Les Noces de Cana

Les Noces de Cana (Jn 2, 1-11)

Voilà une bien curieuse noce ! Le marié est là, mais ne parle pas, quant à la mariée, elle n’est même pas nommée ! Quand on pense à tout le déploiement que l’on fait habituellement autour de la mariée, il y a de quoi être étonné.

Voilà une bien curieuse noce ! Quand on pense à la profusion de nourriture et de vin proposés en pareille circonstance, il y a de quoi être surpris que le marié n’ait pas été assez prévoyant pour ne pas se trouver en rupture de vin. Il est vrai que nous ne pouvons pas comparer nos noces d’aujourd’hui avec celles d’il y a près de 2000 ans. On invitait largement et sans doute qu’il n’y avait pas de carton d’invitation à retourner. Le texte le suggère puisqu’à cette noce, Marie est invitée, et aussi, Jésus et ses disciples.

Voilà une bien curieuse noce ! Car dans l’épisode qui est relaté par l’apôtre et évangéliste Jean, les principaux acteurs sont Marie et Jésus. L’évangéliste veut nous transmettre une leçon importante pour notre foi. Que voyons-nous ?

Tout d’abord, Marie. Elle est attentive aux besoins des hommes. Sans doute a-t-elle observé les mouvements des serviteurs et leur probable discussion à cause de cette pénurie de vin. Alors que tout le monde est occupé à banqueter, Marie perçoit les besoins profonds, les besoins cachés des hommes et elle s’adresse à son Fils, elle intercède en faveur des hommes.

Marie, tout en étant attentive aux besoins des hommes et aussi attentive au désir de Dieu et essaie d’y répondre.

D’ailleurs, elle aurait pu être découragée par la réponse de Jésus : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Phrase énigmatique et qui aurait pu décourager Marie, mais il n’en est rien ! Au contraire, Marie, s’adressant aux serviteurs, les invite à la confiance en son Fils : « Faites tout ce qu’il vous dira. » La foi de Marie est le levier de la confiance-foi des serviteurs qui, docilement, vont suivre les instructions de Jésus. La foi de Marie est aussi ce qui provoque la réponse positive de Jésus à sa requête.

Puiser de l’eau et servir l’organisateur du repas de noce, voilà un risque que les serviteurs ont pris. Ils risquaient gros, mais la foi de Marie et l’autorité de Jésus leur ont permis de passer de l’incrédulité à la foi, de la peur à la prise de risque.

Jésus ne fait pas les choses à moitié ! Désormais il y a profusion de vin et du meilleur ! Et ce premier miracle, provoqué en quelque sorte par Marie, rejaillit sur les disciples. Jésus, dit l’évangéliste, « manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui ».

Nous avons fêté dimanche dernier, l’épiphanie, et lundi, le baptême de Jésus. Avec les Noces de Cana, ce sont trois épiphanies, trois manifestations, de la gloire de Jésus. Trois circonstances qui dévoilent la vraie nature de Jésus, à la fois, Fils de Marie, mais aussi, Fils de Dieu.

Car, la signification profonde des Noces de Cana, c’est que cette circonstance, par l’intervention, l’intercession de Marie, a permis à Jésus, déjà, au début de sa vie publique, de dire quelque chose de sa profonde identité.

Lorsque Jésus répond à sa mère, il lui dit : « Femme que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Cette phrase énigmatique, à ce moment-là de la vie publique de Jésus, peut-être que Marie ne l’a pas comprise, mais l’Esprit Saint en elle, l’a poussée à solliciter de Jésus, cette intervention. Marie, la « comblée de grâce », est toujours en adéquation avec le désir de Dieu, et donc de son Fils. Lorsque Marie demande quelque chose à Dieu, Dieu ne peut pas la lui refuser.

L’heure de Jésus, l’heure de son épiphanie totale, c’est celle de sa mort sur la croix. C’est dans l’abandon total à la fois aux hommes et à son Père, que Jésus se révèle totalement. Et de cet abandon surgit la résurrection et la vie divine proposée aux hommes, dans un acte de pardon, de mort, et de vie.

Aux Noces de Cana, l’heure de Jésus n’est pas encore venue, mais le compte à rebours, en quelque sorte, commence.

Jésus est l’époux. Il épouse notre humanité. Marie, et avec elle l’Eglise, dont elle est un des membres, est l’épouse.

Un jour, après Cana, et nous y sommes, Jésus invitera à ses noces : « Heureux les invités aux noces de l’Agneau » dit le verset introduisant cet évangile. Nous sommes les convives de ces noces, le repas s’appelle Eucharistie, et la nourriture, c’est le Corps et le Sang de Jésus Christ. Il se donne à nous, pour que nous, son Eglise, nous l’épousions et partagions sa vie. En l’épousant, nous devenons également celui que nous recevons.

Marie, par sa foi, nous invite, nous les serviteurs, à faire confiance à Jésus. Elle intercède pour nous. Elle nous suggère de goûter à ce pain et ce vin qui sont Corps et Sang de son Fils et de son Dieu, et elle est, elle aussi, convive de cette noce.

Quant au Maître du repas, nous pouvons penser que c’est Dieu le Père et qu’il apprécie le don de son Fils, et de nous-mêmes, car, grâce à lui, nous nous offrons au Père par le Fils, avec le Fils et dans le Fils.

Alors, si nous entrons dans la perspective de ces épousailles qui nous sont proposées déjà sur cette terre, et qui s’appelle Eucharistie, nous ne nous posons plus la question de savoir s’il faut aller à la messe ou pas, mais, poussés par l’Esprit, nous sentons en nous le désir d’y participer et d’y inviter le plus de convives possibles : « Heureux les invités aux noces de l’Agneau ».

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