Brève notice sur les sources de la spiritualité chaminadienne

Le P. Chaminade, enfant du 18ème siècle, est encore tout imprégné de la richesse spirituelle du Grand Siècle (le 17ème) et des siècles précédents. Comme principales sources d’inspiration, on distingue chez lui :

  1. L’Ecriture ( la Parole de Dieu)
  2. La Tradition (Pères de l’Eglise)
  3. La Règle de saint Benoît
  4. L’Ecole française de spiritualité
  5. Le Jansénisme
  6. Certains prédicateurs
  7. Les jésuites, Saint Sulpice, le Carmel…
  8. La Liturgie

L’Ecriture

  • référence constante : il veut fonder la Foi sur la Parole de Dieu
  • il s’appuie notamment sur l’Ecriture pour parler de Marie (cf le « sola scriptura » des protestants) = influence de la pression de la Réforme sur les théologiens
  • la doctrine de saint Paul affleure dans tous ses écrits
  • il cite abondamment des Textes de la Première et de la Seconde Alliance (Ancien et Nouveau Testament)

La Tradition : les Pères de l’Eglise

  • Chaminade les cite fréquemment (il puise souvent dans des ouvrages de citations)
  • Les Pères les plus cités : Ambroise, Augustin, Jean Chrysostome, Jérôme, Tertullien ; ensuite : Cyprien, Basile, Cassien, Clément d’Alexandrie, Origène…
  • Saint Augustin est un des maîtres spirituels incontestés de Chaminade (influence manifeste et positive dans ‘la conformité au Christ’)

La Règle de Saint Benoît

Remarque préliminaire

Pour tous les fondateurs, il existait une contrainte certaine: le décret n° 13 du 4ème concile du Latran (30 novembre 1215) stipule : « Quiconque veut fonder une nouvelle maison religieuse doit recevoir la Règle et l’institution des Ordres religieux approuvés ».

Or, depuis 817, la Règle qui s’imposait en Occident était la Règle de saint Benoît. Comme nous le verrons dans un instant, le P. Chaminade avait pour cette Règle une vénération particulière.

Aussi a-t-il pu écrire au pape Grégoire XVI, le 16 septembre 1838, en lui présentant son projet de Constitutions pour ses deux ordres religieux, FMI et SM, ce qui suit : « Les Constitutions de la Société de Marie, Très Saint Père, et celles de l’Institut des Filles de Marie, développent les fins, les moyens, l’organisation personnelle et le gouvernement des deux Ordres, selon l’esprit de saint Benoît adapté le mieux possible aux immenses besoins du siècle présent. »

Et ses biographes diront de lui que, « en conformité avec les canons du 4ème concile du Latran, il modela sa Règle sur celle de St Benoît. »

Voilà qui semble donc bien établi.

Autre précision : Durant son séjour espagnol (1797-1800), après l’intuition reçue au pied de ND del Pilar à Saragosse, Chaminade se livra à une véritable enquête :

Il visita des abbayes proches de Saragosse, notamment le monastère trappiste de Santa Suzanna (fondation du monastère suisse de la Valsainte). On dit que sa grande familiarité avec la Règle des Trappistes lui inspirera plus tard des règles spéciales pour la formation des religieux ouvriers, à St Remy, par exemple, qu’on appela d’ailleurs ‘la petite Trappe’.

Quelles autres influences particulières ? On peut citer :

La composition mixte (prêtres/laïcs : ouvriers :enseignants)

« Les trois classes distinguées de la SM (ouvriers, enseignants, prêtres) ne forment réellement qu’un seul corps, tels qu’étaient pendant plusieurs siècles les enfants du grand saint Benoît, que les enfants de Marie aiment à regarder spécialement comme envoyés de Dieu pour peupler l’Europe de nombreuses colonies de vrais religieux ». (Lettre de Chaminade 1838)

Un système de gouvernement basé sur les trois offices:

Nous avons trouvé dans la Règle de St Benoît une vie fondée sur la prière, l’étude et le travail.

Un esprit de famille

L’esprit de famille et l’esprit d’égalité étaient déjà très développés dans la règle de St Benoît : humilité devant le frère, obéissance mutuelle, disponibilité à ses besoins, respect de ce qu’il est, de ses spécificités, de ses faiblesses éventuelles… On trouve cet esprit de famille et cet esprit d’égalité encore plus développés chez Chaminade grâce à la présence de Marie et à cause d’elle.

Importance du silence

Dans la Règle de St Benoît, le silence permet le retour de l’homme aux profondeurs du cœur, aux sources de la prière ; qu’il dispose à l’écoute, au respect de l’autre, de son secret, de son cheminement, qu’il est un refus de la superficialité et du factice. De même Chaminade évaluait-il volontiers la ferveur d’une communauté à l’aune de sa fidélité au silence.

L’esprit de pauvreté

= Essentiel chez St Benoît et chez Chaminade. Pour lui comme pour St Benoît, la propriété d’une famille religieuse est consacrée à Dieu. Ce qui attire les bénédictions, disait Chaminade, l’amour de Dieu sur les communautés religieuses, c’est l’esprit de pauvreté.

Au nonce du pape, en 1845, il écrit ceci : « J’ai toujours voulu leur représenter que le vœu de pauvreté n’était pas seulement individuel, mais qu’il était collectif ; que toute la Société de Marie faisait collectivement vœu de pauvreté. »

Importance de la foi

= Vitale, on s’en doute, chez les deux fondateurs. Chaminade par exemple disait que la force motrice de sa vie est la foi. « L’esprit de notre société est un esprit de foi », dit-il dans une de ses lettres. On pourrait ici multiplier les citations. Ne retenons que le « Forts dans la foi » qui figure sur nos médailles de consécration-alliance.

La stabilité

« Par le vœu de stabilité, le moine s’engage à rester attaché à sa communauté dès le moment de son entrée. »

Chaminade : «  Nous nous sommes enrôlés sous sa bannière, comme ses soldats et ses ministres, et nous nous sommes engagés, par un vœu spécial, celui de stabilité, à la seconder de toutes nos forces, jusqu’à la fin de notre vie, dans sa noble lutte contre l’enfer.

L’Ecole française de spiritualité

  • ses thèmes = esprit de religion théocentrique, christocentrisme mystique, exaltation de la vocation sacerdotale
  • chez Pierre de Bérulle (1572-1629) : influencé lui-même par les Jésuites, puis par les mystiques rhénans et le Carmel.
    • sens de l’absolu de Dieu
    • nécessaire disposition du chrétien à l’adoration
    • contemplation du Verbe incarné (la contemplation est le centre de sa spiritualité)
    • adhésion totale aux attitudes intérieures de Jésus + totale abnégation du moi
    • une dévotion mariale plus théologique qu’affective
  • autres membres ‘influenceurs’ :
    • Jean-Jacques OLIER (16087-1657) : Chaminade s’en inspire parfois (conformité à Jésus)
    • Jean Eudes (1601-1680) : au centre de sa doctrine, l’ « oraison du cœur » en vue d’une plus grande conformité à Jésus Christ

NB : Les premières méthodes d’oraison du P. Chaminade viennent de la méthode du Séminaire de Saint-Sulpice (Tronson, sup).

Plusieurs membres de cette ‘Ecole Française’ ont contribué à restaurer « la dignité chrétienne de l’état laïque ». Chaminade s’en souviendra, de même qu’il se souviendra des ‘congrégations mariales’ qui connaissaient déjà un grand succès.

Le Jansénisme

On trouve dans certains écrits de Chaminade un relent de pessimisme provenant des excès de Port Royal et du Jansénisme.

Saint Augustin y était à l’honneur et l’on considérait l’abbé de Saint-Cyran comme le ‘nouvel Augustin’.

Mais ce de fausses interprétations de St Augustin qui y avaient cours, présentant un Dieu redoutable, qui sauve ou condamne selon son bon plaisir, sans aucune ‘contribution’ de l’homme.

Chaminade en a hérité un regard un peu pessimiste sur la nature humaine (qui est d’ailleurs aussi celui de M. Olier), et la conviction qu’il faut mourir à soi-même, s’anéantir, pour mener une vraie vie spirituelle.

Mais il dira cependant un jour : « On ne meurt que pour vivre » (mort-résurrection du Christ).

Certains prédicateurs

Parmi les prédicateurs qui ont influencé Chaminade, on troue

  • Bossuet, Bourdaloue, Massillon…

Il s’en inspire souvent en ce qui concerne la Vierge Marie.

Les Jésuites et autres courants

. Dès son jeune âge, Chaminade a été formé par son frère Jean-Baptiste, ancien jésuite ; aussi l’influence ignatienne se fait-elle sentir dans les textes relatifs à la vie spirituelle ; il cite des auteurs jésuites, tels Alphonse Rodriguez (La perfection chrétienne) et le P. Nouet (L’homme d’oraison) : il en conseille la lecture au maître des novices et s’en sert pour parler de l’oraison.

. autres courants : Saint-Sulpice (première méthode d’oraison, déjà citée) , Le Carmel…

La liturgie

  • importance, pour lui, des sacrements d’initiation chrétienne : Baptême et Confirmation. Les vœux du baptême feront corps avec l’engagement de la consécration-alliance.
  • Il aimait les beaux offices favorisés par l’Ecole française.
  • Les temps liturgiques, en particulier le Carême, lui importaient.
  • La pénitence (résurrection) et l’Eucharistie étaient longuement expliquées…

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