Acte de consécration marianiste à Marie

Notes du P. Marcel Coulin, restituées, complétées ou illustrées par des exemples, des citations ou des réflexions par le P. Bernard Vial. Ce qui explique le style télégraphique.

Trois préliminaires

  1. Lex orandi, lex credendi. Traduisons cet adage latin : « La façon de prier correspond à la façon de croire ». Le parallèle joue dans les deux sens : la prière découle de la foi, mais en retour elle façonne notre foi.
  2. Notre acte de consécration s’adresse à Dieu le Père et non à Marie
  3. Notre acte de consécration prend la forme liturgique de l’Eglise : il est composé de deux anamnèses suivies chacune d’une prière de demande. Les anamnèses rappellent les dons de Dieu, et la demande en tire la conséquence pour nous. C’était déjà la façon de prier du peuple juif, adoptée par l’Eglise dans beaucoup d’oraison des messes : après avoir rappelé les dons de Dieu, en nous appuyant sur sa fidélité, nous sollicitons son aide pour que ces dons fructifient dans notre vie.
  4. Cet acte de consécration d’abord accueil d’une grâce et non « déclaration volontariste ». Il s’appuie sur le don de Dieu, non sur l’effort de l’homme. C’est le don de Dieu qui éveille et soutient l’effort de l’homme.
  5. C’est le mémorial de la consécration que Dieu a opéré en nous. Nous demandons la grâce de répondre à cette consécration par toute notre vie.
  6. Nous ne sommes pas des contemplatifs, mais nous sommes des « bénédictins » : nous portons la prière du monde et ses soucis de travail, de nourriture, de miséricorde, d’entente. Nous portons ces vies devant le Seigneur, et cette demande du matin donne couleurs à notre vie de la journée.

Prière pour le renouvellement de notre Alliance avec Marie

Anamnèse 

Seigneur notre Dieu,
pour sauver tous les hommes
et les conduire vers toi,
tu leur as envoyé ton Fils bien-aimé
qui s’est fait homme
en naissant de la Vierge Marie

Prière                

Accorde-nous
d’être formés par elle
à l’image de son Fils premier-né
et fais-nous prendre part
à l’amour du Christ envers sa Mère ;
(et complète en nos cœurs ce qui manque
à l’amour du Christ envers sa Mère).
Anamnèse  Tu as associé Marie
au mystère de ton Fils
pour qu’elle soit la nouvelle Eve
la Mère des vivants

Prière

Confirme l’alliance
que nous avons contractée avec elle.
Que notre dévouement
prolonge sur terre
sa charité maternelle
et fasse croître l’Eglise
le Corps de ton Fils
Jésus-Christ, notre Seigneur.

Amen

Seigneur notre Dieu,pour sauver tous les hommes

ET LES CONDUIRE VERS TOI… (1ère anamnèse)

Toute vocation chrétienne s’enracine dans le dessein de salut de Dieu

« Chrétien » implique « missionnaire ». La hantise du salut des hommes.

Dieu veut le bonheur de l’humanité. Si nous aimons Dieu, nous partageons son souci, son rêve…Nous faisons note sa cause, puisqu’il a fait sienne notre cause.

La famille humaine a besoin d’être sauvée. Elle est en perdition.

Prenons conscience de l’incroyance de notre temps, de sa détresse spirituelle, de l’urgence d’arracher l’homme au mal.

Comment? En lui donnant le Fils: «  Qui a le Fils a la vie » (1 Jn 5,12).

Le mal fait des ravages dans le monde.

Sans Jésus Christ, la famille humaine est assise à « l’ombre de la mort » (Jb 10.21-Ps 22.4- etc.), elle est coupée des sources de la vie. (cf Ps 14 (13) « 1″Homme sans Dieu » (id psaume 53)

Cf. Paul aux Romains: Tous les hommes ont péché. Ils sont tous privés de la grâce de Dieu. Nous sommes une race blessée, malade, désorientée. Lire Rm 1, 21 à 1,31

Nous en voyons les conséquences dans les malheurs du monde.
Le ministère d’iniquité est omniprésent. Combat de David contre Goliath.
Et nous sommes dans ce monde.
Parfois complices de ce monde.
Quelle tristesse de voir ce monde ainsi abîmé ! Comme un tableau de maître massacré, un visage d’homme martyrisé !

Le Dieu de Marie est un Dieu qui sauve. II est seul à sauver.

La volonté de salut de Dieu: Dieu ne se résigne pas cette situation.

– Jn 3,16 « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas »

  • Lc 19, 10 : « Le Fils de l’homme vient sauver ce qui était perdu. »
  • Lc 2, 11 « Aujourd’hui, un sauveur vous est né. »
  • 1 Tim 2,4 : « …Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés ».

La vérité de Dieu = son dessein = sa vraie nature = sauveur. Cf. Magnificat : …en Dieu, mon Sauveur ». Marie a spontanément le sens d’un Dieu passionné par le salut de l’homme.

Dieu veut sauver en conduisant l’homme à lui. Non pas un Dieu qui pense à perdre; il n’a pas des pensées de mort. Il est le Dieu des vivants. (cf Jérémie), non des pensées de malheur mais de paix. Je ne veux pas la mort du pécheur.

Cf. Varillon : il y a une souffrance de Dieu devant le mal de l’homme (cf. le Père du prodigue).

Dieu en a fait promesse dès les origines.
(cf. Genèse 3,15 : il (lignage de Marie) t’écrasera la tête.

La promesse du salut va de pair avec la révélation du péché.
La promesse passera par la femme dont le fils écrasera la tête du serpent.
Dieu veut sauver et sauve effectivement, même si nous ne pouvons voir comment. Cf Jonas et les Ninivites.
Car Dieu continue à croire en l’homme, en sa force de retour, en sa force de résurrection.

Le Dieu de Marie est ce Dieu qui sauve.

La foi de Marie en Dieu est la foi de l’AT dans ce qu’il a de meilleur et de plus riche.

  • ps 80 (79): que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés.
  • ps 63 (62) : impatience du salut. Mon âme a soif de toi… Je te cherche…
  • ps 85 (84)… que nous soit donné ton salut.
  • ps 84 (83) … mon cœur et ma chair crient de joie vers le Dieu vivant.

Tout l’AT a la certitude que Dieu répondrai a cette demande de l’homme.

Dieu n’a pas résisté..

Marie = la porte ou Dieu voulait s’infiltrer dans l’humanité. Sa foi est venue à la rencontre du dessein de Dieu. « Il se souvient de son amour… II relève Israël ».

Le Dieu de Marie reste le Dieu de l’Alliance; le Dieu qui tient ses promesses.

Nous partageons cette foi vigoureuse de Marie en un Dieu qui veut nous sauver.

Nous essayons de transmettre cette foi aux autres: notre Dieu est un Dieu qui sauve (et non un Dieu qui espionne, se venge, punit). Si Dieu n’est pas ainsi, il n’est pas Dieu. Il n’y a pas d’époque abandonnée ou maudite. Dieu a toujours un avenir. Le monde a toujours un avenir. C’est toujours l’aujourd’hui de Dieu. Dieu ne dort pas. « Non, il ne dort ni ne sommeille le gardien d’Israël » (ps 121 (120) II n’y a pas de situation désespérée pour Dieu. (ni époque, ni communauté, ni personne) C’est toujours pour Dieu le « temps opportun ». Dieu maitre de l’impossible. Contre défaitisme.

Notre foi = notre force: elle peut changer la face du monde. Marie, « forte dans la foi » nous redonne vigueur.

Tu leur as envoye ton fils bien-aime qui s’est fait homme en naissant de la vierge marie.

(suite de la 1ère anamnèse)

Nous rappelons à Dieu ce qu’Il est, ce qu’Il a fait.
Cette intention de Dieu n’est pas un vœu pieux: « tu as envoyé ».
La volonté de salut de Dieu a un visage: le Fils de Dieu, fait homme, Jésus Christ, née de Marie.

Ne jamais chercher d’autre preuve de l’amour de Dieu que Jésus Christ: « Dieu nous a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Dieu ne s’est jamais engagé à nous donner une vie sans accroc. « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous ». (Rom 5,8)

Chaminade nous y ramène sans cesse: ne demandons pas à Dieu d’autre marque d’amour que Jésus-Christ né de Marie. Tu veux sauver le monde? C’est fait, Jésus est né

Le mystère de 1’Incarnation : le Verbe de Dieu s’est fait chair

Chaminade reprenait inlassablement ce « mystère »

« L’Annonciation est la plus grande date de l’histoire du monde » (Bossuet). « Jésus-Christ est un événement vertigineux » Mgr Elchinger, évêque de Strasbourg).
Cf. le document des évêques de France dans les années 2000 : « proposer la foi: Dieu identifie sa cause à la cause de l’homme. Moyen imprévisible et merveilleux.

On ne peut plus douter que Dieu a la passion de l’homme En Jésus-Christ, son propre Fils il s’est lié à nous. Personne n’aurait pu imaginer pareil événement.

« Que tes œuvres sont belles »: la plus belle = celle-là, que le Fils de Dieu ait pris visage d’homme en Marie. L’Angelus nous y ramène tous les jours.

Par l’incarnation, la volonté   de Dieu s’est portée à l’extrême. II a aboli la distance (Emmanuel). « Tu as tellement aimé le monde que tu nous a donné ton propre Fils ». Dieu ne nous a rien donne de
moins que lui-même.
cf. un mariage, un don intégral pour la vie, jamais repris.

Dieu a pris un moyen coûteux, de haut risque

Dieu prend le risque de l’histoire. Dieu se fait fragile. (cf. Varillon, pauvreté de Dieu).

Risque de ne pas être connu dans sa vérité (cf. Caïphe). De ne pas être reconnu dans son amour, dans son intention de salut.

Le mystère de l’Incarnation est pour Chaminade le mystère de la solidarité totale.

Rom 8.3: Venu dans une chair de péché avec le risque d’être pris pour pécheur, en se rendant solidaire des hommes jusqu’à ce point (à l’opposé d’une solidarité de flatterie: une solidarité humiliante ­Cf. reniement de Pierre).

Jésus se solidarise : don irrévocable. Don de Dieu « sans repentance » (Ron3, 1-1,29)

Il n’a pas fait jouer la magie à son profit.

Rom 8,32 : »Si Dieu nous a donné son Fils, comment ne nous donnerait-il pas tout en lui? »

Nous avons tout en Jésus Christ. En lui, toutes les promesses sont accomplies.

Conséquences

  • Dieu ne nous refusera jamais rien dans l’ordre du salut, de la sainteté,
    puisqu’il nous a tout donne en Jésus Christ ( pas dans l’ordre du temporel). Ce don 1er renferme tous les autres.
    Jean de la Croix rappelle aux Chrétiens que si Dieu nous tout donne en Jésus, c’est faire injure a Dieu que d’attendre quelque chose en plus.
  • ennoblissement extraordinaire que l’incarnation donne à l’homme. Promotion de l’homme. L’un de nous = le bien-aimé de Dieu.
    Homme = image de Dieu à la création / Jésus = Dieu
    Dieu passe dans la famille humaine. Aux yeux du Père, tout est changé dans la famille humaine: la race vouée à la colère devient une nation sainte.
    Le Christ est la fierté de l’homme. Il nous donne un nouveau regard sur l’homme: comment ne pas l’aimer? Comment ne pas souffrir s’il est abîmé ?
  • En Jésus Christ, le bien l’emporte infiniment sur le mal. Cf tout le chapitre 5 de Romains.
    Jésus Christ est plus fort pour le bien et le salut que toutes les forces du mal pour notre perte.
  • Dans l’Eucharistie, nous pouvons vraiment offrir au Père Jésus comme notre bien propre, la fine fleur de l’humanité.
    L’Incarnation nous réhabilite extraordinairement.

En naissant de la Vierge Marie

On ne peut majorer la place de Marie

Il fallait que le Christ soit reçu, accueilli.

Marie est le concours donné au projet, au dessein de salut de Dieu.

Louer la Vierge Marie qui nous a donné Jésus Sauveur, le plus beau des enfants des hommes.

Jésus Christ, Fils de Dieu, devenu fils de Marie pour le salut des hommes.

Marie de qui est né Jésus : lien indissoluble entre le Fils et la mère. « Pour comprendre en vérité qui est le Christ, on ne peut se passer de contempler Marie. Sans sa mère, le Christ se réduirait à une idée abstraite » (Daneels). Marie a donné l’humanité au Seigneur.

« Si Jésus n’est plus dans la lumière, c’est que Marie est tenue dans l’ombre » (P. Faber).

C’est en qualité de Fils de Marie que Jésus est sauveur

Grâce à Marie, Jésus est à la fois don du ciel et fruit de la terre. En Marie se fait l’admirable échange. L’humanité de Jésus est toute mariale il n’a pas de père terrestre). Ainsi l’humanité de Jésus peut être le sacrement du salut.

La relation maternelle = la plus profonde et la plus mystérieuse. Avec en plus la communion dans l’Esprit Saint entre Jésus et Marie, mystère indicible.

Jésus a associé Marie à tous ses mystères. Marie n’est étrangère à rien de ce que Jésus a vécu.

Marie a donné a Jésus beaucoup plus que son être physique (pas une mère porteuse). La mère éduque. Jésus n’a pas fait semblant d’être homme: il a eu besoin de sa mère pour toutes la découverte du monde, des hommes, de la culture, de la prière.

Jésus a eu besoin d’apprendre de Marie à vivre en fils d’homme.

Avec en retour, Jésus éduquant Marie : cf. image de Marie’ apprenant à lire à Jésus : la mère apprend les mots à l’enfant, mais c’est l’enfant qui fait comprendre le texte à sa mère. C’est Jésus qui fait découvrir à Marie toute la profondeur de la Parole

« La mère parlait aux oreilles de l’enfant et l’Esprit éveillait le cœur, faisant monter à la bouche l’invocation pleine d’enfantine confiance : « Abba ! ». Marie a dû s’en étonner. Jamais elle n’avait entendu quelqu’un s’adresser au Seigneur Dieu avec l’aimante familiarité d’un petit enfant parlant à son père. Parce que l’Esprit Saint la couvrait de son ombre, en toute sa vocation maternelle, l’enseignement de Marie portait un fruit inattendu : la prière de l’enfant dépassait celle que la mère lui apprenait, de même que par l’œuvre de l’Esprit, l’enfant né de Marie était plus que le simple fils d’une femme ».

(Durwell: Méditation devant l’Icône. p. 24)

Ce mystère de l’Incarnation marque la spiritualité marianiste

  • lui donne une forte tonalité humaine (ce n’est pas une spiritualité désincarnée)
  • nourrit l’esprit de foi : Dieu présent au cœur du quotidien
  • éveille l’intérêt à tout ce que vivent les hommes (rien d’humain ne nous est étranger).
  • nous rend proche des personnes.

Accorde-nous d’être formés (par elle) à l’image de son fils premier-né

Prenant appui sur l’anamnèse, nous demandons quelque chose de \ très précieux au Seigneur : devenir l’image du Fils 1er né.

Chaminade parlait de « conformité » au Christ. Cette conformité est le dessein du Père. Rom 8, 29-30 « Ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères »…
Dieu voit très grand pour nous.

La sainteté = conformité au Christ

La conformité au Christ est la vraie définition de la sainteté. Sainteté n’est pas stoïcisme, ni légalisme.
La sainteté consiste à avoir le regard sur Jésus-Christ, et non à se regarder soi-même y compris avec l’idée d’être « parfait ».
Ce n’est pas une idée que je me mets dans l’esprit; ni un idéal dont j’ai envie.
C’est un appel de Dieu. Et Dieu nous ouvre le chemin : Jésus.

Cette sainteté de Dieu s’est incarnée

Qui me voit, voit le Père. La sainteté de Dieu est avec nous unis à Jésus Christ.
Devenir le Christ = la seule référence, la seule source de la sainteté. Pas de sainteté hors de Jésus Christ. Se laisser habiter par Jésus-Christ.
Pour devenir Jésus-Christ, il faut se déposséder de soi-même (abnégation).

Au dernier jour, Dieu n’a pas besoin d’une longue instruction pour nous évaluer

Un coup d’œil: sommes-nous conformes à Jésus-Christ ?

Notre éternité = être définitivement transfiguré en Jésus-Christ. cf. 1 Jn, 3.2 « Des maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est ».

On devient semblable à ce que l’on contemple. Si on regarde longuement, amoureusement quelqu’un, on finit par lui ressembler. cf. ps 34 (33) 6. « Qui regarde vers lui resplendira ».

Phénomène d’osmose. Cf. Chaminade: « Lorsqu’une âme ne désire plus que Jésus-Christ, Jésus-Christ lui est tout et elle tout à lui ». (EP tome VI, 27.73)

Dieu se charge d’achever en nous ce qu’il a commencé. Dieu nous « travaille ».

Deux mots piégés

  • idéal (cf. scoutisme). C’est pour un chrétien un mot piégé: on projette une idée de soi pour se stimuler, devise, etc… Ce n’est pas l’Evangile. Ce n’est pas une réalisation de moi-même par moi-même. Cet idéal survit rarement aux secousses de la vie. Pas d’autre idéal que de suivre Jésus-Christ
  • idée de loi, de règle. Ce ne sont que des moyens. St Paul s’est tué à le dire: vous n’êtes plus sous la loi. Une seule loi : Jésus Christ. (Jésus Christ ne se résume pas à des préceptes ou des consignes).

Vous êtes choisis, prédestinés en Jésus

Vous avez revêtu le Christ (Paul) . Cf. vêtement blanc du baptême.
cf. Olier: « Avoir Jésus-Christ sous les yeux, dans le main, dans le cœur ». Le reste suivra.

Devenons ce que nous sommes (baptême). Cf. Augustin.

Cf. Suenens: «ce qui entrave le plus l’évangélisation : beaucoup de baptisés n’ont jamais pris conscience de qu’ils sont devenus par le baptême »’ C’est ce qui compromet la vitalité et l’élan missionnaire de l’Eglise.

Il n’y a pas de sainteté hors d’un climat de contemplation.

Dieu voit très grand pour nous: il veut retrouver en chacun son Fils. Dieu est amour et l’amour ne fait rien de petit.
cf. Jn : nous sommes appelés enfants de Dieu et nous le sommes. (1 Jn 3,1)

Aliénation?

Devenir Jésus-Christ n’est-ce pas  une aliénation. Nous laisser déposséder, vider de soi-même?

L’homme par excellence = Jésus-Christ, le plus bel exemplaire humain.

Le Christ va nous dépouiller de quelque chose, oui: de notre péché. Le péché n’est pas moi-même. Il est plutôt une défiguration de moi-même. Dieu ne m’a pas fait pour le péché; il m’a fait à son image.

Le Christ libère du péché: la vraie aliénation qui nous rend esclaves. Le péché défigure, paralyse, durcit, stérilise, replie sur soi. Acceptons ce dépouillement: « quand to seras vieux, un autre to ceindra… »(Jn 21, 18)

Nous ne sommes nous-mêmes qu’en Jésus Christ. En renonçant au « vieil homme », nous accédons à la liberté de l’Esprit.

L’âge nous dépouille, nous allège des bagages inutiles. (impedimenta en latin : ce qui empêche de courir)

Nous laisser imbiber de l’Esprit de Jésus, de l’Esprit saint

Pour Paul, devenir conforme à Jésus-Christ, c’est vivre de l’Esprit qui nous fait devenir fils. (cf. Gal 4, 4-9) (« La preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie: Abba, Père! Aussi n’es-tu plus esclave mais fils, et donc héritier de Dieu ».

Cet esprit fait de nous des fils, et non plus des esclaves qui ont peur, des mercenaires, des fonctionnaires, des étrangers.

Nous sommes les enfants de la maison: en paix, sans scrupule, en confiance.

Nous situer devant Dieu comme Jésus, en Fils. Nous libérer de la peur de Dieu, être un « oui » au Père.

Le « oui » de Marie n’est pas un oui contraint, résigné. C’est un oui spontané, sans calcul, qui lâche les amarres. Un oui de grande ouverture, d’une fille de Dieu, habitée par l’Esprit Saint.

Marie = la créature humaine qui n’a jamais eu peur de Dieu.

Conclusion: nous avons un besoin vital de la Vierge Marie pour devenir l’image de son Fils premier-né. Notre sainteté est le fruit du oui de Marie; Marie n’achèvera sa maternité qu’a l’accueil du dernier homme au ciel.

Accorde nous d’être formés PAR ELLE à l’image de son Fils premier-né

Nous ne pourrons réaliser notre vocation d’être conformes au Christ qu’avec l’aide de Marie; le « don de Dieu » ne dépend pas de notre savoir-faire. « Tout don excellent, toute donation parfaite vient d’en haut et descend du Père des lumières  » Jc 1,17)

D’où « accorde-nous » ce don parfait. Dieu est tout disposé à nous le donner. Et il a prévu: c’est la mission maternelle de Marie à notre égard.

L’Esprit Saint ne nous conforme pas à la ressemblance de Jésus-Christ sans le concours de la Vierge Marie

Chaminade n’oublie jamais que c’est l’Esprit saint qui fait de nous d’autres Jésus Christ. «  Chaque chrétien reçoit à son baptême l’Esprit de Jésus-Christ, il est conçu pour ainsi dire par l’Esprit de Jésus-Christ. C’est cet Esprit qui le fera croître jusqu’à l’âge de l’homme parfait, jusqu’à l’entière conformité avec Jésus-Christ ». (cf. EP VII, n° 22.35)

Chaminade rappelle les vérités suivantes:

C’est par l’Esprit Saint que Marie a conçu (cf. le Credo). Et non par son vouloir à elle.
Marie a apporté un véritable concours que Dieu a voulu nécessaire pour former l’humanité de Jésus.
Marie est pour nous aussi la matrice dans laquelle l’Esprit nous rend conformes au Christ.

Le Christ est la tête, nous les membres. Marie conçoit par l’Esprit le corps entier. Cf. Suenens : « Marie est une loi de Dieu ».

On ne peut naître, grandir, fructifier dans l’Esprit Saint sans la Vierge Marie. « Il nous formés à la ressemblance de Jésus-Christ dans le sein maternel de Marie comme il y a été forme a notre propre ressemblance ». (cf. EP VII, n° 19.17. 5°)

Marie est véritablement notre mère. Ce n’est pas une image. Le Christ est l’aîné d’une multitude de frères.

Marie exerce cette mission auprès de tous, même si nous n’en avons pas du tout conscience.

Souvent les chrétiens simples ne connaissent pas l’Esprit Saint mais prient Marie et par elle ils sont en connivence sans le savoir avec l’Esprit Saint. Cf. G. de Montfort: « La où l’Esprit trouve Marie présente, il y vole ».

La Vierge Marie est le moyen le plus aisé, le plus rapide, le plus parfait, de devenir conforme à Jésus-Christ (Chaminade). Marie est experte en éducation.

Marie a avec nous un rapport très différent de celui des autres saints

Si nous nous rendons proches de Marie, nous ferons beaucoup de progrès en peu de temps (Chaminade).

Chaminade a pour ses disciples de très hautes ambitions de sainteté, puisque avec Marie on peut aller vite et loin. « Donner au monde le spectacle d’un peuple de saints» (Lettre 388 du 15 février 1826)

Comment s’exerce cette mission formatrice de Marie à notre égard?

Marie nous défend et nous protège (c’est le propre de la mission maternelle)

la première prière chrétienne a Marie: le sub tuum. Cf. le commentaire de Régamey : Les plus beaux textes sur la Vierge Marie, La Colombe, 1941, p.48.

Contre tout ce qui nous menace ouvertement ou insidieusement, se mettre sous la protection de Marie = se mettre dans une double vérité: la vérité de Marie: elle a ce mandat et cette grâce. – notre vérité: nous sommes toujours petits, faibles.

Nous avons affaire à une très forte partie: cf. Ep 6, 12  » Ce n’est pas contre des adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les Esprit du Mal qui habitent les espaces célestes ». Satan, le Père du mensonge, homicide dès l’origine.

Est-ce une attitude infantile? Cf. ceux qui ont été très proches de Marie, (St Jean contre Domitien; St Bernard contre les rois et les empereurs; le P. Kolbe…La consécration a Marie est faite par des
cœurs intrépides.

Pas de représentation de Marie où l’on ne voit le serpent sous les pieds.

Marie nous éduque

Nul n’a connu et aimé le Christ comme elle. Elle nous apprend à vivre en fils de Dieu. Elle nous oriente naturellement vers Jésus Christ.

Laurentin nous invite dans un fascicule pour une année mariale de nous approcher de Marie

  • dans les périodes de commencement (Incarnation)
  • dans les transitions (Marie charnière entre AT et NT)
  • dans les nuits (Marie au Calvaire).

Marie fait de nous des sauveur.

Marie a cette mission.

Avec Joseph, elle a donné son nom à Jésus : Dieu sauve.
Elle nous engage dans la propre mission de Jésus: la passion du Père pour le salut du monde en Jésus-Christ. Tristesse du Christ devant Jérusalem qui se ferme. Marie nous ouvre le cœur sur les tristesses spirituelle.        .
Nous voilà ainsi revenus au point de départ: limitation la plus fidèle de Jésus-Christ, fils de Dieu, devenu fils de Marie pour le salut de tous les hommes.

Notre sainteté est une sainteté missionnaire.

Fais nous prendre part à l’amour du Christ envers sa mère

Il y a deux formules.

a) L’ancienne

« complète en nos cœurs ce qui manque à l’amour du Christ envers sa mère » Le « qui manque » a choqué quelques-uns. Pourtant St Paul dit : « Je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est Eglise ». (Col 1,24)

Commentaire de Chantal Reynier : »Le manque ne vise pas les épreuves du Christ, mais ce qui, dans la chair, n’a pas encore été livre au Christ. L’adhésion au Christ implique la communion à un mystère de mort et de résurrection; l’incorporation dans le Christ n’est pas symbolique. Elle se vit dans le temps, c’est à dire dans la banalité du quotidien, signifiée ici par la chair. Paul, adhérant de tout son être au mystère du Christ comprend qu’il est appelé à faire pour le Christ ce que le Christ a fait pour lui. 11 n’est pas question d’une suppléance, il n’agit pas à la place du Christ. Il n’est pas question non plus d’apporter un complément au Christ, car sa Passion a été accomplie une fois pour toutes et définitivement. Il s’agit d’être avec le Christ et d’avoir pour l’Eglise l’attitude même du Christ. Paul a conscience que sa foi au Christ ne touche pas seulement des individus ou une communauté particulière, celle de Colosses, mais concerne toutes les communautés chrétiennes qui constituent le corps du Christ »

b) La formule actuelle

nous place sur le registre de la piété filiale. Pour Chaminade nous sommes enfants certes, mais avant tout ministres, soldats, apôtres, alliés de Marie dans son combat contre le mal.

La formule ancienne se referait mieux au mystère de l’Eglise. « Je suis la lumière du monde… Vous êtes la lumière du monde ». Lui ou nous ? Lui et nous. Nous sommes Eglise le corps du Christ. II en est de même pour notre amour pour Marie.

Jésus a aimé sa mère d’une grande piété filiale

a) Si nous considérons l’existence terrestre de Jésus, rien n’a manqué a son amour filial; nous n’y pourrions rien ajouter. Nous ne sommes pas dans le registre des sentiments.

Mais il s’agit du corps du Christ qui est l’Eglise. Alors notre apport est indispensable. L’Eglise= aujourd’hui le Christ vivant.

Hoffer : La vie spirituelle d’après les écrits du Père Chaminade, p.83) « Il convient d’écarter tout psychologisme et tout anthropomorphisme… Notre amour pour Marie est sans aucun doute une participation de celui de Jésus. Mais quand on parle de l’amour du Christ pour sa Mère, il serait inexact de croire que Marie en est le terme. L’amour du Christ pour Marie est éternel dit notre Fondateur. (L V, n°1271, p.348), il part du Père et doit revenir au Père, il vise le Père et atteint le Père en passant par Marie. Jésus aime et vénère en elle la plus parfaite « image de Dieu » réalisée dans une créature. Il en est de cet amour, mutatis mutandis, comme de notre charité pour le prochain: Dieu en est le terme et le motif. De même, le souci unique de Jésus est la gloire de son Père; L’amour du Christ pour sa Mère et pour nous n’est d’une certaine manière, qu’une extension de son amour pour le Père ».

Benoit XVI (homélie du 15.8.2006) « Nous ne louons pas suffisamment Dieu si nous n’évoquons pas ses saints, en particulier la ‘Toute Sainte, qui est devenue sa demeure sur la terre, Marie. La lumière simple et multiforme de Dieu ne nous apparaît de manière juste dans sa variété et dans sa richesse que dans le visage des saints qui sont le véritable miroir de sa lumière. C’est précisément en voyant le visage de Marie que nous pouvons voir, plus que par d’autres moyens, la beauté de Dieu, sa bonté, sa miséricorde. Nous pouvons réellement percevoir la lumière divine sur ce visage ».

Benoit XVI, discours du 1.5.2006 « Marie est le fruit et le signe de l’amour que Dieu a pour nous, de sa tendresse et de sa miséricorde. C’est pourquoi, avec nos frères de chaque époque et de chaque lieu, nous nous adressons à elle pour nos besoins et plaçons en elle nos espérances, dans les événements heureux et douloureux de la vie. »

Le sacrifice du Christ suffit à racheter le monde. Alor quel manque? Le mystère de l’Eglise, que Jésus aime comme l’époux aime l’épouse. Les deux ne font plus qu’un.

L’Eglise est impliquée dans tout ce qui est mystère du Christ. Y compris l’amour pour sa mère.

Le Christ n’est finalement lui-même que dans l’union avec l’Eglise, avec nous. On ne peut dissocier. Cf. Jeanne d’Arc: M’est avis que l’Eglise et Christ, c’est tout un.

Tant que l’Eglise chemine, il manque quelque chose au mystère du Christ. Le mystère du Christ n’est pas achevé. Le Christ aime tellement sa mère qu’il l’aime aujourd’hui, à chaque moment du temps, et en chaque baptisé qui est l’Eglise. Le mystère du temps est en accomplissement (plérome).

Il manque quelque chose à l’obéissance du Christ envers son Père aussi longtemps que nous, baptisés, n’accomplissons par la volonté de Dieu.

II manque quelque chose à l’amour du Christ envers les hommes aussi longtemps que nous avons des dons et des pardons à faire

II manque quelque chose à la tendresse du Christ pour les hommes aussi longtemps que nous sommes durs pour les autres

II manque quelque chose à la mission du Christ aussi longtemps qu’il reste une âme évangéliser et sauver.

St Paul a souvent des formules hardies. Essayons de les comprendre.

Fais nous prendre part à l’amour du Christ envers sa mère, ce n’est pas une imitation du passé. C’est une pierre que nous apportons aujourd’hui à l’amour du Christ envers sa mère.

Cf. Pascal: le Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde.

Le Christ manifeste, exprime son amour pour sa mère jusqu’d la fin du monde. C’est notre don à l’Eglise comme François (le Christ n’a pas une pierre); Dominique (le Christ parcourt les chemins) ; Jean de Dieu
(le Christ a pitié des malades) ; Térèse d’Avila (le Christ sur montagne pour prier). Cf. Thérèse de Lisieux: Dans l’Eglise, ma mère, je serai l’amour, le cœur.

b) Dans l’Eglise, nous sommes le cœur, l’amour de Jésus pour sa mère.

Mais aimer sa mère = nous mettre dans les meilleures dispositions pour être modelé par elle en fils de Dieu.

Ne croyons pas que ce faisant, nous enlevons quelque chose à Dieu, encore moins que notre dévotion à Marie est un à côté de l’Ecriture. Ecoutons encore Benoît XVI (homélie du 15.08.2006): « Dans le Magnificat — le grand chant de Marie- nous trouvons une parole surprenante. Elle dit: Désormais, toutes les générations me diront bienheureuse’. La mère du Seigneur prophétise les louanges mariales de l’Eglise pour tout l’avenir, la dévotion mariale du Peuple de Dieu jusqu’à la fin des temps. En louant Marie, l’Eglise n’a pas inventé quelque chose ‘a côte’ de l’Ecriture: elle a répondu à cette prophétie faite par Marie en cette heure de grâce ».

Tu as associé Marie au mystère de ton fils pour qu’elle soit la nouvelle éve, la mére des vivants

(2ème anamnèse)

Nous remettons sous les yeux de Dieu ce qu’il a fait: « associé »,  « nouvelle Eve », « mère des vivants ».

Associée, Alliance

Marie = tout le contraire d’une solitude et d’une suffisance. Elle entre pleinement dans le jeu de Dieu, en accord parfait avec le partenaire.

On ne peut isoler Marie, on ne peut l’enfermer sur elle-même (la madone est la Mutter Gottes, la Mère de Dieu)

On ne la contemple qu’en la référant à la Trinité et à l’Eglise ( cf. Que le Père…)

Bérulle: « Marie est toute relative ». Elle conduit à un autre.

Nous-mêmes sommes des associés; nous entrons dans la proposition de Dieu. Nous aussi faisons alliance, entraînés par Marie, l’associée par excellence.

Le péché = se dissocier pour mener sa barque à soi; construire son affaire, en rupture d’alliance. Cf. Vatican II: LG chap. 8.

Chaminade à la retraite de 1822: « Que j’aille dans le temps et l’éternité, je trouve toujours Jésus avec Marie ». cf. « Le Seigneur est avec toi » (EP tome VI, n° 22, 217, 17e méditation).

Le rosaire nous invite à approfondir cette association (cf. Marialis Cultus). Le Rosaire est une prière christocentrique. cf. Lettre de Jean Paul II sur le Rosaire.

C’est donc Dieu qui associe Marie à son œuvre

C’est une initiative de Dieu; ce n’est pas nous qui lions Marie et le Christ.

Marie est dans le Credo; si on la sort, tout l’édifice est déséquilibré. C’est une décision tout à fait libre

de Dieu qui ne fait rien qu’avec sagesse et perfection. Marie s’en émerveille: « Tous les âges me diront bienheureuse ». Cf. histoire de la petite fille qui rencontre un pasteur : est-ce que tu sais prier ? Oui : Notre Père… Puis Ave : ah non, pas Marie… et Credo : « vous voyez, Elle est encore là !)

Ce choix s’accomplit dans l’histoire, mais il déborde et transcende le temps. Marie est présente à la pensée de Dieu avant même qu’elle soit (Gn 3,15; Pr 8,22: « Le Seigneur m’a créée au début de ses desseins, avant toutes ses œuvres les plus anciennes ».

Cette association ne se termine pas à 1’Assomption: Marie est éternellement associée.

Ne limitons pas le mystère de Marie a sa phase historique, évangélique.

Association voulue nécessaire par Dieu. Il n’y a pas de découverte du Christ sans rencontre avec sa Mère.

Marie n’est qu’une associée, mais une associée parfaite

Marie n’est pas l’égale de Dieu; n’est pas source; n’est pas le Sauveur (cf AA, 4, 12: « Car il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel il nous faille être sauvés ».

Elle n’est pas à la place de l’unique Médiateur.

Elle est « humble servante ». Reçoit Jésus, le présente au monde, le nourrit, l’éduque, l’accompagne, mais ne se met jamais à sa place. « Faites tout ce qu’il vous dira ».

Reste à la bonne distance; tient toute sa place, mais rien que sa place.

Etre tout ce que nous sommes appelés à être, mais rien au-delà. Ce n’est pas une » Reine Mère, une reine douairière ».

Quand on la prêche, ou la prie, elle renvoie à son Fils et à l’amour du Père.

Cf Paul 1 Co 4,2 « Tout ce qu’on demande à des intendants, c’est que chacun soit trouvé fidèle ». Marie = l’intendant

… au mystère de ton Fils (au singulier)

Chaminade le met volontiers au pluriel: Jésus à associe Marie à tous ses mystères. Cf. le Rosaire.

Au singulier: unité de l’œuvre divine= la personne même du Christ. Pour Paul = « le » mystère ».

Mystère n’est pas incompréhensible, énigmatique, obscur, impénétrable

Réalité tellement riche, lumineuse, débordante, que nous ne pouvons pas pleinement la pénétrer. Il y aura toujours une merveille au-delà de ce que nous aurons découvert.

Ce mystère est fermé aux sages et aux savants; Dieu l’a fait connaître aux petits et aux simples. La première de ces simples = Marie. Nul n’a saisi le mystère du Christ comme Marie: quand Jésus félicite Pierre: « Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16,17)

Marie = la plus accordée au mystère du Christ. Personne ne l’a mieux pénétré, ni ne s’en est réjoui ni n’en a souffert autant. N’est étrangère à rien de ce qui est le Christ.

Marie est présente à certains épisodes de la vie de Jésus, mais elle est absente à d’autres : transfiguration, cène… Nous pouvons méditer ces actions du Seigneur avec Marie ( cf Rosarium virginis). Marie est partie prenante, même là où elle n’est pas présente physiquement. Id pour les paroles du Seigneur, par ex. sermon sur la montagne.

Rien de ce qu’a fait ou dit le Seigneur n’est perdu, car tout a été reçu dans un cœur aimant. Marie est la mémoire de Jésus et la mémoire de l’Eglise.

Associée pour une œuvre de vie: nouvelle Eve, mère des vivants

Nouvelle Eve, le titre lui a été donné dans les tout premiers siècles de la foi. Pour marquer que lorsque Dieu veut refaire le monde, il ne renie pas ce qu’il avait fait au départ.

Il n’est pas bon que l’homme soit seul; une aide assortie. Dieu crée entre Adam et Eve un lien indissoluble.

Ce 1er couple a une vocation de vie et il a posé une œuvre de mort. Le couple Jésus-Marie: nouvel Adam, nouvelle Eve.

Dieu veut une femme présente et associée à cette œuvre de vie. Marie, mère du Christ et de la multitude de ses frères.

Eve= la vivante, la mère des vivants. Cf. Péguy: Eve. Cf. tous les parallélismes exploités par les Peres.

Marie associée au mystère de la Passion et de la mort du Seigneur Jusqu’à la croix

L’association de Marie au mystère de son Fils la conduit à la croix, où elle est la nouvelle Eve associée au nouvel Adam. — Arbre du péché contre arbre de la croix. Marie au pied. Le Christ donne son obéissance au Père, Marie s’y associe, contrairement à Eve. L’œuvre de vie s’accomplit au prix d’une mort: c’est à ce moment-là que Marie devient la mère des vivants. Elle nous enfante dans la douleur.

Nous aussi devons suivre le Christ jusqu’à la Croix.

L’imitation de Jésus-Christ parle de « voie royale de la croix ». « Je suis crucifié avec le Christ, mais ce

n’est plus moi qui vit mais c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2.19)
qu’est-ce que j’accepte de sacrifier pour le Seigneur.

Cf Marie et les 7 douleurs. Le glaive.

Le crucifix que je porte/ la voie étroite qui conduit à la vie

Les petits attachements (cf Jean de la Croix: oiseau qui a un fil à la patte, l’empêche de voler).

Cf Varillon  » Toutes les spiritualités se rejoignent au pied de la croix du Christ… Le sur-critère, l’authentique critère est la croix. Tout ce qui conduit à la croix est sûrement chrétien. Tout ce qui l’évite est pseudo-chrétien ».

Confirme l’alliance que nous avons contractée avec elle…

L’Alliance

Pourquoi un renouvellement quotidien de l’alliance?

Il n’y a pas qu’un appel dans nos vies. Le 1er est suivi d’autres, quotidiens. On a besoin de retremper notre fidélité, notre ferveur. Cf. Ap. lettre à Ephèse « J’ai contre toi que tu as perdu ton amour d’antan » (Ap.2,4) — à Laodicée: « Te voilà tiède, ni chaud ni froid » (Ap. 3.15-16).

Nous vivons au quotidien: c’est le rythme de notre vie. II faut redéployer la voile chaque matin.

Ce renouvellement quotidien nous met en état de vigilance et de vision, en état de constance (il faut tenir bon et prendre tous les moyens pour y arriver).

Cf. Alliance: des richesses considérables sur ce thème dans l’Ecriture. Elle est renouvelée périodiquement, à certains détours cruciaux de l’histoire. Nouveau départ efface les fautes.

Cf Josué, 24 : la grande assemblée de Sichem, ou Israël « rechoisit » Yahvé. Cf 2 Sam 7: David qui voulait construire une demeure pour Dieu, et sa prière. — Apres l’exil: Néhémie 8 et 9: relecture de la loi et cérémonie expiatoire. Grâce de rajeunissement; le ressort retrouve sa tonicité.

Dans Alliance nouvelle et éternelle, chaque Eucharistie la renouvelle. Jésus n’a pas et oui et non; il n’a été que oui.

C’est à Dieu que nous demandons confirmation quotidienne de notre alliance.

La demande est adressée à Dieu de bien vouloir nous renouveler dans l’alliance.

Nous demandons la grâce d’être fidèle à notre vocation. « Augmente en nous la foi, la charité » (tout le monde peut le dire) « Je t’aime de tout mon cœur » (qui peut le dire?)

Alliance théocentrique et non mariocentrique dans la mouvance de la gloire de D   ieu (par Lui, avec Lui et en Lui).

  • Notre alliance avec Marie vient de Dieu. II est la source : Tout don parfait vient de Dieu (St Jacques).
  • « Par Lui »: nous le vivons avec sa grâce. c’est Lui qui consolide. Cf. Cantique de David à Laudes du lundi 1. cf. Ph.1,6 « J’en suis bien sûr d’ailleurs: Celui qui a commencé en vous cette œuvre excellente

en poursuivra      l’accomplissement jusqu’au jour du Christ Jésus ».

  • Pour lui: le terme dernier n’est pas Marie, mais la gloire de Dieu.

En quoi consiste cette alliance avec Marie

Thème de l’alliance dans l’AT: pacte, contrat, avec droits et devoirs réciproques. Chacun met ses ressources à l’entière disposition de l’autre. On fait cause commune. – on dresse un « mémorial » (arbre, pierre, un signe visible).

L’Eucharistie est le « mémorial » de l’Alliance.

Chaminade présente aussi l’alliance avec Marie en trois actes:

  • choix réciproques et élection: l’initiative vient de Dieu. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi… » Dans AT, quand Dieu choisit un homme ou un peuple, cf. Dt 7.7 « Si Yahvé s’est attaché à vous et vous a choisis, ce n’est pas que vous soyez les plus nombreux de tous les peuples: car vous êtes les moins nombreux d’entre tous les peuple ». Nous n’avons pas de titre à faire valoir de notre coté pour que nous soyons la famille privilégiée de Marie. Nous faisons choix de Marie: pouvons-nous faire un choix plus raisonnable et plus fondé?
  • engagement de part et d’autre
    Les biens de l’un deviennent les biens de l’autre qui sait pouvoir en disposer. Chacun s’engage à faire siens les intérêts et les projets de l’autre. Et chacun a des droits sur l’autre: Marie prend envers nous les choix d’une mère, nous pouvons compter résolument sur elle. Et nous nous engageons à tout ce qu’un enfant doit sentir et faire pour sa mère, surtout assister Marie dans sa mission.
    Marie a reçu mission de faire de tout humain un vivant en Jésus-Christ. Ressentir avec Marie l’urgence du salut, prendre son regard sur les hommes, nous mettre à son service, dans l’engagement du combat (alliance militante).
  • pour faire « société », association, communauté.
    Nous acquérons des droits sur la Vierge Marie, sur ses mérites, sa prière, sa protection, sa gloire et sur tout ce qu’elle a reçu de la libéralité sans borne de son Fils.
    Pour notre propre sainteté et notre apostolat, nous ne sommes pas livrés à notre pauvreté. La grâce de Marie = un crédit dans lequel nous pouvons puiser sans réserve.
    Marie, de son côté entre en participation de tous nos biens. Tout à sa disposition. « Le vrai secret de réussir dans ses travaux est d’y intéresser la Sainte Vierge ». (EP VII, 20.19)

NB: Nous et non Je. L’alliance qui existe entre nous est à confirmer; Nous entrons dans une famille.Que

Notre dévouement prolonge sur terre sa charité maternelle

Dévotion et dévouement

Même racine latine, mais des nuances.

Dévotion à Marie: pas d’idée de mésestime.

Un simple fidèle dirait que cela comporte de reconnaître la place de Marie, sa sainteté. Glorifier Dieu po ce qu’il a fait en Marie

(Magnificat). Honorer et vénérer 1ab vierge Marie. Cf. LG : le culte de Marie fait partie intégrante de la foi et du culte catholique; prier Marie, se confier à elle.
cf. consécration à Marie après un baptême d’enfant (ne se fait pas souvent à un baptême d’adulte. On se déplace pour présenter l’enfant à Marie dont il est devenu l’enfant par le baptême. On lui confie l’enfant, son vécu, son itinéraire de vie sous la protection de Marie. Que Marie le garde du péché, le fasse grandir en grâce, en fidélité jusqu’à la vie éternelle.

Même si parfois c’est comme prendre une assurance.

Mais un terme manque : honorer pour demander protection: oui ­mais servir’ Marie manque.

Dévouement

devovere = se consacrer au sens fort. Cf. les Romains qui en cas de risque de risque se sont « dévoués » aux Dieu: aller au-devant de la mort pour gagner la bataille.
= engagement d’assister Marie de toutes ses forces dans sa mission maternelle.
= mise à disposition de Marie. Me voici, tu fais de moi ton instrument, ton auxiliaire, ton apôtre
et j’accepte de me considérer comme étant en 1ère ligne pour le salut des hommes.
Car Marie est toute pénétrée de la volonté de Dieu que tous les hommes soient sauvés.
Nous partageons cette ardeur de Marie pour que le salut advienne partout.

Chaminade réunit les trois mots: connaître, aimer, servir Marie.
Dans la Chine de Mao, la cible n°1 a été la « Légion de Marie ». Si nous, sm, nous en restons à la piété commune, nous ne sommes plus nous-mêmes et nous appauvrissons l’Eglise. Se considérer comme étant au front : Marie duce.

…Charité maternelle de Marie

Plus que tendresse, bienveillance, pitié, si naturels à toute femme. Ce n’est pas une disposition à materner (Marie ne materne personne), à épargner les chocs, à faire les choses à la place, à ne pas éveiller à la responsabilité.

Marie trempe, exige, aguerrit (contre mièvrerie)
La charité est exigeante pour l’autre.
En vertu de son Immaculée Conception, Marie n’a pas place en son cœur pour une autre passion que la charité. Maire aime de tout son cœur, de toutes ses forces, de tout son esprit. Elle vit de charité (et non de sentiments douceâtres). cf. 1 Co 13 (hymne à la charité).

Cette charité la porte à écraser la tête du serpent. Charité vigilante, force, zèle brûlant (cf. Marie au pied de la croix) engagement dans l’incarnation, sur la route où elle était appelée. Cœur qui bride pour le salut de l’homme: « Je suis venu apporter le feu sur la terre ». Marie a ce feu.

Comment pouvons-nous prolonger sur terre la charité maternelle de Marie

– en nous laissant envahir de plus en plus dans la charité. En étant ouvert aux nécessites spirituelles de notre temps, de notre société et de notre monde. Ce que nous voyons de péché, de dégradation ne peut nous laisser indifférent. Laisser retentir en nous très fort toutes les détresses humaines; accepter d’en payer le prix pour notre part, pour que le bien l’emporte.

– nous faisons nôtre LG n° 65: « La Vierge fut dans sa vie un modèle de cet amour maternel dont doivent être animes tous ceux qui, associés à la mission apostolique de l’Eglise coopèrent à la régénération des hommes ».

Tout apôtre doit partager les dispositions de Marie. Personne n’a eu comme elle le sens du Royaume de Dieu, du salut, conviction qu’il s’agit d’une œuvre de vie ( et non de domination ou de répression). Charité maternelle de Marie pour épanouir la grâce propre de chacun pour que le Christ grandisse en eux.

Et fasse croître l’Eglise, le corps de ton Fils, Jésus Christ notre Seigneur.

Elargissement sur toute l’Eglise.

Regard sur les Actes des Apôtres

Qu’est devenue Marie après la Résurrection? Evitons tout roman. Peu d’indications.
Jean a pris Marie chez lui : tradition d’Ephèse…

On la trouve au Cénacle à la Pentecôte: Marie avec, dans l’Eglise minuscule, pas brillante. Cf. Luc et début des Actes. Marie accepte Pierre comme maître de vérité.

Combien de tps a-t-elle vécu? Nul ne sait. En lisant les AA nous pouvons penser que Marie a été témoin de la 1ère expansion chrétienne ( cf toutes les notations de ce progrès dans les AA)

Marie s’en est réjouie. « Jésus croissait en âge, en sagesse et en grâce devant Dieu et les hommes » (sous un nouveau mode). Cf. Bossuet: l’Eglise = Jésus Christ répandu et communiqué.

Dieu veut l’Eglise en croissance jusqu’à la fin des temps. )

Deux vérités de foi: Eglise = corps du Christ et Marie = mère de l’Eglise.

Paul VI, en 1964 à la clôture du concile
L’Eglise a une vocation universelle, doit être coextensive à toute l’humanité.
L’Eglise = un « surcroît » de vie pour le Christ. Le Christ s’identifie à l’Eglise (cf. Paul à Damas: « Je suis Jésus que tu persécutes ». (AA 9.5).

L’Eglise est aujourd’hui le mode de présence du Christ au monde.
Au Cénacle, Marie ouvre en quelque sorte le 2eme temps de ‘Incarnation: le Christ présent par son corps mystique. L’Eglise = présence du Verbe de Dieu au monde. Ce n’est pas un hasard que Marie, mère des vivants, soit présente et nommée au cénacle: l’Esprit la veut présente à l’enfantement de l’Eglise.

Eglise = Emmanuel / Dieu avec nous. Eglise = le Christ époux de l’humanité. cf. Eph5.25 « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Eglise ». Le rêve du Christ pour l’Eglise: il la veut très belle, car ii l’aime. Cf. incohérence et contradiction de « Le Christ, oui, l’Eglise, non. » Si vous n’entrez pas dans le mystère de l’Eglise, vous n’entrez pas dans le mystère du Christ. Marie, mère du Christ est donc mère de l’Eglise. Notre alliance avec Marie ne peut nous isoler de l’Eglise.

D’où notre désir de voir croître l’Eglise: « Dieu de miséricorde, notre Père, ton Fils unique, en mourant sur la croix, a voulu que la Vierge Marie, sa mère, soit aussi notre mère. Accorde à ton Eglise, soutenue par son amour, la joie de donner naissance à des enfants toujours plus nombreux, de les voir grandir en sainteté et d’attirer à elle toutes les familles des peuples ». (Oraison de messe de Marie, mère de l’Eglise)

Etre habité du désir de voir croître l’Eglise. / Chaminade avait un sens profond du sacrement de la confirmation ; et nous connaissons encore mieux l’attachement d’Adèle à ce sacrement qui avait été en quelque sorte le déclic de sa vocation et l’importance qu’elle donnait à cet anniversaire.
Fortifier notre conviction que l’Eglise est porteuse de la Bonne nouvelle, lumière du monde; elle détient les paroles de vérité, elle détient les sacrements du salut, elle est « chemin, vérité, vie », comme Jésus; c’est la mission qu’elle a reçue du Christ.

Comment faire croître l’Eglise?

Jean Paul II a parlé de capillarité: l’action des chrétiens s’exerce par capillarité.

L’Eglise pour chacun de nous = sa paroisse, son groupe d’appartenance, sa famille: tout cela = des cellules d’Eglise… Cf. l’ « Eglise domestique ».
Nous avons tous un pouvoir et une grâce pour la santé et la croissance de cette cellule d’Eglise.
L’Eglise attend que nous soyons pleinement nous-même.

Donc notre acte de consécration, à la finale, nous fait demander l’épanouissement de la cellule d’Eglise à laquelle nous appartenons.
– notre vitalité spirituelle de consacré par le baptême, les sacrements, le témoignage,
– notre communion fraternelle entre nous. La circulation de la charité entre nous.
– notre croissance de cellule: accueil de nouveaux venus…

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