Une même mission pour tous

Remarque préliminaire : le terme même de « mission »
mittere, missus sum = envoyer, être envoyé. Le missionnaire = qqun qui a été appelé pour être envoyé.

La source de la mission

La source de la mission se trouve dans le mystère même de la mort-résurrection du Christ.

La source de la mission se trouve dans la nuit de Pâques. C’est après sa résurrection que le Christ a dit aux Apôtres : « Allez, de toutes les nations faites des disciples… »

Du matin de Pâques est né un homme nouveau, un humanisme nouveau, une création nouvelle, irriguée du sang du Christ (versé le vendredi saint), une civilisation nouvelle où Dieu a sa part.

Par le baptême, nous avons cette nouvelle humanité greffée en nous. Cette radicale nouveauté qui découle du baptême nous fait naître à la dignité d’enfants de Dieu, nous unit à Jésus Christ et à l’Eglise universelle qui est son Corps, et nous confère l’onction de l’Esprit en faisant de nous des temples spirituels (CFL 10).

La triple fonction du Christ lui-même nous est conférée au baptême :

  • une fonction sacerdotale (tte vie devient eucharistie)
  • une fonction prophétique (le témoignage rend espérance au monde)
  • une fonction royale = gérance de l’histoire humaine en marche vers le Royaume. La véritable liberté spirituelle doit servir à la libération authentique de tous les hommes.

d’où notre vocation 1ère et fondamentale : la vocation à la sainteté :
« Le saint est le témoignage le plus éclatant » (JP II CFL 16).
Il faut présenter au monde « le spectacle d’un peuple de saints ». (Chaminade)

et son corollaire : la mission dans le monde :
«  Chacun est configuré au Christ et est sujet actif de sa mission de salut » (id 17).
«  C’est la sainteté de l’Eglise qui est la source secrète et la mesure infaillible de son activité apostolique et de son élan missionnaire » (id).
« Tous missionnaires » (Chaminade).

Le contenu de la mission, sa nature et ses qualités

Contenu

Il s’agit de dire l’espérance aux hommes d’aujourd’hui. «  L’homme est aimé de Dieu, dit encore JP II dans CFL 34. Telle est l’annonce si simple et si bouleversante que l’Eglise doit donner à l’homme. La parole et la vie de chaque chrétien peuvent et doivent faire retentir ce message : Dieu t’aime ! Le Christ est venu pour toi, pour toi, le Christ est le chemin, la vérité, la vie ».

Madeleine Delbrel : « Apprenons que recevoir le Seigneur en vérité, c’est le transmettre… Apprenons qu’il n’y a pas deux amours : qui étreint Dieu doit avoir (le monde) dans ses bras. Qui reçoit le poids de Dieu dans son cœur y reçoit le poids du monde… Seigneur, chacun de nous est une de vos frontières. En chacun de nous doit se faire votre croissance, et non pas ailleurs ».

Nature et qualités

  • La mission est toujours une mission reçue, et non pas ma Je suis missionnaire d’un autre (cf « envoyé).
  • La mission n’est pas facultative: « Il n’est permis à personne de rester à ne rien faire » JP II CFL 3
  • La mission est universelle (CFL 3). Elle concerne le monde entier.
  • La mission est urgente: « Il n’y a pas de place pour l’inaction » (JP II CFL 3)
  • La mission dépasse mes forces, bien entendu, mais « Je suis avec vous… »
  • La mission est joyeuse (j’en reparlerai longuement par la suite)
  • La mission est libre et libératrice : redire à l’homme qu’il est libre et non le jouet de la fatalité.

En Eglise, en mission avec Marie

En Eglise

La mission n’est jamais une mission de solitaire, mais elle est une mission de communauté, une mission d’Eglise. « Être missionnaire, c’est faire cause commune avec l’Eglise pour que, en nous, elle atteigne les extrémités de la terre » (Madeleine Delbrel). Parce que l’Eglise (universelle) est, toujours selon Delbrel, le cœur même de Dieu pour ici et aujourd’hui.

Claude Dagens, évêque d’Angoûlème, membre de l’Académie française, ajoute : « Il faut retrouver le visage du Christ avec toute son intensité. Et ce visage du Christ, il faut le conduire (ensemble) jusqu’aux extrémités du monde. »

« L’Esprit saint nous attend là où on ne l’attend pas » (Jacques Matthey, pasteur).

Avec Marie

A Saragosse, Chaminade a découvert en Marie celle qui soutient les apôtres dans leur mission de répandre la foi. N’est-elle pas :

  • celle qui est la réussite parfaite de Dieu dans l’humanité,
  • celle qui est l’instrument choisi par Dieu pour l’Incarnation. C’est par elle qu’il lie définitivement sa cause à la cause de l’homme. C’est elle qui intègre Dieu dans l’Histoire humaine…
  • celle dont la vocation est exemplaire et source de la vocation de tout laïc,
  • celle de tous les humains qui est la mieux accordée à Dieu (cf Magnificat),
  • la femme toujours de chez nous, attentive aux besoins des hommes.

C’est d’elle que Chaminade a reçu :

  • un nouveau regard sur les réalités humaines : un regard d’attention, d’amour, de miséricorde
  • une espérance assurée : Le Christ est en état de résurrection jusqu’à la fin des temps ! (cf Pascal : Le Christ est en agonie jusqu’à …)
  • une compassion active pour les hommes qui souffrent.

On le voit, pour Chaminade et donc pour nous, le rôle de Marie est incontournable.

Une mission en Famille marianiste

La Famille marianiste doit être, dans le monde, un vivant témoin de l’amour de Dieu pour les hommes, un témoin « contagieux », d’où l’importance précisément de présenter au monde le spectacle d’un peuple de saints.

En effet, cet amour dont nous brûlons et qui nous brûle, n’est-il pas LA Bonne Nouvelle que Jésus le Christ est venu annoncer aux hommes de tous les temps ? Notre famille a donc une vocation essentiellement missionnaire et Chaminade ne cessait de répéter : « Nous sommes tous missionnaires » et, dans sa lettre fameuse du 24 août 1839, il ajoutait que le témoignage de ses disciples doit atteindre « toutes les classes, tous les sexes et tous les âges, mais le jeune âge et les pauvres surtout » (30).

Il savait aussi que, cette mission, nous n’aurions jamais la force de l’accomplir par nos seuls moyens. Aussi nous propose-t-il de faire alliance avec Marie.

Il était convaincu que, devant « l’indifférence religieuse, qui va engourdissant les âmes dans la torpeur de l’égoïsme et le marasme des passions » (11), « la puissance de Marie n’est pas diminuée… », qu’ « elle est, aujourd’hui comme autrefois, la Femme par excellence, cette Femme promise pour écraser la tête du serpent », et qu’ « à elle est réservée de nos jours une grande victoire », qu’à « elle appartient la gloire de sauver la foi du naufrage dont elle est menacée parmi nous » (12).

Il nous faut donc « offrir à Marie nos services, travailler à ses ordres et combattre à ses côtés ».

Chaminade demande à sa famille d’être prête « à voler partout où elle nous appellera… pour étendre le royaume de Dieu »(14).

Voilà la raison pour laquelle il nous propose de contracter alliance – ce sont des termes qu’il emploie -, avec elle. « Ce contrat est sacré, s’écrie-t-il, il est fécond en bienfaits pour nous ». (Il s’agit de bien autre chose que d’une consécration de pure dévotion à la Vierge !) Voilà la raison pour laquelle il a donné comme devise à ses disciples le mot de Marie aux servants à Cana : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! ».

Cette mission, nous ne pourrions l’exercer autrement qu’en Famille marianiste. Les Statuts du Conseil de Famille le précisent en ces termes : « la vocation missionnaire à laquelle (la Famille marianiste) est appelée se réalise pleinement quand les quatre branches unissent leurs efforts ; par là elles se découvrent chacune comme étant partie d’une famille qui va au-delà de chacune d’elles et les invite à travailler ensemble ».

Citons encore le P. Arnaïz, religieux marianiste prêtre : « Nous prenons tous de l’eau au même puits pour que la mission puisse porter du fruit en abondance. »

Notre mission, une mission de ‘laïcs du monde, de laïcs dans le monde’

Paul VI, EN 70 : « Le champ propre de l’activité évangélisatrice des laïcs, c’est le monde, c’est le monde vaste et compliqué, de la politique, de la réalité sociale, de l’économie, comme aussi de la culture, de la science et des arts, de la vie internationale, des instruments de communication sociale, et encore d’autres réalités comme celles de l’amour, de la famille, de l’éducation des enfants et des adolescents, le travail professionnel, la souffrance ».

Pour les « laïcs du monde » que nous sommes, Paul VI a ouvert un vaste chantier, nous montrant où notre activité de témoins aura à s’exercer, à savoir (je reprends, c’est important) : dans la vie politique, la vie sociale, économique (et professionnelle), dans le monde de la culture, de la science, des arts, dans la vie internationale, dans les moyens de communication, dans les domaine de l’amour, de la famille, de l’éducation, de la santé. Nous l’avons déjà vu, la mission est universelle.

Bien sûr, individuellement, nous ne pouvons pas être partout ; mais notre communauté, notre Eglise, nos Eglises le peuvent. Et ce, souvenez-vous, jusqu’au bout du monde.

JP II, dans CFL 15, insiste en disant que nous sommes « engagés dans tous les divers devoirs et travaux du monde, dans les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale dont (notre) existence est tissée ». Il ajoute : « Le monde devient ainsi le milieu et le moyen de la vocation chrétienne des fidèles laïcs ».

Aussi sommes-nous laïcs dans le monde, et pour le monde. Chaminade le savait bien, qui voulait que ses congréganistes vivent d’une foi contagieuse dans le monde, chacun dans le milieu qui était le sien, chacun à l’écoute et en dialogue avec ceux qui l’entouraient, chacun « en mission permanente ». (= une position qui sera, plus tard, celle de l’Action catholique)

Cette mission, à quelles conditions et comment la remplir ?

  1. Il faudra d’abord que nous devenions ce que nous avons à être ;
  2. Cette mission, il nous faut la remplir dans un joyeux amour de Dieu, du monde et des hommes ;
  3. Pour bien la remplir, il nous faudra la joie de l’audace du Christ lui-même.

Devenir ce que nos avons à être

  • La vie du témoin n’est pas tant dans ce qu’il fait que dans ce qu’il est. Etre missionnaire, c’est une vie, pas un métier ! « Les gens ne devraient pas tant se préoccuper de ce qu’ils doivent faire, disait maître Eckhart, ils feraient mieux de s’occuper de ce qu’ils doivent être. Si nous-mêmes et notre manière d’être sommes bons, ce que nous ferons rayonnera ».
  • Pour que cela soit, laissons-nous maintenant saisir par la joie, cette joie qui traverse toute l’Histoire du Salut et qui seule peut nous empoigner, s’emparer de nous, nous jeter en elle et métamorphoser nos vies. Quelques exemples de cette joie dans les Ecritures :

Aux bergers : « Je viens vous annoncer une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple : il vous est né… un Sauveur ! » (Lc 2, 10)

Discours de Jésus : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15, 11)

A propos de la brebis perdue : « Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue ! Je vous le déclare : il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit… » (Lc 15, 6)

Dans les Actes, lors de la proclamation du Christ ds une ville de Samarie : « Philippe y proclamait le Christ… (et) il y eut une grande joie dans cette ville » (Ac 8, 8)

Ex : 13, 48 et 52 : « les païens, tout joyeux, glorifient le Seigneur… Les disciples restaient remplis de joie et d’Esprit Saint ».

15, 3 : « Les conversions…procuraient une grande joie à tous les frères »

Dans les Lettres : (Paul aux He 9,11)

« Le Christ est le grand-prêtre du bonheur à venir »
(dans la première lettre de Jean) : 1 Jn 1, 4 : « Nous vous écrivons cela, pour que votre joie soit complète »

( Paul aux Philippiens) :
1, 18 : « Christ est annoncé, et je m’en réjouis, et je continuerai à m’en réjouir ! »
1, 25 : « le progrès et la joie de votre foi »
2, 17 : « Et même si mon sang doit être versé, j’en suis joyeux… »
2,18 : « Vous aussi, soyez dans la joie et réjouissez-vous avec moi »
3, 1 : « Réjouissez-vous dans le Seigneur… »
4, 1 : « Mes frères, vous ma joie… »
4, 4 : « Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps, je le répète, réjouissez-vous ! Que votre bonté soit reconnue par tous les hommes ! »

Pour Paul, la Joie est un des sept fruits de la vie dans l’Esprit (Ga 5, 22) avec la charité, la paix, la longanimité, la serviabilité, la bonté et la confiance.

Le joyeux amour de Dieu, du monde et des hommes

Si nous voulons être missionnaires comme Adèle et Chaminade nous le demandent, il nous faut être brûlants d’amour.

Brûlants d’amour pour Dieu

La 1ère caractéristique de toute vie apostolique est d’être un partage de la vie même du Seigneur. Partage qui ambitionne, comme nos fondateurs nous le demandent, la conformité avec le Christ, grâce à l’alliance avec Marie et grâce à :

  • la méditation de la Parole : la Parole nous nourrit, nous donne vie et nous rend capable de renvoyer le sourire de Dieu aux hommes de notre temps, en même temps qu’elle nous introduit dans un monde plus vaste ;
  • la pratique assidu de la prière. Si notre apostolat nous enlève le temps de prier, il y a quelque chose qui ne va pas… La prière nous pousse hors de notre petit univers et nous introduit dans l’univers même de Dieu. Elle remet nos cœurs à neuf et les guérit de leurs peurs, de leur frilosité . Elle ouvre nos cœurs aux initiatives secrètes de Dieu lui-même. Laissons-nous emporter dans le mouvement de l’Esprit… « Prier, prier, prier », disait Madeleine Delbrel. Alors : ‘Nous ne prions pas, nous sommes priés’ – Maître Eckhart. (Nous le verrons davantage et mieux cet après-midi).

Brûlants d’amour pour le monde

Souvenons-nous de ce que disait Sulivan : « Pécher contre la chair du monde, c’est pécher contre la chair de Dieu ». Il nous faut donc aller jusqu’à brûler d’amour, comme fit le Créateur lui-même et le Christ Rédempteur :
– parce que le monde sorti de Dieu et sauvé par le Christ est sacré ;
– parce qu’il est appelé à une destinée de bonheur ;
– parce que, même abîmé, il peut être sauvé.

A nous – non pas de le juger ou de le critiquer – mais de lui faire découvrir et désirer son vrai bonheur.

Bien sûr qu’il faut accepter de se laisser blesser par la souffrance du monde : « c’est en des lieux de calvaire qu’on peut rencontrer Dieu », a dit un théologien, et, dans notre monde, Dieu nous précède toujours sur le terrain, lui qui a pris le risque de l’Incarnation. Rejoignons-Le au cœur du monde, le cœur brûlant d’amour, et, avec Lui, agissons : « que notre théologie soit une théologie de la cité et des places du marché » (idem). Pour cela, employons un langage qui puisse être compris.

Et puis, comme saint Jérôme, ayons de l’audace : « Sciens et prudens, manum misi in ignem » = En pleine connaissance de cause, j’ai plongé la main dans le feu.

Aurons-nous l’audace d’en faire autant (ou préférons-nous ne pas être dérangés) ?

  • tout en sachant que, dans notre société, toute affirmation est perçue comme totalitaire et suspecte et que notre société multiculturelle rejette la prétention à l’absolu, elle qui a l’habitude du supermarché des valeurs ;
  • tout un sachant qu’une culture du mépris, du dédain, de la condescendance, touche le catholicisme aujourd’hui, et que souvent la mémoire chrétienne est refoulée ;
  • tout en sachant aussi, avec saint Thomas d’Aquin, que « le recours à l’autorité est le plus faible des arguments »…, surtout dans une société individualiste et qui semble avoir perdu ses repères.

Brûlants d’amour pour les hommes

Des hommes qui, dans ce monde tel qu’il est, veulent vivre à leur propre rythme, par essais, tâtonnements successifs, erreurs, retours en arrière… et qui pensent qu’une deuxième chance est accordée à chacun. Ils cherchent une sagesse individuelle qui respecte leur liberté.

C’est la prière, disions-nous, qui nous permet d’ouvrir tout grand notre cœur aux autres.

  • « Ma vocation, disait Thérèse de Lisieux, c’est l’amour ».
  • Commentant l’évangile de saint Jean, saint Augustin s’écriait : « Montre-moi quelqu’un qui aime, car il comprend ce que je dis ». Sommes-nous ce quelqu’un qui aime?
  • L’amour pousse à donner sa vie pour les autres, dans la joie.
  • Mais l’aboutissement de notre amour sera une dépossession. C’est lorsque nos flancs sont grand ouverts que peut jaillir l’eau vive.
  • Alors seulement notre amour pourra être un amour joyeux, celui-là même qui osera implorer Dieu de se faire irrésistible pour les hommes de notre temps.

La joie de l’audace du Christ lui-même

  • Pour que la joie de l’audace nous vienne, il faut que nous prenions conscience combien fut audacieux le Christ lui-même quand il a su combler la distance entre la vie du Père et ce qui, dans le monde, en était le plus éloigné, aliéné et blessé.
  • Nous n’aurons une parole d’espérance que si nous entrevoyons de l’intérieur la souffrance et le désespoir des hommes ;
  • Nous n’aurons pas pour eux de compassion sans connaître en quelque sorte comme nôtres leurs échecs et leurs tentations ;
  • Nous n’aurons pas de paroles qui proposent un sens à la vie des gens à moins d’avoir été touchés par leurs doutes et d’avoir entrevu l’abîme… ( = 1 beau risque de la mission).
  • Comment le Christ s’y est-il pris ? Regardons-le faire à travers l’évangile des disciples d’Emmaüs.

Une démarche d’accompagnement

Tout d’abord, Jésus marche avec les disciples alors qu’ils s’enfuient.

  • en quelque sorte, il les accompagne dans leur fuite, voire dans leur désespoir : fuir Jérusalem n’est-il pas, pour eux, un acte de désespoir ?
  • il ne les arrête pas, il ne leur barre pas la route au nom de son autorité. Mais il marche avec eux, il entre dans leur maison, il partage leur pain. Ce faisant, il donne autorité à leur expérience et devient du fait même crédible pour eux.
  • Pour avoir aujourd’hui une autorité convaincante, nous devons partager le chemin des personnes, entrer dans leurs peurs, être touchés par leurs déceptions, leurs questions, leurs échecs et leurs doutes.

Une démarche de dialogue

  • Jésus, tout en accompagnant les disciples, entre en dialogue avec eux, faisant confiance à leur intelligence. « Commençant par Moïse et parcourant tous les prophètes, il leur interpréta dans les Ecritures ce qui le concernait ».
  • Il se met aux prises avec leur intelligence
  • Il essaie de donner sens – grâce au recours à la Parole- à leur expérience.
  • Nous voyons là l’autorité de la raison, même si ce n’est qu’un premier pas.
  • dans le dialogue, nous devrons nous adresser à l’intelligence des femmes et des hommes d’aujourd’hui pour leur montrer, dans l’évangile, la signification de leur expérience. N’oublions pas, l’Esprit nous précède toujours…

Une démarche de partage

  • Jésus a ensuite accepté de partager leur logis avec les pèlerins, avant de partager avec eux la table.
  • à notre tour d’accepter ce que les autres ont à offrir : leur hospitalité, leur langage, leur culture (ou leur absence de culture), leur pain…

Qu’ils soient pauvres, émigrés, divorcés, homosexuels, toxicomanes, personnes ayant eu recours à l’avortement… Il faut donner autorité à leur expérience (si douloureuse soit-elle – mais habitée elle aussi par la Parole), pour que notre témoignage puisse avoir chez eux une quelconque autorité.

Avoir des paroles de bienvenue et non de condamnation, des paroles qui rassemblent pour le Royaume, au lieu d’exclure…

NB. Cela peut être mal compris, mais notre Maître lui-même n’a-t-il pas fréquenté les publicains et les prostituées ?

Une démarche de confiance, qui suscite la foi du cœur

  • Les yeux des disciples s’ouvrent lorsqu’ils voient Jésus rompre le pain. « Notre cœur n’ était-il pas brûlant … ? »
  • Voilà ce que nous aurons à faire à un moment ou à un autre nous aussi : poser le geste, le signe, oser la parole, le témoignage qui rende présent le Seigneur…
  • Chez les disciples d’Emmaüs, la fraction du pain a suscité la « foi du cœur » chère à Chaminade. Le récit culmine dans le retour des disciples à Jérusalem pour témoigner de ce qu’ils ont vu. Cela ne finit pas par leur soumission à la parole d’autrui, mais par la proclamation de leur propre expérience, proclamation jaillie du cœur embrasé. A leur tour, ils deviennent eux-mêmes autorité parce qu’ils ont rejoint la Parole en eux, présente comme une source prête à jaillir. Et c’est de leur propre liberté qu’elle jaillira (exactement ce qu’a voulu le Ressuscité qui les avait rejoints dans leur fuite).

Conclusion

Voilà comment, à l’image du Maître, nous pouvons aujourd’hui, en Famille marianiste, être missionnaire. Voilà l’audace que je nous propose aujourd’hui, la joyeuse audace proposée par Chaminade, imitée du Maître de toute Joie et de toute audace.

Lors de la béatification de Chaminade, JP II avait dit : « (Cette béatification) rappelle aux fidèles qu’ils doivent à tout moment trouver de nouvelles manières de témoigner de la foi, de sorte qu’elle atteigne spécialement ceux qui sont loin de l’Eglise ».

Laissez-moi finir par deux citations d’écrivains contemporains 

Bernanos : « Ce qui me fait tant de peine ? Eh bien, c’est d’être aussi impuissante à vous rendre heureux, vous, vous tous ! Il me semble que je travaille à ça depuis des siècles, et me voilà comme au premier jour… » (La Joie)

Cesbron : « La seule vraie preuve de l’existence de Dieu, c’est la Joie !
Avec eux tous, nous voyons bien que la mission est une question de bonheur, de joie.
Avec et dans la joie, la mission sera pour nous la ‘belle aventure’ de la foi. »

Abréviations

JP II = Jean Paul II
CFL = Christi Fideles Laïci (Les fidèles laïcs du Christ)
EN = Evangelii nuntiandi = annoncer l’Evangile

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