La doctrine mariale du P. Guillaume-Joseph Chaminade

Le dimanche 3 septembre 2000 eut lieu à Rome la béatification du Père Guillaume-Joseph Chaminade. Il est connu comme le Fondateur des Marianistes, laïcs et religieux. Cette appellation de Marianistes n’a de sens que si elle renvoie à une doctrine mariale qui est une partie essentielle de leur charisme. Par cet article, je voudrais partager avec les lecteurs de Marianum le fruit de mes 47 années de recherches et d’études concernant notre Fondateur[1].

Qui est Guillaume-Joseph CHAMINADE ?

Guillaume-Joseph Chaminade est né à Périgueux, le 8 avril 1761. Treizième enfant d’une famille de drapier, il fit ses études secondaires au Collège-Séminaire de Mussidan (1771-1775). Très tôt, il demande à être agrégé à la Communauté de ses maîtres. Après ses études profanes et théologiques, il est ordonné prêtre en 1785. Il peut alors assumer pleinement d’être professeur et d’assurer la fonction d’économe.

Opposé à la Constitution civile du clergé, il doit partir de Mussidan à la fin de 1791. Il s’installe à Bordeaux qui sera désormais sa ville. Il y passera les années difficiles de la Terreur et du Directoire. Obligé de s’exiler hors de France, il se dirige, en septembre 1797, vers l’Espagne et rejoint la ville mariale de Saragosse où la Providence l’attend pour achever de le préparer à sa future mission. En septembre 1800, il put enfin revenir en sa ville de Bordeaux et commencer à réaliser ce que Dieu lui avait inspiré. Après 50 ans de travail missionnaire au service de Marie, il mourut, le 22 janvier 1850.

Importance de sa doctrine mariale

Ceux qui ont fait connaissance avec le Fondateur des Marianistes lui ont spontanément reconnu un rôle marial significatif dans l’Église. Ainsi Mgr Antonelli, alors qu’il était Secrétaire de la Congrégation pour la Cause des Saints, en parlant du procès de béatification du Père Guillaume-Joseph Chaminade, pouvait affirmer : « L’Église a besoin de sa doctrine mariale ».

Autre témoignage. Le Père Roschini, le grand mariologue Servite, en 1966, devant la lenteur de la Cause, regrettait d’avoir, en tant que Consulteur, à attendre encore des années pour voter en faveur de la béatification afin que la doctrine mariale du Père Chaminade soit mieux connue dans l’Église.[2] Que ces illustres prédécesseurs se réjouissent aujourd’hui, après la Béatification.

Les éléments de son charisme

G.-Joseph Chaminade est-il un homme charismatique ? De son temps, on n’employait pas cet adjectif pour évoquer globalement sa figure, son action. Et pourtant l’Esprit Saint l’a comblé de quelques dons typiques et pour lui et pour ceux, nombreux, qui se sont reconnus en lui. Il est remarquable que ce charisme lui a été donné d’abord pour les laïcs. Ainsi, dès la fin de la Terreur, quand il ouvrit son premier Oratoire à Bordeaux, il a exercé une sorte d’attirance spirituelle. Tel ce Denys Joffre écrivant à son père :

« J’ai trouvé le prêtre que cherchait mon coeur. C’est un saint, il est mon guide, il sera mon modèle car je serai prêtre ; ma résolution est plus que jamais inébranlable. (…) Il m’assure que bientôt il me gardera avec lui nuit et jour, et que je serai son premier disciple. C’est son espoir et c’est le mien ».[3]

Quelles sont ces lignes de force qui rendaient Chaminade si attrayant surtout pour les jeunes ? Outre sa bonté et son humilité, sa prudence et sa fermeté dans l’action, qualités qui constituaient sa personnalité, il était reconnu comme un homme de Foi, un Missionnaire Rassembleur d’hommes.

L’homme de Foi

Sa foi était celle du concile de Trente : Fides est initium, fundamentum et radix omnis justificationis. Et cela parce qu’elle est un don de Dieu que reçoit tout baptisé. Mais elle doit s’intérioriser, devenir « foi du coeur », conviction, source d’action. « Le propre de la foi du coeur est de donner la stabilité aux facultés de notre âme, à notre esprit et à notre volonté, je dis la volonté de l’homme nouveau ».[4]

Dans le Credo il trouvait la meilleure expression de la foi chrétienne. Aussi y revenait-il durant toute sa vie. Cette dévotion au Symbole de la foi est une source majeure de sa connaissance et de son amour de Marie. En effet, c’est là qu’il trouvait un de ses textes préférés : Par l’Esprit Saint il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme.

Croire au Christ, c’est découvrir aussi Marie, sa Mère. Le Fondateur insistait sur cette manière de connaître Marie : « Par le Fils, apprenons à connaître la Mère ». (E.M. II, n° 464). « C’est la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ qui nous amène à la connaissance de la très Sainte Vierge, comme on peut dire aussi que la connaissance de la très Sainte Vierge nous amène à une plus haute connaissance de notre Seigneur Jésus Christ. (E.M. II, n° 42) ».

La foi du P. Chaminade donne priorité au per Filium ad Matrem et, en un second temps, au per Matrem ad Filium. Lorsque la foi s’exprime par la prière, l’union à Marie en est une disposition indispensable.

Le Missionnaire rassembleur d’hommes

Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel, affirme encore le Credo. Le Verbe de Dieu s’est fait Fils de Marie pour sauver toute l’humanité, toute sa création. Pour le Père Chaminade, incarnation et rédemption sont deux temps d’une même et unique mission, celle que le Père a confiée à son Fils et qu’il accomplit avec la participation de l’Esprit Saint et en intime union avec Marie, sa Mère.

Par un don de l’Esprit, Chaminade est habité par le souci de la mission, celle du Christ-Sauveur, celle de Marie la nouvelle Eve, qui se déploie dans celle de l’Église. En vue de cette vocation missionnaire, le futur Fondateur fut nommé, sur sa demande, Missionnaire apostolique. Telle sera désormais son statut ecclésial.

Le charisme de la mission, pour G.-Joseph Chaminade, est moins le fait d’avoir cette charge que la manière dont il l’a exercée. Il la considère comme une grâce à partager avec tous ses disciples, à commencer par les laïcs. Car Dieu lui a inspiré, répétait-il, de fonder des institutions chrétiennes nouvelles en vue d’accomplir sa mission au service de la foi dans les pays chrétiens.

Avec audace, il répétait aux siens : Vous êtes tous missionnaires, à la manière dont il l’était lui-même. Les chrétiens, sortant de la Révolution destructrice de la foi, recevaient cet appel avec étonnement et fierté. Ensemble ils se sentaient capables, chacun à sa place, d’assumer le plan audacieux que leur Directeur leur proposait.

Conclusion

Ces trois éléments du charisme du Père Chaminade sont en constante interférence entre eux. Par la foi en Jésus Christ il découvre le vrai visage de Marie Vierge et Mère, associée à la mission du Christ Sauveur des hommes. Au coeur de l’Église missionnaire et en dépendance du Sauveur, Marie occupe une place unique. Tel est, en quelques mots, le charisme marial du Fondateur des Marianistes.

L’évocation de son oeuvre et l’analyse de ses écrits doivent nous permettre de découvrir aujourd’hui la naissance et les développements de sa doctrine et de sa dévotion mariales.

Marie et Chaminade : une histoire d’amour

Avec joie l’on découvre que depuis son plus jeune âge jusqu’à sa vieillesse l’Esprit Saint et Marie l’ont comblé de lumières spirituelles qui lui font écrire à 82 ans : Ce que je ne cesse d’admirer depuis quelque temps et trop peu de temps c’est que Marie, au moment de l’Incarnation, fut associée à la fécondité éternelle du Père par sa vive foi animée d’une charité inconcevable et engendra l’humanité dont se revêtait son adorable Fils. (Lettre du 1/03/1843 au Père Perrodin, citée dans E.M. II, n° 116.)

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