La vocation de Marie dans l’Eglise

Ne voulant pas éloigner Marie de nous en parlant de sa vocation de l’Eglise, j’ai choisi de réfléchir avec vous en la considérant d’abord comme l’une de nous. Aborder ce sujet est délicat car Marie ne nous a rien dit de sa vocation dans l’Eglise, nous n’avons pas, comme pour Ste Thérèse de l’Enfant Jésus quelques paroles claires telle : « dans le Cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour » (Ms B Folio 3) ou « quand je serai au Ciel, je ferai tomber une pluie de roses sur la terre ».

Peut-être que certains seront choqués que je me permette de « rabaisser » Marie au rang des autres saints ordinaires pour lesquels l’Eglise a éprouvé le besoin d’engager un procès de béatification, donc toute une réflexion avant d’affirmer leur sainteté ! Et pourtant, le concile Vatican II dit à la fois de Marie : « elle est saluée, comme membre suréminent et absolument unique de l’Eglise » (L.G.53) et « elle se trouve aussi comme descendante d’Adam, réunie à l’ensemble de l’humanité qui a besoin de salut » (L.G.53).

Nous allons, après ces quelques considérations, essayer de percevoir quelle est la vocation de Marie comme vocation absolument unique mais aussi comme vocation toute simple.

Toute vocation s’enracine dans l’histoire personnelle de chacun : racines familiales, culturelles… et s’approfondit tout au long de l’existence, il en a été ainsi pour Marie. Marie vient au monde à un moment de l’histoire et sa famille s’inscrit dans le courant religieux des Anawims qui attendent un Sauveur. Marie, reçoit une mission toute particulière au moment de l’Annonciation, sa vocation s’approfondit, ce n’est que le début de toute une aventure qui sera marquée par une attitude permanente : « Elle conservait avec soin toutes ces choses et les méditait dans son cœur » (Lc 2,19 et 51), les différents articles de VFM nous ont permis d’avancer ainsi avec elle au fil des mois, et de la contempler cheminant dans la foi, aujourd’hui nous allons tenter d’aller plus loin en la situant dans l’Eglise.

Pour cela, il me semble qu’il nous faut partir de la Croix (Jn 19), c’est bien là que naît l’Eglise et Marie est là debout silencieuse, moment ultime où Jésus nous donne Marie puis remet l’Esprit, où l’Eau et le Sang coulent de son cœur transpercé. Dans les Ecritures, nous trouvons ensuite Marie réunie dans la prière, avec les apôtres, avant la Pentecôte, au Cénacle puis plus rien. Nous entrons alors dans le temps de l’Eglise qui, très vite, a évoqué la fin du pèlerinage terrestre de Marie en terme d’Assomption. Que dégager de cela pour dire quelle est la vocation de Marie dans l’Eglise.

Marie est celle qui est intensément présente au cœur du mystère de notre foi : le mystère pascal, sa vocation est donc de nous inviter à « Aller au cœur de la foi », démarche qui est particulièrement marquante pour nous cette année dans l’Eglise de France. La vocation de Marie dans l’Eglise est la vocation d’une mère qui veut orienter ses enfants vers ce qui fera leur bonheur : se tourner vers l’unique Sauveur et l’accueillir dans leur cœur c’est à dire personnellement mais aussi au cœur de leur communauté.

C’est là qu’Il se donne dans les sacrements : baptême, confirmation, eucharistie, réconciliation mais aussi dans le sacrement du frère en particulier le plus pauvre. La vocation de Marie est d’être encore aujourd’hui debout au pied de la Croix et présente au Cénacle, ces deux lieux d’où coulent les fleuves d’Eau Vive depuis ce moment ultime de la Pâques, ces deux lieux qui sont encore au cœur de notre monde là où le mystère pascal continue de s’accomplir dans le silence mais bien réellement. Tout cela, elle le vit depuis le Ciel, comme « chef de fil » avec la multitude de ceux qui nous ont précédés, Ciel où elle est présente avec son corps et son âme.

Là, sa vocation est maintenant parvenue à sa pleine maturité, elle qui a dit « oui » pour que le salut du monde s’opère par Jésus au moment de l’Annonciation le vit totalement maintenant dans la gloire du Ciel. Elle vit maintenant une union avec le Père, le Fils et l’Esprit qui est parvenue à sa pleine intensité, « Marie est comme enveloppée dans toute la réalité de la communion des saints, et son union même à son Fils dans la gloire est toute tendue vers la plénitude définitive du Royaume, lorsque « Dieu sera tout en tous ». » (R.M.41)

Cette vocation que Marie vit depuis le ciel ne nous la rend pas lointaine, comme nous pourrions le penser, bien au contraire, Marie, unie à Jésus de la façon la plus intense qui puisse exister est présente là où est son Fils ; le baptême de chacun des frères de son Fils lui donne donc la possibilité d’exercer sa vocation maternelle à l’égard des hommes de tout temps, de toute race et de tout lieu. Elle se rend présente à nos vies d’une manière intérieure.

Vocation unique et vocation toute simple, disions-nous en commençant ! Personne d’autre que Marie n’a vécu une telle proximité avec Jésus dans l’accomplissement du mystère du salut, en cela elle est unique mais chacun de nous a sa note à jouer, note qui ne donnera sa pleine résonnance que dans la plénitude du Royaume.

L’entrée dans le ciel ne nous sépare pas de la terre mais nous ouvre à la communion en Dieu avec tous et avive en chacun le désir que tous soient sauvés, c’est bien ce que désirait Thérèse de Lisieux à travers sa pluie de roses.

L.G. Lumen Gentium
R.M. Redemptoris Mater

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