Les Filles de Marie en Franche Comté

Quelques noms : autant de relais pour l’implantation de la SM et des FMI en Franche Comté !

Louis Rothéa (1785-1844): originaire d’Alsace, s’initie au commerce à Bordeaux, rencontre le Père Chaminade et entre dans la Société de Marie.

Son frère Charles Rothéa ( 1791-1868)prêtre, curé de Sainte-Marie-aux- mines, entre dans la Société de Marie. Condisciple au séminaire de Besançon d’un prêtre de Porrentruy, le Père Caillet (1790-1874) qui rejoint lui aussi la Société de Marie. Celui-ci sera le deuxième supérieur général.

Un des condisciples du Père Caillet, le père Domet, vicaire à Besançon, transmet au Père Chaminade les offres d’un missionnaire diocésain, le Père Bardenet, qui désirant attirer la société de Marie en France Comté met à la disposition du Père Chaminade la propriété de Saint Rémy…

Le Père Bardenet (1763-1844). Né à Chassey les Montbozon en Haute Saône, curé de Mesnay Arbois, il partage avec le Père Chaminade dont il est contemporain, la situation faite aux prêtres qui ont refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé : obligé de se cacher, exerçant son ministère de façon clandestine, pour échapper à la guillotine. Il partage aussi avec lui son ardeur apostolique et va tout mettre en œuvre, dès que la paix est revenue, pour restaurer les œuvres diocésaines. Mis en relation avec le Père Chaminade, il lui demande des religieux : d’abord pour Saint Rémy en Haute Saône, puis pour Courtefontaine, Marast et St Claude. Puis des religieuses .

Fondation à Arbois (1826)

Le 1er octobre 1826, le Père Chaminade se rend à Arbois : le Père Bardenet y a acheté l’ancien couvent des capucins , pour y installer un pensionnat des filles de Marie. Le couvent est assez délabré et il est occupé par la gendarmerie et le presbytère. Il faut donc reloger les gendarmes et le curé ! Le Père Bardenet s’y emploie.

Mais, pour fonder, il faut aussi des personnes en nombre suffisant et aptes à créer une nouvelle communauté. Le Père Chaminade réagit en homme de foi :

« Je suspends tous préparatifs de nos sœurs jusqu’à la réponse de Mr Bardenet et puisqu’elles sont en mouvement, je les destinerai selon les vues de Dieu : ce n’est pas les destinations qui nous manquent. Le véritable embarras, c’est que chaque colonie demande un bon chef et des appuis à ce chef. Dieu les forme avec parcimonie et c’est Dieu qui fait le reste. » Lettre à M Caillet le 17 mai 1826

Le 7, il envoie la liste des soeurs qui composeront la future communauté : sept sœurs et trois compagnes converses ; sr M Joseph de Casteras, cousine de Mère Adèle en sera la supérieure.. Parties de Bordeaux le 28 octobre, les voyageuses atteignent Arbois le 18 novembre, au bout d’un épuisant périple de trois semaines. Les voyageuses ont dépensé presqu’entièrement la somme due au voiturier, c’est M Clouzet , qui dirige st Rémy, qui va faire venir le voiturier et lui donne les deux cents francs exigés. De plus il avance à la communauté une somme d’argent et quinze lits garnis.

La population, le clergé, les autorités municipales sont heureux d’accueillir la communauté. Très vite les familles se présentent pour inscrire leurs enfants et l’externat ouvre ses portes le 4 décembre. Mais le lendemain, Mère Marie Joseph doit rester alitée avec de violents maux de tête et de la fièvre. Le médecin diagnostique une fièvre typhoïde. La nouvelle arrive à Agen et jette la consternation. On redoute une issue fatale.« Cette chère communauté se fonde sur le mont du calvaire » écrit Mère Adèle . On redouble de prière, de pénitences.

Toute la ville d’Arbois manifeste son attachement. Enfin, un mieux fait entrevoir l’espoir de la guérison. Mère M Joseph se rétablit lentement.

Le pensionnat peut s’ouvrir…avec 6 internes et les œuvres prennent leur essor pour se développer jusqu’au moment de la sécularisation qui oblige les soeurs à partir.

La paroisse y ouvre une petite école primaire mais l’institution Saint Just ne sera réouverte qu’en 1941 par Mère Adèle Guy, assistante de la supérieure générale ; pour ce faire elle franchira la ligne de démarcation déguisée en vendangeuse. La partie de la maison non utilisée pendant de nombreuses années est très délabrée et des sœurs peuvent encore témoigner de la grande pauvreté qui y régnait encore dans les années 1960.

Deux communautés ont été présentes à Arbois, l’une animant le centre ménager de la rue Chevrière, l’autre l’institution Saint Just. Les soeurs ne sont plus présentes à Arbois depuis 1979.

Beaucoup de vocations sortiront d’Arbois. Parmi les dernières : Sr M Josèphe Cuenot, de la communauté d’Auch et sr M Andrée Paget, de la communauté de Béthanie.

Fondation à Acey

Pendant quelques années (1828-1830), une petite communauté de Filles de Marie est implantée à Rheinackern, dans le Bas Rhin, mais des malentendus importants avec le curé qui les avait appelées, amènent le Père Chaminade à chercher un autre lieu pour les sœurs.

Le Père Bardenet lui propose cette fois de les installer à l’abbaye d’Acey qu’il vient de racheter. (voir pages consacrées à l’abbaye d’Acey).

Le groupe de 6 sœurs arrive d’Arbois, le 3 juin 1830. Le Père Bardenet arrive en même temps et entreprend les travaux imposés par l’observation de la clôture. « Quelques modifications rendent l’église plus adaptée à la taille de la communauté : isolation de la partie nord, construction d’une tribune sous les arcades orientales de la nef latérale avec accès au cloître supérieur, limitation en hauteur du bras du transept par une voûte en bois couverte de plâtre »

« La psalmodie monastique put retentir de nouveau. Quelle joie dut éprouver ce saint prêtre à ce spectacle et ne lui sembla-t-il pas entendre les anciens moines tressaillir dans leur tombe et les pierres elles-mêmes de ces vieilles murailles crier un hymne de reconnaissance envers le Tout Puissant. » (Annales des Filles de Marie)

Le Père Bardenet occupait une partie du monastère et les religieuses eurent le réconfort de sa présence pendant près de quatorze ans.Le 19 janvier 1844, il ferma les yeux à ce monde. Son corps fut inhumé dans le cimetière de la communauté. Aujourd’hui encore , sa pierre tombale est visible et porte ses mots :

« Ici repose le corps du vénérable Jean Etienne Bardenet
Prêtre-confesseur de la foi
dont la mémoire, comme les grandes œuvres, sera éternelle.
Il passa sur la terre en faisant le bien.
Il mourut plein de mérites devant Dieu et devant les hommes âgé de 80 ans. Janvier 1844
Filles de Marie, il fut pour nous un tendre Père »

Un autre prêtre a rejoint Acey, le Père Danne, qui fait fonction d’aumônier pour les élèves. Il est rempli d’amour pour Marie et il ne manque aucune occasion de transmettre cet amour aux religieuses et aux élèves. Il désire entrer dans la Société de Marie mais « il a été trouvé prêt pour la famille de Marie du ciel ». Il devait s’endormir dans le Seigneur le 11 avril 1836 à l’âge de 41 ans. Lui aussi repose dans le cimetière de l’abbaye.

A la mort du père Danne, le Père Bardenet demande à l’évêque un autre aumônier et c’est le Père Jules César Perrodin ( 1806-1900)qui est envoyé. C’est à Acey que le Père Perrodin connut la Société de Marie et décida d’y entrer.

« Nous marchons désormais ensemble dans la voie étroite qui conduit à Jésus. Jésus est cette voie comme Il en est la Porte : nous nous efforcerons de suivre Jésus Christ, accompagnés toujours de son auguste Mère, la divine Marie. J’espère me rendre à Acey vers la fin de l’été…en attendant tenez-vous tranquille ainsi que M Danne. Travaillez l’un et l’autre à croître dans l’amour de Dieu et dans l’abnégation de vous-même qui vont nécessairement ensemble » Lettre du Père Chaminade au Père JC Perrodin 21/07/1835

Le Père Perrodin fit sa profession religieuse en 1841, plus tard il fut supérieur de Courtefontaine avant de devenir le provincial de Franche Comté.

Si les sœurs sont bien pourvues en secours spirituels, elles vivent une grande pauvreté matérielle : peu de chaises disponibles, une seule table pour toute la maison, un couloir servait de dortoir pour l’ensemble de la communauté. Pas d’ustensiles de cuisine, sacristie dépourvue de l’essentiel..

Cependant un pensionnat s’ouvre et, malgré la situation isolée, le nombre des élèves s’élève peu à peu jusqu’à 75.

Sr Gabrielle Waller (1791-1838)

SR Gabrielle Waller est la première Fille de Marie issue d’Alsace :née à Landser (Haut Rhin),cousine des frères Rothéa ;entrée au noviciat en 1823 à Agen avec deux amies (Marie Durrembach et Genviève Prêtre).Envoyée à Reinhackern puis à Acey.

Mère Adèle disait d’elle qu’elle était la « perle de l’institut. »

« Je désire que ma chère Gabrielle soit comme le dit son règlement un modèle de vie intérieure ; que le droit d’exciter à la perfection ne soit disputé que par elle, qu’elle soit une vive image, un modèle vivant de ce que doit être une Fille de Marie : une vraie religieuse !qu’enfin en elle tout respire la douceur, la mansuétude, la régularité ; qu’elle soit fille d’oraison et d’une véritable oraison, sans illusion, cherchant purement Dieu seul et non les consolations de Dieu, sa volonté toute simple, toute nue ! » (Lettre d e Mère Adèle à Gabrielle Waller, novice, le 9 janvier 1825)

De nombreuses novices venant du Jura, de Haute Saône et de plus loin et entrèrent à Acey. 16 Filles de Marie reposent dans la terre d’Acey.

Pendant plus de vingt ans l’activité des Filles de Marie se déploya donc à Acey, mais l’éloignement de toute agglomération rendait difficiles l’animation des congrégations mariales et la possibilité d’autres œuvres apostoliques. La supérieure générale se préoccupait fort de l’isolement de cette communauté comme de celle d’Arbois.

Fondation à Lons le Saunier

En 1850/51, Mère St Vincent supérieure générale visite la communauté et constatant les difficultés concrètes auxquelles la communauté doit faire face, elle prend la décision avec son conseil de chercher une autre implantation. Dans le même temps, un bénédictin de Solesmes originaire de la région, décide de racheter le monastère pour une fondation de son ordre à Acey. Le monastère est cédé au bénédictin pour la somme de 32500 francs et celui-ci propose aux Filles de Marie d’acquérir, à Lons le saunier, un ancien couvent de capucins… mais il faut trouver 90 000 francs !

S’ajoute à cela la crainte d’être trop près d‘Arbois et de porter ombrage à la communauté qui y est installée. Mère St Vincent hésite… En attendant, les deux communautés : bénédictins d’une part et Filles de Marie d’autre part vont co-habiter dans les vastes locaux de l’abbaye d’Acey. : « Les Pères offrent un soutien spirituel apprécié et les diverses célébrations liturgiques avaient acquis de la solennité ; les religieuses s’étaient chargées de la cuisine pour tous jusqu’à l’arrivée du frère cuisinier ».

Cependant, le nombre des pensionnaires avait considérablement diminué dès que la nouvelle du départ des religieuses avait été annoncé.L’achat du couvent des capucins de Lons le saunier s’avérant impossible, la communauté trouve enfin un lieu d’accueil en achetant le pensionnat tenu par mademoiselle Bourcier : le 4 octobre 1853 le premier groupe des religieuses se mettait à l’œuvre pour aménager les locaux. Le dernier groupe arrive le 11 octobre. En tout plus de 22 sœurs ! parmi elles : Mère Marie Joseph de Casteras qui deviendra la 3ème supérieure générale (de 1856 à 1874).

En 1860 l’école de Lons le Saunier accueillait entre 45 et 50 élèves sans compter les externes.

La communauté religieuse est partie en 2005, mais le collège et lycée Sainte Marie, sous tutelle marianiste , continue à accueillir et à former les jeunes jurassiens.

La Franche Comté a donné à la congrégation quatre supérieures générales :

Mère Marie Sophie Baud, née à Byans les Usiers, canton de Levier, dans le Doubs, le 24 juin 1830, entrée au noviciat à Arbois, supérieure de Lons le Saunier, assistante de Mère M Joseph de Casteras. Supérieure générale de 1874 à 1888, elle s’employa à obtenir l’approbation définitive des Constitutions. De santé fragile, elle succomba à la tâche en 1888, à l’âge de 57 ans

Mère Stanislas Pernier, née à St Claude le 1er janvier 1827, entrée au postulat à Arbois en 1847, envoyée à Condom puis à Arbois avant d’être élue supérieure générale en 1888. Elle exercera cette mission jusqu’en 1907 . Elle fera parvenir les Constitutions approuvées à toutes les communautés, vivra la tourmente de la sécularisation et connaîtra l’exil en Espagne, y implantant du même coup la congrégation. Elle meurt à Amorebiata , le 15 février 1807

Mère M Thérèse de st Joseph Bouquerand, née à Saligney, canton de Gendrey, en 1836, élève des Filles de Marie à Acey, elle entre au noviciat en 1856 ; maîtresse de classe, supérieure à Arbois puis à Lons le Saunier, elle est élue supérieure générale en 1907. A cause des évènements politiques, elle transfère l’administration générale à Nivelles (Belgique) . Durant la guerre de 1914, elle sera pratiquement séparée de ses soeurs et mourra à Nivelles le 21 janvier 1918.

Mère Adèle Guy, née à Cornod (Jura) le 24 octobre 1878, elle entre au noviciat le 9 avril 1896 et prononce sa profession perpétuelle à Amorebieta, Espagne, le 2 février 1905. Elle sera la huitième supérieure générale de la congrégation (1937- 1959). Elle est décédée à Yerres en 1976. On lui doit l’implantation de la congrégation en Italie, au Japon et aux Etats Unis au cours de la seule année 1949 !

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