L’Esprit Saint source de dynamisme apostolique chez Adèle

Lorsqu’on lit les lettres d’Adèle, on est émerveillé de constater le rôle de l’Esprit dans sa vie personnelle et apostolique.

L’Esprit Saint compte beaucoup pour elle, pour la mission. C’est vrai, ses parents, sa mère tout particulièrement, ont su lui donner le sens de Dieu, éveiller en elle l’amour de Dieu et des autres. Toute petite, avant de partir en exil, à sa mère qui lui propose de partager l’argent qu’elle a reçu d’une tante avec les prisonniers de Nérac, elle répond d’envoyer tout l’argent.

Lorsque la veille de Noël, à Saint Sébastien, le prêtre auquel elle vient de se confesser, l’invite à communier le lendemain, pour la première fois, elle refuse. Il lui faut le temps de préparer son cœur à accueillir son Dieu. Elle vit à fond les réalités spirituelles et les réalités les plus concrètes de la vie.

Le Christ, le Père sont pour elle des personnes bien vivantes, l’Esprit Saint également, comme nous allons le constater.

Je vais développer quatre points :

  1. Le baptême – la confirmation – la Pentecôte
  2. Vivre la Pentecôte
  3. Ce que fait l’Esprit Saint : ses activités, ses dons
  4. L’Esprit Saint source de dynamisme au service de la mission. C’est l’Esprit Saint qui remplit d’amour, d’initiative, qui donne force et apprend à répondre aux nécessités des gens.

Le baptême – la confirmation – la Pentecôte

Le baptême

Adèle est baptisée le jour de sa naissance. Elle vit dans la lumière du baptême. Chaque année, elle en célèbre l’anniversaire.

Quelques jours avant ses 20 ans, elle écrit par exemple à Agathe :

« Le jour où vous recevrez ma lettre, très chère amie, est le jour de l’anniversaire de mon Baptême. Quel beau jour pour moi, que celui où j’ai acquis, en cette qualité, un droit à l’héritage céleste.

(…)

De combien de grâces, chère amie, cette auguste qualité de chrétiennes, ne nous rend-elle pas participantes. Quand ce ne serait que d’être membres de Jésus-Christ, d’avoir le bonheur de nous nourrir de sa Chair adorable.

Oh ! L’heureux engagement que nous avons pris dans notre baptême. Renouvelons-le de tout notre cœur ; engageons-nous tout de nouveau dans l’amour et le service du bon Dieu ; marchons sous l’étendard de la Croix. » (Lettre 104.2.4-5)

Adèle est très consciente de tout ce qu’elle a reçu dans le baptême. Elle est aussi consciente de ses engagements. Elle désire aimer et servir son Seigneur de tout son être.

On pourrait prendre d’autres textes. Ce serait trop long. La rencontre avec le Père Chaminade ne pourra que l’ancrer davantage dans cette conviction de l’importance du baptême. Le Père Chaminade l’invite aussi à célébrer l’anniversaire de ce sacrement et, dans la Congrégation de Bordeaux, les membres avaient l’habitude de renouveler les promesses de leur baptême avant de faire leur consécration à Marie. Celle-ci du reste, n’est qu’un moyen pour chercher à vivre plus à fond la vie chrétienne.

La confirmation

Lorsqu’Adèle apprend que l’évêque d’Agen Mgr Jacoupy, se dispose à donner la confirmation aux jeunes et aux adultes qui n’ont pu la recevoir à cause de la Révolution, elle demande à sa mère la permission de passer six semaines auprès des carmélites d’Agen, qui vivent toute la rigueur de leur règle, mais dans la clandestinité, car les Ordres religieux n’étaient toujours pas autorisés.

Adèle passe donc six semaines avec les carmélites, elle a à peine 14 ans, elle participe à tous leurs exercices, découvre leurs habitudes. Nous ne devons pas oublier qu’avant de rentrer en France, elle avait demandé à ses parents de rester à Saint Sébastien pour pouvoir entrer au Carmel quand elle aurait l’âge.

Si elle a souhaité consacrer tant de temps à la préparation de ce sacrement, c’est parce qu’elle est consciente de son importance. Et c’est vrai que beaucoup de choses vont naître de ces six semaines de désert, de solitude, d’intimité avec le « Divin Epoux », passé dans l’attente de l’Esprit. Dans la première lettre qu’elle adresse à Agathe (2 février 1805), elle écrit :

« Le jour que vous recevrez ma lettre est le jour où cet amour du Père et du Fils, qui est la Saint Esprit, est descendu sur nous. Conservons la mémoire d’un jour si heureux pour nous ! » (Lettre 1.3)

Agathe et Adèle avaient reçu la confirmation ensemble, deux ans auparavant, le 6 février 1803.

Dans la lettre 32.4, Adèle parle à Agathe du règlement qu’elle a envoyé à Jeanne (Sœur d’Agathe), pour se préparer à célébrer ensemble l’anniversaire de leur confirmation.

Anniversaire de baptême, anniversaire de confirmation, deux dates qu’Adèle n’oubliera jamais. Cela nous montre l’importance qu’elle accorde aux dons de l’Esprit.

La Pentecôte

C’est l’une des fêtes dont Adèle parle le plus. Adèle est fille de l’Eglise, elle vit au rythme de l’Eglise. Elle se réjouit de passer, comme l’Eglise le propose, les jours entre l’Ascension t la Pentecôte, en communion étroite avec les Apôtres pour se préparer à accueillir Celui que le Christ a promis. La confirmation a été pour elle et ses amies, leur Pentecôte.

Le jour de la Pentecôte, chacun des membres de la « Petites Société » est invité à tirer les fruits et les dons du Saint Esprit (il semble que ce soit une pratique du Carmel). Adèle est pleine d’enthousiasme. Ecoutons-la :

« Il va nous quitter cet aimable Sauveur, mais consolons-nous, c’est pour nous envoyer l’Esprit Consolateur. Il nous l’a promis, il est fidèle dans ses promesses. Et puis, non, il ne nous quitte pas : il se laisse lui-même dans l’adorable sacrement jusqu’à la consommation des siècles. Il ne peut se décider à quitter ses chères brebis ; comme un tendre et vigilant pasteur, il veille toujours sur son troupeau. Hélas ! Et ce troupeau l’abandonne et est le premier à se remettre lui-même entre les mains du loup.

Dans les dix jours, ma bonne amie, entre l’Ascension et la Pentecôte, tâchons de ne faire aucun péché notable. Gardons-nous dans une grande pureté de conscience afin que l’Esprit-Saint descende sur nous avec tous ses dons.

J’espère passer avec vous le saint jour de la Pentecôte. Nous ferons des billets des dons et des fruits du St Esprit, et nous les tirerons pour voir celui qui tombera à chacune. Nous serons juste sept si Mme de Fumel y vient.

Ah ! Tâchons de mériter que notre petite assemblée mérite la visite du Saint-Esprit. Demandons-le par d’instantes prières. Les Apôtres restèrent en prières depuis l’Ascension jusqu’à la Pentecôte. Unissons-nous à eux, et prions, au moins de cœur, dans tous les instants de la journée. » (Lettre 40.5-8)

De fait, Adèle passe le jour de la Pentecôte à Agen avec ses amies. Elles ont la possibilité de participer à une retraite donnée par le Père Miquel. Après la fête, Adèle et Agathe vont trouver le prédicateur pour lui demander de faire partie de la « Petite Société ». Le missionnaire pourra célébrer la messe à leurs intentions. Ils mettront en commun leurs mérites. Ainsi elle profiter de son séjour à Agen pour faire des recrues. Quelle ardeur apostolique !

Vivre la Pentecôte – Ac 2, 1-11

Entre 1807 et 1811, elle recourt souvent au texte des Actes qui nous rapporte ce qui s’est passé à la Pentecôte. Voici les points sur lesquels elle insiste particulièrement :

  • L’union à Dieu, au Christ, l’amour pour Dieu (lettre 81.5)
  • Dans tous les textes où elle fait référence aux Actes, elle insiste sur la nécessité d’accueillir ensemble l’Esprit Saint (c’est la dimension du groupe : « Petite Société » – Institut – C’est la dimension ecclésiale) Il faut faire Eglise, comme les Apôtres, pour accueillir le don de l’Esprit.

« Ainsi, pour recevoir ce divin Esprit, il faut être tous réunis de sentiment et d’affection pour un Dieu qui veut nous enrichir du plus grand don de sa tendresse ». (Lettre 81.3)

  • Toutes les lettres qui font allusion à la Pentecôte insistent sur la mission.

Pour les Apôtres, c’est à la Pentecôte que la mission a commencé, Adèle dit alors :

– Que l’Esprit Saint nous transforme en créatures nouvelles pour le service de la mission, là où il nous envoie,

– Qu’il nous illumine, nous embrase,

– Qu’il nous libère pour nous consacrer totalement aux intérêts du Seigneur,

– Qu’il nous donne sa lumière pour que nous puissions à notre tour, donner sa lumière, son amour

– Qu’il nous prépare au martyre pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

La Pentecôte est vraiment un temps fort, ce le fut pour les Apôtres, ce l’est pour Adèle et ses amies. Alors il faut un temps de préparation et un temps de mise en pratique.

* Temps de préparation (entre l’Ascension et la Pentecôte)

Comme l’Eglise le propose, les dix jours qui précèdent la Pentecôte sont à vivre avec les Apôtres. Jésus Christ a ordonné aux Apôtres de ne pas quitter Jérusalem pour attendre la promesse.

Ce sont des jours de prière, jours de retraite, d’attente, d’ardeur, de supplication :

«  Recueillons-nous bien ; soyons sans cesse dans la compagnie des Apôtres qui attendent le Saint Esprit ; invoquons-Le et attirons-Le par l’ardeur de nos prières ; et cet Esprit d’amour et de flamme en jettera quelques étincelles dans nos cœurs pour les réchauffer de leur tiédeur. Soupirons donc après l’heureux jour. Adieu, ma bonne Agathe, je vous embrasse bien tendrement dans le Cénacle. Trouvons-nous-y souvent. J’en dis de même aux associées. » (Lettre 80.8-9)

A la lecture de ce texte, on est frappé par le désir intense, l’espérance ferme d’Adèle. Elle veut être, elle aussi, un grand apôtre ; elle sait que pour cela, elle a besoin de l’Esprit Saint. Toute sa vie, on la trouvera accueillante à l’Esprit pour répondre toujours mieux à la mission.

Ce sont des jours de libération : ils font rompre avec tout ce qui nous tient en esclavage. Elle invite à rompre avec le péché, à avoir une grande pureté de cœur. Elle écrit à M. Marie du Sacré-Cœur :

« Comment vous préparez-vous à la descente du Saint Esprit ? Oh ! Que nous avons besoin d’en recevoir une abondante effusion, pour nous, pour l’Institut, pour nos œuvres ! (…) Pour cela, rompons généreusement tout ce qui nous retient encore esclaves de nous-mêmes. Il faut que des apôtres soient détachés de tout pour ne chercher que la gloire et les intérêts du grand Maître. » (Lettre 578.2)

Ce sont des jours de communion profonde : elle écrit à Charlotte de Lachapelle qui vit encore avec ses parents :

« Je vous donne à toutes rendez-vous dans le Cénacle, le saint jour de la Pentecôte, afin d’y recevoir ensemble le Saint Esprit. » (Lettre 326.10)

Les Actes nous disent que les Apôtres étaient réunis au cénacle. Adèle a entendu le message, les associées, bien que dispersées dans le monde, doivent se réunir de cœur et d’affection pour recevoir le Saint Esprit :

La dimension communautaire, ecclésiale, est capitale pour Adèle. Elle a voulu se consacrer au Seigneur, non seulement par l’Etat que le Père Chaminade lui proposait, mais dans une vie communautaire. La communauté est une réalité très forte dans la vocation, le charisme d’Adèle.

Ainsi, accueillir l’Esprit suppose une attitude généreuse, un ardent désir de laisser toute la place au seigneur pour que l’Esprit ait la possibilité de faire tout ce qu’il veut dans sa vie. Adèle a accueilli, jour après jour, la grâce du Seigneur, le don de l’Esprit, elle a attendu l’heure du Seigneur, et comme en Marie, il a pu faire de grandes choses en elle.

* Temps de mise en pratique (octave)

L’Esprit agit dans les personnes. Adèle nous le dévoile : ce sont les œuvres qui doivent prouver que nous avons reçu l’Esprit. L’Esprit a agi dans les Apôtres, il doit agir en nous.

Adèle insiste sur :

– Le changement opéré dans les Apôtres après la Pentecôte. (Lettre 82.4.5.6. cf.81.2 ; 125.3 ; 304.5)

« L’avons-nous reçu cet Esprit de flamme et d’amour ? Ce sont nos œuvres qui doivent nous le prouver. Car, vous savez, chère amie, que les Apôtres au sortir du Cénacle furent des hommes tout changés : de lâches, de timides qu’ils étaient auparavant, ils devinrent tout ardents et prêts à soutenir la foi de Jésus-Christ au péril même de leur vie. Sommes-nous aussi changées, ma bonne Agathe ? (…) Soyons donc ferventes dans les bonnes œuvres. »

Adèle ne se contente pas de paroles, les actes doivent suivre. Elle a compris ce que le Seigneur enseigne lorsqu’il dit : « ce ne sont pas ceux qui disent ‘Seigneur, Seigneur’ qui entreront dans le Royaume des Cieux mais ceux qui font la volonté de mon Père qui est aux Cieux. » (Lc 7, 21)

Le fait d’être changé pour mieux participer à la mission

«  Les Apôtres furent prêcher et convertir toutes les nations ; pour nous, tâchons par nos exemples, nos conseils donnés à propos, de contribuer au salut des âmes. C’est un des buts de notre Société (…) Que nous serions heureuses si nous pouvions coopérer au salut d’une âme rachetée par le sang d’un Dieu ! » (Lettre 82.6)

Dans une autre lettre, elle écrit :

« Que ces langues de feu rendent les nôtres pures et ardents pour publier les louanges du seigneur, le faire connaître et le faire aimer. » (Lettre 229.2)

Et comme elle l’explique une autre fois, l’Esprit Saint nous embrase d’amour pour que nous embrasions d’amour les autres. (cf. lettre 304.5)

Le fait d’être changé pour rendre témoignage sans peur

« Que le respect humain ne nous rende plus muettes quand il s’agit de témoigner notre religion, moquons-nous des discours et de l’attention du monde ; ne cherchons à plaire qu’à Dieu. » (Lettre 125.4)

Le fait que c’est l’Esprit qui donne la force pour témoigner jusqu’au martyre

« Il faut, qu’à l’exemple des Apôtres, nous soyons, s’il le faut, comme eux, martyres pour la gloire de notre divin Maître et le salut des âmes. » (Lettre 579.3)

De tout ce que nous avons vu, nous pouvons conclure que : accueillir l’Esprit Saint, c’est accepté d’être désinstallé pour participer à la mission, affronter l’incompréhension du monde, compter sur Dieu et nono sur ses propres forces, passer de la peur à l’audace, aller toujours de l’avant pour la mission, pour accomplir la volonté du Père, sans connaître le chemin, et cela peut-être jusqu’au martyre.

Toutefois, Adèle ne parle pas seulement de l’Esprit Saint dans le contexte de la Pentecôte. Certes, c’est là que c’est le plus explicite, mais dans de nombreuses lettres, elle en parle, présentant son action, invitant à demander son aide, sa lumière, sa force…

Nous allons voir maintenant ce qu’elle enseigne à propos de l’Esprit Saint.

Ce que fait l’Esprit Saint : ses activités, ses dons

Il suffit de consulter la table analytique. Le mot « Esprit Saint » nous donne déjà une bonne idée.

* Qui est l’Esprit Saint

« C’est l’amour du Père et du Fils » (Lettre 3.1 cf. 81.4)

C’est cet amour qu’Adèle a reçu à sa confirmation et auquel elle a ouvert tout grand son cœur et son être ; et dès lors, cet Esprit peut agir librement en elle et la remplir de liberté.

Quand on regarde l’index, on est frappé de voir le nombre de verbes qui décrivent l’action de l’Esprit : il anime, allume, assiste, change, descend, dirige, donne, éclaire, embrase, enflamme, enrichit, guide, inspire, parle au cœur, remplit le cœur, soutient… On le voit, l’Esprit est essentiellement dynamique et il est source de dynamisme apostolique chez Adèle.

* L’Esprit transmet son dynamisme à travers ses dons

Adèle attache une grande importance aux dons de l’Esprit. Elle les commente longuement dans deux lettres (102 – 125). On l’a vu, les associées ont l’habitude, au jour de Pentecôte, de tirer les donc du Saint Esprit, ce n’est pas un jeu, c’est un défi :

Elle écrit à Agathe :

« Puisque le « Don de Sagesse » vous est échu, tendre amie, tâchez de l’acquérir, cette véritable Sagesse, qui vous fasse mépriser toutes les bagatelles de ce monde et vous attacher uniquement au véritable et solide bien qui est Dieu. » (Lettre 103.2)

Convaincue de l’importance des dons du Saint Esprit, elle les explique à ses amies :

« C’est donc demain le beau et grand jour de la Pentecôte. Puissions-nous être dignes de recevoir le Saint Esprit avec tous ses dons.

Que des langues de feu viennent embraser nos coeurs ; que nous soyons remplies du don de sagesse, afin que toutes nos actions soient accompagnées de cette sagesse chrétienne qui en fait tout le fruit.

Que nous soyons remplies de ces dons de science, d’intelligence, de conseil, qui nous fassent toujours choisir le meilleur parti, et connaître ce que nous devons faire pour plaire à Dieu.

Soyons surtout remplies de ce don de force chrétienne qui nous est si nécessaire pour triompher dans la cruelle guerre, que le démon, le monde et nos passions nous livrent sans cesse ! Demandons-le par-dessus tous les autres, et avec la plus vive instance.

Demandons aussi le don de piété qui répand sur toutes nos œuvres l’esprit d’une véritable dévotion.

Que l’esprit d’une sainte crainte, nous établisse dans une ferme résolution de plutôt mourir que de commettre le péché.

Enfin que le Saint Esprit ne nous enrichisse pas seulement de ses Dons précieux, mais qu’Il nous nourrisse de ses fruits délicieux : de joie, de douceur, de modestie, de chasteté, de patience, de longanimité, de charité, de paix, etc… » (Lettre 102)

Au fil de ses lettres, Adèle nous parle de l’Esprit d’amour de force, de lumière, de paix, de joie. Les caractéristiques de l’action de l’Esprit sont multiples. Quand il vit chez quelqu’un, il donne libre cours à ses dons :

« Aussi, avons-nous été enrôlées « soldats de Jésus-Christ » par le sacrement de Confirmation.

Tâchons de conserver, chère amie, cet Esprit de Force que nous avons eu le bonheur de recevoir ensemble ; et combattons généreusement sous les étendards de la Croix. » (Lettre 106.4-5)

« L’Esprit Saint donne paix et joie ». (Lettre 8.1)

« Il faut demander les lumières du Saint Esprit. » (Lettre 627.2)

Une autre fois, parlant à Mère Emilie de Rodat de leurs responsabilités de supérieures, elle écrit :

« Oh ! Quel besoin n’avons-nous pas d’implorer ensemble les lumières du Saint Esprit et de demander cette sagesse divine. » (Lettre 346.2)

L’Esprit Saint est très présent, et dans l’enseignement, et dans la vie dans la vie d’Adèle. Pour moi, il me semble que c’est normal : là où se trouve Marie, là se trouve l’Esprit. Toute jeunes, Adèle s’est consacrée à Marie, elle cherche à l’imiter, à accueillir et vivre la Parole avec elle, elle cherche à la suivre sur son chemin de foi. Comme l’Esprit a pu agir en Marie, il peut agir en Adèle parce qu’elle lui laisse le champ libre, et petit à petit, il l’a transformée, l’aidant à répondre à tout ce que Dieu lui demandait.

L’Esprit Saint source de dynamisme apostolique

La « Petite Société »

En toute vérité, on peut discerner l’action de l’Esprit dans la fondation de la « Petite Société ». Le jour de la confirmation, Mgr Jacoupy invite à sa table ceux qui ont été confirmés et leurs parents. Adèle se trouve à côté de Jeanne Diché. Une amitié profonde va naître entre les deux jeunes filles. Elles partagent le même idéal, le même désir d’aimer Dieu. Avant de se quitter, elles se promettaient de s’écrire pour se stimuler sur le chemin de la vie chrétienne.

La correspondance est le don de l’Esprit à Adèle.

C’est cette amitié qui est à l’origine de la fondation de la « Petite Société ».

Pendant l’été 1804, Monsieur Ducourneau, le précepteur de Charles, le frère d’Adèle, participe aux conversations spirituelles d’Adèle et Jeanne venue passer quelques jours de vacances au château.

C’est Monsieur Ducourneau qui leur suggère de former une petite association spirituelle pour porter remède à la déchristianisation des campagnes. Cette association propose à ses membres de se préparer à une bonne mort, et pour cela de vivre intensément le moment présent dans l’amour de Dieu et du prochain.

Chaque membre de la « Petite Société » doit chercher à inviter un nouveau membre.

Rapidement, la « Petite Société » se développe parmi les jeunes. Adèle est l’âme de l’association. Pour elle, c’est une façon de vivre sa confirmation : elle se donne à fond, dynamisant la « Petite Société » et s’ingéniant à la propager. A travers ses lettres, on constate aisément le dynamisme que lui communique l’Esprit.

Elle manifeste attention, sollicitude à chaque membre, s’intéresse aux malades, à celles qui vont mourir, se préoccupe de celles qui s’éloignent du bon chemin. Elle sait animer, stimuler. Elle trouve les mots qui aident Agathe lorsqu’elle se décourage devant ses limites. Elle « fait des conquêtes ». Chaque fois qu’elle se rend à Condom, à Figeac, elle espère gagner de nouveaux membres à l’association et pour cela, elle recourt à la prière des associées.

On voit encore l’action de l’Esprit dans les activités variées qu’elle entreprend.

A son retour d’exil, Adèle a été particulièrement frappée par la misère des campagnes, des enfants. Son amour de Dieu la rend inventive pour faire face aux besoins qu’elle perçoit. Mais elle a besoin d’argent… Elle élève des animaux, brode, coud… L’argent gagné va dans la bourse des pauvres. Avec ses amies, elles prennent en charge un jeune garçon, Dubrana. Il désire être prêtre, mais sa famille n’a pas les moyens de constituer son trousseau, de payer sa pension. Les associées vont s’occuper, et cela jusqu’à son ordination en 1825 (cf. Lettre 592.6) et encore à ce moment-là, Adèle lui fait envoyer du linge.

Avec sa mère, elle visite les pauvres, les malades. Tous ceux qui souffrent sont l’objet de son affection. Au château, elle tient à servir les pauvres.

Lorsqu’elle va à la messe, elle se rend à pied à l’église pour inviter les enfants à se joindre à elle.

Le dimanche, il suffit que sa sœur et ses cousines lui demandent « d’aller missionner », elle est prête à laisser ses occupations pour les accompagner, profitant de la promenade pour inviter les enfants à prier, à venir étudier à sa petite école.

En effet, elle ouvre au château une petite école et les élèves arrivent à toute heure du jour. Elle laisse tout pour s’occuper d’eux. Elle leur apprend à lire, compter, écrire et surtout à connaître et aimer Jésus et Marie.

Et bientôt on parle d’un « cher projet ». Il s’agit de la fondation d’un nouvel ordre religieux. Elle écrit :

« Mr le Supérieur propose une neuvaine générale pour obtenir le rétablissement des Ordres Religieux et, en particulier, obtenir les lumières du Saint-Esprit pour notre projet. » (Lettre 251.10)

Un an après, elle parle dans le même sens (lettre 273.3). Elle ne veut que la volonté de Dieu et c’est pour cette raison qu’elle invoque l’Esprit Saint.

Tous ces exemples nous montrent l’action de l’Esprit qui n’a cherché à faire que la volonté de Dieu. Nous allons voir ce qu’elle réalise à travers la fondation de l’Institut des Filles de Marie.

La fondation des Filles de Marie

Finalement, c’est dans un contexte de Pentecôte que s’opère la nouvelle fondation. C’est un fruit de l’Esprit.

Au long des mois, des années, nous découvrons comment l’Esprit, qui lui a donné le charisme de fondatrice, en lien étroit avec le Père Chaminade, continue de la rendre inventive au service de la mission.

Les œuvres se multiplient : les Congrégations se développent.

Elle fait tout son possible pour que les enfants, les jeunes, soient intéressés. Les sœurs exposent les vérités de la foi sous forme de dialogue. Ainsi c’est plus vivant. Une sœur joue du piano. Elle suscite le dynamisme des membres des Congrégations : visites aux malades, prisonniers, réunions pour les petits garçons, les petites filles. Quand elle commence à écrire à Mère Emilie de Rodat, elle l’engage à fonder la Congrégation à Villefranche. Elle y met tant d’enthousiasme qu’au bout de quelques mois, la Congrégation de Villefranche compte 200 personnes. Elle écrit à Mère Emilie :

« Le véritable secret de la Congrégation est de former des âmes remplies du zèle du salut du prochain et de la gloire de Dieu, qui, chacune dans son état, soient de petites missionnaires parmi leur famille, leurs amies, leurs voisines. » (Lettre 425.6)

A côté des Congrégations, il y a la préparation des jeunes à la communion, à la confirmation, il y a l’atelier de couture pour les jeunes filles, les classes gratuites, les retraites personnelles ou de groupes, l’aide et l’éducation religieuses des mendiantes de Saint Hilaire et de Tonneins, les pensionnats, lorsqu’on ouvre Condom, puis Arbois, enfin l’accompagnement du Tiers Ordre séculier.

– Chaque fois qu’il y a un projet de fondation, elle demande la lumière de l’Esprit Saint et s’abandonne à la volonté de Dieu. C’est pour elle une grande joie de constater le développement, tant de communautés de sœurs que de communautés de frères. Elle s’émerveille du bien que réalise le Tiers Ordre, se réjouit de l’expansion des sœurs de Villefranche.

– C’est l’Esprit qui continuer de diriger ses pensées quand elle écrit, donne des conseils, anime, console… Elle a grande confiance dans l’Esprit.

– C’est Lui encore qui la rend attentive à chacune de ses filles. « Tout m’intéresse venant de mes chères filles. » (Lettre 578.2)

– C’est l’Esprit qui la rend présente à chacune des personnes avec qui elle est en relation. Elle s’intéresse à tout ce que vit la France, l’Eglise, elle prie et fait prier pour les prêtres.

Par l’Esprit, Adèle tire parti du talent que lui a confié le Père de Famille.

* * *

A travers la vie d’Adèle, nous avons pu constater que qui vit sous l’influence de l’Esprit Saint vit une vie apostolique, une vie pleine, une vie riche, une vie où l’amour de Dieu se fait amour des autres dans les situations concrètes. Et pour finir, je cite cette phrase qui dit bien ce qui animait Adèle :

« Dans notre Institut, il faut des âmes fortes et qui n’écoutent ni la chair, ni le sang. Nous devons avoir l’esprit apostolique, faire connaître et aimer notre céleste Epoux. Fût-ce aux extrémistes du monde et avec les sauvages, nous serions contentes de faire son œuvre ! » (Lettre 567.2)

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