Marie est celle en qui se réalisera l’Incarnation et en qui ne cesse de se réaliser notre transformation par l’œuvre de l’Esprit à l’image du Christ. En ses entrailles naissent les nouveaux fils de Dieu. Elle agit de manière semblable à l’Eglise dont elle est le modèle et l’image.
4 Sa collaboration favorise l’action de l’Esprit de trois manières:
- a Par une transformation personnelle, nous rendant progressivement conformes à son Fils premier-né
- b Par l’accroissement de notre ardeur missionnaire.
- c Par l’édification de la communauté.
5 La consécration-alliance n’est donc pas une démarche statique, mais un acte transformateur de notre existence chrétienne personnelle et collective.
6 la consécration-alliance comporte des droits (nous obtient des grâces) que nous nous exerçons à recevoir plus pleinement et des devoirs que nous nous engageons à accomplir fidèlement. Cette réalité sera développée explicitement dans la pensée du père Chaminade.
Père André Fétis et Monique Marie