21ème jour de carême : Le maire, c’est pas moi
Figurez-vous que je suis dans une municipalité où la municipalité est communiste. J’ai pris en charge cette municipalité dans ma prière comme j’ai pris en charge toute ma paroisse dans la prière. Cela se traduit par quoi ? Je passe, -comme je ne peux pas conduire de voiture parce qu’il me manque un œil-, je passe à pied dans les rues et je prie. C’est formidable la prière en langue, vous savez, c’est formidable.
Je passe dans les rues et je prie pour l’escalier tant, pour les gens qui sont dans tel bloc, pour les gens qui sont par là.
A certains moments, j’irai dans des rues où je n’ai rien d’autre à faire que traverser cette rue en priant pour toutes les familles qui habitent à droite et à gauche. Très souvent, je sais que dans la journée, il y a quelqu’un de cette rue qui viendra sonner au presbytère et qui aura quelque chose à demander. Et ça ira beaucoup plus loin que ce qu’il avait à demander. Mais parce que je marche à pied dans les rues de Behren, j’ai cela de commun avec le maire communiste, que lui aussi il marche toujours à pied.
Et vraiment nous nous retrouvons très souvent sur les trottoirs de la cité. D’ailleurs nous nous aimons bien. C’est un homme très ouvert qui a un sens de l’homme extraordinaire. Quand j’ai quelque chose à lui demander, et bien je lui parle : « Vous voyez, y a telle famille, telle famille, telle famille… Là il serait bon que la municipalité s’en occupe. »
Je vous assure qu’il s’en occupe chaque fois. Et quand lui a des problèmes assez importants dans sa commune, eh bien, en marchant là, côte à côte, il me raconte ses problèmes. Oh, il ne me dit pas de les prendre en charge. Mais il sait bien que je les prends en charge. Car je suis passionné comme lui pour le bien de sa municipalité. Et c’est tellement vrai que chaque fois que ça marche bien, il vient me le dire. Ça va très loin d’ailleurs, parce que vous savez, tous les samedis matin il y a le marché sur la place de la cité. Et là aussi je vais faire ma demi-heure de prière en langue entre les stands du marché, on rencontre toujours beaucoup, beaucoup de monde.
Mais voilà qu’il n’y a pas très longtemps, en arrivant sur la place du marché, il y a quelqu’un qui vient près de moi et me dit « Monsieur le maire, j’aurais quelque chose à... »
Alors je lui ai dit : « Le maire, c’est pas moi, c’est l’autre ».
5 août 1978 Paray-le-Monial
Bon chemin!
Musique : Zino Saint Martin