La Société de Marie en Alsace entre 1824 et 1870

Une congrégation enseignante masculine dans l’Alsace française du XIXème siècle

La Société de Marie de Bordeaux – ou les Frères de Marie – est fondée en 1817 par Guillaume-Joseph Chaminade, chanoine honoraire de la cathédrale Saint-André. Cette congrégation a la particularité de réunir dans une même communauté des prêtres et des frères à égalité de droit.

La fondation de la Société de Marie n’est pas un fait isolé : les débuts de cette congrégation religieuse s’inscrivent dans la première moitié du XIXème siècle qui voit fleurir de nombreux instituts réguliers. Rapidement, la Société de Marie s’oriente, sans toutefois se spécialiser, vers l’enseignement.

Aussi contribue-t-elle au développement de l’instruction amorcé au début du XIXème siècle et prend part aux débats qui suivent. La congrégation s’étend vite au-delà du sud-ouest de la France : en 1823, la Société de Marie s’implante en Franche-Comté ; en 1824, elle entre en Alsace.

Notre étude se fonde sur les archives de la congrégation et les archives départementales du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. L’évolution de la Société de Marie en Alsace entre 1824 et 1870 est envisagée successivement sous trois angles : l’insertion d’un institut régulier dans un paysage religieux donné, l’Alsace ; l’intégration d’une congrégation enseignante dans le cadre éducatif de la première moitié du XIXème siècle ; la spécificité de la congrégation.

L’établissement de la Société de Marie en Alsace : les tribulations d’une congrégation religieuse

Le succès d’un semi-échec : la tentative de fusion entre les frères de la Société de Marie de Bordeaux et les frères de la Doctrine chrétienne de Strasbourg (1821-1826)

A l’origine du déploiement des Frères de Marie en Alsace, il y a en 1821 Louis Rothéa, religieux de la Société de Marie, originaire du Sundgau, envoyé par Guillaume-Joseph Chaminade à Ribeauvillé. L. Rothéa doit exercer les fonctions de maître des novices des Frères de la Doctrine chrétienne de Strasbourg fondés peu de temps auparavant par l’abbé Ignace Mertian. Suite à cette première collaboration, des tractations (1822-1824) entre Ignace Mertian et le père Chaminade formulent le projet d’une congrégation nationale de « Petits Frères ».

Mais devant les exigences respectives des deux fondateurs, la tentative échoue. Les pourparlers reprennent quelques mois plus tard, mais il est question, cette fois-ci, de laisser absorber la Doctrine chrétienne par les Frères de Marie. L’acte de fusion est signé à Strasbourg le 13 juillet 1826, en présence de Mgr Tharin, évêque de Strasbourg : la Société de Marie hérite de la congrégation d’Ignace Mertian quelques immeubles, en particulier le château de Saint-Hippolyte.

Face au rejet de cette solution d’intégration par la très grande majorité des Frères de la Doctrine chrétienne, on doit convenir que cette absorption échoue partiellement. Pour la Société de Marie, cet épisode constitue néanmoins un premier contact avec l’Alsace et la confrontation de vues avec un autre institut régulier quasi-similaire permet de préciser le caractère propre de la congrégation.

L’implantation de la Société de Marie en Alsace (1824-1840) : une terre favorable

Après cet épisode, les premières implantations de la Société de Marie en Alsace ont lieu entre 1824 et 1840. Si la Société de Marie, arrivée à Colmar en 1824, profite de la ferveur religieuse pour s’implanter dans la région, elle doit aussi compter avec le haut clergé catholique qui dirige l’Eglise d’Alsace, notamment l’évêque. Le Prince de Croÿ, évêque de Strasbourg de 1820 à 1823, intervient dans le rapprochement entre les Frères de la Doctrine chrétienne de Strasbourg et la Société de Marie.

Mgr Tharin, évêque de Strasbourg de 1824 à 1826, se caractérise par son ultramontanisme et son attachement aux congrégations : aussi se soucie-t-il de la Société de Marie quand elle s’implante à Colmar en 1824. Par contre, Mgr Lepappe de Trévern (1826-1842), davantage gallican, se montre distant à l’égard des congrégations religieuses. Du côté des congrégations religieuses, on observe une rupture à partir de la Révolution française : la figure de la sœur cloîtrée laisse place à celle de la sœur hospitalière ou de la sœur enseignante ; le visage du « Père » à celui du « frère ».

Si chez les hommes, les jésuites et les rédemptoristes peinent à s’installer, les moines trappistes ne sont présents qu’à l’Oehlenberg, en revanche l’expérience des Frères de la Doctrine chrétienne et l’arrivée des Frères de Marie ouvrent de nouvelles perspectives.

Pour autant, on ne compte en Alsace, durant cette première période, que 18 congrégations religieuses, dont 6 d’hommes, soit un certain retard de l’Alsace par rapport aux autres diocèses.

La première implantation des religieux de la Société de Marie en Alsace est due à la demande instante du curé de Colmar, l’abbé Georges Maimbourg, homme qui jouit alors en Alsace d’une influence quasi-épiscopale. Les négociations de reprise de l’école communale de Colmar commencent entre l’abbé Maimbourg et G.J. Chaminade dès 1822.

Mais le fondateur de la Société de Marie se montre plutôt réservé quant à la réalisation immédiate du projet, quoique décidé à le concrétiser un jour. Finalement, à la rentrée 1824, 7 frères de Marie, dont Louis Rothéa comme directeur, s’installent à Colmar pour tenir l’école communale de garçons de Colmar – parmi ces 7 frères, 2 assurent les fonctions de sacristain à la collégiale Saint-Martin –.

Les autres fondations suivent rapidement celle de Colmar : 1826, l’école communale d’Ammerschwihr (Haut-Rhin), résultat de l’absorption des Frères de la Doctrine chrétienne, Saint-Hippolyte (Haut-Rhin), dont on veut faire « une école normale interne d’enseignement primaire », l’école communale catholique de garçons de Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin) ; 1827, l’école communale de Ribeauvillé (Haut-Rhin).

La congrégation continue de s’étendre avec l’acquisition, en 1830, de l’ancienne abbaye d’Ebersmunster (Bas-Rhin) : en 1835, Ebersmunster devient le noviciat de la congrégation pour l’Alsace. 1835, l’école communale de Soultz ; 1836, l’école communale de Kaysersberg (Haut-Rhin) ; 1839, l’école communale de Wattwiller (Haut-Rhin).

Un rapide regard sur l’ensemble des neuf premières fondations de la congrégation laisse apparaître deux foyers d’implantation en Alsace entre 1824 et 1840 : l’arrondissement de Colmar et la région de Guebwiller.

On note, aussi, que la Société de Marie est présente dans des localités où le catholicisme est présent majoritairement, voire en quasi-exclusivité. Face aux demandes qui lui sont faites, le père Chaminade se trouve confronté au problème du personnel : en 1824, 7 frères arrivent en Alsace, dont 4 méridionaux du sud-ouest de la France ; en 1826, il y a 22 frères en Alsace, 29 en 1834 et 47 en 1839, dont une majorité originaire de la région.

Les premières années de la Société de Marie sont aussi marquées par la reconnaissance par les autorités civiles et l’octroi d’un statut civil. La Restauration se veut plus favorable que les régimes précédents aux congrégations religieuses.

Aussi le gouvernement use-t-il de dispositions législatives telles que les ordonnances pour reconnaître un certain nombre de congrégations religieuses.

En 1825, le père Chaminade rédige des statuts et mandate l’abbé Caillet pour les faire approuver à Paris. Après discussions et échanges, parfois difficiles, entre le ministre de l’Instruction publique et des Cultes – Mgr Frayssinous – et les représentants de la congrégation, la Société de Marie est reconnue comme « vouée à l’enseignement primaire » par une ordonnance royale du 16 novembre 1825.

La croissance : l’essor de la Société de Marie en Alsace (1840-1860)

Les années 1840-1860 marquent l’essor de la Société de Marie en Alsace, dans un contexte politique plutôt favorable aux congrégations. Mgr André Raess est évêque de Strasbourg de 1842 à sa mort en 1887. Très présent dans son diocèse, ultramontain déclaré, le nouvel évêque favorise les congrégations religieuses pour servir l’Alsace.

La Société de Marie, malgré quelques moment de disgrâce auprès du prélat, peut compter sur cet appui précieux. Son histoire connaît alors un tournant.

En 1845, son fondateur, G.-J. Chaminade, doit céder le supériorat général à l’abbé Caillet. En 1849, des provinces sont établies : provinces de Bordeaux, de Réalmont (Tarn), de Franche-Comté, d’Alsace. Toutefois, l’office provincial est très dépendant du supérieur général.

Le provincial ne fait qu’exécuter les décisions du premier supérieur ; aussi, prend-il peu d’initiatives. Il y a dans le fonctionnement de la congrégation un centralisme qui peut rappeler le jacobinisme français ou l’ultramontanisme romain du XIXème siècle.

Particularisme alsacien : quoique le partage de la Société de Marie en provinces date de 1849, les maisons d’Alsace ont eu un provincial dès 1841 en la personne de l’abbé Jean Chevaux.

A partir de 1849, les provinciaux d’Alsace sont successivement les abbés François Brémans (1849-1853), André Fridblatt (1853-1861), Benoît Meyer (1861-1862) et Georges Loetsch (1862-1878).

Entre 1840 et 1860, la Société de Marie s’implante dans 21 nouvelles localités en plus des 9 qu’elle dirige déjà : en 1842 à l’école communale d’Obernai (Bas-Rhin) ;

  • en 1843 à l’école de Bergheim (Haut-Rhin) ;
  • en 1844 à Strasbourg – les frères tiennent les classes paroissiales de l’école Ste Madeleine – ;
  • en 1845 à l’école communale de Barthenheim (Haut-Rhin) ;
  • en 1848 dans les écoles communales de Grendelbruch (Bas-Rhin), Kientzheim (Haut-Rhin) et Saint-Hippolyte ;
  • en 1849 à Soultzmatt et Willer-Thann (Haut-Rhin) ;
  • en 1850 à Châtenois (Bas-Rhin), Sainte-Croix-aux-Mines (Haut-Rhin) et Willerhof (Bas-Rhin) – une expérience de reprise d’un orphelinat qui dure à peine un an – ;
  • en 1851 à Turckheim (Haut-Rhin) ; en 1852 à l’école libre de Guebwiller (Haut-Rhin), fondée par le curé Braun, dans les écoles communales de Benfeld (Bas-Rhin) et d’Issenheim (Haut-Rhin) ;
  • en 1853 dans les écoles de Geispolsheim et de Soufflenheim (Bas-Rhin) ;
  • en 1856 dans les écoles de Monswiller et de Seltz (Bas-Rhin) ;
  • en 1858 à l’école communale de Marckolsheim (Bas-Rhin) ;
  • en 1859 à Orbey (Haut-Rhin), sur l’appel du maire Lefébure et cela, malgré l’opposition du ministre des Cultes, Gustave Rouland.

A côté des établissements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, la province d’Alsace compte 12 autres maisons dans les Ardennes, la Moselle, les Vosges, en Suisse et en Allemagne. Dans le Haut-Rhin, les Frères de Marie sont surtout présents dans le secteur de Colmar et celui de Guebwiller.

Dans le Bas-Rhin, les implantations sont plus diffuses. Côté personnel, en 1840, on compte 59 religieux présents dans les deux départements alsaciens. En 1859/1860, il y a 208 Frères de Marie en Alsace. Il n’y a donc pas de difficulté à trouver du personnel pour desservir les nouveaux établissements.

Il ne faut cependant pas perdre de vue que tous les établissements de la Société de Marie n’ont pas le même effectif : s’il y a des communautés importantes – Colmar, Ebersmunster, Saint-Hippolyte ou Strasbourg, avec plus de 20 religieux –, il y a des établissements aux effectifs plus réduits – Ribeauvillé, Sainte-Marie-aux-Mines et Soultz, avec 8 à 9 religieux – et une majorité de petites écoles communales avec 3 à 4 frères. C’est ce type de maisons qui prédomine.

La pleine maturité : l’été alsacien de la Société de Marie (1860-1870)

La décennie 1860/1870 correspond à la pleine maturité de la Société de Marie en Alsace, en dépit d’un contexte politique général moins favorable aux catholiques et aux congrégations. Cependant, l’Alsace est une pépinière de vocations sacerdotales et la vitalité de la vie régulière est illustrée par le nombre d’instituts féminins inventoriés en 1861 dans le cadre du recensement spécial des communautés religieuses : 17 congrégations, dont 8 enseignantes et 6 hospitalières.[1]

Concernant les hommes, il y a 9 congrégations masculines dont 2 enseignantes (Frères de la Doctrine chrétienne et Société de Marie). En 1861, on totalise quelques 2100 réguliers en Alsace contre 1170 séculiers. Les hommes sont 428 – religieux ou moines –.

Cependant, si on ramène les effectifs du clergé régulier à la population catholique de l’Alsace, le rapport est plus modeste que dans le reste de la France. Quant à la Société de Marie, avec 132 membres selon l’enquête de 1861, elle représenterait 31 % du nombre des réguliers hommes.

Les congrégations suscitent des jugements ambivalents auprès des fonctionnaires, représentants du pouvoir civil. Pour la Société de Marie, un commentaire de l’inspecteur d’académie de Colmar du 3 avril 1856 est révélateur de l’état d’esprit qui s’instaure sous le Second Empire : « Cet ordre souple, adroit et insinuant a su capter la confiance des familles. Il est puissamment aidé par le clergé catholique. Je compterais très peu sur l’esprit dont il est animé et considérerais comme fâcheux, au point de vue politique, son extension dans le département. Une de ses tendances les plus marquées, c’est de s’affranchir du contrôle de l’autorité civile, à laquelle il ne recourt que dans les cas d’une nécessité absolue. Je crois qu’il faut le brider. »[2]

Pour sa part la Société de Marie connaît quelques crises de croissance durant cette période 1860-1870. Suite au refus de l’administration générale de convoquer le chapitre général de 1855, un malaise s’instaure entre les religieux et les supérieurs généraux.

Cette crise de confiance persiste au-delà du chapitre général de 1858. Par ailleurs, en 1865, alors que la congrégation sollicite son approbation définitive auprès de Rome, des « animadversions » du Saint-Siège portant sur le caractère sacerdotal des directeurs de maisons viennent troubler les religieux : les prétentions de Rome risquent de déséquilibrer la composition double (prêtres et frères) de la congrégation.

Finalement, après un arbitrage du cardinal Mathieu, archevêque de Besançon, un décret du 30 janvier 1869 fixe définitivement la composition propre de la Société de Marie avec des prêtres et des frères.

En 1869, la province d’Alsace est l’unité la plus importante des cinq provinces de la Société de Marie : 40 maisons, dont 29 dans les seuls Bas-Rhin et Haut-Rhin ; 360 sujets, dont 281 dans les deux départements alsaciens ; 10 000 élèves, dont 7 436 Bas-Rhinois et Haut-Rhinois.

Les unités nouvelles ou moins développées, comme la province d’Amérique, ayant besoin d’être renforcées grâce à l’aide de frères de provinces plus importantes, l’Alsace devient une « réserve » de personnel pour l’ensemble de la Société de Marie.

Cela ne va pas sans provoquer le mécontentement des frères d’Alsace et de leurs autorités provinciales qui estiment leur province lésée au regard des besoins locaux : « Le système de l’Administration [générale] en Alsace se résume en deux mots : Prendre et toujours prendre, et n’accorder presque rien. »[3]

Cependant, une étude approfondie permet de vérifier qu’au vu du nombre de maisons par province, il n’y a pas la volonté de privilégier une unité sur l’autre. La province d’Alsace a 42 maisons en 1860 ; idem en 1869. Par ailleurs, entre 1860 et 1869, le nombre de Frères de Marie présents en Alsace connaît une augmentation supérieure à celle observable pour l’ensemble de la Société de Marie : 23 % contre 16 %.

Néanmoins, pour la décennie 1860/1870, le bilan est mitigé : l’évolution des maisons montre une certaine stagnation. Deux nouvelles implantations seulement ont lieu : en 1863 à l’orphelinat agricole de Kembs (Haut-Rhin) ; en 1866 à l’école communale de Haguenau (Bas-Rhin). Trois retraits en revanche : à Soultzmatt en 1867 ; à Monswiller en 1868 ; et à Kembs en 1870. Des difficultés pour fonder de nouveaux établissements se font jour comme l’impossibilité de prendre une école libre projetée par le clergé local à Mulhouse.

Des situations disparates se révèlent dans les œuvres existantes : le succès à Colmar ; les conflits à Guebwiller.

La société de Marie en Alsace : la lutte pour l’éducation de la jeunesse

L’enseignement en Alsace entre 1820 et 1870 : la place pour une nouvelle congrégation

En 1821, 90 % des communes alsaciennes disposent d’une école publique. Les frères s’insèrent dans ce paysage scolaire et prennent en charge des écoles communales ou « écoles spéciales de garçons » ; à côté de ce réseau d’écoles communales se développe un réseau d’établissements libres. Quelques chiffres illustrent cette présence congréganiste dans l’enseignement alsacien.[4]

Présence de la Société de Marie dans le quadrillage administratif alsacien

(écoles communales et écoles libres) 1855 1869
Nbre de Communes en Alsace. 1032 1032
Nbre de communes ayant un établissement des Frères de Marie. 26 29
% 2,52 2,8

Présence de la Société de Marie dans le maillage des écoles publiques

1853/1855 1864/1865 1869
 

Ecoles communales en Alsace

Bas-Rhin

 

1012

 

Haut-Rhin

 

Bas-R.

 

1106

Haut-R.

 

Bas-R.

 

1415

Haut-R.

 

Ecoles communales de la Société de Marie  

6

 

16

 

10

 

17

 

10

 

16

% 0,60 0,90 0,70
~ 1,10

Ces deux tableaux montrent que la couverture de l’Alsace par la Société de Marie, pourtant première congrégation enseignante masculine dans la région, est limitée.

Instituteurs en Alsace et Frères de Marie enseignants (écoles publiques)

1854/1855 1866 1869
 

Instituteurs en Alsace

Bas-Rhin

 

1334

 

Haut-Rhin

 

Bas-R.

 

1474

 

(H. et F.)

Haut-R.

 

 

1262 (hommes)

(hommes et femmes)
Frères de Marie enseignants  

20

 

65

 

36

 

77

 

125

% 9,9 (des hommes)

 

Nombre d’élèves (écoles publiques)

1856 1860 1866 1869
Elèves (garçons et filles) en Alsace 169 442 175166
Elèves (garçons) chez les Frères 5562 6123 6530
% 3,73 soit ~ 7,26 % des garçons alsaciens
Par ailleurs,en 1869, 903 élèves sont scolarisés dans les établissements libres des Frères de Marie – Guebwiller ; Kembs ; Saint-Hippolyte ; Strasbourg – et il y a 97 étudiants à Ebersmunster.

Par contre, au regard du nombre d’instituteurs et d’élèves, les Frères de Marie ont une présence plus marquée. Ceci peut s’expliquer par le fait que la congrégation est présente dans des bourgs de taille moyenne ayant des écoles de trois classes minimum.

Retour sur un conflit de société : le conflit scolaire dans la première moitié du XIXème siècle

Durant tout le XIXème siècle, il y a le conflit entre, d’une part, un catholicisme qui cherche sa place dans la France post-révolutionnaire et, d’autre part, une société qui évolue lentement vers la sécularisation. L’antagonisme entre l’Etat et l’Eglise pour le contrôle de l’enseignement se cristallise sur deux points. D’une part, il y a le monopole de l’Université, instrument de la main-mise de l’Etat sur l’enseignement, à laquelle l’Eglise reproche la laïcisation du corps enseignant et l’éloignement religieux des élites sociales.

Ne pouvant contrôler l’Université et faute de pouvoir la supprimer, l’Eglise catholique demande l’abolition du monopole universitaire et fait campagne pour la liberté de l’enseignement. Le résultat conduit, en 1833, à la liberté de l’enseignement primaire (loi Guizot) et, en 1850, à la liberté de l’enseignement secondaire (loi Falloux).

D’autre part, se pose la question de la place et du droit à donner aux congrégations religieuses en matière d’instruction : les congréganistes sont-ils membres par délégation d’un « service public », au même titre que tous les instituteurs, ou les congrégations tiennent-elles de leur caractère d’institutions d’Eglise le droit et le devoir d’enseigner ?

Ces conflits se concrétisent, notamment, sur deux terrains d’affrontement qui deviennent successivement l’objet d’enjeux politiques. D’une part, on s’affronte sur le terrain de l’école élémentaire : les frères enseignants refusent l’usage de la méthode mutuelle et se dérobent à l’obligation de fournir le brevet de capacité pour enseigner. D’autre part, les tensions portent sur l’enseignement secondaire, jusqu’à ce que la loi Falloux de 1850 finisse par accorder, non sans contrôle, la liberté dans ce domaine.

Les Frères de Marie sont impliqués dans la querelle scolaire. Plus que toute autre, en effet, « l’école des frères » est sous la coupe du curé. Cela se vérifie lors de l’installation des frères dans une localité : les curés agissent avec énergie pour la venue des frères dans l’école communale de leur paroisse – cf. Bergheim, 1840 ; Châtenois, 1850 ; ou encore Geispolsheim, 1853 –.

De même, les curés exercent sur l’école des frères une autorité à laquelle il est difficile d’échapper – ainsi les plaintes du curé d’Ammerschwihr, en 1864, quand on lui retire le frère-directeur, témoignent de l’intérêt que porte l’ecclésiastique à « son » école –.[5]

Parfois, toute la hiérarchie catholique s’engage en faveur d’une école congréganiste : à Mulhouse, en 1865, du vicaire général au curé de paroisse, tous se mobilisent pour un établissement libre tenu par les frères.[6]

Dans ce contexte passionné, des conflits locaux éclatent. C’est le cas à Guebwiller où l’institution libre des frères, ouverte en 1852, par l’abbé Braun, curé de la ville, entre en tension avec le collège communal créé en 1862.[7]

Les deux établissements dispensent un enseignement similaire proche du programme du secondaire spécial. Cette situation de concurrence débouche sur une querelle entre public et privé : on refuse la dénomination de collège à l’établissement des frères ; le collège communal n’arrive pas à gonfler ses effectifs alors que l’institution concurrente congréganiste ne cesse de les augmenter… A Sainte-Marie-aux-Mines, d’autres conflits ont lieu.

En 1842, alors qu’il s’agit de monter des classes de primaire supérieure, le directeur de l’école catholique tenue par les frères refuse de voir « délocaliser » une classe et un maître en dehors de l’enceinte de son école.[8]

En 1863, toujours à Sainte-Marie-aux-Mines, l’école des frères entre en conflit avec la nouvelle école primaire supérieure communale pour une question de programme concurrent jugé déloyal par les autorités administratives.[9]

Mais, malgré ces heurts circonstanciels, on observe que les conclusions des rapports dressés par les inspecteurs d’académie, à l’occasion de la visite des écoles, demeurent neutres et impartiales. Néanmoins, l’Administration prend ses distances avec les institutions propres à la congrégation, comme la maison de formation d’Ebersmunster, dont elle refuse de contrôler l’enseignement dispensé et de reconnaître les « titres » délivrés : la lettre d’obédience n’a de valeur qu’à l’intérieur des écoles tenues par la congrégation et tant que la congrégation est autorisée à diriger ces écoles.[10]

La Société de Marie en Alsace : l’alignement dans un contexte institutionnel

Vouloir s’insérer dans l’enseignement au XIXème siècle, c’est accepter un cadre institutionnel que pose progressivement l’Etat. Ainsi, la Société de Marie doit-elle composer avec celui-ci. La Restauration commence déjà à statuer sur l’enseignement primaire, mais le gouvernement doit abandonner l’obligation du brevet de capacité à l’égard des congréganistes : le recteur remet le brevet de capacité aux frères enseignants sur simple présentation de la lettre d’obédience délivrée par le supérieur de la congrégation.

La Monarchie de Juillet revient sur ce dernier point dès 1831 : les frères sont soumis à l’obligation du brevet de capacité. La loi Guizot de 1833 ajoute l’obligation de fournir un certificat de moralité. Devant la faillite persistante des comités de surveillance, une ordonnance de 1835 institue les inspecteurs primaires départementaux : leurs rapports et comptes-rendus de tournées informent plus sûrement les autorités sur l’état de l’enseignement primaire que les délibérations et propositions des comités locaux et supérieurs.

La loi Falloux ne modifie guère les conditions d’exercice de la profession d’instituteur laïque, mais comme il faut développer et favoriser l’enseignement congréganiste, on fait tomber quelques clauses de la loi Guizot qui réglementent la liberté d’enseignement des congréganistes : le brevet de capacité peut être remplacé par le baccalauréat, la qualité de ministre d’un culte, ou par un certificat de stage.

Concernant l’enseignement secondaire, à côté des lycées et collèges communaux, existent des établissements privés d’enseignement secondaire, appelés en 1808, selon le niveau d’instruction, institutions ou pensions. Le décret de 1808 stipule que les chefs d’institution et les maîtres de pension ne peuvent exercer sans avoir reçu du grand maître de l’Université un brevet de 10 ans renouvelable. La loi Falloux de 1850 permet à « tout Français âgé de vingt-cinq ans au moins » d’ouvrir une école secondaire libre, à condition, toutefois, d’avoir satisfait à quelques obligations : déclaration préalable au recteur ; production d’un certificat de stage ; présentation de titres exigés – baccalauréat … –.

Les Frères de Marie se conforment aux dispositions de la loi et prennent les brevets nécessaires quand ils s’imposent pour enseigner dans les écoles primaires. Le pensionnat libre de Saint-Hippolyte, ouvert en 1826, ne reste pas en marge du cadre légal et, dès 1845, il peut bénéficier de subventions de l’Etat.

Le prospectus présentant le « pensionnat de St Hippolyte » développe un programme se rapprochant de celui du secondaire. Avec la loi Falloux du 15 mars 1850, les choses pourraient s’officialiser : ainsi, l’institution pourrait devenir « pensionnat d’instruction secondaire. »[11]

Cependant, en 1850, une lettre du provincial d’Alsace à l’administration générale de la Société de Marie révèle que les supérieurs de la congrégation, à l’instar de leurs contemporains, semblent être plutôt perplexes quant au devenir de la nouvelle loi : « D’ailleurs beaucoup mieux vaut-il être institué selon les anciennes lois, car on pense généralement que cette loi, trop libérale aux yeux des rouges, n’est que transitoire, et aussitôt que le parti rouge aura le dessus, elle sera modifiée. Or dans ce pays on pense certainement que les rouges finiront par triompher, et même prochainement, tout le monde s’attend à des événements graves. »[12]

Quoi qu’il en soit, les chefs de maison successifs prennent les titres nécessaires – notamment le baccalauréat – et fournissent à l’Administration les pièces réclamées pour justifier de leur droit à diriger le pensionnat. Concernant le contenu de l’enseignement, le pensionnat secondaire de Saint-Hippolyte ne délivre que la formation initiale du secondaire : « L’enseignement que je me propose de donner dans l’établissement de St Hippolyte est celui du programme pour l’enseignement secondaire. Pourtant la classe latine la plus élevée ne sera cette année que la quatrième. »[13]

Aussi les quelques élèves qui désirent poursuivre leurs études doivent rejoindre un lycée d’Etat : « De nos 138 élèves environ, 15 peut-être entreront dans les lycées pour se perfectionner, continuer des études. »[14]

L’Etat entend organiser et contrôler l’enseignement. Cela le conduit à intervenir dans des domaines où les congrégations établissent des structures. On peut donc dire que, sur une même école, deux autorités s’exercent : d’une part, la congrégation ; d’autre part, la Personne publique. Cette double tutelle est réelle dans les écoles communales. Pour sa part, la congrégation doit pourvoir aux postes de maîtres : « D’après les règlemens (sic) établis et les conventions faites entre la commune de Ste Marie-aux-mines et la Société de Marie, c’est à cet institut à remplacer, tant que la convention n’a pas été rompue, celui des frères qui, pour une cause quelconque, n’est plus à son poste … »[15]

Lorsqu’un religieux est physiquement trop faible pour assurer convenablement sa charge de maître, les supérieurs envoient un soutien ou un remplaçant : « Ce frère […] avait été envoyé pour soulager M. Heim, dont la faible santé avait besoin de quelques ménagements. »[16]

On voit même le provincial Fridblatt se rendre à Obernai pour remplacer un frère instituteur malade : « En ce moment M. Gobat est atteint d’une maladie de poitrine, et en tout cas il ne pourra pas reprendre ses fonctions avant Pâques, et c’est moi-même qui le remplace. »[17]

La congrégation doit se conformer à une procédure pointilleuse pour nommer les maîtres, car si la lettre d’obédience confère, dans une certaine mesure, la capacité d’enseigner, en revanche, le supérieur de la congrégation n’est pas autorisé à désigner officiellement tel frère pour tel poste. L’autorité administrative se réserve, au vu de la lettre d’obédience, le droit de produire l’acte officiel de nomination de l’instituteur congréganiste à un poste d’instituteur public.

Mais il arrive que le supérieur omette de respecter la procédure : « Monsieur l’Inspecteur. Il résulte du rapport que vous m’avez adressé, le 6 octobre courant, que la Congrégation de Marie a envoyé, sans demander l’agrément de l’autorité, les Sieurs Hoffmann et Rumpler pour diriger l’école de Soultz. »[18]

Dans la plupart des litiges, les supérieurs agissent de la sorte par ignorance des prescriptions législatives et réglementaires. Ces oublis ou ces ignorances sont perçus par les représentants de l’Etat comme des atteintes graves à leur autorité : « je vois de graves inconvénients à laisser ainsi s’installer dans les écoles des instituteurs qui n’ont aucun titre légal, et dont la position peut être un grand embarras pour l’autorité, qui n’a plus aucune action à exercer dans les nominations qui lui sont proposées. »[19]

Aussi des rappels à l’ordre sont-ils faits par l’administration, ce qui ne va pas sans froisser les supérieurs de la congrégation : « Il me semble que, lorsqu’on a affaire à des hommes dont l’unique ambition est de faire quelque bien, même au prix des plus grands sacrifices, on pourrait leur témoigner un peu plus de confiance. »[20]

Les écoles communales tenues par les frères font aussi l’objet d’inspections tant de la part des inspecteurs d’académie que de la part des visiteurs de la congrégation. Les inspecteurs d’académie s’attardent sur l’hygiène et la propreté des écoles : « La salle de classe de la division supérieure est humide et malsaine… »[21].

Ils s’assurent du bon fonctionnement de l’enseignement et de la juste répartition des enfants entre les salles d’asile et les écoles primaires : « Comme il y a de la place à l’asile, je serais d’avis, Monsieur l’Inspecteur, d’informer M. le Maire que les frères ne pourront plus recevoir d’enfants au dessous de 6 ans et l’engager à renvoyer de l’école primaire les petits garçons de 3 à 8 ans qui ne sauraient pas encore lire et écrire. »[22]

Ils veillent à la bonne renommée de l’école dans la localité et évaluent les capacités pédagogiques des maîtres : « Les résultats de l’enseignement laissent encore à désirer ; on a surtout recommandé aux frères de veiller à ce que les enfants se servent entre eux de la langue française ; leur attention a également été appelée sur le calcul et l’enseignement du système métrique. »[23]

De la même manière, le visiteur de la congrégation – l’inspecteur provincial à partir de 1859 –, tout comme les autorités académiques, examine l’ensemble de l’activité de l’établissement. Le visiteur regarde de près l’infrastructure, l’activité et la gestion de l’école : « La discipline, en général, est bonne ; la propreté règne parmi les élèves et ils se tiennent bien… »[24] ; après avoir tiré des conclusions sur la situation générale de l’établissement, il évalue le travail du directeur : « L’établissement de Guebwiller se trouve dans des conditions favorables à tous égards, mais il faudrait peut-être que le chef concentrât ses activités et ses ressources d’une manière plus complète sur ce qui fait l’essence de ses devoirs. »[25] ; puis, le visiteur provincial se penche sur le niveau des classes et des instituteurs.

Toutefois, malgré la tutelle de l’Administration publique, il arrive que les frères s’affranchissent de l’autorité civile. C’est le cas en 1859, à Sainte-Marie-aux-Mines, où les frères diffèrent la rentrée scolaire en dépit de la décision administrative qui fixe le jour précis de reprise de l’école. Mais ceci n’est pas du goût du maire de la ville : « Cette prolongation de vacances, pour une de nos dix écoles, dont je ne reconnais pas la légalité, va jeter la perturbation dans toutes les autres et produira le plus mauvais effet sous maints rapports. »[26]

En acceptant de se faire le partenaire de l’Etat en matière d’instruction et en se rangeant dans le cercle normatif édicté par la Personne publique, la congrégation se fond dans la masse de ce grand système d’éducation naissant. Dans ces conditions, se pose la question de connaître en quoi les frères se distinguent du reste des maîtres : quel est alors l’intérêt d’avoir une école tenue par des congréganistes ?

La Société de Marie en Alsace : une autre manière de faire

Eduquer et instruire la jeunesse

Ce qui doit distinguer les fondations religieuses de l’abbé Chaminade des autres ordres, c’est « le zèle pour le salut des âmes », « faire connaître les principes de la religion et de la vertu »[27]. Au début de l’activité enseignante de la Société de Marie, trois méthodes générales d’enseignement sont en usage dans les écoles primaires : la méthode individuelle, qui consiste en ce que tous les élèves d’une classe, un à un, ou par groupe de deux ou trois, viennent successivement recevoir l’enseignement au bureau du maître, pendant que les autres, à leurs places, restent livrés à eux-mêmes ; la méthode simultanée, avec laquelle on enseigne simultanément à tous les enfants ; la méthode mutuelle, dont le principe est de faire instruire les élèves les plus faibles par les plus forts, ce qui permet de faire beaucoup avec peu. Mais, faute de bons moniteurs, l’enseignement mutuel se dégrade.

Chacune de ces méthodes a, en effet, ses avantages et ses défauts pédagogiques. Cependant, le désaccord sur les méthodes à utiliser pour instruire la jeunesse ne repose pas que sur les lacunes ou les bons résultats de telle ou telle méthode : sous-jacent, il y a des arrière-pensées doctrinales, voire idéologiques, qui dépendent de la conception que l’on se fait de l’éducation et du rapport d’autorité à avoir avec les élèves.

Les frères ont davantage une vision théocratique de la société et de l’instruction, ils usent alors de la méthode simultanée. Les libéraux prônent plutôt la reconnaissance du mérite et la participation hiérarchique au savoir, d’où leur intérêt pour l’enseignement mutuel.

Les Frères de Marie optent pour une solution moyenne : la méthode mixte. « On s’était proposé de combiner la méthode de l’enseignement simultané avec celle de l’enseignement mutuel, qui était alors chaleureusement prôné et propagé par le parti libéral, et de retenir ou de ramener [ainsi], dans les écoles chrétiennes, les enfants qu’on en détournait par appât d’un progrès imaginaire. »[28]

En somme, il apparaît que ceux qui ont conçu la méthode mixte veulent éviter les défauts de l’enseignement simultané – principalement le coût trop important – et les erreurs du mode mutuel – la trop grande distance entre maître et élèves –, en s’assurant les avantages de chacun des deux.

Un équilibre soigneusement pensé régit le partage de l’emploi des deux méthodes initiales selon la progression des enfants, ainsi que le préconise la Méthode d’enseignement de 1851 : « Dans les classes d’initiaires, où le nombre des enfants est considérable et une partie de l’enseignement purement pratique, le mode mutuel est possible et en quelque sorte nécessaire. Mais à mesure qu’on monte vers la Grande classe, le mode simultané prend peu à peu le dessus et finit par être seul employé. »[29]

En matière d’instruction, l’Alsace connaît une certaine avance par rapport au reste des régions françaises. Les Frères de Marie doivent, donc, tenir compte des exigences de cette région en matière d’instruction quand ils établissent leurs écoles.

De fait, les supérieurs de la congrégation constatent bien un particularisme dans les écoles alsaciennes par rapport à celles du reste de la France : « Il me semble que l’Administration [générale] ne se rend pas bien compte de l’état des choses en Alsace. […] Dans d’autres provinces, il y a 60, 80 ou 100 élèves pour 3 maîtres ; en Alsace, les classes sont deux ou trois fois plus nombreuses… »[30]

S’il y a en effet moins de maîtres dans la province d’Alsace que dans les autres provinces de la Société de Marie, cela s’explique par le fait que la congrégation a pris en charge un nombre d’écoles communales beaucoup plus important en Alsace qu’ailleurs.

Les communes cherchant pour leurs écoles un système au moindre coût qui puisse accueillir le plus grand nombre d’enfants tout en dispensant une instruction satisfaisante, il importe donc de limiter le nombre de maîtres par école.

Il semble, aussi, que le nombre important d’élèves par classe en Alsace s’explique par un taux de scolarisation plus fort que dans d’autres régions. Les chiffres confirment la remarque du provincial d’Alsace.[31]

Alsace Franche-Comté Midi Paris
Nombre d’élèves * 10 002 2607 5105 1218
% de maîtres par élèves 2,63 5,22 4,21 7
% d’écoles communales 71 24 59 0

* Nombre d’élèves sur l’ensemble de la province – écoles communales et établissements libres

Un autre particularisme alsacien réside dans le bilinguisme. Or, si celui-ci pose un problème idéologique et politique pour les autorités françaises, les Eglises quant à elles s’en accommodent fort bien. Aussi, pour un homme comme le père Chaminade, le seul souci par rapport au bilinguisme est de trouver une solution qui permette, entre l’usage du français et celui de l’allemand, de satisfaire au mieux les intérêts de l’enfant dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.

Les Frères de Marie doivent alors composer étroitement entre les réalités d’une population bilingue et les exigences des inspecteurs d’académie : l’autorité publique compte sur les Frères de Marie pour généraliser l’usage du français à l’école et le diffuser dans la région : « Le pensionnat de Saint-Hippolyte, qui réunit en majeure partie des enfants de la classe des cultivateurs, produira les plus heureux effets, pour la propagation de la langue française dans une contrée où cette langue n’est pas encore suffisamment répandue principalement parmi cette classe de la population : c’est un moyen de progrès qui entre trop bien dans les vues du gouvernement, pour qu’il ne mérite pas d’être secondé. »[32]

De fait, dans l’école communale d’une petite localité – Ebersmunster – où l’allemand est inévitablement parlé par les enfants, l’inspecteur déplore, en 1863, que « l’enseignement du français laisse à désirer »[33] et note, en 1864 : « On recommande aux élèves de parler le français en dehors des classes. »[34]

Si le frère voue une partie de son temps à l’enseignement profane, c’est pour faire passer l’enseignement de la religion. Plus encore, à côté de la « formation de tous les instants » à l’esprit chrétien, il y a un enseignement propre de la religion avec une formation à la piété. Par ailleurs, le zèle des Frères de Marie s’étend parfois au-delà de l’activité scolaire proprement dite.

Ainsi, l’école du dimanche d’Ammerschwihr, en 1864 : « Monsieur l’Inspecteur. Désirant me dévouer tout entier à la jeunesse d’Ammerschwihr, je viens vous prier de m’accorder l’autorisation de pouvoir réunir à l’école les dimanches et les fêtes, les meilleurs garçons de ceux qui d’année en année auront fait leur première communion. Mon dessein en ceci est d’entretenir et d’augmenter leurs petites connaissances; de pouvoir continuer leur éducation ; de les préserver des mauvaises compagnies ; de les former à la lecture… »[35]

Ou encore, la congrégation mariale de Saint-Hippolyte, filiale de la congrégation mariale de Bordeaux fondée par G.-J. Chaminade en 1800 : « La congrégation a pour but l’accomplissement des devoirs d’élève et de chrétien par l’aide de la véritable dévotion à la très sainte Vierge Marie. »[36]

Les congréganistes – c’est-à-dire les élèves – dirigent eux-mêmes la congrégation, mais non sans la présence d’un prêtre qui est à la fois « père spirituel » et « directeur » de cette petite confrérie qui est, entre autres, un moyen d’étendre les œuvres de zèle par l’intermédiaire des élèves : « Persuadé que l’exemple ne suffit pas toujours, le Congréganiste se fera un devoir de charité d’aider ses confrères dans le chemin de la vertu… »[37]

Le frère enseignant mis à l’épreuve

L’origine sociale et géographique des candidats à la vie religieuse est difficile à établir. Toutefois, une liste – non exhaustive – des novices d’Ebersmunster de 1846-1847 laisse penser que les candidats sont originaires des classes moyennes, voire populaires. Par ailleurs, il semble qu’au milieu des années 1860-1870, le recrutement des sujets soit davantage resserré autour des écoles où la congrégation est présente.

A partir de 1835, la maison de formation de la Société de Marie en Alsace est Ebersmunster. Dans ce lieu sont regroupés le postulat, le noviciat puis le scolasticat. Au cours de sa formation, le jeune sujet reçoit les rudiments inhérents à la vie religieuse proprement dite, mais il s’exerce aussi à l’étude des matières profanes afin de se préparer à son futur métier d’enseignant.

Cependant, il y a toujours des chefs de maisons pour se plaindre de la mauvaise formation des sujets qui sortent du noviciat : « Qu’on forme donc ces jeunes avant de les employer ! C’est à Ebersmunster qu’il faut les former ; ils ont assez de temps, qu’on les fasse travailler ! ».[38]

Puisque le frère de Marie est religieux, il doit suivre la règle : « le régime de vie que les religieux suivent, en vertu de leur profession, pour arriver plus sûrement et plus parfaitement à la fin essentielle qu’ils se proposent, savoir : leur sanctification par l’imitation de Jésus-Christ en toute chose ».[39]

Le quotidien du religieux est donc vécu dans la communauté avec les autres frères : « On envoie rarement un religieux seul… »[40]

A l’intérieur de la communauté, la vie est solidement ordonnée sous la conduite du « directeur » : « Le chef d’un établissement quelconque représente le Supérieur général dans toutes les parties ordinaires du gouvernement de la maison… »[41]

Mais, il arrive que le directeur se montre exigeant – parfois trop –, surtout avec les jeunes frères. Par ailleurs, nous observons comme un renforcement des coutumes de la congrégation entre le temps de la fondation et la fin de notre période (1870).

Avec ce genre de vie austère qui ne peut convenir à tout le monde, des frères quittent la congrégation… parfois même sous le regard sévère des autres religieux : « Mon cher Père. La désertion de M. Colin ne m’étonne pas, je connais un peu l’individu et surtout sa mauvaise tête, je le regrette quant à son âme, mais non selon ses opinions et ses vues qui sont tout à fait contraire à l’esprit de la Société [de Marie]… »[42]

Toutefois, un jeune sujet qui se dégage d’une congrégation enseignante, comme la Société de Marie, peut rencontrer un obstacle avec la question de la conscription. Frère-enseignant d’une congrégation reconnue par les autorités civiles, le jeune religieux est exempt de toute incorporation dans l’armée à cause de l’engagement décennal qu’il a souscrit dans l’enseignement. Sortant de la congrégation, il rompt ipso facto son engagement décennal, d’où l’urgence pour ces jeunes hommes à retourner par un moyen ou un autre dans l’enseignement.

Dans la première moitié du XIXème siècle, la qualité du personnel enseignant de l’Alsace, comme dans l’ensemble de la France, fait souvent défaut. Il y a donc, outre des motifs religieux et idéologiques, un intérêt certain à faire appel aux frères pour remplacer un instituteur laïc : éviter la déperdition dans des activités multiples ; avoir des maîtres assidus et à la conduite irréprochable.

Cependant la congrégation, tout aussi ferme qu’elle soit, ne peut prévenir tous les scandales : « Mon bien respectable Frère. […] Je viens m’adresser à vous, pour vous supplier de la manière la plus pressante d’agir auprès de l’Administration [générale] pour que Suter soit envoyé ailleurs, avant la rentrée qui se fera dans 8 jours. Il ne faut pas que nos élèves le retrouvent ici. […] Qu’on songe au tort irréparable que ferait à la maison, et à toute la Société un procès comme celui qui s’est dénoué en cour d’assises à Besançon, il y a quelques années (Franç…), surtout après le scandaleux éclat des histoires qui ont épouvanté la province (Baur, Girard, Girst, Coustou, Trasfer, Colin, etc. et tout ce qui s’est passé ici sous M. Rothéa, M. […], M. Roussel, etc…). »[43]

De manière générale, le bilan pédagogique des Frères de Marie semble mitigé. Du côté des inspecteurs d’académie, les cas répertoriés de déficit dans l’enseignement ne manquent pas, surtout au niveau des jeunes maîtres : « Jeune homme peu capable et sans méthode. »[44]

Conséquence de l’usage de la méthode mixte, il semble qu’une différence notoire dans la qualité de l’enseignement se fasse sentir entre la « Grande classe » et la « Petite classe » : « La première classe, dirigée par le Frère directeur, présente d’assez bons résultats, mais la petite classe laisse beaucoup à désirer pour la lecture ; d’ailleurs elle est composée d’un trop grand nombre d’élèves pour qu’un seul frère puisse la diriger seul avec succès. »[45]

Il arrive quand même que des jeunes maîtres percent : « Bader Thiébault. Jeune frère qui débute dans l’enseignement ; sa classe n’est pas mal tenue. »[46]

Les « vieux » maîtres ont parfois tendance à se reposer sur leur expérience d’antan, avec néanmoins quelques succès : « Les Frères employés dans les classes françaises sont tous des hommes d’un certain âge ; ils ont par conséquence l’expérience mais il paraît qu’ils travaillent peu à étudier et préparer leurs leçons. Cependant, et sauf ce défaut, tous, excepté M. Wagner, obtiennent à peu près le résultat qu’on peut désirer eu égard au peu de temps que les enfants restent généralement dans la maison… »[47]

Dans beaucoup d’établissements, le niveau de l’école dépend du directeur : « Cette école ne va pas mal grâce au zèle du directeur ; sa classe est bien tenue mais les deux classes inférieures laissent beaucoup à désirer… »[48]

Au milieu de ce tableau très contrasté, il arrive que l’inspecteur d’académie puisse louer et féliciter le travail qui se fait dans une école : « Très bonne école sous tous les rapports ; les maîtres ne méritent que des éloges et leurs élèves m’ont complètement satisfait par leurs réponses. »[49]

Les religieux de la Société de Marie n’ont donc pas forcément plus de compétence que d’autres maîtres. Mais en matière d’instruction, comme en matière de discipline, le corps social que forme la congrégation vient pallier les manquements de tel ou tel sujet.

Le regard porté sur les écoles de la Société de Marie

Deux témoignages faits après le départ de la Société de Marie d’Alsace viennent renseigner sur l’heureuse contribution de l’activité enseignante et des succès de la méthode pédagogique des frères.

Au printemps 1899, un ancien élève de l’école communale de Colmar réfute dans le Journal de Colmar des affirmations jugées mensongères et met en avant le solide bagage intellectuel et moral avec lequel les élèves des frères quittent l’école primaire : « Les enfants de 14 ans sortant de l’école des Frères savaient parfaitement le français et l’allemand, […] ils étaient recherchés, dès leur sortie, par les fabricants, les négociants, les bureaux d’administration, les notaires, etc. »[50]

Par ailleurs, l’abbé J. Zinger, prêtre de la Société de Marie, reçoit un jour de 1899 les confidences d’un inspecteur allemand de l’enseignement.

Dans celles-ci, le fonctionnaire allemand rend hommage à l’activité des Frères de Marie : « Lors de nos premières visites dans les classes d’Alsace, nous nous sommes trouvés en présence d’une jeunesse élevée à la française, par des hommes qui, je leur dois cet hommage, étaient de rudes maîtres dans leur profession. […] On les appelait les ‘ Frères de la Société de Marie ’, ou plus communément ‘ les Frères.’ […] Vous le dirais-je, monsieur l’abbé ? Les frères de Marie ont emporté avec eux le secret de leur méthode … »[51]

La considération auprès des habitants du pays est variable. Les frères ont des soutiens comme des adversaires. Deux événements permettent d’avoir un éclairage sur la manière dont les populations locales réagissent face à des litiges impliquant les Frères de Marie.

Le premier événement a lieu à Sainte-Marie-aux-Mines en 1830 : le directeur de l’école des frères, Bernard Laugeay, doit prendre la fuite, accusé d’actes immoraux auprès des enfants. Cela ne va pas sans provoquer un scandale dans la petite ville industrielle de la vallée de la Lièpvre : « A peine rentré chez moi, on est venu me demander si je connaissais l’affaire du S. Lauger,[52] en me disant qu’elle causait le plus grand scandale en ville, qu’on voulait la dénoncer à M. le Procureur du Roi… »[53]

Le second est le départ d’Alsace des frères, en 1874 : celui-ci suscite des mouvements de sympathie à Colmar, Guebwiller, Ribeauvillé… La réaction des foules est alors significative : « La communauté de Ribeauvillé nous arrive toute émue et couverte encore des fleurs et des bouquets cachés dans les crêpes noirs que la population en pleurs faisait littéralement pleuvoir sur eux à leur départ. Des milliers de personnes les avaient acclamés dans les rues où l’on ne permit pas à leur voiture de passer au trot… »[54]

La source d’information quasi-unique en notre possession concernant le « ressenti » des élèves est le témoignage a posteriori. Nous avons ici deux documents. Le premier émane d’un Frère de Marie, qui fait le récit de quelques souvenirs d’Ebersmunster : un adolescent de 15-16 ans arrive dans ce monde qu’est le noviciat dirigé par un maître des novices, François Girardet, aux manières austères.[55]

Le deuxième récit provient d’un ecclésiastique alsacien, Alphonse Kannengieser, qui raconte son entrée à l’école primaire de Bartenheim tenue par les frères, puis son séjour à l’Institution de Saint-Hippolyte.[56]

Les souvenirs de l’école primaire de Bartenheim mettent en avant un frère-instituteur et sa puissante ascendance, avec des conséquences heureuses sur l’apprentissage des rudiments de la lecture, de l’écriture et du calcul. Quant au souvenir des quelques mois au collège de Saint-Hippolyte, il fait revivre le petit monde de l’institution dirigée par les frères : « Le directeur, M. l’abbé J. Leroy était la bonté même, d’une sollicitude toute maternelle pour les élèves. […] Mon professeur, M. Staebler, était un brave homme, pas très fort, mais très dévoué aux élèves et très attaché à ses devoirs pédagogiques. Il faisait convenablement sa classe. Je subis surtout l’influence du professeur de Première. M. Madru, natif de Wattwiller, un maître tout à fait hors de pair… »

Enseigner autrement !

Si les Frères de Marie connaissent un succès certain, c’est grâce à quelques figures charismatiques, mais aussi du fait du dévouement et de l’abnégation de bon nombre de religieux.

Plus encore, les frères formant un corps congréganiste, ce dernier pallie plus facilement en maintes occasions aux lacunes et aux échecs des uns ou des autres : la congrégation constitue un réseau solide d’écoles et le dirige énergiquement. Pour les communes, la congrégation est alors un interlocuteur proche et direct, qui a une efficacité et une crédibilité certaines.

Epilogue – Conclusion

Après la défaite de Sedan et l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, le Kulturkampf touche l’Alsace. En 1872, les frères qui ont « opté » pour la France doivent quitter l’Alsace avant le 1er octobre de cette année.

En octobre 1874, l’enseignement est interdit aux congrégations religieuses dont la maison-mère se trouve en France. Dès lors, les dernières écoles dirigées par la Société de Marie lui sont enlevées. Le 12 août 1875 a lieu la dernière distribution des prix au pensionnat de Saint-Hippolyte. A partir de cette date, seule la maison d’Ebersmunster conserve « une communauté de vétérans, dernier reste de la Société de Marie en Alsace. »

Les frères expulsés de l’Alsace prennent la direction de la France. Ca et là, les frères renforcent des écoles déjà existantes. Il y a aussi de nouvelles fondations : aux portes mêmes de l’Alsace – un postulat à Bourogne et un collège à Belfort – ; en d’autres endroits – la communauté de Marckolsheim se transporte au complet à Pont-l’Evêque (Calvados) pour reprendre l’école libre – ; à l’étranger – Belgique, Amérique, Espagne (1887)… –.

Même si l’influence des Frères de Marie en Alsace doit être relativisée, eu égard au nombre limité d’écoles tenues par les frères par rapport à la totalité des écoles d’Alsace, on ne peut cependant pas totalement exclure la possibilité d’une influence des frères sur les maîtres laïques.

Par ailleurs, il y a lieu de se demander si les tensions répétées entre l’Etat et la congrégation relèvent uniquement d’un anticléricalisme farouche. Il semble judicieux de distinguer les conflits suscités par les partisans d’un Etat fort, tels les constituants de 1789-1790, de ceux suscités par les partisans de l’hostilité virulente des Montagnards et des Sans-culottes de 1793-1794, reprise par les républicains radicaux de la IIIème République.

Dans ce contexte, l’attitude majoritaire chez les politiques et les fonctionnaires rencontrés par la Société de Marie entre 1825 et 1870, nous paraît davantage motivée par la défense d’une certaine idée d’un Etat absolu, plutôt que par l’attaque violemment anticléricale de l’Eglise et de ses institutions.

NOTES

[1] Cf. Muller (Claude), « Les Congrégations religieuses catholiques en 1861 » dans L’Outre Forêt. Revue d’histoire de l’Alsace du nord n° 41, Strasbourg, 1983, p. 33.
[2] Inspection académique de Colmar, 3 avril 1856. ADHR V 437.
[3] Lettre de 1865 de G. Loetch, provincial d’Alsace, à l’abbé Jean-Baptiste Fontaine, assistant général. AGMAR 88.4.71.
[4] les chiffres relatifs à la situation générale de l’Alsace sont empruntés à L’Huillier (Fernand), « L’enseignement primaire en Alsace à la fin du Second Empire » dans L’Alsace, 1870-1871, Strasbourg, 1971, p. 43-56. Les données concernant les Frères de Marie sont établies à partir des Tableaux du personnel et des établissements de la Société de Marie de 1855, 1856, 1860, 1864 et 1869 – Cf. AGMAR –.
[5] Cf. lettre de l’abbé Loetsch à l’administration générale, 25 septembre 1864. AGMAR 88.4.59.
[6] Cf. lettre de l’abbé Loetsch au père Caillet, 5 avril 1865. AGMAR 88.4.97
[7] Cf. ADHR 1 T 1323-1324.
[8] Cf. ADHR 1 T 1545.
[9] Cf. AGMAR 150.6.39.
[10] Cf. lettre de l’inspection d’académie à l’abbé Fridblatt, 15 janvier 1860. ADBR 1 TP/PRI.2571.
[11] Cette dénomination apparaît telle quelle dans les rapports de la préfecture ou de l’académie. V 437.
[12] Lettre de l’abbé Fridblatt, provincial d’Alsace, au supérieur général, 22 mai 1850. AGMAR 150.8.332-332.
[13] Lettre de l’abbé Leroy à l’inspecteur d’académie de Colmar, 18 septembre 1864. ADHR 1 T 1761.
[14] Lettre de l’abbé Reinbolt à l’inspecteur d’académie de Colmar, 5 juillet 1862. ADHR 1 T 1761.
[15] Lettre du recteur de Strasbourg au préfet du Haut-Rhin, 16 avril 1830. ADHR 1 T 250.
[16] Lettre de l’abbé Loetsch à l’inspecteur d’académie à Colmar, 14 octobre 1863. ADHR 1 T 914.
[17] Lettre de Fridblatt au recteur de l’académie départementale du Haut-Rhin, 24 février 1854. ADHR 1 T 1761.
[18] Lettre du préfet du Haut-Rhin à l’inspecteur d’académie à Colmar, 10 octobre 1863. ADHR 1 T 924.
[19] Lettre de l’inspecteur d’académie de Colmar au préfet du Haut-Rhin, 28 octobre 1854. ADHR 1 T 926.
[20] Lettre de l’abbé Loetsch à l’inspecteur d’académie de Colmar, 14 octobre 1863. ADHR 1 T 926.
[21] Ecole communale d’Ebersmunster, 6 mai 1864. ADBR 1 TP/PRI/298.
[22] Ammerschwihr, 21 janvier 1862. ADHR 1 T 1158.
[23] Ebersmunster, 16 décembre 1865. ADBR 1 TP/PRI/298.
[24] Inspection de Guebwiller, 29 juillet 1861. AGMAR 131.8.83.
[25] Inspection de Guebwiller, juillet 1869. AGMAR 131.8.83.
[26] Lettre du maire de Sainte-Marie-aux-mines à l’inspecteur d’académie, 5 octobre 1859. ADHR 1 T 1546.
[27] Lettre à Melle de Trenquélléon, 3 octobre 1815. Chaminade (Guillaume-Joseph), Lettres de M. Chaminade, fondateur de la Société de Marie et de l’Institut des Filles de Marie, 5 vol., Nivelles (Belgique), t. I, p. 98.
[28] J.-P.-A. Lalanne dans L’Esprit de notre Fondation. L’Esprit de notre Fondation, 3 vol., Nivelles (Belgique), 1910-1916, t. III, p. 323.
[29] Ibid., p. 324-325.
[30] G. Loetsch, provincial d’Alsace, à l’Administration générale, 1865. AGMAR 88.4.71.
[31] Chiffres établis à partir du Tableau du personnel et des établissements de la Société de Marie de 1869.
[32] Lettre du préfet du Haut-Rhin au recteur de l’académie de Strasbourg, 19 juillet 1845. ADHR 1 T 1542.
[33] Inspection de l’école communale d’Ebersmunster, 4 mars 1863. ADBR 1 TP/PRI/298.
[34] Inspection de l’école communale d’Ebersmunster, 6 mai 1864. ADBR 1 TP/PRI/298.
[35] Lettre de Joseph Radat, 1er juin 1864. ADHR 1 T 1158.
[36] Règlement de la congrégation mariale de Saint-Hippolyte. AGMAR 150.7.124-137.
[37] Ibid.
[38] Bernard Gaussens, directeur de l’école de Colmar de 1840 à 1856. Nos écoles de Colmar (1824-1874). AGMAR 123.1.1.
[39] Constitutions de 1839, op. cit., article 103.
[40] Constitutions de 1839, op. cit., article 148.
[41] Constitutions de 1839, op. cit., art. 509.
[42] Lettre de A. Molinier, directeur de l’école de Sainte-Marie-aux-mines, à l’abbé Roussel, 22 novembre 1843. AGMAR 150.6.12.
[43] Lettre de G. Loetsch, provincial d’Alsace, à l’abbé Fontaine, assistant à l’administration générale de la Société de Marie, 11 octobre 1858. AGMAR 150.8.402-405.
[44] Inspecteur de l’académie, Saint-Hippolyte, 1864. ADHR 1 T 1542.
[45] Inspecteur de l’académie, Saint-Hippolyte, 18 janvier 1856. ADHR 1 T 1152.
[46] Inspecteur de l’académie, Ammerschwihr, 9 juillet 1860. ADHR 1158.
[47] Visiteur de la congrégation, Saint-Hippolyte, inspection du 19 juillet 1869 faite. AGMAR 150.8.718-719.
[48] Inspecteur de l’académie, Ammerschwihr, 18 novembre 1869. ADHR 1 T 1158.
[49] Inspecteur de l’académie, Sainte-Marie-aux-Mines, 7 mars 1857. ADHR 1 T 1546.
[50] Nos écoles de Colmar (1824-1874). AGMAR 123.1.1.
[51] Le Messager de la Société de Marie, t. III, p. 262, cité par A. Arth. [Arth (Aloïse)], Notes historiques sur l’activité marianiste en Alsace, [1987-1995], p. 15.
[52] Le nom de B. Laugeay est orthographié « Lauger » dans certains documents.
[53] Lettre du commissaire de police au préfet, 22 avril 1830. ADHR 1 T 250.
[54] Annales de la communauté de Colmar, écrites par Auguste Klein, 22 septembre 1874, citées par A. Arth. [Arth], op. cit., p. 124.
[55] AGMAR. 127.5.19.
[56] Kannengieser (Alphonse), Mes maîtres alsaciens. Souvenirs lointains de l’école primaire, du collège, du Grand-séminaire, Strasbourg, 1920, p. 5-7 et p. 25 et 31.

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Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine sous la direction de Catherine Maurer
U.F.R. de Sciences Historiques de l’Université Marc Bloch – Strasbourg

Mémoire consultable sur : http://espiritualidad.marianistas.org/descargas/alsacia_marianista_Shelker.pdf

sujets :    Monachisme et ordres religieux, enseignement, Alsace (France), 19ème siècle.
Monachisme et ordres religieux.
Église catholique, éducation, Alsace (France), 19ème siècle.
Eglise catholique.
Écoles catholiques, Alsace (France).
Écoles catholiques.
Enseignement primaire, Alsace (France).
Enseignement primaire.
Société de Marie de Bordeaux.

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