La Parole de Dieu dans les lettres du Père Chaminade

J’écouterai ce que dit en moi le Seigneur (Ps 84, 9)

A M. Caillet, Bordeaux. 26 février 1824. (L 271)

OBEDIENCE. Vous désirez, mon cher Fils, écrites de ma main, des instructions et des notes sur l’importante mission que vous allez remplir à Saint-Remy…
Pour vous désigner plus clairement [l’objet de votre mission], je vous l’indiquerai, et par rapport au matériel, et par rapport au personnel de l’Etablissement. …
Dans le personnel, je comprends tout ce qui regarde le spirituel de la Communauté et tout ce qui y a un rapport direct ou indirect. Vous savez que la première fin de l’Institut de Marie est la sanctification de ceux qui le composent.

De quelle manière et dans quel esprit devez-vous y travailler ?
Voyez, mon cher Fils, d’abord d’où vous partez, où vous allez, et envers qui spécialement vous devez exercer votre mission : il vous sera aisé ensuite de conclure dans quel esprit vous devez travailler.
Vous partez d’un lieu de retraite, d’un lieu où vous avez cru le monde mort et crucifié pour vous, comme vous vous croyez mort et crucifié pour le monde, d’un lieu où votre cœur a si souvent répété les belles paroles de saint Paul aux Galates : Mihi absit gloriari, nisi in cruce Domini nostri Jesu Christi : per quem mihi mundus crucifixus est  et ego mundo – Mais pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. (Gal 6, 14)

Saint Grégoire le Grand nous avertit, mon cher Fils, que dans les professions les plus saintes, où l’on croit avoir arraché de son cœur pour jamais tout goût des vanités, des infidélités et de la corruption du siècle, on ne laisse pas d’y retrouver encore quelques racines, et c’est sans doute dans les rapports que les religieux sont obligés d’avoir avec les personnes du siècle. Nous ne tenons plus au monde ajoute ce Père de l’Eglise ; mais il tient encore à nous par des liens imperceptibles. O mon cher Fils, prenez garde…

A M. Caillet, Saint-Rémy. 29 mai 1824. (L 292)

Votre dernière lettre du 13 courant m’a consolé, par le détail surtout qu’elle me donne de la retraite de Saint-Rémy et des heureux fruits qu’elle a produits…
Allez, mon cher Fils, toujours en avant ! Procurez-vous les ressources convenables, soit par les charités des fidèles, soit par des emprunts sagement concertés.

Une ancienne Communauté, capace dans ses bâtiments, avec une ou deux métairies, eût été plus utile que ce château avec toute sa magnificence et cependant quelle différence en tout ! Sans doute le Bon Dieu a des vues secrètes : ne nous décourageons pas ; faisons-y tout le bien que nous pourrons…
Vous ne me dites rien encore de l’église ou vaste chapelle… Il faut qu’elle soit bien à portée de toutes les Institutions, et même un peu du public. Il faut surtout que les religieux puissent y entrer aisément, et n’être pas mêlés avec les séculiers, qu’autant qu’il est nécessaire pour y remplir quelque fonction.

Que le Seigneur daigne vous communiquer une partie au moins de l’intelligence ou de la sagesse qu’il donna si abondamment à Beseleel ! (cf. Ex 31, 1 : « Et le Seigneur dit à Moïse : Voilà Beseleel…, de la tribu de Juda, que j’ai rempli de l’Esprit de Dieu, de sagesse, d’intelligence et de science pour toute œuvre d’or, d’argent, d’airain, de marbre, de gemmes et de bois de toutes sortes… pour qu’il fasse tout ce que je t’ai commandé, le tabernacle de l’alliance, l’arche du témoignage, le propitiatoire, etc.« ). Il faut de la modestie et de la simplicité partout, jusqu’à l’église même, mais pas de mesquinerie.

A M. Caillet, à Saint-Rémy. 16 juin 1824. (L 299)

Je suis étonné, mon cher Fils, que vous n’ayez encore rien reçu, ni en bienfaits, ni en avances… Scit Pater vester coelestis quia his indigetis… – Votre Père céleste sait que vous en avez besoin… (Mt 6, 32).
Ce n’est pas moi, mon cher Fils, qui prolonge votre séjour ; je ne fais que céder… aux dispositions de la Providence.
Conservez en toute occasion une grande présence d’esprit… Belle et noble simplicité dans tous nos procédés ; franchise, loyauté, prudence : voilà tout notre art dans nos rapports avec les hommes. Notre Seigneur ne semble-t-il pas en avoir fait comme l’abrégé de sa doctrine : Estote ergo simplices sicut columbae et prudentes sicut serpentes ? – Soyez donc simples comme les colombes et prudents comme les serpents ! (Mt 10, 16)

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