D’après un article du Père André FETIS.
Si le Père Chaminade a placé Marie au centre de son entreprise, c’est qu’il a vérifié dans sa vie la valeur et pertinence de ce choix. Et puis, il y avait les appels du monde de son temps.
Les expériences premières
Mussidan. De 1771 à 1776, Guillaume-Joseph est élève au collège de Mussidan. Une des premières années, un accident lui déboîte la cheville. Aucun soin ne venant à bout de cette blessure, sur le conseil de son frère Jean-Baptiste, son guide spirituel, Guillaume-Joseph accepte de se confier totalement à l’intercession de Marie.
Les deux frères promirent un pèlerinage à pieds jusqu’au sanctuaire de Notre-Dame de Verdelais (distant de 80 kilomètres), si la guérison est obtenue. Elle le fut et le Père Chaminade considérera toujours cette guérison comme miraculeuse.
L’exil en Espagne
Après six années de ministère plus ou moins clandestin à Bordeaux, sous la Révolution française, le Père Chaminade a dû se résoudre à l’exil en Espagne, de 1797 à 1800 et c’est en la veille de la fête de Notre-Dame del Pilar qu’il est arrivé à Saragosse. Il fréquentera assidûment le sanctuaire.
Nul doute que cette expérience – vécue dans la prière et la méditation – ne l’a profondément marqué dans sa confiance mariale. Cette halte aura certainement été déterminante pour la maturation du projet qui l’occupera dès son retour en France et pour le reste de sa vie.
L’écoute
Il est fort probable qu’à Saragosse, le Père Chaminade a été interpellé par le projet tout marial du jeune Bernard Daries, ancien élève de Mussidan, qui envisageait de fonder une « compagnie de Marie » qui aurait pour mission de propager la « consécration » à Marie parmi le peuple chrétien, « afin que tous, écrivait Daries, devinssent le peuple de la Vierge qui écrasera victorieusement la tête du serpent ». Bernard Daries est mort en 1800.
Les trois années passées à Saragosse ont sans aucun doute permis au Père Chaminade de synthétiser toutes ces idées et expériences dans un projet clair qu’il restait à mettre en œuvre.
Les appels du monde
Il ne s’écoulera pas plus d’un mois entre son retour d’Espagne et la réunion de la première « équipe » de la « congrégation ». C’est que les appels du monde étaient pressants : la déchristianisation était générale.
Le Père Chaminade constata tout d’abord que la structure de la chrétienté était complètement démantelée. Les églises étaient vide ou transformées en granges ou en théâtres ; le clergé, dans sa grande majorité, défaillant ; les chrétiens, désemparés. Surtout, la situation de la jeunesse est des plus préoccupantes.
Cette situation ne provenait pas que de la Révolution, mais aussi des années qui l’avaient précédée où le « philosophisme », comme on appelait cette vague d’indifférence religieuse avait pris la place de la foi.
Face à une telle situation, que faire ?
À suivre…