Sainteté ou perfection ?

« Vous savez, mon Père, je ne suis pas un saint, une sainte. » 

Voilà la curieuse confidence que j’entends parfois de la bouche de personnes qui viennent se confesser.

Pour moi cette affirmation est l’expression d’une confusion. Il s’agit de sainteté et non de perfection. Car, hormis la Vierge Marie, qui a été conçue sans péché, en vue de sa mission de donner au monde le Fils de Dieu pour notre salut, aucun être humain, aussi saint soit-il, n’est parfait.

Autrement dit, tous les êtres humains sont des pécheurs, les saints aussi ! Mais pour ces derniers, ils ont fait confiance en la miséricorde de Dieu et n’étaient pas paralysés par leurs propres faiblesses.

Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait nous dit Jésus. (Mt 5, 48) Mission impossible ! Cette exhortation de Jésus termine un discours où il nous invite à dépasser la loi du Talion et à aimer nos ennemis. Il s’agit donc d’aimer.

En fait, la sainteté est un chemin qui mène à la perfection

Mais en premier lieu, la sainteté est un don de Dieu, l’expression de son amour, sa présence en nous. Nous chrétiens, savons que nous sommes habités par la sainteté de Dieu. Nous avons été baptisés au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, nous avons en nous la vie du Dieu trois fois saint !

L’amour de Dieu nous investit et nous rend capables à notre tour d’aimer en étant en harmonie avec son projet. Si nous le voulons, en aimant nous devenons saints.

La sainteté n’est pas réservée à une élite. Certes, les saints reconnus officiellement par l’Eglise, sont souvent des êtres d’exception, mais il y a tous les saints anonymes, les saints de nos familles, que l’on fête précisément le 1er novembre lors de la solennité de la Toussaint.

Nous sommes, nous devons être, tous candidats à la sainteté !

Le Concile Vatican II nous le rappelle avec force dans sa constitution sur l’Eglise « Lumen Gentium » (LG). Il consacre même tout le chapitre V de ce document à ce sujet, en l’intitulant : « L’appel universel à la sainteté dans l’Eglise »

Après avoir rappelé que l’Eglise est sainte

L’Eglise,… est aux yeux de la foi indéfectiblement sainte. En effet le Christ, Fils de Dieu, qui, avec le Père et l’Esprit, est proclamé ‘seul Saint’, a aimé l’Eglise comme son épouse, il s’est livré pour elle afin de la sanctifier, il se l’est unie comme son Corps et l’a comblée du don de l’Esprit-Saint pour la gloire de Dieu. (LG 39)

Le Concile précise

Maître divin et modèle de toute perfection, le Seigneur Jésus a enseigné à tous et chacun de ses disciples, quelle que soit leur condition, cette sainteté de vie dont il est à la fois l’initiateur et le consommateur…

Et en effet en tous il a envoyé son Esprit pour les pousser intérieurement à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur intelligence et de toutes leurs forces, et aussi à s’aimer mutuellement comme le Christ les a aimés.

Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres mais au titre de son dessein et de sa grâce, justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus dans le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par conséquent, réellement saints.

Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie. (LG 40)

Mais le Concile sait bien que nous sommes pécheurs

Cependant comme nous nous rendons tous fautifs en bien des points, nous avons constamment besoin de la miséricorde de Dieu et nous devons tous les jours dire dans notre prière : ‘Pardonne-nous nos offenses’. (LG 40)

L’humilité fondement de la sainteté

C’est l’orgueil qui est à l’origine du péché. La sainteté elle suppose l’humilité. C’est bien parce que la Vierge Marie s’en remet à Dieu dans l’obéissance et le service qu’elle est sainte. C’est bien parce qu’elle rend grâce à Dieu pour les merveilles qu’il a accomplies en elle, qu’elle peut se déclarer l’humble servante du Seigneur.

Dans ses notes d’instruction concernant un sermon sur l’Annonciation, le Bienheureux Père Chaminade cite : L’humilité est le fondement de la sainteté. (Saint Cyprien).

La première vertu des chrétiens est l’humilité. (Saint Jérôme). L’humilité est le fondement et la gardienne des vertus. (Saint Bernard). Saint Grégoire l’appelle tantôt la maîtresse et la mère et tantôt la racine et la source des vertus. (Ecrits et Paroles II, 128, 60).

Humilité et non fausse humilité, la vraie consiste à rendre grâce à Dieu pour les dons qu’il nous fait. Et en premier, de nous avoir fait à son image et ressemblance, de nous investir de sa propre sainteté.

De savoir aussi reconnaître nos limites, nos faiblesses, nos fautes, mais de compter sur la miséricorde de Dieu et la force qu’il met en nous pour lutter contre le mal et faire le bien.

Le kaléidoscope de la sainteté

Les saints sont en quelque sorte autant de facettes d’un kaléidoscope qui révèle certains aspects de la sainteté de Dieu. Quelle facette sommes-nous dans ce kaléidoscope ? Etre saint, c’est être témoin de la sainteté de Dieu.

Vivre saintement, c’est d’abord rendre gloire à Dieu, c’est ensuite partager cet amour reçu de lui auprès de ceux que nous rencontrons sur le chemin de notre vie.

La sainteté chemin vers la vie éternelle

Vivre saintement nous mène vers cette vie de communion totale avec Dieu promise par son Fils. La communion des saints que nous célébrons à la Toussaint concerne ceux qui nous ont précédé, mais aussi nous-mêmes.

Tous nous sommes dans l’attente du retour en gloire du Seigneur qui sera désormais en tous. Nous serons en communion profonde avec lui, avec le Père et l’Esprit Saint pour vivre la perfection.

Etre saints, c’est témoigner que nous sommes de passage sur cette terre en vue d’une vie de pleine communion avec Dieu.

La sainteté ne doit pas nous faire peur, elle est un cadeau de Dieu, à nous de l’accueillir !

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