Actualité du témoignage d’Adèle de Batz de Trenquelléon

Adèle attache beaucoup d’importance à tous les sacrements en particulier elle n’oublie jamais de célébrer l’anniversaire de son baptême, alors j’ai choisi de présenter l’actualité du témoignage que nous livre Adèle à partir de ce que le baptême réalise en nous quand il nous fait, prêtres, prophètes et rois.

Dans leur lettre aux catholiques de France, les Evêques nous rappellent ces trois dimensions de toute vie chrétienne : (cf. Lumen Gentium n° 10-34-35-36)

« L’Eglise est détentrice d’un message qu’elle a mission d’annoncer (prophétie). Elle a aussi pour mission de servir la vie des hommes (royauté). Il n’en reste pas moins vrai que cette transmission du message et ce service de l’humanité culminent dans la célébration liturgique (sacerdoce), au cours de laquelle la communauté reçoit la Parole de son Seigneur et prie pour le salut du monde. »

Avant d’aller plus loin je citerai quelques textes d’Adèle :

Lettre 104. 2,5   Le jour où vous recevrez ma lettre est le jour de l’anniversaire de mon baptême…. Oh l’heureux engagement que nous avons pris dans notre baptême. Renouvelons-le de tout notre cœur ; engageons-nous tout de nouveau dans l’amour et le service du bon Dieu ; marchons sous l’étendard de la croix. (Elle a 20 ans)

Lettre 230.4.6    Je vais me préparer à mon anniversaire de baptême… J’aurai 25 ans… Faisons un meilleur usage des années que le bon Dieu nous accorde encore : consacrons-lui l’âge mûr ; ne vivons plus que pour ce divin Sauveur… Vous savez que nous devons être de « petits apôtres »…Rendons-nous dignes de cette glorieuse vocation où le Seigneur nous appelle malgré notre indignité.

Lettre 231.6 Il y aura 25 ans, vendredi, que Dieu me régénéra dans le saint baptême. Je vous prie, si vous vous réunissez ce jour-là, de dire à mon intention un « Pater » et un « Ave » et de le demander à nos chères amies.

Lettre 253.5 Regardons-nous comme un temple où le Saint Esprit réside par sa grâce. Nous lui avons été consacrées dans le saint baptême : tous nos sens presque lui ont été consacrés par les saintes cérémonies de ce sacrement. Et puis, notre Jésus, ne prend-Il pas possession de ce temple chaque fois que nous avons le bonheur de communier ?

Lettre 270.3 Quelle grâce que celle du baptême. Pourrons-nous jamais assez la reconnaître ! D’enfants de colère, elle nous rend enfants de Dieu et de l’Eglise, héritiers du paradis, frères de Jésus Christ.

Ces passages sont extraits de lettres écrites avant la fondation de l’Institut, par la suite elle parle du baptême à l’occasion des engagements des congréganistes et lors des professions religieuses celle-ci étant considérée comme un second baptême. Vatican II présente la consécration religieuse, non comme un second baptême mais comme une manière de vivre le baptême en réponse à un appel du Seigneur.

Puisque Adèle accorde une grande place à son baptême, nous allons tenter de découvrir comment s’épanouit en elle la grâce qui la fait participer à la mission sacerdotale, prophétique et royale du Christ et de toute l’Eglise, par conséquent de chacun d’entre nous. Cela, je l’espère, fera apparaître, pour chacun l’actualité de son témoignage et nous stimulera dans l’accomplissement de notre vocation quelle qu’elle soit.

Des extraits de ces lettres que je viens de vous lire, où Adèle mentionne son baptême, je dégage quelques points forts que je vais développer en relation avec le culte, le service du prochain, le témoignage ou l’annonce de J.C. :

  1. l’amour de Dieu : vivre pour Lui, être la demeure du Christ, communier (lien avec l’Eucharistie) appel à la prière des autres (communion des saints)
  2. le service de Dieu dans les autres, se montrer frères de J.C .
  3. être de petits apôtres, enfants de l’Eglise

L’amour de Dieu : la prière

Je commencerai, comme les Evêques dans le développement de leur lettre, par la dimension sacerdotale (le culte)

« (…) Si la célébration sacramentelle est véritablement le lieu d’où tout part et où tout est appelé à revenir, n’est-ce pas elle qui doit donner leur pleine portée théologale aussi bien à l’engagement dans le monde qu’à l’annonce de la foi ? »

La prière occupe une place primordiale dans la vie d’Adèle. Elle a 13 ans, quand M. Ducourneau, le précepteur de son frère, qui deviendra prêtre, lui donne, sur sa demande et avec l’accord de sa mère, un règlement de vie spirituelle où tout ce qu’elle fait doit être orienté vers la gloire de Dieu, « vous apporterez à vos actions spirituelles ou temporelles tout le soin possible pour leur perfection ; vous ferez en sorte de les diriger vers Dieu et les faire toutes pour lui plaire. » (art.10)

L’oraison (une demi-heure le matin, une demi-heure, le soir), la lecture spirituelle, le chapelet y tiennent une place prépondérante. Pour se préparer à recevoir le sacrement de la confirmation ne passe-t-elle pas six semaines au carmel, partageant intégralement la vie de ces religieuses ?

L’oraison avec laquelle elle se familiarise dès son jeune âge est pour elle un dialogue intime avec Celui qu’elle appelle son Epoux, le Bien-Aimé. Elle lui parle, elle se laisse enseigner par lui. Elle accueille sa Parole et veut la faire fructifier. Elle n’a pas encore 17 ans qu’elle commente pour les membres de la Petite Société l’Evangile de la semence : « Dans quelle terre recevons-nous les précieuses semences de la Parole de Dieu ? » (33.3) Nous savons que ce à quoi elle invite ses amies, elle cherche, elle-même à en vivre.

C’est généralement à partir des textes que lui offre la liturgie qu’elle enseigne les destinataires de ses lettres. L’Avent, le Carême, le temps de Pâques, la préparation à la Pentecôte, les fêtes de la Vierge Marie se trouvent ainsi commentés pour stimuler la prière, la réponse à l’amour de Dieu, le service du prochain, le travail sur soi pour avancer sur les chemins de la sainteté…

Elle porte dans sa prière le souci des associées, leur santé tant physique que spirituelle. Elle invite à prier pour la conversion des protestants, nombreux dans la région, pour les malades, pour les entreprises des associées.

Elle demande aussi la prière des autres manifestant ainsi l’importance qu’elle attache à la communion des saints. On l’a vu dans une des lettres citées tout à l’heure, elle demande qu’on dise un pater et un ave au jour de l’anniversaire de son baptême. Chaque fois qu’elle se rend à Condom chez ses tantes, à Figeac chez sa grand-mère elle confie le voyage missionnaire qu’elle entreprend à la prière de ses correspondantes. Ces voyages ont en effet pour but de faire des conquêtes. « Nos amies de Condom sont bien braves. Nous y avons fait des conquêtes, dont une, ma cousine germaine, Melle Caroline de Batz et l’autre Melle Constance Vigier. » (162.4)

Chacune de ses lettres est précédée d’un Acte, espèce de piste de vie, d’oraison jaculatoire que les associées proposent à tour de rôle, et qui sert à se rappeler, au long du jour, pour qui, pour quoi et comment on agit. En voici quelques-uns :

« Mon Dieu, vous seul pouvez remplir mon cœur. »
« Pardon, mon Dieu, pour tous ceux qui vous offensent. »
« C’est votre gloire que je veux chercher, ô mon Dieu ! »
« Mon Dieu, les saints nous attendent, hâtons-nous ! »
« O mon Dieu, redoublez mon amour ! »
« Mon Dieu, donnez-moi un nouveau courage pour suivre votre voix ! »

A travers ces actes glanés au fil des lettres d’Adèle, on perçoit l’amour qui l’anime et qui la brûle. Consciente en effet de l’amour que le Seigneur lui porte elle cherche à lui rendre amour pour Amour et elle y engage ses amies.

Et tout ce qu’elle vit va venir, comme naturellement, prendre sa place dans l’Eucharistie. Elle se fait toujours une joie de pouvoir communier. A ce moment-là, de fait, on ne peut pas communier sans s’être confessé auparavant et lorsque le prêtre s’absente, il faut attendre pour pouvoir de nouveau communier. Combien de fois Adèle n’écrit-elle pas sa peine de n’avoir pas pu s’unir au divin Epoux.

Ce manque qu’elle ressent très fort l’incite à se préparer d’autant mieux pour la prochaine communion. Depuis sa première rencontre avec Jésus dans la communion, elle a une vive conscience de la démarche qu’elle accomplit. Cela nous interpelle sur notre manière de célébrer l’Eucharistie, de participer à la messe. Comment nous y disposons-nous ?

Elle écrit : « J’espère avoir le bonheur de communier dimanche ; (…) allons avec confiance trouver un Dieu si bon, qui nous aime tant, qui a tant de joie de nous voir à sa table ! » (86. 4,6)

Et encore : on est dans l’Octave de la fête du Saint Sacrement : « Oh ! pourrions-nous bien vivre encore dans l’indifférence en voyant un tel amour ? Pourrions-nous ne pas désirer de nous unir à Lui après qu’Il en fait tant pour s’unir à nous ? » (162.6)

Cet amour de Dieu se traduit en service des autres

« Il est exclu de célébrer en vérité le mystère de la foi, en s’en tenant à l’action cultuelle. Car le Dieu sauveur qui vient à nous en Jésus-Christ s’est lui-même identifié aux pauvres et aux petits. Il y a donc un lien entre le culte chrétien et la vie des hommes, en ce qu’elle a de plus fragile et de plus menacé. On ne peut servir et aimer Dieu qu’on ne voit pas sans l’honorer dans les plus démunis de nos frères. » (lettre des Evêques) dimension royale

Dès son plus jeune âge, Adèle a appris auprès de sa maman à partager, à faire attention aux pauvres, aux malades.

Elle se montre ingénieuse pour alimenter la caisse des pauvres. Broderie, couture, élevage. Dans une lettre, elle demande même à Agathe si elle pense pouvoir vendre son châle en soie. (296.6) Pour qui ? Sinon pour eux. Subvenir à leurs besoins, c’est sa joie. Qu’importe qu’ils s’agissent de toutes petites choses : ce qui compte c’est d’agir pour l’amour du Seigneur et de répondre aux besoins qui se présentent. « L’intention sainte rend souvent bien méritoires les actions les plus communes : un verre d’eau, donné au nom du Seigneur ne demeurera pas sans récompense. ‘Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, faites tout au nom du Seigneur.’ » (254.6)

Alors ce sera un sac de blé, des chemises qu’elle a confectionnées elle-même, des bas, l’argent pour les études qu’elle fera parvenir à Dubrana, ce jeune séminariste dont les associées ont pris en charge les études et tout ce qui lui est nécessaire.

Ce sont 2 sacs de blé pour Mme Montesquieu. C’est une jupe qui lui a été donnée qu’elle fait parvenir à une infirme. C’est le petit Tricoulet qu’elle se charge de vêtir, c’est la petite Pesaquete pour qui elle trouve une famille qui va l’employer, lui donnant ainsi famille et logement… Et puis il y a les mendiants, nombreux, qui viennent frapper à la porte du château et qu’elle tient à servir. La famille est aujourd’hui est fière de montrer l’endroit où Adèle se tenait pendant qu’ils mangeaient. Elle en profitait pour leur parler de l’amour de Dieu pour eux.

Une fois religieuse, elle garde ce souci des pauvres. L’une des Sœurs reçoit de pauvres femmes de la campagne, elle les aide sur un plan matériel tout en cherchant à les préparer aux sacrements. La sœur St François leur parle en patois pour se rendre plus proches d’elles. Et ces femmes lui font confiance et reviennent régulièrement.

Les talents qu’elle a reçus elle cherche à les faire valoir. C’est ainsi qu’ayant eu la chance d’étudier elle ouvre une petite école au château pour les enfants des hameaux qui environnent le château. Elle quitte tout lorsque les enfants arrivent comme en témoignent plusieurs de ses lettres : « Voici mes écolières qui arrivent, il faut que je vous quitte. » (169.6)

Elle fait la classe, elle prépare aussi les enfants à recevoir les sacrements. Elle prie et fait prier pour eux comme en témoignent encore ces lettres :

« Priez pour plusieurs de mes écoliers et écolières qui vont faire la première communion pour la Fête-Dieu. Que le Seigneur dispose leur cœur et leur donne une sainte persévérance. » (304.6)

«  J’ai ma petite école qui m’attend, il faut que je vous quitte. Priez Dieu pour les élèves et la maîtresse. » (176.5)

On voit ainsi clairement comment elle allie avec la plus grande simplicité l’amour de Dieu et l’amour des autres.

Il n’est pas surprenant dès lors qu’à peine l’Institut des Filles de Marie fondé, apprenant que les petites filles pauvres d’Agen ne sont pas scolarisées, elle demande au Père Chaminade l’autorisation d’ouvrir des classes gratuites pour ces enfants. Tandis que l’Institut se développe, elle suit avec intérêt ce qui se fait dans les écoles. Elle fait même preuve d’imagination : une sœur qui joue du piano enseigne la musique et le chant, une autre l’italien en plus des matières usuelles. Ces enfants sont aussi préparés aux sacrements.

Et puis il y a la « Petite Société» qu’avec Jeanne Diché et M. Ducourneau elle contribue à fonder et dont elle devient, après le mariage de Jeanne avec le docteur Belloc, la principale responsable.

Il s’agit là de s’aider à vivre sa vie chrétienne dans toutes ses dimensions : prière, service, partage de la foi. Les associées visitent les malades, les prisonniers, font jouer les enfants, prêtent de bons livres, voire font la classe à l’instar d’Adèle comme Lolotte de la Chapelle.

Service des pauvres sur les plans matériel, culturel, spirituel, à travers des actions toutes simples, à la portée de chacun, de chacune, voilà ce à quoi nous appelle Adèle. Cette vie brève mais dense, (elle a constamment conscience de la précarité de la vie. « le temps s’en va, hâtons-nous de le mettre à profit ! » (556.3) D « Le temps est court (…) que nos jours soient pleins : surnaturalisons nos actions. Tout pour Dieu ! tout en vue de Dieu » (508.3)) nous avons la preuve que l’amour rend inventif au service du prochain.

Adèle nous enseigne à voir les besoins, elle nous engage à ne pas perdre de temps pour mettre au service des pauvres nos talents, nos capacités, notre temps…

Annoncer et faire connaître Jésus-Christ

« L’église qui propose la foi au Dieu de Jésus-Christ doit sans cesse, et aujourd’hui plus qu’à d’autres époques relativement tranquilles, s’enraciner dans cette foi, et ne pas éviter les interpellations, ni même les épreuves, qui l’obligent à aller à la Source de la foi, à en comprendre la nouveauté et à l’annoncer avec assurance. » (lettre des Evêques) dimension prophétique.

« O mon Dieu, mon cœur est trop petit pour vous aimer, mais il vous fera aimer de tant de cœurs que l’amour de tous ces cœurs suppléera à la faiblesse du mien. » (325.4)

Voilà ce qui habite le cœur d’Adèle.

Au retour d’exil, Adèle arrive dans une France qui s’est vite déchristianisée. Elle aime de tout son être son Seigneur, Celui qu’elle appelle son Epoux, Celui auquel elle voulait se donner en suivant Ste Thérèse et St Jean de la Croix en restant au carmel en Espagne.

De retour au château, elle est initiée à la mission (comme à la prière et au service du prochain) par sa mère. Celle-ci l’emmène avec elle pour faire le catéchisme, visiter les malades. C’est elle également qui anime la prière au château tous les soirs pour la famille et le personnel de la maison. Femme de foi très profonde Mme de Trenquelléon marque sa fille d’une empreinte indélébile.

Il y a une grande connivence entre la fille et la mère. Celle-ci n’est-elle pas seule à acquiescer à la demande d’Adèle qui souhaite passer six semaines avec les carmélites qui vivent à Agen dans la clandestinité. Le reste de la famille désapprouve. Discrète, la baronne comprend sa fille. Elle l’entraîne dans toutes ses démarches caritatives.

Adèle regarde le Bien-Aimé et dans la force de l’Esprit Saint qu’elle a reçu à la confirmation et auquel elle s’ouvre de façon nouvelle à chaque Pentecôte, elle puise un dynamisme qui la rend créative.

Peinée profondément par le spectacle qu’elle a vu en rentrant d’Espagne : des villages appauvris, des églises délaissées, abîmées, transformées en grange. ELLE est habitée par le désir de rechristianiser les campagnes. Un désir qui l’habitera jusqu’à sa mort. Une fois l’Institut fondé, mais il est fondé à Agen, en pleine ville, elle demande au Père Chaminade : « et l’œuvre des campagnes ? J’y tiens bien, mon bon Père, ayant été nos premiers projets ; je serais au comble de mes désirs de la voir réussir ! Oh ! si vous connaissiez le besoin de la plupart ! On pourrait se représenter faire les missions des sauvages : on n’y connaît guère plus le bon Dieu ! » (354.6)

Ce n’est que 8 ans après sa mort, que l’œuvre des campagnes verra le jour en 1836 à Auch avec la fondation du Tiers Ordre régulier. Le Père Chaminade la présentera comme l’œuvre souhaitée par Melle de Trenquelléon.

Comment va-t-elle s’y prendre pour rechristianiser les campagnes ?

C’est tout d’abord la fondation de la Petite Société. Certes l’association a pour but de se préparer à une bonne mort (art.3) A cette époque, il y avait bien des jeunes qui mouraient, les lettres d’Adèle nous en livrent bien des fois le témoignage, c’était aussi de bon ton de mourir jeune et certaines jeunes filles ne faisaient rien pour se soigner… Alors dans ce contexte se préparer à une bonne mort c’est mettre à profit le temps que le Seigneur, il sera peut-être court, pour garnir sa lampe de l’huile des œuvres bonnes. Adèle aime citer tout au long de sa vie l’Evangile des vierges sages et des vierges folles.

Grâce à la Petite Société, les membres s’aident à vivre de la foi, à agir pour le Seigneur, à répondre aux besoins qui les entourent et à faire connaître Jésus-Christ. Chaque associée ne s’engage-t-elle pas à jeter les yeux sur une jeune fille de façon à la gagner à Dieu en lui inspirant le désir de le servir (art.11)

Et rapidement la petite Société se développe au-delà même du département.

Ce désir de faire connaître et aimer le Seigneur se manifeste par le choix qu’elle fait de se rendre à pied à la messe à Feugarolles, le dimanche. Cela lui permet d’inviter les enfants qu’elle trouve sur son passage à venir à la messe avec elle. Elle leur propose ensuite de se rendre à sa petite école où l’on apprend aussi à découvrir, à prier Jésus et sa Mère.

Le dimanche après-midi, il suffit que sa sœur et sa cousine lui proposent d’aller « missionner » pour qu’elle laisse ce qu’elle est en train de faire et elle profite de la promenade pour rencontrer les petits pâtres, les enfants. Elle les rassemble, leur raconte des histoires, et surtout leur parle de Jésus et de sa Mère, les invitant à venir la retrouver à sa petite école.

Peu à peu se dessine un « cher projet ». Avec quelques amies, elles veulent se constituer en communauté pour participer à la mission à temps plein. Quelle joie lorsqu’elle reçoit la lettre dans laquelle le Père Chaminade explique ce que sera le nouvel institut : « Quant à ce qui doit vous distinguer des autres Ordres, c’est le zèle pour le salut des âmes ; il faut faire connaître les principes de la religion et de la vertu. Il faut multiplier les chrétiennes. (…)Votre communauté sera toute composée de religieuses missionnaires. » (lettre 57 du 3/10/1815)

A la réception de cette lettre, quelle n’a pas dû être la joie d’Adèle qui, un an auparavant, avait écrit à Agathe : « M. Laumont vous aura fait voir une belle lettre de M. Chaminade et qui nous marque le but de sa Congrégation : qui est d’être de petites missionnaires (…) Je vous avoue que ce terme m’exalte. » (250.4) Le père Chaminade avait écrit : « Ecrivez-moi si votre désir d’être religieuse renferme les vues et les sentiments d’une petite missionnaire. » (8/10/1814)

Une fois l’Institut fondé, les œuvres se multiplient. Les Congrégations en particulier se développent. Les Sœurs exposent les vérités de la foi sous forme de dialogue. Ainsi c’est plus vivant. Adèle stimule le zèle des membres. Non contente de cela, elle explique en quoi consistent les Congrégations à Mère Emilie de Rodat, fondatrice de la Ste Famille de Villefranche et elle l’encourage à promouvoir cette œuvre si bien qu’en quelques mois il y a près de 200 membres dans les Congrégations de Villefranche.

« Le véritable secret de la Congrégation est de former des âmes remplies du zèle du salut du prochain et de la gloire de Dieu qui, chacune, dans son état, soient de petites missionnaires parmi leur famille, leurs amies, leurs voisines. » ( 425.5)

La voilà bien Adèle avec un zèle débordant qui lui faisait écrire : « Dans notre Institut, il faut des âmes fortes et qui n’écoutent ni la chair ni le sang. Nous devons avoir l’esprit apostolique, faire connaître et aimer notre céleste Epoux. Fût-ce aux extrémités du monde et avec les sauvages, nous serions contentes de faire son œuvre. » (567.2)

Ou encore : « Allons, propageons-nous à la plus grande gloire de Dieu. Que le Nom du Seigneur soit béni, depuis l’Orient jusqu’à l’Occident ! Qu’il soit connu partout, aimé par tous les cœurs, servi par toutes les créatures. » (450.6)

En guise de conclusion

Il manquerait quelque chose à cette façon de vivre le baptême si je ne mentionnais pas la présence de Marie qui accompagne Adèle dans tout ce qu’elle vit et fait.

Je lui donne la parole : « Je priai notre divine Mère, le jour de sa Présentation, d’offrir à son divin Fils toute sa petite famille conjointement avec Elle. Pourrait-elle n’avoir pas été acceptée ? Oh ! je n’ai pas cette crainte : offertes par de telles mains, regardons-nous donc comme entièrement consacrées au Seigneur. Soyons à Lui : n’agissons que pour Lui et en vue de Lui plaire, même dans nos actions les plus indifférentes ; ce sera le moyen de les rendre toutes méritoires. »(256.2)

Et un peu plus d’un an avant sa mort, elle écrit à Mère Louis de Gonzague, maîtresse des novices à Bordeaux : « Je suis souvent occupée du cher noviciat (…) Mais j’ai confiance qu’il sera protégé de Marie. Il me semble que nous n’avons pas eu encore assez de dévotion envers la très sainte Vierge : il faudrait l’inculquer davantage dans le cœur de nos enfants ; faire tout au nom de Marie ! Demandons de vraies vocations par l’intercession de Marie. » (688.3)

« Faire tout au nom de Marie » telle est la consigne que nous laisse Adèle et Marie nous enseignera à faire tout ce que Jésus nous dira.

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