Nous reconnaître pécheurs

« Abandonnons-nous à sa volonté,
il est notre Père et notre Maître tout ensemble.
Que cette qualité de Père ranime la confiance
que celle de Maître seule pourrait nous tirer.
Et pourriez-vous, mon adorable Père,
ne pas recevoir vos enfants
quand ils viennent se jeter comme l’enfant prodigue
entre les bras du plus miséricordieux
et du plus tendre des pères ?
Nous revenons donc à vous, ô Père infiniment aimable,
avec toute la confiance que nous inspire votre infinie bonté. » 5.2

Au moment où vit Adèle il est impossible de vouloir communier sans s’être confessé la veille. (Une fois religieuse, le confesseur viendra régulièrement toutes les semaines, permettant une participation régulière à l’Eucharistie). Elle parle donc fréquemment de ce sacrement en lien avec la communion.  C’est ainsi qu’elle écrit : « Songeons que la participation aux sacrements est l’affaire la plus importante de notre vie. Préparons-nous y donc avec le plus grand soin. Evitons le péché ; tenons-nous dans une grande pureté de conscience ; détachons-nous des créatures pour nous attacher uniquement au Créateur car Il doit se donner tout à nous. N’est-il pas juste que nous ne lui refusions rien. » 110.7

Adèle a une grande conscience du don que Dieu lui fait à travers les sacrements : se préparer, éviter le péché, se tenir dans une grande pureté de conscience, se détacher des créatures et tout cela pour s’attacher totalement à Celui qui se donne totalement.

Le Sacrement du pardon

« Que Dieu est bon de nous pardonner toujours malgré nos continuelles offenses. Il a établi un Sacrement où chaque fois que nous le recevons en bonnes dispositions il nous pardonne et nous remet de nouveau dans l’innocence que nous avions perdue. Nous avions défiguré en nous l’image du Créateur ; il se plaît dans ce sacrement de paix et de réconciliation de nous en retracer l’empreinte. Que nous serions donc coupables si nous négligions un si puissant remède à nos maux.

Les biens qu’il nous procure, cette paix intérieure qu’il nous rend, ne valent-ils pas bien la peine de supporter les désagréments et la honte qu’on ressent d’en user ? Regardons le ministre dans le Sacré tribunal comme tenant la place de Jésus Christ. Pensons que c’est à ce Dieu bon et miséricordieux et qui sait tout ce que nous faisons, que nous allons nous accuser. Ne regardons plus l’homme mais celui dont il tient la place. Recevons avec respect et obéissance ses ordres et ses conseils : Dieu parle par sa bouche. C’est par lui qu’il nous fait connaître ses volontés. 

Apportons-y désormais un grand regret du passé et de fermes résolutions pour l’avenir, et nous verrons que nous en sortirons bien plus fortes pour résister aux attaques du démon. Il nous tente, il rôde autour de nous, mais avec la force de Jésus Christ nous le vaincrons. Nous ne pouvons rien, « mais nous pouvons tout en Celui qui nous fortifie ! » 18.1,2,3

Adèle nous situe d’emblée dans une démarche de foi : foi car il s’agit bien de croire que Dieu est toujours prêt à nous pardonner. Combien de fois notre imagination ne cherche-t-elle pas à nous faire croire que ce que nous avons fait est impardonnable ? foi pour voir au-delà du prêtre le Père lui-même qui nous accueille et nous parle, nous faisant connaître sa volonté, foi encore dans la grâce qui nous est donnée et qui nous permettra de résister aux tentations et de vaincre le mal, foi en Celui qui nous fortifie et avec qui nous pouvons tout.

Dieu accorde toujours son pardon

Telle est la conviction qui habite le cœur d’Adèle : « Je veux espérer tout de la bonté de Dieu qui est toujours prêt à pardonner à un vrai repentir. O mon Dieu ! ce repentir est encore un don de votre grâce : daignez me l’accorder. » 141.6

« En effet, la miséricorde de Dieu est bien grande. Ah ! comme elle doit nous le faire aimer ! Il nous pardonne quand nous revenons sincèrement à lui quelque grand crime que nous ayons commis. (…)Fuyons le plus petit péché (…)Le plus petit péché est toujours un mal infini puisqu’il n’a pas fallu moins que la mort d’un Dieu pour nous en délivrer. » 5.2,3

« Hélas ! si je ne faisais attention qu’à la multitude de mes iniquités, comment oserais-je m’approcher de la sainte Table. Mais je ne veux regarder que la bonté, la miséricorde de mon Dieu qui m’invite avec une bonté toute paternelle, et qui, comme le père de l’enfant prodigue, veut faire un festin de réjouissances pour mon retour. » 206.4

Oui, voilà bien la miséricorde de notre Dieu qui, loin de nous reprocher notre péché, veut nous offrir un grand banquet, veut faire la fête.

Un peu comme la petite Thérèse, Adèle a une grande idée de l’amour paternel de Dieu. Tout en ayant une conscience forte de la gravité du péché, elle ne s’y complaît, elle court vers son Père, certaine de sa tendresse qui l’a conduit à livrer son Fils Bien Aimé aux mains des pécheurs, nous dévoilant par là le prix que nous avons pour lui. Mais Dieu attend patiemment notre retour. Il ne nous contraint pas, il nous laisse libres de revenir à la maison…

Vouloir ne plus offenser Dieu

Demander pardon c’est bien mais cela nous engage au moins à faire ce qui est en notre pouvoir pour chercher à ne plus offenser Celui qui nous aime tant.

« en lui demandant le pardon de nos offenses, protestons-lui que nous ne voulons plus l’offenser. Evitons le péché, les occasions du péché, tâchons de lui plaire en tout, de faire en tout sa très adorable volonté.

Aimons-le enfin, et avec cet amour tout nous sera facile. Voudrions-nous faire de la peine à quelqu’un que nous aimerions bien tendrement ? » 34. 1 à 5

Adèle nous présente les deux faces de notre retour vers le Père : chercher à ne plus le peiner en évitant le péché, les occasions qui nous mettent en danger et dans le même temps elle nous invite à tout miser sur l’amour. Plaire à Dieu, chercher à faire sa volonté, cela nous dynamise. Adèle prend un exemple de la vie quotidienne : qui voudrait faire de la peine à un être aimé tendrement ? Il doit donc en être de même pour notre relation avec le Seigneur. Adèle aime à renvoyer à l’exemple de Madeleine à qui le Seigneur a remis ses nombreux péchés parce qu’elle a beaucoup aimé.

Exemple de Madeleine

« Nous sommes accablées de péchés, de dettes : aimons, et tout nous sera remis. Notre divin Sauveur dit Lui-même en parlant de Madeleine : « Beaucoup de péchés lui seront remis parce qu’elle a beaucoup aimé. »

Est-il nécessaire de faire tant de réflexions pour nous exciter à aimer un Dieu qui est tout amour, qui nous le témoigne jusqu’à se donner tour entier pour être notre nourriture. Que la vue donc, et encore plus la participation à ce Mystère d’amour, en embrase notre cœur. Sortons de cette fournaise sacrée comme des lions pleins d’ardeur et de courage. Mon Dieu ! je veux vous aimer plus que moi-même ! » 107.5,6

« Allons donc à Lui avec une amoureuse confiance ; allons-y comme la Madeleine pour pleurer nos péchés avec des larmes d’amour, afin de mériter que beaucoup de péchés nous soient remis parce que nous aurons beaucoup aimé. » 139.6

« (Madeleine) avait toute sa vie profané son cœur à des amours impurs ; mais à peine se convertit-elle, que tout son amour se porte vers Jésus Christ. Elle se sert du cœur tendre qu’elle avait pour aimer, oh ! avec la plus vive ardeur ! Elle ne peut pas mieux réparer d’en avoir profané les affections, qu’en les consacrant désormais au Seigneur. Elle se sert de la même mesure avec laquelle elle avait éperdument aimé le monde, pour aimer notre divin Sauveur. Et c’est ce qui lui mérita ces consolantes paroles : «  Vos péchés vous sont remis parce que vous avez beaucoup aimé ! »

De même que cette pécheresse, faisons servir ce qui a été pour nous une occasions d’offenser Dieu à la gloire de Dieu même. Par exemple : nous nous sommes trop attachées à la créature ? Eh ! bien, que toute la tendresse et la sensibilité de notre cœur se portent vers le Seigneur.
Nous avons beaucoup de vivacité naturelle ? Eh ! bien, faisons-la servir, en la réprimant, à nous être une occasion de mérite, et tournons notre vivacité à nous acquitter avec ardeur de nos devoirs.

Nous avons un grand désir de plaire au monde ? Eh ! bien, tournons ce penchant au désir de plaire au Seigneur.

Nous sommes trop sensibles au mépris ? Faisons servir cette disposition à une grande peine d’avoir encouru la disgrâce de Dieu. » 45. 3,4,5,6,7

A travers ce commentaire, Adèle nous offre des pistes qui peuvent nous être utiles encore aujourd’hui.

Adèle pour qui la communauté est importante sait ce que signifie la communion des saints ainsi que la solidarité dans le péché.

Ainsi elle demande à Agathe de l’accompagner de sa prière tandis qu’elle va se confesser, elle fera de même lorsque ce sera son tour. « Je vais me confesser demain. Hélas ! malgré toutes les grâces du Seigneur, ma conscience est bien chargée de péchés. Priez pour moi, chère Agathe. Je le ferai pour vous, afin que le bon Dieu nous aide à nous corriger et à Le servir fidèlement. » 126.6

Bien souvent elle invite les associées, plus tard les Sœurs à prier pour ceux qui offensent Dieu et à demander pardon pour eux. « Pardon, ô mon Dieu, pour tous ceux qui vous offensent ! » 67.1, 94.1, 300.1, 315.1, 364.1

«  Je vous propose de dire tous les jours (…) une courte prière pour demander à Dieu pardon des sacrilèges qui se commettent dans ce temps-ci, et demander la grâce qu’il ne s’en commette pas tant. » 74.4

Elle invitera les supérieures à demander pardon en leur nom et au nom de leurs sœurs.

« Faisons souvent des amendes honorables pour les péchés qui se commettent dans nos maisons, et peut-être par notre faute. Faisons souvent des amendes honorables à notre Epoux, des infidélités que nous commettons et que commettent nos filles. » 601.3

Ainsi le sacrement de la réconciliation nous permet-il de rompre avec le péché, de nous ouvrir à l’amour et d’entrer dans la liberté des enfants de Dieu.

« On ne peut être du monde et appartenir à Jésus Christ. Rompons donc une bonne fois et pour toujours, avec cet abominable maître qui ne fait que des esclaves, et entrons dans la sainte liberté des enfants de Dieu, et jouissons des douceurs de son adorable service. » 201.6

Avec Adèle restons émerveillées par cet amour de Dieu qui nous attend avec une infinie patience. N’ayons pas peur : Il nous aime à en mourir.

Seigneur, je reviens vers toi,
J’ai gaspillé les dons que tu m’avais confiés.
J’ai préféré agir selon mes vues,
Je me suis fait propriétaire de la mission confiée.
Je n’ai pas su voir la sœur, la personne
qui attendait un service, un moment d’attention…
Oui, je reviens vers toi.

Tu m’aimes infiniment,
Ton amour est plus grand encore que ce que j’imagine
Tu as livré ton Fils pour me dire ton amour.
Qu’ai-je que tu ne m’aies donné ?
Et moi, Père, je n’ai que mon péché à t’offrir… je te le remets,
certaine que tu me refais à neuf.
Oui, Père, par ton Esprit tu me recrées,
Tu me renouvelles et me redonnes ta confiance.
Et je peux chanter ton Amour et ta Paix et ta Joie.
Oui, Père, tu fais pour moi, tu fais pour nous des merveilles !

 

Textes pour la méditation :

Lc 15, 11 à 32 (méditer sur chacun des fils, sur le père)
Lc 7, 36-50
2 Cor. 5,20
Col. 1,20
Règle de Vie I. 58

 

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