20ème jour de carême : Le combat social
C’est plus facile de pleurer sur les injustices sociales qui existent dans notre monde, (que de) reconnaître mes propres injustices dans le milieu professionnel dans lequel je vis. Quand je lis un livre comme celui de François de Closets « Toujours plus »… Ouah là là ! L’injustice sociale n’est pas simplement dans les salaires, elle est dans tous les avantages sociaux dont personne ne parle lorsqu’il y a une grève. Ah ça, on n’y touche pas. Mais on parlera des trois ou quatre pourcent qu’il faut transformer à certains moments. On parlera de certaines conditions, mais on ne touchera pas à toute une série de privilèges qui appartiennent à des professions ou à des catégories sociales. Si vous avez l’occasion de lire ce livre, il vous éclairera sur l’un des domaines énormes de l’injustice qui existe dans notre pays.
Mais précisément, prendre conscience que l’on est partie prenante des mécanismes économiques et politiques qui engendrent des injustices sociales dans les pays du tiers monde.
Je me tiens devant quelque chose qui est important. Et qu’est-ce que ça signifie, aller combattre l’injustice sociale des autres si je ne commence pas par écarter l’injustice sociale de ma propre vie ? Je fais un combat de mensonges si je ne cherche pas à écarter cette injustice de ma propre vie.
Comprenons bien ceci, c’est que tout combat contre l’injustice sociale, ce n’est pas simplement un combat économique et politique, c’est d’abord un combat spirituel qui demande d’être abordé avec la prière et la parole de Dieu.
Le réalisme chrétien fuit le vague. Et nous avons besoin de nommer nos propres limites comme celles du milieu dans lequel on vit.
Quand je dis cela, je ne m’écarte pas de ce que je vis : pour moi prêtre. J’ai à avoir bien conscience de mes propres limites, comme les limites du milieu ecclésiastique dans lequel je vis, comme de ses insuffisances, comme de ses richesses.
Je n’ai pas à battre le mea culpa sur la poitrine des autres. J’ai aussi dans mon milieu, dans la vie qui est la mienne, à bien analyser cela et avoir conscience de ce que je vis, de ce que je suis.
17-18 mai 1987 Metz
Bon chemin!
Musique : Zino Saint Martin