Marie, nouvelle Eve écrasant la tête du serpent

Où va la France de l’après-Révolution ? Où va l’Eglise de France ? Comment former et fortifier la foi des chrétiens dans les temps nouveaux où l’on est entré ? Le P. Chaminade se pose ces questions depuis son exil à Saragosse, et il n’est pas seul à se les poser. Il cherche des appuis dans la prière, dans les lectures, dans les échanges avec ses confrères… Il entend ceux qui imaginent pour l’Eglise un triomphe et un renouveau proches ; certains vont jusqu’à dire que ce sera le dernier temps avant le retour de Jésus, et que ce sera « l’âge de Marie ». Ce sont des thèmes qu’ont développé au siècle précédent des leaders charismatiques comme Louis Marie Grignion de Montfort et Pierre Joseph de Clorivière. Plus tôt encore, le P. Poiré avait célébré la triomphale et omniprésente influence de Marie dans l’histoire de l’Eglise.
Marial dans l’âme depuis son enfance, le P. Chaminade se laisse toucher par ces thèmes et ces aspirations. L’idée d’un « âge de Marie » qui annoncerait les derniers jours de l’Eglise était dans l’air du temps, et bien des catholiques exilés en étaient touchés et espéraient un nouvel essor de la vie catholique, en particulier grâce à la puissance de Marie protégeant l’Eglise persécutée et assurant sa victoire.

Parmi les exilés de Saragosse, certains rêvaient d’un nouvel ordre religieux consacré à Marie, qui restaurerait vigoureusement le catholicisme en France et au-delà. Le plus connu des Marianistes est Bernard Dariès, ancien élève du P. Chaminade à Mussidan. Dans les années 1790 il avait été précepteur dans de grandes familles espagnoles. Daris esquissa le programme d’un ordre religieux nouveau, qui, sous le nom de Marie, allait tâcher de remplacer dans leur rôle les Jésuites (supprimés depuis 1773 dans l’Eglise universelle) et insuffler une nouvelle vitalité dans l’Eglise. Il imaginait un ordre à trois branches, consacrées respectivement à une vie contemplative mariale, à l’éducation de la jeunesse et à la prédication de l’Evangile, au pays et au loin. Daries lui-même ne peut pas mettre ses idées en œuvre, qui n’en sont pas moins révélatrices de la mentalité, des attentes et des rêves du clergé exilé dans des lieux comme Saragosse. Certaines de ces idées sont reprises dans les nouvelles fondations qui voient le jour au début du XIXe s., dont celle des Marianistes en 1817.
Une quarantaine d’années après les rêves de Saragosse, dans sa longue lettre aux prédicateurs des retraites de 1839, le P. Chaminade esquisse une image apocalyptique du rôle de Marie dans l’histoire de l’Eglise et assigne leur tâche à ses disciples, au service de Marie. Le P. Chaminade fait sienne la vision d’un grand combat entre la Femme et le dragon, marquant la fin des temps, inspirée du chapitre 12 de l’Apocalypse. Il exprime sa conviction que ses nouvelles fondations (avec leurs trois branches et leurs tâches spécifiques, qui rappellent celles que prévoyait Daries) allaient jouer un rôle central dans la nouvelle ère de l’histoire.

Les disciples du P. Chaminade devaient être des missionnaires de Marie, combinant, dans leur vie, prière, enseignement et prédication, pour être vraiment « le talon de la Femme » écrasant la tête du serpent en ces temps nouveaux. Cette image de Marie est rare chez le P. Chaminade, mais dans la fameuse lettre elle est tellement appuyée qu’elle ne s’est jamais effacée de l’imaginaire des Marianistes.

« Soyons dans notre humilité le talon de la Femme ! » chantons-nous…
Quel serpent est-ce que je cherche à écraser aujourd’hui, dans ma vie spirituelle ?
Quel serpent s’agit-il d’écraser en tant que Famille marianiste dans le monde de notre temps ?

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