Depuis plusieurs mois, il m’arrive de rendre service d’une façon toute spéciale et cela d’une manière assez originale! En effet dans les brasseries que je fréquente pour manger un couscous, (soit dans le secteur du 14ème, soit à Barbès que l’on appelle la  « petite Algérie », il m’arrive souvent d’être « réquisitionné » pour faire des courriers différents : lettres à l’Administration, demande de carte vitale, déclaration d’impôts, lettres de fiançailles ou encore missives affectueuses pour des prétendantes restées au pays !

jeanpaulounsaLa clientèle est surtout composée de maghrébins, de sénégalais, de maliens, etc… Mais il faut compter aussi quelques de français qui ont du mal à écrire à l ‘administration et sont fâchés avec la syntaxe et autres joyeusetés de notre si belle langue !!!
Ce travail est effectué « gratis pro Deo » et demande une très grande discrétion, je ne pose aucune question ni ne demande aucun papier officiel d’identité. De plus je ne suis pas assermenté auprès des tribunaux. Par contre je me refuse absolument à gruger l’administration par de fausses déclarations sur l’honneur ! Je refuse aussi de rédiger de fausses déclarations à la CAF ! Ceci posé, tout se passe généralement bien.

Le plus intéressant ce sont les lettres « affectueuses » dignes parfois du Cantique des Cantiques. Voir une petite lueur s’allumer dans les yeux du demandeur et toujours du plus haut intérêt : la demoiselle comprendra t’elle ? Sait-elle lire ? Généralement la réponse est positive !

La composition de la lettre ne dépasse pas deux pages, soit un recto verso  A4, tout doit être dit en 30 lignes maximum. La missive terminée il faut la signer, ce que le prétendant sait quand même faire et cela d’une écriture enfantine digne de l’école primaire. La demoiselle recevra le petit mot. Quelques semaines plus tard je recevrai un coup de téléphone me demandant de passer pour lire et expliquer la réponse : moment délicieux, s’il en est !!!!
Ce sera la même chose pour les réponses venant des différentes administrations : sécurité sociale, police etc.

Cette opération sérieuse terminée, on discute : les problèmes religieux viennent sur le tapis très rapidement, ma « clientèle » est souvent musulmane et parfois animiste,  il y a quand même quelques chrétiens  ouf !  Ces discussions sont passionnantes et passionnées, ces braves garçons jeunes et moins jeunes aiment confier ce qu’ils ont sur le cœur, « Oui Dieu est grand et je l’aime beaucoup. Oui le marabout leur a dit ceci ou cela.  Oui dans leur église on chante bien etc. ». C’est le moment d’être attentif et ne pas penser à l’heure qui passe et surtout ne pas regarder la montre !

Forcement ces rencontres permettent de nouer des relations « couscoussières ». On me propose de l’argent pour ce travail et l’écoute : je refuse catégoriquement. Le Saint Livre nous dit que « La main droite ignore ce que fait la main gauche » n’est ce pas ?
Et puis, au cours des mois suivants, plusieurs « clients » repartent au bled ! Nous nous disons au revoir avec un petit pincement de cœur car nous avions tissé des liens d’amitié. Une dernière lettre a été rédigée quelques semaines auparavant indiquant le jour d’arrivée, tout cela ayant été confirmé par téléphone.

Je ne m’inquiète pas trop car la relève est largement assurée ! Pour moi, c’est  une forme d’apostolat !

Frère Jean-Paul Ounsa, religieux marianiste à Paris

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