Les vertus de consommation

Question de définition

Etym. = du latin : con + summare = faire la somme de

Robert : « action d’amener une chose à son plein accomplissement » = achèvement, couronnement, terminaison

Les « vertus de consommation », venant après les vertus de préparation et les vertus de purification, achèvent donc, d’une certaine manière, un cursus, l’accomplissent. Avec elles, préparation et purification se ‘terminent’… en même temps que commence déjà ‘autre chose’ !

Avec les vertus de consommation, « nous nous efforçons de nous dépouiller de tout ce qu’il nous reste d’affections vicieuses (= achèvement d’une étape du parcours) et d’acquérir les vertus dont NS Jésus Christ nous a spécialement donné l’exemple et nous unir à Dieu » ( = commencement d’une étape nouvelle). (M. Lalanne, un des premiers disciples du P. Chaminade).

Le même écrit encore : « Les vertus de consommation, ayant pour objet de consommer, d’achever la réformation de notre nature et de commencer à nous modeler sur notre Maître, on voit qu’elles tendent à la seconde chose, en quoi consiste notre sanctification, vivre de la vie de l’homme nouveau sur le modèle des vertus de NS Jésus Christ ». (EP 5 p 375).

Ces vertus de consommation commencent donc déjà à nous modeler, comme dit J.B. Lalanne, sur notre Maître, à nous orienter vers la ressemblance avec Jésus, Fils de Dieu devenu Fils de Marie pour le Bonheur des hommes.

Les quatre vertus de consommation

On peut les grouper deux par deux :

  1. l’humilité et la modestie, complémentaires l’une de l’autre, la seconde étant d’une certaine manière l’expression de la première
  2. l’abnégation de soi-même et la renonciation aux choses créées

NB : On peut comprendre que le vocabulaire employé pour désigner les 2 dernières vertus peut « effrayer ». Nous essaierons de voir cela de manière plus ‘positive’.

L’humilité

De humus = la terre.

L’humilité consiste donc à se reconnaître, jusqu’au plus intime de soi, comme ‘tiré de la terre’, comme être créé. A se reconnaître comme créature, = un être à tout instant reçu de Dieu, Créateur et Père.

L’orgueilleux refuse ce statut ‘naturel’ et ne veut dépendre que de lui-même (ou de l’argent, ou du pouvoir…).

L’homme humble se rattache à la terre, se réconcilie avec elle, se sent en harmonie avec elle, et cherche tout naturellement la relation que tout être créé a nécessairement avec son Créateur. Il aspire après ce Dieu en qui seul il trouve son identité profonde et son bonheur. Il cherche en Lui son identité, sa vérité profonde, et l’amour qui le fait exister, et vivre au jour le jour.

L’humilité nous permet de retrouver notre vrai visage en contemplant celui de Dieu, rendu visible en Jésus Christ.

Elle nous permet de la sorte de mieux vivre : non pas replié sur nous-même, mais uni au Dieu vivant (dans une relation fondamentale) et, du fait même, à nos frères les hommes.

Être humble = donc être vraiment homme et femme, dans le sens le plus noble du terme.

Telle fut Marie, « humble servante du Seigneur » et, parce que en totale adéquation avec le Père, pleinement elle-même, dans sa véritable dignité de fille d’Israël.

L’humilité n’humilie pas, au contraire. (cf « il élève les humbles)

La modestie

La modestie est en quelque sorte l’expression de l’humilité, et elle peut se manifester dans les paroles comme dans les comportements.

Le sens premier est modération, cad le comportement d’une personne éloignée de tout excès, qui fait preuve de mesure, de réserve, de retenue(et donc de pudeur), de sagesse. D’où l’importance de la modestie ! (La violette est le symbole de cette modestie-là).

C’est la modestie qui devrait réguler toute la vie morale humaine.

Elle nous permet aussi de vivre dans la vérité, car celui qui se reconnaît créature de Dieu (cf humilité), peut vivre dans la vérité envers Dieu, envers les autres et envers soi-même. La modestie nous invite, non pas à nous comparer aux autres pour les jalouser, mais à nous accueillir humblement nous-même comme Dieu nous veut et nous aime.

Grâce à la modestie, je me trouve devant Dieu tel qu’il me veut et je peux donc grandir, épanouir ma personnalité vraie devant son regard.

Cela me permettra aussi de me tenir debout devant les hommes, en vérité. Si l’axe constitutif de mon être est ma relation à Dieu, alors je peux devenir serviteur des autres comme le Christ lui-même ou comme Marie, la servante du Seigneur.

A nous d’inventer les formes que prendra notre modestie aujourd’hui (des signes sans doute différents de ceux d’autrefois).

L’abnégation de soi-même

Relisons l’évangile de Marc (8, 33 sqq) : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive… Qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera ».

Mais six jours plus tard, Jésus emmènera Pierre, Jacques et Jean sur la montagne pour être transfiguré devant eux et annoncer ainsi la résurrection et la gloire à venir.

L’abnégation de soi-même semble donc bien être la première condition donnée par Jésus lui-même pour le suivre

Mais que signifie réellement cette abnégation-là ?

Le disciple se sait aimé du Seigneur et appelé par lui à l’aimer par-dessus tout : Jésus compte avant tout, et donc avant moi-même. C’est une véritable révolution copernicienne spirituelle !

Jésus sera désormais le seul vrai soleil de notre vie et du monde. Tout va tourner autour de lui. C’est lui qui nous donne lumière, joie, vie. Perdre la vie avec lui, pour lui, c’est la retrouver au centuple.

Alors – si nous sommes fidèle à Jésus – nous serons tout naturellement docile à l’action de l’Esprit Saint qui nous aidera à diriger notre vie comme il convient, et donc de la meilleure manière possible.

Marie encore sera notre modèle, elle qui fut en tout docile à l’action de l’Esprit, et docile à la Parole de Jésus.

Cette docilité va métamorphoser notre vie : à nous de découvrir comment, aujourd’hui…

La renonciation aux choses créées

La renonciation aux choses créées nous invite à vivre, à la suite de Jésus lui-même et de ses disciples (ex. François d’Assise – cf art VFM oct 2010), dans le renoncement à toute possession des choses créées.

Ainsi, à l’image du maître et de ses saints, vivrons-nous dans la non-possession de la création, qui est un bien commun à toute l’humanité. Nous recevons du Père, parfois par l’intermédiaire de nos frères, nos moyens d’existence et d’action, en esprit et en réalité.

Et de ces biens qui nous sont confiés, nous ne sommes que les gérants.

La priorité des priorités, c’est le Royaume : « Cherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6,33).

A nous de découvrir comment, dans nos vies, exercer en toute responsabilité cette gérance, pour nous, pour les nôtres…

Conclusion

Les vertus de consommation = une véritable démarche évangélique et, en ce sens, la base de toute vie chrétienne.

Le croyant n’appuie plus sa vie que sur Dieu et les valeurs du Royaume, comme Jésus, Marie et les saints l’ont fait.

Alors l’être pécheur centré sur lui-même (on l’appelle aussi « le vieil homme ») disparaît et naît un être nouveau qui appartient au Christ et qui, grâce à la foi du cœur et avec l’aide de Marie, tendra progressivement à une plus grande conformité avec Jésus lui-même, Seigneur et Sauveur, et à la vie théologale.

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