La Vierge Marie, Saint Paul et le bienheureux Guillaume-Joseph Chaminade

En cette année Saint-Paul, il m’a paru intéressant de voir si notre Bienheureux Fondateur utilisait les références pauliniennes pour appuyer ses considérations à propos de la Vierge Marie, dans ses Notes d’Instruction aux laïcs, regroupées par le Père Jean-Baptiste Armbruster dans « Ecrits et Paroles » (EP), les tomes I, II et III.

 Nous savons que saint Paul ne fait qu’une seule fois référence à la Vierge Marie dans ses lettres. Il s’agit de la lettre aux Galates, chapitre 4, verset 4. Si nous prenons ce verset dans son contexte, nous voyons que saint Paul mentionne Marie, sans la nommer explicitement, pour dire que Jésus est né d’une femme, afin d’appuyer son argumentation démontrant que Jésus, envoyé de Dieu le Père, s’est incarné pour apporter le salut et faire de nous des enfants de Dieu. Voici le texte de Galates 4, 4-7

Frères, lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme, il a été sous la domination de la Loi de Moïse  pour racheter ceux qui étaient sous la domination de la Loi et pour faire de nous des fils.  Et voici la preuve que vous êtes des fils : envoyé par Dieu, l’Esprit de son Fils est dans nos coeurs, et il crie vers le Père en l’appelant « Abba ! ». Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et comme fils, tu es héritier par la grâce de Dieu.

Dans les trois tomes de « Ecrits et Paroles », le Père Chaminade ne cite qu’une seule fois Galates 4, 4. Nous trouvons cette référence dans EP II, dans le document 26 intitulé : « Du jugement de Dieu, exercé par Jésus-Christ ». Le fondateur nous dit que nous devons imiter Jésus-Christ. Voici le texte où se trouve la citation :

Le Fils, outre l’autorité, nous alléguera son exemple. Jésus Christ, comme nous, sujet à la loi comme nous. Né d’une femme, né sous la loi. (Ga 4, 4). Notre crainte est sans ressource et notre péché sans excuse.

Le Père Chaminade utilise cette citation de saint Paul, non pour faire un développement sur la Vierge Marie, mais pour nous rappeler, comme l’apôtre que nous sommes rachetés par le Christ.

Parmi les références les plus souvent citées des écrits de saint Paul et qui servent au Père Chaminade pour parler de la Vierge Marie, nous en trouvons deux : une dans la lettre aux Romains : Rm 11, 29 ; l’autre, dans la lettre aux Galates : Ga 4, 19. Ces références sont insérées dans des textes du fondateur, on les trouve dans les Notes d’Instruction, dans le tome II. (EP II).

Nous trouvons la référence de la lettre aux Romains dans le document 116. De la dévotion à la Sainte Vierge. Ses fondements. Le Père Chaminade écrit :

Dans ce discours, il faut prouver plusieurs choses : 1) que Marie a concouru par sa charité à donner au monde un libérateur et à regarder cette proposition comme principe ; prouver 2) la conséquence. Dieu ayant voulu une fois nous donner Jésus-Christ par la Sainte Vierge, ce décret ne se change plus. Les dons de Dieu sont sans repentance. (Rm 11, 29).

Le Père Chaminade se sert de cette citation pour rappeler que lorsque Dieu s’engage, il ne revient jamais sur ce qu’il a décidé. Dieu a voulu que Marie participe à l’histoire du salut en étant la mère du Sauveur.

Cette même idée est également développée avec une formulation quasi identique dans le document 163 du même tome, EP II.

Dans le document 165, intitulé « Ave gratia plena » « Salut pleine de grâce » (Lc 1, 28) le Père Chaminade écrit :

Marie en devenant la Mère de Jésus-Christ a donné au monde l’auteur et le principe de toutes les grâces. . ., non pas comme un simple canal dont Dieu s’est servi… C’est par effet de sa volonté, c’est de sa charité que Dieu s’est servi. Histoire de l’ambassade de saint Gabriel, décret éternel de la sagesse de Dieu sur Marie qu’il ne révoquera jamais. Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel. (Rm 11, 29).

Dieu a choisi Marie pour être la mère de son Fils mais en laissant à la Vierge la possibilité de manifester sa liberté et de concourir librement à la mission qu’il lui confiait.

Avons-nous conscience que le Seigneur a un projet de vie sur chacun de nous ? Qu’il nous donne les moyens de le découvrir dans la prière, dans les événements, dans les rencontres que nous faisons ? Lui faisons-nous confiance en sachant qu’il ne changera pas d’avis ? Répondons-nous à son appel avec la détermination et la joie que manifestaient Marie ?

La deuxième citation de saint Paul utilisée par le Père Chaminade à propos de Marie, est une attitude de Paul vis-à-vis de ceux à qui il a porté la Bonne Nouvelle : Mes petits enfants, pour qui j’éprouve à nouveau les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce qu’il (Jésus-Christ) soit formé en vous. (Ga 4, 19).

Dans le document 124. Sermon sur la nativité de Marie, à propos de la plénitude de la grâce, le Père Chaminade écrit ceci :

La grâce chez l’homme, comme la nature, n’opère que par degrés et très lentement. Malgré tous les privilèges de la grâce de notre régénération, il est vrai que nous ne sommes en Dieu à notre naissance que des êtres ébauchés. (Jc 1, 18). Mes petits enfants, pour qui j’éprouve à nouveau les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. (Ga 4, 19).

En Marie, la plénitude de la grâce a eu pour effet qu’elle a conçu aussi bien dans sa foi que dans son sein son Sauveur et qu’elle l’a donné au monde. En nous, avec l’aide de l’Esprit Saint, Marie veut nous faire grandir dans la ressemblance à son fils. Mais cet enfantement est douloureux car nous y mettons de la résistance due à notre péché.

Dans le document 168. Sermon. Marie est notre mère, le Père Chaminade écrit :

Jésus-Christ par la même libéralité nous donne pour Mère sa divine Mère, pour être notre frère en toutes manières. Marie est unie au Père éternel pour être Mère de notre Chef, selon l’esprit, elle est la Mère de tous les fidèles. Comment ? Par la charité. Selon la chair, elle est la Mère de notre Chef, selon l’esprit, elle est la Mère de ses membres, car elle a coopéré par son amour à faire naître des fils de Dieu dans l’Eglise. (Saint Augustin). Deux fécondités : l’une dans la nature, l’autre dans la charité. Mes petits enfants que j’enfante de nouveau jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. (Ga 4, 19).

La charité de Marie la pousse à vivre cette mission d’enfantement des membres du Corps du Christ, dont Jésus est la tête et nous les membres.

Dans le document 199. Au Calvaire, Marie et les prêtres, le Père Chaminade rappelle la mission d’engendrement du prêtre, aidé par la Vierge Marie :

Le prêtre engendre des enfants à Jésus-Christ et à Marie, par l’administration des sacrements, par la distribution de la parole. Marie s’y rend présente, c’est Marie qui les engendre aussi. Quel bonheur, quelle consolation pour le prêtre ! Mes petits enfants, pour qui j’éprouve à nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. (Ga 4, 19).

Est-ce que je prie régulièrement la Vierge Marie de venir en aide aux prêtres dans leur mission d’engendrement des fidèles à la vie chrétienne ?

Enfin, dans le document 210. De l’obligation des prêtres à la perfection, le Père Chaminade rappelle aux prêtres la nécessité de la sainteté de leur vie et leur participation à la mission maternelle de Marie.

Soyez saints, comme des fils spéciaux de Marie notre Mère très sainte de qui vous devez être les coopérateurs, pour que, comme elle, vous puissiez enfanter Jésus dans le cœur des fidèles et mettre au monde des fils destinés à la sainteté. Mes petits enfants, que j’enfante à nouveau, jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. (Ga 4, 19).

Même si cette exhortation s’adresse explicitement aux prêtres, le Concile Vatican II nous rappelle que nous sommes tous invités à progresser dans la sainteté. (cf. Lumen Gentium 41). De plus, la mission de tous les membres de la Famille Marianiste est d’être au service de la mission maternelle de Marie, comme nous le redisons quotidiennement dans notre acte de consécration :

Tu as associé Marie au mystère de ton Fils pour qu’elle soit la nouvelle Eve, la Mère des vivants ; confirme l’alliance que nous avons contractée avec elle.

Que notre dévouement prolonge sur terre sa charité maternelle et fasse croître l’Eglise, le Corps de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur.

Même si saint Paul n’a fait qu’une seule fois référence au fait que Jésus, le Fils de Dieu, est né d’une femme, le Père Chaminade sait se servir de citations pauliennes pour appuyer son enseignement sur la Vierge Marie.

A nous aussi de nous laisser enseigner par le Père Chaminade. Dans tout son exposé de la foi chrétienne, il utilise largement les citations prises dans les écrits de saint Paul. Nous les trouvons plus particulièrement dans les Notes d’Instruction aux laïcs de la Congrégation Mariale.

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