Voilà un trimestre que le Père Philippe Hue est en  résidence à Tozeur tout en restant en lien pastoral avec Gafsa

Le triangle Gafsa Tozeur Douz est la figure géométrique d’un espace d’activité et de présence qui néanmoins ne se définit pas par des limites de territoire et des structures institutionnelles.

Plutôt qu’un exposé explicatif ou une énumération d’activités, partageons une simple journée avec lui !

Chronique d’une vie ordinaire ou l’ordinaire de la vie

Levé tôt ce matin, l’oratoire chapelle, après un rapide petit-déjeuner, me reçoit. Je suis seul, il ne faire guère chaud et la lueur du tabernacle dit simplement la présence. On s’accueille mutuellement et les idées se mettent en place comme les dispositions à la prière. Certes, le bréviaire est sur mes genoux mais le mystère de la nuit qui cède à la nouveauté de l’aurore est déjà un invitatoire. Au loin la vague rumeur d’une mobylette  me dit qu’il y a aussi, pour un autre labeur, des lève-tôt et puis les derniers aboiements des chiens au terme d’une errance nocturne.

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La journée va reprendre ses prérogatives et elle s’annonce déjà dans mon esprit : les étudiants de la faculté, la grève, les agressions verbales envers le directeur, des manipulations, des professeurs inquiets, désabusés, des devoirs à déposer au secrétariat en vue des examens et l’inconnu du lendemain. Curieusement la situation n’a d’égale que celle du pays en matière d’atermoiements. Un peuple qui au delà des slogans découvre la réalité âpre et parfois cruelle du vivre ensemble.

Les psaumes reprennent à leur compte la saga humaine ou mieux me disent que tout est déjà dans le coeur de Dieu à travers la prière du psalmiste….il faudra accueillir également toutes les réalités de la journée dans le même esprit.

Au petit matin, les chants des oiseaux, les poules commencent à picorer et à écorner les tendres pousses appétissantes, un rapide tour du jardin tient encore du simple émerveillement du début décembre : les géraniums sont beaux, des roses persistent, les bougainvilliers ont fière allure. Mes chats me suivent badins et guillerets tant ils sont fiers de leur domaine qu’ils jalousent d’ailleurs et défendent contre les visiteurs tigrés ou roux qui ne sont pas de leur gente.

Le marché, des visages, des poignées de mains. J’ai le sourire facile et ça aide beaucoup pour entrer en contact. Je fais le menu du jour en fonction de l’arrivage! Tiens! Les petits artichauts paraissent tendres à souhait!

L’université est en émoi avec le même leitmotiv : « Mudir dégage! » Les employés de l’administration sont plutôt héroïques car ils assument tout tandis que le mudir en question reste à Sfax, chez lui, pour ne pas susciter la colère directement!

Dans la journée, il faudra assurer quelques visites. S’accrochent alors des réflexions à la boutonnière du cœur et de l’âme.

Cécile me dit combien il lui semble important qu’il y ait un prêtre à Tozeur et elle-même de me décliner ma mission:  » vous êtes notre lien et notre liant! C’est vrai, ça nous rassure quelque part qu’il y ait un prêtre au milieu de nous, même si, pour diverses raisons, nous ne sommes pas tous à la messe. Vous avez à aller vers les gens. »

On pense aussi aux jours suivants avec ceux que je rencontre: on m’annonce cinq personnes de Tunis pour la messe de Noël, on pense à célébrer l’Immaculée Conception chez une personne à mobilité réduite…Bref, il faudra s’adapter à la vie et non pas le contraire!

Le travail intellectuel est un créneau à prévoir. Avancer dans les préparations diverses: le groupe Bible et Coran de Gabès voudrait aborder la question de la vie spirituelle et de la mystique en Islam! Rien que cela! Un petit groupe naissant sur Tozeur tient lui aussi à tenir compte du contexte musulman. Les amitiés de Charles de Foucauld font que la prochaine réunion aura pour thème : la mission.

Et puis, il ne convient pas d’oublier Arnaud et Vanessa pour la préparation à la confirmation, adapter là aussi un programme. Penser à la récollection des soeurs franciscaines pour l’Avent…

Finalement aujourd’hui, j’opterai ce midi pour un plat au restaurant. L’envie de cuisiner n’est pas là. Qu’à cela ne tienne, les artichauts seront pour ce soir.

La méridienne coupe la journée et fait qu’il y a un moment de farniente finalement pas si désagréable.

La lecture de l’après midi précède alors la méditation et la célébration des vêpres et de la messe… La journée va bientôt s’éteindre avec les derniers rayons de soleil. La fraîcheur vespérale fait que le corps recherche le confort. Vu les conditions, des vêtements chauds aideront à entrer dans la nuit naissante. Le corps se recroqueville cherchant la chaleur mais l’âme s’est dilatée, elle, au bonheur d’une journée pleine de réalités humaines et spirituelles à la fois.

Le sommeil arrive vite car l’homme est encore fragile après les mois difficiles et la santé altérée.

Demain sera un autre jour jamais identique au précédent. Le tout est de rester éveillé, attentif, vigilant et de ne pas tomber dans le schéma sclérosant et répétitif et cela même s’il faut comme tout à chacun un minimum de cadre de vie.

Bonne nuit !

Père Philippe Hue

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