D’une génération à l’autre, Marie chez le Père Chaminade

On ne peut entrer dans cette étude sans dire un mot du terreau où il va s’enraciner ; je veux par là évoquer les écrits du P. Chaminade lui-même : il ne serait aucunement possible de commenter sa pensée si ces textes ne nous étaient connus.

En effet, Guillaume-Joseph Chaminade laisse une grande quantité d’écrits sur une large période. Si les textes antérieurs à 1800 sont encore assez rares, la production des années suivantes est abondante, parfois même très abondante. Les écrits sont donc nombreux, particulièrement bien-sûr en ce qui regarde à Marie. Dans les années soixante, le P. Jean-Baptiste Armbruster collationne les Ecrits marials[1] du P. Chaminade ; cela donne naissance à deux volumes d’un total de six cent vingt pages.

Ces écrits sont étagés sur pratiquement cinquante ans. Ils sont de genres très variés : correspondance, conférences, Constitutions, Règlements, … Et puis, le P. Chaminade n’aime pas rédiger : il se fait aider de secrétaires. Il écrit essentiellement en vue de l’action ; il se contente parfois de noter des textes d’auteurs trouvés dans ses lectures et qui reflètent sa pensée ; il s’interrompt souvent au milieu d’un raisonnement, d’une idée par manque de temps ou parce sa pensée est devenue assez claire pour pouvoir l’exposer en vue de ce qu’il se propose. Enfin, on doit aussi constater que sa pensée évolue, s’enrichit et se précise sur certains point avec les années.

Tout cela ne facilite pas une étude sur cet auteur. Qui veut s’y plier ne le regrette pas, il découvre une pensée originale, riche, et très dynamisante. Nous essayerons d’en donner quelques échos par ces lignes.

Marie pour le père Chaminade – Génèse d’un choix

Une expérience personnelle

Homme de foi et de prière, grand spirituel qui pèse ses décisions dans le cœur à cœur avec Dieu, le P. Chaminade n’en n’est pas moins un homme éminemment pragmatique. S’il place Marie au centre de son entreprise, c’est qu’il en a vérifié la valeur et la pertinence : on ne peut dire à son propos qu’il enseigne ce qu’il ne pratique pas. Citons, parmi d’autres, trois expériences qui ont marqué sa vie.

De 1771 à 1776, Guillaume-Joseph est élève au collège de Mussidan à trente-cinq kilomètres au Sud Ouest de Périgueux, sa ville natale. Durant l’une des premières années de sa présence dans cet établissement, au cours d’un jeu dans une carrière de pierres, la maladresse d’un élève fit détacher un fragment de roche qui vint lui déboîter la cheville. Aucun soin ne vint à bout du mal qui allait empirant. Sur la suggestion de son frère aîné, Jean-Baptiste alors directeur dans l’établissement et guide spirituel de Guillaume-Joseph, celui-ci accepta de se confier totalement à l’intercession de Marie. Ils promirent un pèlerinage à pieds jusqu’au sanctuaire marial de Verdelais distant de près de quatre-vingt kilomètres si la guérison était obtenue. Ils n’eurent plus qu’à s’exécuter. Guillaume-Joseph regarda toujours cette guérison comme miraculeuse sous l’effet de la bonté maternelle de Marie[2].

Autre expérience : celle de son exil en Espagne. Suite à un changement de pouvoir en France et en dépit de ses efforts héroïques pour conserver son activité pastorale à Bordeaux durant les années qui suivent la Révolution, le P. Chaminade doit finalement se résoudre à l’exil, fin 1797. Il a tout de même tenu six années dans la capitale girondine, souvent au péril de sa vie. Il part en Espagne, comme beaucoup d’autres prêtres français. Il va s’installer à Saragosse. Non content de faire la découverte de ce vénérable sanctuaire si cher au cœur de tant de chrétiens espagnols, il y arrive le 11 octobre au soir, c’est-à-dire très précisément la veille de la fête de Nuestra Señora del Pilar. Il faut se remettre dans l’esprit d’un homme qui a dû quitter son pays comme traître à la nation, dans une ambiance de haine contre la foi pour imaginer ce qu’a pu produire sur lui le spectacle de ces festivités et de l’enthousiasme populaire qui les accompagnaient[3].

C’est en ce lieu qu’il demeure trois ans dans l’attente de jours meilleurs. Il consacre une large partie de son temps à la prière et à la méditation, il fréquente assidûment le sanctuaire près duquel il semble qu’il ait logé. Nul doute que cette expérience ne l’ait profondément marqué dans sa confiance mariale. C’est aussi pour lui le temps de se remémorer les innombrables dangers par lesquels il est passé à Bordeaux avant de parvenir à cette retraite. Comment ne pas le traduire en reconnaissance ?

Guillaume-Joseph a également sous les yeux le peuple des pèlerins et ce que peut produire en lui son attachement à Marie. L’exil à Saragosse, c’est donc sans aucun doute le temps de la réflexion, de l’approfondissement des intuitions. Peut-être est-ce là même qu’il se sent appelé à la fondation de la Famille religieuse qui sera son œuvre au retour en France, en 1800 ; peut-être n’est-ce que le lieu de confirmation d’un appel antérieur reçu à Mussidan.

Qu’importe, cette halte au pied de Nuestra Señora aura été certainement déterminante pour la maturation du projet qui l’occupera dès son retour et pour le reste de sa vie. Peut-être doit-on aux lumières reçues en ce lieu la détermination tenace qui l’habitera toujours dans le développement de cette intuition.

Le P. Chaminade n’avait pas attendu l’exil pour prendre le temps de profondes réflexions. Les grands bouleversements sociaux et religieux connus dès l’époque de Mussidan, les dangers connus à Bordeaux y étaient déjà propices. A Mussidan, son frère Jean-Baptiste, ancien Jésuite libéré par la dissolution de la Compagnie, ne pouvait être qu’un interlocuteur de choix. Et comment ne pas être porté à la réflexion face à tant de menaces et de changements.

Comment ne pas être habité par cela quand on retrouve à Saragosse tout un groupe de prêtres exilés eux aussi en raison de leur opposition à la destruction de la foi et des communautés de chrétiens. On peut imaginer ce qu’on pu représenter ces années d’intenses réflexion, de lecture, d’échange avec ses compatriotes. Parmi tous ces apports, sans qu’une filiation claire puisse être établie, il n’en reste pas moins probable qu’il ait été interpellé par un projet précis : celui conçu par Bernard Daries (1772-1800)[4] de fonder une « Société » ou « Compagnie de Marie ».

Cette dernière se donne pour buts, selon ses Plans et statuts[5] de « ramener les hommes à la vertu, 1° par le culte de la Sainte Vierge ; 2° par l’éducation de la jeunesse ; 3° par la prédication de l’Evangile »[6]. Les membres de cet Institut auraient comme fin de répandre la consécration à Marie autour d’eux, au moyen de « congrégations de séculiers », désirant atteindre

« les enfants, les vieillards, les hommes et les femmes, les riches et les pauvres, les nobles et les roturiers, afin que tous devinssent le peuple de la Sainte Vierge, qui, dans les derniers temps, écrasera plus victorieusement que jamais la tête à l’ancien serpent dont les efforts redoubleront, à mesure qu’il voit que la fin approche, de tenter de séduire les hommes »[7].

On ne peut qu’être frappé par les coïncidences avec l’œuvre future de Guillaume-Joseph. Cela est d’autant plus troublant quand on sait que Bernard Daries a été élève à Saint Charles de Mussidan pendant sept ans, de 1783 à 1790, entre 11 et 18 ans, à l’époque donc des frères Chaminade[8]. D’autres points de convergence pourraient être cités, nous ne pouvons les développer ici.

Les trois années passées à Saragosse ont sans aucun doute permis à Guillaume-Joseph de synthétiser toutes ces idées et expériences dans un projet clair : celui que Dieu le poussait à réaliser. C’est à cette œuvre qu’il va donc maintenant s’atteler.

Vers la mission mariale : les appels du monde

Le Père Chaminade n’est pas homme à élucubrer des projets fantaisistes ; il enseignera au contraire à ses disciples à lutter contre les dangers d’une imagination débridée[9]. De ce point de vue, nous sommes loin de l’esprit foisonnant d’un Bernard Daries.

S’il s’engage dans des projets de fondations, c’est qu’il en constate la nécessité impérieuse. L’idée semble d’ailleurs si précise qu’il ne s’écoulera pas plus d’un mois entre son retour d’Espagne au mois de novembre 1800 et le début de son œuvre en décembre suivant.

Si c’est Marie qui est au cœur de ce qu’il entreprend c’est bien qu’il voit en son influence la réponse la plus adéquate aux appels qu’il reçoit de la société d’alors.

Quels sont donc ces appels ?

Le spectacle d’une chrétienté en pleine décomposition

La situation missionnaire dans laquelle le P. Chaminade entreprend son œuvre est celle de l’après-Révolution française[10]. Le diocèse de Bordeaux, où il est revenu s’installer, est largement touché par la déchristianisation[11].

Ce que voit le P. Chaminade, c’est que la structure de la chrétienté a été complètement démantelée. Les paroisses se sont vidées sous l’effet de la peur ou encore de l’absence ou de l’infidélité de ses pasteurs. Un certain nombre de ceux-ci se sont mariés, plus de cinquante certainement[12]. D’autres qui voudraient maintenant retrouver l’unité avec l’Eglise, rencontrent l’obstacle de leur serment de fidélité à l’Etat ou celui des scandales qu’ils ont pu provoquer ; cela semble rendre impossible leur désir dé réintégration. Certaines églises ont été transformées en grange ou en théâtre, la cathédrale Saint André en est un exemple. Beaucoup d’évêques manquaient : jureurs, émigrés (c’est le cas de l’évêque de Bordeaux), ou morts et non remplacés par Rome, tandis qu’à Bordeaux était élu un évêque constitutionnel.

Beaucoup de chrétiens sont désemparés par cette situation neuve d’un état qui ne se reconnaît pas religieux. Les vérités de la foi ont été niées, bafouées, même si certains chrétiens en ont au contraire témoigné avec un courage extraordinaire ; la pratique religieuse est devenue presque inexistante. La situation de l’Eglise au début du 19° siècle est donc marquée par cet héritage où se sont mêlés l’héroïsme et la lâcheté, l’action de criminels, les compromis de beaucoup, mais aussi le spectacle de saints.

La situation de la jeunesse est des plus préoccupantes : certains jeunes ont vécu toute leur enfance dans cette ambiance privée de repères religieux ou moraux, sans accès aux sacrements ou à une instruction religieuse. On peut imaginer en quel état spirituel ils se trouvent alors. Leur sort sera parmi les grandes préoccupations missionnaires de Guillaume-Joseph.

L’indifférence religieuse

Il ne faut pas penser que cette situation serait seulement le fruit de la Révolution. Le Père Chaminade ne semble d’ailleurs pas le voir ainsi non plus. Si les méfaits de la lutte antireligieuse sont si grands peut-être est-ce qu’ils avaient été préparés par une ambiance croissante de suspicion à l’égard de la religion et de l’Eglise ; la foi tendait peu à peu à s’éteindre dans les cœurs. Le philosophisme, tel qu’on le dénomme alors, a pris peu à peu la place de la foi. C’est surtout le cas parmi les intellectuels. Décrivant la situation du 18° finissant, un auteur écrit :

« Beaucoup (de collèges) … se laissaient envahir par le flot montant des doctrines du jour. Le philosophisme s’y introduisant, faussant les idées et produisant le dérèglement des mœurs. Déjà le bon Rollin pressentait le péril et dénonçait l’impiété grandissante dans les maisons d’éducation. »[13]

Ou encore, selon un auteur actuel :

« Les dernières années du XVIII° siècle sont placées sous le signe d’un reflux du catholicisme. Le respect de la pratique religieuse se desserre dans les villes où grandit la proportion des non-pascalisants. Ils sont plus de la moitié à Bordeaux dès 1772. En 1782 l’Assemblée du clergé est saisie des progrès de la philosophie dans les « ateliers des artisans » à Paris. Les défections s’accusent dans un large rayon autour de la capitale. »[14]

Dans une lettre essentielle pour la compréhension de sa pensée, Guillaume-Joseph Chaminade écrit en 1839, sous la plume d’un de ses collaborateurs :

« le divin flambeau de la foi pâlit et se meurt dans le sein de la chrétienté ; la vertu fuit, devenant de plus en plus rare, et les vices se déchaînent avec une effroyable fureur. Il semble que nous touchons au moment prédit d’une défection générale et comme d’une apostasie de fait presque universelle. »[15]

Le Père Chaminade qui a été éduqué, a vécu et a travaillé comme membre de la communauté au collège-séminaire de Mussidan avait dû être fortement poussé à réfléchir à cet état des choses dès avant la Révolution. En effet, l’établissement, placé sous la protection du saint réformateur Charles Borromée, cherchait à former ses élèves aux vertus chrétiennes les plus éprouvées sous l’influence de la ferveur de ses maîtres[16].

Notons enfin que si les congrégations de jeunes fondées jésuites avaient disparu avec la suppression de la Compagnie, deux de ces associations survécurent jusque vers 1790 dans deux quartiers de la ville[17]. Le souvenir du bien réalisé par ces pieuses associations restait dans les mémoires ; le Père Chaminade n’a pu y rester indifférent, l’avenir le démontrera. Dans l’établissement de Mussidan même, s’inspirant de ces principes, une congrégation de l’Immaculée Conception rassemblait des élèves dans le but de soutenir leur ferveur.

Le temps de Marie

Voilà bien l’intuition centrale du P. Chaminade : la voie qu’il faut choisir pour remédier à tous ces maux, c’est celle de Marie. A elle est réservée la victoire ; mettons-nous sous sa protection et l’entreprise réussira. Mais écoutons-le de plus près. Un texte tardif synthétise admirablement sa pensée sur ce point.

Tout par Marie dans l’ordre du salut : telle est la conséquence de l’enseignement et de la pratique de l’Eglise ; […] Aller à Jésus par Marie : voilà le dogme sacré si cher à tous les siècles chrétiens, mais que le nôtre semble avoir mission spéciale de vérifier ; […]. Chose admirable ! le ciel semble prendre à tâche, dans ces derniers temps surtout, de nous démontrer ce qu’est Marie pour le chrétien. C’est à son nom, c’est aux pratiques de dévotion en son honneur qu’il accorde aujourd’hui tous les bienfaits, toutes les grâces.

Qui ne voit que maintenant plus que jamais, tout se fait ici-bas par Marie […] Jamais peut-être ne se montra-t-elle aussi évidemment la femme promise pour écraser la tête du serpent infernal. L’indifférence religieuse lui insulte vainement ; elle en triomphera comme elle a triomphé déjà de toutes les hérésies.

Ce qui frappe, console et rassure, c’est l’action providentiellement visible de Marie, aujourd’hui surtout, sur le genre humain et sur les chrétiens en particulier […]. Reconnaissons-le pour la consolation de tous : notre siècle est travaillé ; il se manifeste au cœur des populations qui couvrent le globe, un mouvement sensible vers le culte de Marie ; les nations sont poussées aux pieds de leur Souveraine par un je ne sais quoi de doux et de puissant, comme l’Esprit de Dieu. Assurément le doigt de Dieu est là.

De tout cela, il suit que plus que jamais, Marie doit être l’objet de nos hommages et la raison de notre espérance […]. Si nous la connaissions, si nous comprenions sa maternelle sollicitude pour les enfants que Jésus lui a confiés, s’il nous était donné de lire dans son Sacré Cœur toutes les inventions de sa tendresse pour sauver le monde du naufrage universel, dont les mœurs et la foi sont menacés, nous nous attacherions davantage à son culte[18].

C’est cette conviction qui va désormais guider Guillaume-Joseph. Si nous voulons relever l’étendard chancelant de la foi, il faut faire intervenir Marie. C’est elle qui peut aider les hommes à revenir vers son Fils, c’est elle qui leur ouvrira le chemin d’une vie vraiment chrétienne, parce que semblable à celle du Christ. Quiconque accueille ce kairos ne pourra qu’être touché par la grâce propre liée à ce don de Dieu à ses enfants :

Marie doit être glorifiée de siècle en siècle, mais plus spécialement dans ces derniers siècles, par la protection visible et sensible qu’elle accordera à son Eglise et au corps qui pour l’obtenir, publiera constamment ses grandeurs et la puissance de sa protection[19].

Il y a donc une opportunité historique à relever[20] : Marie aide l’Eglise et les chrétiens dans cette lutte contre toutes les formes d’hérésie, pour que triomphe la foi. Aujourd’hui, le plus grand ennemi de la foi, c’est l’indifférence. Il convient donc de demander à Marie son aide et sa protection pour en venir à bout. Nous ne nous contenterons pas de lui en faire la prière, mais nous nous ferons ses collaborateurs pour l’aider dans cette tâche[21].

Entrer en alliance avec Marie

Tous les âges, toutes les classes, tous les sexes

Le moyen pratique que choisit le P. Chaminade, c’est d’entrer en alliance avec Marie. C’est celui qu’il propose aux jeunes gens qu’il rassemble autour de lui en décembre 1800. Après quelques semaines de préparation, le 2 février 1801, il leur fait faire leur consécration à Marie comme Congréganiste. Puis le 25 mars, ce sera le tour des jeunes filles. Bientôt il ouvre un autre groupe, celui des Postulants, destiné à aider les adolescents à rester fidèles à la foi chrétienne au delà de leur première communion ; cette étape sera – pour ceux qui le désirent – une préparation à l’entrée dans la Congrégation. En décembre 1802 se forme l’Agrégation des Pères de Famille, destinée aux hommes mariés et aux célibataires de plus de 36 ans.

La branche féminine, les « Dames de la retraite » naît en 1804, puis la branche des prêtres. Sauf les Postulants qui n’en sont qu’à une étape préparatoire, tous les autres sont réunis par ce même engagement envers Marie. C’est bien cela le cœur de l’intuition du P. Chaminade : amener des hommes et des femmes de tous âges et de toutes conditions à vivre ce chemin marial comme voie de réalisation de la vie chrétienne et d’émulation pour l’apostolat missionnaire. C’est cela qui se vivra autour de la Chapelle de La Madeleine, cours Pasteur, où il s’installe en août 1804.

Une famille spirituelle

Cette visée va être poursuivie bientôt sous d’autres formes : des essais de vie consacrés dans le monde, à partir de 1809. Puis en 1816 ce sera le tour d’une congrégation de religieuses, en collaboration avec Adèle de Trenquelléon (les Filles de Marie) et en 1817 de religieux (la Société de Marie). Eux aussi se vouent à Marie, faisant de leur consécration religieuse une offrande de dévouement à son service.

En effet, ce projet qui naît au milieu des jeunes et des laïcs n’est que la première étape de la constitution d’une véritable Famille spirituelle où se retrouvent laïcs, consacrés dans le monde, religieuses et religieux. Il l’écrit dès 1814, dans une lettre dans laquelle il dévoile son projet d’ensemble à Adèle de Trenquelléon, alors qu’elle est sur le point de fonder avec lui la première des congrégations religieuses (les Filles de Marie) :

« Je rentrais en France, il y a quatorze ans, avec la qualité de Missionnaire apostolique dans toute notre malheureuse patrie, sous l’autorisation néanmoins des Ordinaires des lieux. Je ne crus pas mieux en exercer les fonctions que par l’établissement d’une Congrégation telle que celle qui existe. Chaque congréganiste, de quelque sexe, de quelqu’âge, de quelqu’état qu’il soit, doit devenir membre actif de la mission ».

« Plusieurs congréganistes de chaque corps de la Congrégation formeraient une petite Société religieuse, quoique répandue dans le monde. On trouverait toujours dans ces Sociétés des officiers, des officières pour conduire la Congrégation. […] Actuellement, plusieurs voudraient vivre en Communauté régulière, abandonnant toute affaire temporelle : il faut suivre cette inspiration, mais prendre garde qu’elle ne dénature pas l’œuvre de la Congrégation, mais au contraire qu’elle lui serve. »[22]

Comme on peut le lire ici, le P. Chaminade n’envisage pas seulement un attachement personnel, individuel, à Marie mais il souhaite aussi, et peut-être essentiellement, constituer un véritable corps apostolique qui lui soit dédié. Un corps apostolique qui est une véritable réplique de l’Eglise : on y trouve les divers états de vie, les différentes catégories sociales, les différents âges et sexes. Tous sont unis dans la même œuvre d’édification et de réformation des mœurs[23].

Comme le dit bien cet écrit, il est attentif à garder la particularité propre à chaque catégorie : que la formation des congrégations religieuses « ne dénature pas l’œuvre de la Congrégation ». Cette précision ramène à un principe cher au Père Chaminade : l’union sans confusion : que chaque catégorie soit unie aux autres par son esprit et pourtant bien distincte dans sa forme.

Un engagement réciproque

Voici ce que Guillaume-Joseph Chaminade écrit dès 1804, dans le Manuel du Serviteur de Marie à destination des laïcs :

Une consécration sincère au culte de la très pure Marie, forme entre la personne qui se consacre et la Vierge immaculée qui reçoit cette consécration, une alliance véritable. D’une part, l’auguste Marie reçoit sous sa puissante protection ce fidèle qui se jette entre les bras de sa tendresse maternelle, et l’adopte pour son enfant. De l’autre, le nouvel enfant de Marie contracte avec son auguste Mère les obligations les plus douces et les plus aimables[24].

Cette conviction est essentielle. L’alliance chaminadienne n’est pas pure dévotion, mais entrée dans une réciprocité d’assistance. Chacun y apporte ce qu’il peut donner à l’autre.

Quels sont les obligations que s’engage à respecter le congréganiste ? En 1804, elles sont au nombre de sept[25] :

  1. Invoquer le secours de sa tendre et puissante mère, dans tous ses besoins spirituels et temporels
  2. S’acquitter des devoirs de son culte avec respect et vénération
  3. Ne pas blesser les intérêts de Marie par sa conduite
  4. Imiter les vertus dont elle a donné l’exemple (« l’obligation la plus forte »)
  5. Eviter tout péché mortel ou en sortir au plus tôt
  6. Favoriser tout ce qui contribue au culte de Marie
  7. Garder une place de choix à Saint Joseph

A ces devoirs seront ajoutés plus tard ceux de s’employer aux bonnes œuvres de la Congrégation (celle de l’assemblée publique et de la retraite en particulier) et d’être fidèles aux réunions générales et particulières[26]. Ces divers appels seront synthétisés peu à peu dans les trois orientations de « connaître, aimer et servir Marie ».

On peut remarquer que toutes ces obligations ne sont pas à proprement parler mariales. Ce sera l’une des idées force du Père Chaminade : c’est tout le corps qui appartient à Marie. Tout ce qui peut donc en renforcer le dynamisme sert donc par conséquence, même si c’est indirectement, l’œuvre de la Vierge[27].

Les congrégations religieuses ne dérogeront pas au principe de la réciprocité dans l’alliance : si nous promettons assistance à Marie, elle aussi s’engage vis-à-vis de nous[28].

La source biblique favorite du Père Chaminade concernant cette alliance est le texte johannique de Marie au pied de la croix (Jean 19,26-27). Saint Jean est le représentant de tous les chrétiens que le Christ confie à sa Mère et qui se donnent à elle comme ses enfants. Le terme de « Femme » indique que Jésus considère en cet instant le rôle de Mère des chrétiens qu’assume Marie, Mère du Christ et de son Corps mystique.

La puissance de Marie n’est pas diminuée : Actualité et perspectives des intuitions du Père Chaminade

Dans la dynamique du Concile Vatican II

Quelle peut-être l’actualité d’une telle pensée ? Le Père Chaminade vivait apparemment dans une époque très différente de la notre ; par le Concile Vatican II, l’Eglise tout entière est entrée dans une phase nouvelle de son histoire : Guillaume-Joseph, qu’as-tu donc encore à nous dire ?

« La puissance de Marie n’est pas diminuée » disait le P. Chaminade à ses disciples il y a cent soixante-deux ans[29]. Ne peut-on affirmer la même chose ? Ne nous trouvons-nous pas en une période particulièrement riche pour vivre un refleurissement de notre appartenance mariale ?

Après une longue période de remise en question de la piété mariale, due sans doute à certains excès populaires ou au besoin de repenser une pastorale aux plans doctrinal et scripturaire, voilà que le Concile Vatican II recentre toute la perspective en présentant « la bienheureuse Vierge Marie Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Eglise » (LG 52-69). Cette orientation ne nous ouvre-t-elle pas de nouvelles perspectives de relecture de la pensée mariale du P. Chaminade pour aujourd’hui ? Nous allons nous y risquer au travers de quelques unes de ses intuitions les plus fortes.

Marie et le Christ ne peuvent être séparés

Un disciple du Père Chaminade ne peut que se réjouir du souci du Concile Vatican II de réunir le Christ et sa Mère. La perspective œcuménique dans laquelle se situait toute cette assemblée ne pouvait pas faire moins : il a trop souvent été reproché aux catholiques de présenter la mission de Marie de manière autonome sans liens suffisants avec son Fils, avec le projet du Père et l’action de l’Esprit.

Par là même, la place de Marie ne peut en être qu’obscurcie : quelle créature pourrait se targuer de posséder une mission par elle-même ?

Dans le sillage de l’Ecole Française, le Père Chaminade a une pensée extrêmement christocentrique. Il ne cesse de rappeler que ce sont ses vertus que nous désirons imiter, que nous voulons faire grandir en nous l’image qui nous rend semblables à lui. Dans les premières Constitutions des religieux, celles de 1839, il est par exemple dit à l’article 4 : « La perfection chrétienne que la Société de Marie se propose comme premier objectif, consiste essentiellement dans la plus exacte conformité possible à Jésus-Christ, Dieu fait homme pour servir de modèle aux hommes ».

Guillaume-Joseph Chaminade écrit encore dans la lettre du 24 août 1839 à propos des deux congrégations religieuses que « tendant, par leur destination, à élever leurs membres respectifs au sommet de la perfection chrétienne, qui est la ressemblance la plus parfaite possible avec Jésus-Christ, le divin Modèle, [elles] leurs proposent de marcher à la suite du Sauveur[30] ».

C’est dans ce contexte que l’on peut parler de Marie ; le Christ nous y conduit

« C’est la connaissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui nous amène à la connaissance de la Très Sainte Vierge, comme on peut dire aussi que la connaissance de la Très Sainte Vierge nous amène à une plus haute connaissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ[31] »

Aux membres de la Congrégation des jeunes, il disait aussi :

La « cause [de Marie] est si intimement liée à celle de Jésus-Christ qu’attaquer l’une, c’est attaquer l’autre ; […] en un mot, il n’est pas possible d’être chrétien en séparant le Fils de la Mère[32] »

Pour le Père Chaminade, notre dévotion envers Marie n’est donc qu’une question d’obéissance au don que Dieu nous a fait de vouloir naître d’une femme : au projet de la Rédemption ; l’imitation de Marie n’est que le point le plus saillant de l’imitation de son Fils. Le Concile nous dit que l’ « union de la Mère avec son Fils dans l’œuvre du salut est manifeste dès l’heure de la conception virginale du Christ jusqu’à sa mort » (LG 57).

Le même document affirme encore : « à travers l’honneur rendu à sa Mère, le Fils […] peut être comme il le doit connu, aimé, glorifié et obéi dans ses commandements » (LG 66)[33].

C’est bien le projet dans lequel nous introduit le Père Chaminade : sous l’influence de Marie nous rendre plus fidèles à l’esprit du Christ et à son message. Il peut donc nous aider à intégrer ce renouveau de la dévotion mariale voulue par le Concile et développé ensuite en bien d’autres lieux, à commencer par Marialis Cultus.

Tirer toutes les conséquences de notre baptême

Ce que va faire le Père Chaminade au travers des groupes de laïcs dont il s’occupe, c’est d’essayer de les rendre responsables de qu’ils ont reçu au moment de leur baptême. Là encore, il met en avant la conformité au Christ qui a été introduite en nous :

« Notre union à Jésus-Christ par le baptême nous a fait prendre la forme de Jésus-Christ, comme une matière qui serait jetée dans un moule. Celui en qui le principe de vie est éteint, doit travailler à le rallumer[34] ».

Ce texte met bien en valeur le fait qu’il s’agit d’une responsabilité. Du baptême découle des devoirs ; il y a des dons à mettre en pratique et à faire valoir pour son bien et ceux des autres.

Là encore, un lecteur moderne se sent très à l’aise dans ce langage. Il lit dans le texte de Lumen Gentium au numéro 40 : « les fidèles doivent mettre en œuvre les forces qu’ils ont reçues, à la mesure des dons du Christ, pour que, suivant sa trace et devenus conformes à son image, obéissant en tout à la volonté du Père, ils se dévouent de toute leur âme à la gloire de Dieu et au service du prochain ».

On ne compte plus les invitations faites au chrétien d’aujourd’hui de vivre toutes les conséquences de son baptême. C’est un soucis actuel pour les animateurs de communautés : comment aider les chrétiens à vivre réellement leur baptême ?

Chez le Père Chaminade, cette volonté de placer ce sacrement à la racine de toute la vie chrétienne est illustrée par le désir qu’il a de faire précéder l’alliance avec Marie d’un acte de « renouvellement des vœux du baptême ». Le congréganiste y affirme : « j’embrasse d’esprit et de cœur la foi de Jésus-Christ » et « je veux vivre de la propre vie de Jésus-Christ, c’est-à-dire de la pratique la plus parfaite que je pourrai de ses vertus[35] ».

Nous laisser former par Marie à l’image de son fils

Le secret de réalisation de notre conformité au Christ – à laquelle nous sommes invités du fait du baptême – c’est de nous laisser former par Marie comme le Christ l’a fait.

« Quel puissant moyen, de parvenir à la ressemblance de Jésus-Christ, d’avoir pour mère la Mère même de Jésus-Christ ! »

La maternité spirituelle de Marie a pour lui la plus grande importance : « c’est dans le sein virginal de Marie qu’on peut acquérir la plus grande conformité ou ressemblance avec Jésus-Christ »[36] ; « elle agit à l’égard [des chrétiens] comme elle a agi avec Notre-Seigneur : elle les conçoit, les enfante, les forme jusqu’à la plénitude de l’âge parfait[37] ». La conviction du Père Chaminade est liée à la doctrine du Corps mystique du Christ : Marie a engendré Jésus, elle engendre spirituellement Jésus-Christ dans son corps qu’est l’Eglise :

« En se résignant à l’honneur de la maternité divine, [Marie] accepta la double qualité de Mère de Jésus-Christ pris individuellement et de Mère de Jésus-Christ considéré dans la plénitude de son corps qui est l’Eglise. En concevant naturellement le Sauveur dans son sein virginal, elle a donc conçu spirituellement dans son âme, par son amour et par sa foi, les Chrétiens membres de l’Eglise et, par conséquent, Jésus-Christ[38] ».

Tout cela, Marie y consent au Calvaire :

« … tout l’être de la grâce, ce corps mystique du Christ, cet unique Fils de Dieu, Marie l’a conçu dans son être de grâce au pied de la croix. Toutes les grâces qui doivent former les membres de ce corps mystique reçoivent comme de nouvelles qualités dans sa charité maternelle[39] »

Dans ce même texte, il précise aussi : « Par quelle opération Marie nous a-t-elle conçus ? C’est par l’opération du Saint-Esprit[40] ». Marie est donc la coopératrice à l’œuvre qui est tout entière celle de son Fils et de l’Esprit ; elle ne peut être considéré comme la source. Ce point est à bien prendre en compte dans la pensée de Guillaume-Joseph Chaminade si l’on veut pouvoir formuler sa pensée d’une manière juste théologiquement et acceptable dans le dialogue œcuménique[41].

Le chrétien ne crée pas, selon notre auteur, un lien nouveau d’appartenance mariale : il se contente de le distinguer dans la volonté de Dieu et dans les conséquences du baptême : puisqu’il nous fait entrer dans le Corps du Christ, nous sommes de ceux qui sont enfantés spirituellement par Marie[42].

Ce que demande en définitive le chrétien en se mettant sous la protection de Marie, c’est qu’elle continue à coopérer en lui à l’œuvre de l’Esprit de manière à ce que l’image du Christ soit enfantée en lui, de par l’Esprit Saint et avec sa collaboration maternelle.

C’est le rôle de l’alliance qu’il fait avec Marie : elle ne crée pas quelque chose de neuf, mais elle rend active intentionnellement une dimension intrinsèque au baptême : sa dimension mariale pourrait-on dire. Toute l’efficacité en réside dans cette intentionnalité. Par cette alliance, nous nous promettons de collaborer à cette action de Marie en nous, par l’effet de l’Esprit Saint ; nous nous promettons de la mettre en œuvre dans le concret de nos vies.

Un peuple de saints

Ce qui est très moderne de conception est ce fait que tout provenant du baptême, il sera possible de mettre en pratique ce principe spirituel et apostolique dans tous les états de vie : tous prennent appui sur le baptême. De là devait presque naturellement découler cette idée chère au Père Chaminade d’une œuvre qui touche tous les âges, toutes les conditions, tous les états de vie.

Il ne me semble pas que ses conceptions mariale et ecclésiale puissent être isolées : si nous sommes engendrés en Marie à l’image de son Fils premier-né, c’est que nous appartenons au Corps mystique du Christ qu’elle accepte d’engendrer spirituellement en acceptant d’engendrer naturellement Jésus-Christ.

Peut-être est-ce pour cela que le Père Chaminade en est venu comme spontanément à cette idée d’une Famille de Marie où était présents toutes les types de chrétiens. Dans la Congrégation, il y avait des laïcs (jeunes ou non ; hommes et femmes) et des prêtres séculiers ; il y a eu parmi eux, sans doute dès 1809, des consacrés dans le monde ; en 1816 et 1817 naissent les deux instituts religieux. Les religieuses comprendront assez vite deux branches, l’une tenue à la clôture, l’autre non ; les religieux seront composés de frères ouvriers ou enseignants et de prêtres. On ne peut qu’être frappé de cette multiplicité de situations.

Pourtant tous trouvent leur point commun dans l’alliance avec Marie. Les laïcs la prononcent explicitement après le renouvellement des vœux de leur baptême ; par contre, pour les religieux et religieuses ce sont leurs vœux dans cet institut qui constituent leur alliance avec Marie. Un vœu de stabilité vient sceller le caractère définitif du don et de la collaboration avec l’institut dédié à Marie[43]. Cette sobriété dans l’expression de l’alliance est assez remarquable pour être notée. Elle semble très équilibrée théologiquement et pastoralement.

De cet enracinement de l’alliance avec Marie dans le baptême me semble aussi découler cette autre conséquence toute logique – et très actuelle dans la pastorale de l’Eglise : l’alliance avec Marie est le moyen de parvenir à remplir ce devoir baptismal de la sainteté. Guillaume-Joseph Chaminade l’écrit à propos des religieux : « … l’esprit principal de la Société est de présenter au monde le spectacle d’un peuple de saints, et de prouver par le fait, qu’aujourd’hui, comme dans la primitive Eglise, l’Evangile peut être pratiqué dans toute la rigueur de l’esprit et de la lettre[44] ».

Aux laïcs, lors d’une retraite prêchée aux congréganistes en 1816, il fait une conférence sur « l’obligation pour tous les chrétiens de tendre à la sainteté[45] ».

C’est une particularité de la pensée du Père Chaminade : il s’intéresse surtout au témoignage collectif : la sainteté du corps est le premier objet recherché car il y voit une source de dynamisme missionnaire réel et sans doute nécessaire en ces temps d’indifférence ou de doute[46]. La consécration est le chemin pour réaliser cette sainteté individuelle et collective. Sainteté, peuple (Eglise), consécration, baptême, Marie et mission sont des termes très liés les uns aux autres dans la pensée du Père Chaminade.

Cette perspective rejoint celle ouverte par l’exhortation Evangelii nuntiandi demandant pour notre temps moins des maîtres que des témoins ; ou encore l’appel de Jean-Paul II pour une pastorale de la sainteté déjà exprimé à plusieurs reprises et repris dans la lettre Millenio Inneuentes. Mais on pense plus encore, bien sûr, à « la vocation universelle à la sainteté » du Concile Vatican II dans le chapitre V de Lumen Gentium.

Ce texte prophétique qui a appelé à revaloriser les diverses vocations chrétiennes comme étant, chacune en son genre, lieu de pleine réalisation de l’Evangile. C’est d’abord l’Eglise qui est « indéfectiblement sainte », mais en son sein, « tous […] sont appelés à la sainteté » (LG 39), « de quelque état ou rang qu’ils soient ». La sainteté consiste à « devenir conformes à son image » (LG 40) ; tous « y sont tenus » (LG 42).

Quelques perspectives

Cet article aura-t-il permis de discerner quelques aspects de la richesse de la Pensée du Père Chaminade et de son actualité, espérons-le ! Il est manifeste pour qui se penche sur le sujet qu’il s’agit là d’un esprit inventif, inspiré et porteur d’avenir. La difficulté des textes, leur caractère morcelé, parfois obscur a pu porter tort à leur auteur qui ne connaît certainement pas encore le rayonnement qui devrait être le sien, bien au–delà de sa famille spirituelle.

On ne peut que s’étonner par exemple que le type d’alliance avec Marie qu’il préconise, ne soit pratiqué que par ceux qui le connaissent de près ; une alliance qui invite pourtant à un dynamisme missionnaire réel et n’est aucunement un privilège d’initiés. Ce qui est remarquable dans la conception chaminadienne de celle-ci c’est qu’elle est une voie d’accès au Christ et non pas un aboutissement spirituel réservé à une élite.

Il n’est donc nullement déplacé d’imaginer qu’on puisse pratiquer selon cette intuition une véritable pastorale de l’alliance avec Marie comme chemin d’accès vers le Christ[47].

Un aspect très prometteur de la pensée du P. Chaminade est la dimension ecclésiale de ce qu’il propose en union à Marie. Ce peuple divers, aux composantes variées est une richesse pour l’Eglise d’aujourd’hui et une belle illustration d’une manière de réaliser les appels du Concile Vatican II.

Le fait est que c’est une réalité en plein développement dans ce qu’on appelle aujourd’hui la « Famille marianiste » : renaissance des Congrégations laïques depuis les années 70 (aujourd’hui « Communautés Laïques Marianistes »[48]) ; développement récent d’un Institut séculier : l’Alliance Mariale ; mais surtout une nouvelle manière de se penser qui permet d’imaginer sans cesse plus notre avenir en commun, comme Famille spirituelle, bien que sans confusion des diverses vocations contenues en son sein[49].

Sur le plan de la pensée et de l’expression, le langage théologique actuel ainsi que le dialogue œcuménique nous rendent plus sensibles à la nécessité de penser et d’exprimer certains points délicats avec circonspection, non sans avoir pris le temps d’une sérieuse évaluation.

Ce que l’on considère comme langage spirituel et donc facilement admissible dans ce contexte, peut parfois déranger ou choquer. Il nous invite donc à une certaine vigilance dans l’usage des termes (consécration ou alliance par exemple[50]) ou dans la manière pastorale de proposer une telle démarche mariale.

Ce contexte a finalement le grand avantage de nous pousser à toujours établir doctrinalement et scripturairement ces pratiques issues de la pensée du Père Chaminade. Il a lui-même donné un beau témoignage de rigueur à ce point de vue en un siècle qui n’a pas toujours brillé par sa modération et la qualité de son expression spirituelle, tant au niveau du langage que de la solidité des fondements sous-jacents. Le Père Chaminade s’est généralement appuyé sur des auteurs sûrs, et a fait un large usage des textes bibliques et patristiques.

On ne peut qu’être frappé par la similitude du contexte ecclésial connu par le Père Chaminade et par les pays de vieille chrétienté : même indifférence généralisée, même mise en cause de fondements de la foi, même absence de connaissance du Christ et de son enseignement, même dispersion des chrétiens et relative inefficacité des structures traditionnelles d’évangélisation. Ne doit-on y lire un appel à repenser pour aujourd’hui la réponse reçue par le Père Chaminade[51] ?

Celle-ci n’est pas non plus pour cela vouée à se limiter à ses premières zones d’influence. Les pays de nouvelle chrétienté sont eux aussi concernés par la mission et par le rôle que peut y jouer l’influence maternelle de Marie ; le développement qu’y connaît aujourd’hui la Famille marianiste permet de vérifier que l’intuition du Père Chaminade ne saurait être limitée à un contexte particulier.

A chacun d’entre-nous de trouver les expressions et les usages pastoraux qui sauront donc donner à cette pensée toute sa richesse et toute sa pertinence pastorale pour pouvoir encore aujourd’hui y trouver un chemin d’évangile pour beaucoup.

Dans un autre texte, de 1804, son secrétaire, David Monier, nous exprime en son nom son intuition apostolique :

« Il y a bientôt quatre ans, au sortir des orages de la Révolution, nous voulûmes rassembler les étincelles d’une religion qui venait d’être violemment persécutée. Ce fut l’objet pour lequel nous nous réunîmes d’abord. […] Nous conçûmes le dessein de glorifier Dieu plus amplement et autant que nos forces pourraient nous le permettre.

« Nous résolûmes alors de former un centre d’édification ; de venir ensemble (chrétiens intérieurs) nous prosterner publiquement au pied des autels et de retourner chaque jour à nos occupations dans le monde y reporter l’exemple d’une foi solide et d’une probité constante.

« La plus pure, la plus excellente de toutes les créatures, la Très sainte Vierge, reçut nos invocations ; nous nous consacrâmes à son culte pour nous assurer d’être plus fort au besoin. »[52].

En dépit de son style assez pesant, ce texte exprime avec grande clarté l’intuition missionnaire du P. Chaminade en cette période post-révolutionnaire. Chaminade comprend donc que la première chose à faire, c’est rompre l’isolement des quelques chrétiens encore motivés, renforcer leur vie chrétienne et en faire des missionnaires dans leurs lieux de vie.

Son projet est donc de rechristianiser la France en formant des apôtres laïques. Pour cela il faut repenser la pastorale traditionnelle des paroisses, devenue inopérante[53] et lui substituer une pastorale missionnaire à base de communautés chrétiennes vraies, où l’on s’entraide et s’édifie mutuellement. Ce que conçoit Chaminade, c’est un véritable réseau de communautés de tous les âges, sexes, conditions, où chacun se retrouve dans son élément pour pouvoir renforcer sa vie chrétienne et son esprit apostolique.

Les principes de base sont la contagion et l’émulation. Chaque congréganiste doit être membre actif de la mission : « vous savez que de vraies congréganistes doivent être des missionnaires »[54]. Cela se manifeste dans le « zèle pour la conversion du prochain » qui doit animer chacun d’entre eux[55].

L’expression fréquente chez le P. Chaminade des « œuvres de zèle » sert à décrire les nombreuses activités d’apostolat du Congréganiste[56]. Pour ce qui est de l’émulation, nous pouvons la lire dans cette définition de la Congrégation en 1817 : « La Congrégation est la réunion régulière et distincte de tous les catholiques qui, placés sous l’invocation spéciale de la Mère de Dieu, désirent sincèrement s’entre-secourir et s’animer par l’exemple dans les voies du salut éternel »[57]. En fin de compte, il s’agit de « multiplier le nombre des chrétiens »[58].

Le fondement de cette action et de cette spiritualité missionnaires, c’est l’approfondissement de l’engagement du baptême. Chaminade écrit en 1815: « On ne devrait recevoir de Congréganiste qu’autant qu’il renouvellerait les vœux de son baptême »[59]. Le Manuel dans son édition de 1815, spécifie qu’avant l’acte de sa consécration à Marie, le Congréganiste doit renouveler les promesses de son baptême. La formule en est la suivante : « En présence de Dieu, de la très Sainte Vierge et des saints anges, je renouvelle librement et volontairement les promesses de mon baptême »[60]. Ou encore : « Si nous voulons être à Jésus-Christ prononçons avec générosité les vœux de notre baptême »[61].

Mais comment cela peut-il se faire ? Relevons quelques-unes des convictions du P. Chaminade.

La méthode adoptée

Ce sont toutes ces circonstances qui vont donc amener le P. Chaminade à prendre une orientation très précise dans le choix de sa mission. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre le choix qu’il fait de s’enrôler « sous la bannière de l’auguste Marie »[62].

Un défi : relever la foi

C’est bien cela l’ambition première de tout ce que va entreprendre le P. Chaminade dès son retour d’exil. C’est cela qui le guidait dès le début de sa vie d’apôtre, lors de son séjour à Mussidan[63]. Comme nous l’avons vu, la tâche est immense.

A son accoutumée et selon une méthode qu’il n’abandonnera pas de toute sa vie, le P. Chaminade va tirer profit de son expérience et de celle qu’il a vu pratiquer par les autres pour inventer une synthèse personnelle. Là est tout son génie : dans la capacité de mettre ensemble des éléments qui ont souvent été déjà expérimentés en leur donnant une touche personnelle.

Même s’il faut preuve dans sa longue vie de qualités d’adaptation aux situations assez remarquables, et Dieu sait qu’il a connu de situations diverses, on peut dire cependant que sa visée repose réellement des fondements stables sur lesquels il variera peu, au point parfois de paraître opiniâtre. Là encore on peut y lire un fruit de la longue maturation de cette pensée tant durant ses premières années que durant les trois années d’exil.

Quelle sera donc cette méthode ?

Une méthode apostolique

Laissons-le nous exposer son idée, telle qu’il la résume en 1814 :

« Je rentrais en France, il y a quatorze ans, avec la qualité de Missionnaire apostolique dans toute notre malheureuse patrie, sous l’autorisation néanmoins des Ordinaires des lieux. Je ne crus pas mieux en exercer les fonctions que par l’établissement d’une Congrégation telle que celle qui existe. Chaque congréganiste, de quelque sexe, de quelqu’âge, de quelqu’état qu’il soit, doit devenir membre actif de la mission »[64].

Dans un autre texte, de 1804, son secrétaire, David Monier, nous exprime en son nom son intuition apostolique :

« Il y a bientôt quatre ans, au sortir des orages de la Révolution, nous voulûmes rassembler les étincelles d’une religion qui venait d’être violemment persécutée. Ce fut l’objet pour lequel nous nous réunîmes d’abord. <…> Nous conçûmes le dessein de glorifier Dieu plus amplement et autant que nos forces pourraient nous le permettre.

« Nous résolûmes alors de former un centre d’édification ; de venir ensemble (chrétiens intérieurs) nous prosterner publiquement au pied des autels et de retourner chaque jour à nos occupations dans le monde y reporter l’exemple d’une foi solide et d’une probité constante.

« La plus pure, la plus excellente de toutes les créatures, la Très sainte Vierge, reçut nos invocations ; nous nous consacrâmes à son culte pour nous assurer d’être plus fort au besoin.

« Et enfin le temps qui ne fut consacré ni à la prière ni à nos devoirs, nous résolûmes de l’employer ici à notre instruction. Puissions-nous par ce moyen obtenir la plénitude de vie à laquelle la miséricorde de Dieu nous appelle ; puissions-nous n’être réunis que pour nous y soutenir et nous y animer »[65].

En dépit de son style assez pesant, ce texte exprime avec grande clarté l’intuition missionnaire du P. Chaminade en cette période post-révolutionnaire. Chaminade comprend donc que la première chose à faire, c’est rompre l’isolement des quelques chrétiens encore motivés, renforcer leur vie chrétienne et en faire des missionnaires dans leurs lieux de vie.

Son projet est donc de rechristianiser la France en formant des apôtres laïques. Pour cela il faut repenser la pastorale traditionnelle des paroisses, devenue inopérante[66] et lui substituer une pastorale missionnaire à base de communautés chrétiennes vraies, où l’on s’entraide et s’édifie mutuellement.

Ce que conçoit Chaminade, c’est un véritable réseau de communautés de tous les âges, sexes, conditions, où chacun se retrouve dans son élément pour pouvoir renforcer sa vie chrétienne et son esprit apostolique.

Les principes de base sont la contagion et l’émulation. Chaque congréganiste doit être membre actif de la mission : « vous savez que de vraies congréganistes doivent être des missionnaires »[67]. Cela se manifeste dans le « zèle pour la conversion du prochain » qui doit animer chacun d’entre eux[68].

L’expression fréquente chez le P. Chaminade des « œuvres de zèle » sert à décrire les nombreuses activités d’apostolat du Congréganiste[69]. Pour ce qui est de l’émulation, nous pouvons la lire dans cette définition de la Congrégation en 1817 : « La Congrégation est la réunion régulière et distincte de tous les catholiques qui, placés sous l’invocation spéciale de la Mère de Dieu, désirent sincèrement s’entre-secourir et s’animer par l’exemple dans les voies du salut éternel »[70]. En fin de compte, il s’agit de « multiplier le nombre des chrétiens »[71].

Le fondement de cette action et de cette spiritualité missionnaires, c’est l’approfondissement de l’engagement du baptême. Chaminade écrit en 1815: « On ne devrait recevoir de Congréganiste qu’autant qu’il renouvellerait les vœux de son baptême »[72].

Le Manuel dans son édition de 1815, spécifie qu’avant l’acte de sa consécration à Marie, le Congréganiste doit renouveler les promesses de son baptême. La formule en est la suivante : « En présence de Dieu, de la très Sainte Vierge et des saints anges, je renouvelle librement et volontairement les promesses de mon baptême »[73]. Ou encore : « Si nous voulons être à Jésus-Christ prononçons avec générosité les vœux de notre baptême »[74].

Enfin n’oublions pas que ce projet qui naît au milieu des jeunes et des laïcs n’est que la première étape de la constitution d’une véritable Famille spirituelle où se retrouvent laïcs, consacrés dans le monde, religieuses et religieux. Il l’écrit dès 1814, dans la lettre précédemment citée dans laquelle il dévoile son projet d’ensemble à Adèle de Trenquelléon, alors qu’elle est sur le point de fonder avec lui la première des congrégations religieuses (les Filles de Marie) :  »

« Plusieurs congréganistes de chaque corps de la Congrégation formeraient une petite Société religieuse, quoique répandue dans le monde. On trouverait toujours dans ces Sociétés des officiers, des officières pour conduire la Congrégation. (…)

Actuellement, plusieurs voudraient vivre en Communauté régulière, abandonnant toue affaire temporelle : il faut suivre cette inspiration, mais prendre garde qu’elle ne dénature pas l’œuvre de la Congrégation, mais au contraire qu’elle lui serve. »[75]

Cette précision semble extrêmement importante pour qui veut comprendre la pensée mariale du P. Chaminade : il n’envisage pas seulement un attachement personnel de chacun à Marie mais aussi et peut-être essentiellement à constituer un véritable corps apostolique qui lui est dédié. Un corps apostolique qui est une véritable réplique de l’Eglise : on y trouve les divers états de vie, les différentes catégories sociales, les différents âges et sexes.

TOUT REMETTRE SOUS L’INFLUENCE DE MARIE

Tout ce qui vient d’être dit peut sembler très éloigné de la mission mariale, en fait ce serait mal comprendre la pensée du P. Chaminade. Dans son esprit toute cette méthode apostolique repose sur un pilier : se confier à Marie qui va faire grandir en nous de nouveaux Christ et faciliter la naissance de vraies communautés chrétiennes. C’est véritablement cette intuition qui va être le moteur de toute son œuvre. Il écrit dans la lettre du 24 août 1839 en parlant de ses fondations religieuses :

« A elle [Marie] est réservée de nos jours une grande victoire : à elle appartient la gloire de sauver la foi du naufrage dont elles est menacée parmi nous.

Or, nous avons compris cette pensée du Ciel, […] et nous nous sommes empressés d’offrir à Marie nos faibles services, pour travailler à ses ordres et combattre à ses côtés. »

« Ce qui me paraît sans exemple dans les fondations connues, c’est que […] c’est en son Nom et pour sa gloire que nous embrassons l’état religieux ; c’est pour nous dévouer à elle, corps et biens, pour la faire connaître, aimer et servir, bien convaincus que nous ne ramènerons les hommes à Jésus que par sa très sainte Mère. » […]

Marie « reçoit avec délices notre promesse spéciale de lui être à jamais fidèles et dévoués ; puis elle nous enrôle dans sa milice et nous consacre comme ses apôtres »

  • Tt vient du baptême (cf lettre 24 août : p. 77, 2° § : pr les religieux, ts vient des vœux qui renouvellent les vœux du baptême)
  • Une alliance
  • Une maternité spirituelle
  • Vécu en Eglise

Que peut nous enseigner la mariologie du Père Chaminade aujourd’hui ?

Le défi missionnaire actuel

Relevons tout d’abord qu’on ne peut généraliser la situation missionnaire actuelle tant est grande la diversité des situations dans le monde. Une bonne partie des considérations qui vont suivre sont donc sans doute plus adaptées au Premier Monde qu’aux autres régions de notre globe.

On peut cependant constater qu’il nous faut aujourd’hui plus que jamais redoubler d’ardeur missionnaire. C’est le cas pour les pays d’ancienne chrétienté marqués par la sécularisation, comme pour les zone dites traditionnellement de mission où beaucoup reste à faire pour l’annonce du Christ et un dialogue mutuel plus riche entre les religions. Alors que pour les seconds, Jean-Paul II a travaillé à réveiller l’ardeur missionnaire de toute l’Eglise ; pour les premiers, il appelle depuis de nombreuses années à une nouvelle évangélisation.

Ne peut-on être frappé par le fait que – comme à l’époque du P. Chaminade – notre temps est marqué par une forte montée de l’indifférence religieuse, du relativisme. Beaucoup vivent comme si la religion était une question vidée de sens. Il semble bien qu’il faille redonner toute la place qui lui revient au Christ. C’était le grand souci du P. Chaminade.

Une des conséquences de la défection de beaucoup est l’isolement croissant des chrétiens et en particuliers des plus jeunes d’entre eux. Là encore, n’est-on pas renvoyé à ce qui a été une intuition fondamentale des origines de l’œuvre du P. Chaminade ?

Le rôle de Marie

Pourquoi le P. Chaminade a-t-il fait le choix de Marie. Synthétisons certains aspects importants de sa pensée à cette étape de notre étude :

1.4.1 MARIE ELOIGNE L’Indifférence RELIGIEUSE

1.4.2 METTRE SOUS SA BANIERE UN CORPS APOSTOLIQUE UNI

 

[1] CHAMINADE Guillaume-Joseph, Ecrits marials, Fribourg (Suisse), 1966, 2 vol. ; 344 & 400 p.

[2] VERRIER Joseph, Jalons sur la route de Guillaume-Joseph Chaminade, Rome, pro manuscripto, sd, Tome I, p. 20. SIMLER Joseph, Guillaume-Joseph Chaminade, Paris, Lecoffre, 1901, p. 17.

[3] VERRIER J., op. cit., Tome II, pp. 3-26.

[4] Cf. SEGUY Jean, « La Société de Marie dite d’Espagne. Mariologie, apocalyptique et contre-révolution », in : Revue d’histoire des Religions, I/1984, pp. 37-58.

Pour de plus amples indications bibliographiques concernant Bernard Daries, mais aussi pour rectifier un bon nombre d’inexactitudes à son sujet, on peut lire VERRIER Joseph, « A propos des frères Daries. Erreurs et rectifications », in : Mater fidei et fidelium. Collected Essay to Honor Théodore Koehler on His 80th Birthday, Dayton (OH), Marian Library Studies, vol. 17, 1985-1991, pp. 455-459.

[5] Une copie de ce texte est conservé aux Archives Générales marianistes à Rome, sous la cote agmar 12.1.23.

[6] Cf. SEGUY J., op. cit., p. 43.

[7] MADIRAN, Philippe de, Abrégé de la vie de Bernard Daries (1800), Abbaye de Tournay, ms., cote 1B6D, p.56.

[8] Voir à ce propos la position réfléchie et étayée de l’excellent historien marianiste que fut le P. Joseph VERRIER in : Jalons…, op. cit., vol. I, pp. 50-53.

[9] Il leur enseigne ainsi à cultiver le « silence de l’imagination » comme l’un des moyens de renforcer la vie spirituelle.

[10] La plupart des informations citées dans cette section sont tirées du livre de Philippe PIERREL, Sur les chemins de la mission. Guillaume-Joseph Chaminade fondateur des marianistes, Paris, pro manuscripto, pp.33-36.

[11] L’influence de la Révolution s’est fait sentir en plusieurs étapes.

Bordeaux, ville modérée n’a tout d’abord pas manifesté un très grand enthousiasme pour les idées révolutionnaires. Néanmoins, lorsqu’il s’est agit de prêter serment à la Constitution civile du clergé, on a compté parmi les parmi les prêtres 431 jureurs pour 328 réfractaires, soit 55 % et 45 %, mais la proportion tombait à 24,7% de jureurs et 75,3% de réfractaires pour la ville de Bordeaux seule.

Durant la Terreur, on a retiré aux prêtres réfractaires leurs derniers lieux de culte, par crainte de leur influence. La plus grande partie du clergé a dû s’exiler ; une centaine seulement a pu rester, exerçant leur ministère de manière cachée, au péril de leur vie ; les congrégations religieuses ont été dissoutes. Dix-sept religieuses, vingt clercs et cinquante cinq laïcs auront été exécutés.

[12] GUILLEMAIN, op. cit., p. 181.

[13] SICARD A., Les études classiques avant la Révolution, Paris, 1887 ; cité par SIMLER, op. cit., p. 14.

[14] CHOLVY Gérard, La religion en France de la fin du XVIII° à nos jours, Paris, Hachette, 1991, p. 5. Le même auteur cite plus loin le document suivant : « Lorsqu’en 1762, les congrégations furent détruites pour la plupart avec les jésuites […] en moins de dix-huit ans, il y eut dans la capitale une diminution de moitié dans le nombre de personnes qui remplissaient le devoir pascal. Vers le même temps, et par la même cause, on vit peu à peu tomber en désuétude les pratiques pieuses, la visite quotidienne des églises, la prière commune dans les familles, présage trop certain de l’anéantissement de la foi » (LAMENAIS, Réflexions sur l’état de l’Eglise en France, 1808), Id., p. 16.

Par congrégations, il faut entendre les diverses associations de laïcs nées sous la mouvance des jésuites.

[15] Lettre du 24 août 1839, in : CHAMINADE Guillaume-Joseph, Lettres, Tome V, Havaux, Nivelles, (1930), p. 73.

[16] On peut lire un « Abrégé des Règles de la Congrégation des Prêtres et Ecclésiastiques sous le titre de Saint-Charles » dans DELAS Jean-Claude, Histoire des Constitutions de la Société de Marie, 1964, Fribourg, pp. 12-28.

[17] SIMLER G.J. Chaminade, op. cit., pp. 155-156 ; VERRIER Joseph, Jalons…, op. cit., vol. II, pp. 41-42.

[18] « De la connaissance de Marie », in : Manuel du Serviteur de Marie, Edition de 1844, Tome I. Cf. :CHAMINADE Guillaume-Joseph, Ecrits Marials, op. cit., Tome II, nn. 434-437. Bien que rédigé par le Père Jean-Baptiste Fontaine d’après les notes qu’il lui avait transmises, le P. Chaminade a toujours reconnu ce texte comme sien.

[19] Lettres, Tome II, n. 388, pp. 175-176.

[20] Le Père Chaminade n’est pas le seul à être convaincu de cette opportunité, c’est entre autre le cas des PP. Jean-Claude Colin, fondateur des Maristes et Pierre-Bienvenu Noailles, fondateur de la Sainte Famille de Bordeaux. On peut lire à ce sujet : ARMBRUSTER Jean-Baptiste : « Marie dans les derniers temps chez le Père G.-Joseph Chaminade », in : « Marie et la fin des temps », Bulletin de la SFEM, vol. III, Paris, ŒIL, 1987, pp. 69-81.

[21] « La puissance de Marie n’est pas diminuée. Nous croyons fermement qu’elle vaincra cette hérésie comme toutes les autres, parce qu’elle est , aujourd’hui comme autrefois, la Femme par excellence, cette Femme promise pour écraser la tête du serpent. […]. Nous nous sommes empressés d’offrir à Marie nos faibles services, pour travailler à ses ordres et combattre à ses côtés. […] [Marie] reçoit avec délices notre promesse spéciale de lui être à jamais fidèles et dévoués ; puis elle nous enrôle dans sa milice et nous consacre comme ses apôtres» (Lettre du 24 août, in : Lettres, T. V, op. cit., pp. 73, 77) .

[22] Lettre du 8 octobre 1814, in : CHAMINADE G.-J., Lettres, op. cit., Tome I, pp. 87-88.

[23] Dans la lettre du 24 août 1839, il écrit à propos des religieux : « nous sommes spécialement les auxiliaires et les instruments de la très Sainte Vierge dans la grande œuvre de la réformation des mœurs, du soutien et de l’accroissement de la foi, et par le fait, de la sanctification du prochain ». Cf. Lettres, Tome V, n. 1163, pp. 73-74. Vers 1804, on lit concernant les laïcs : « Qu’est-ce qu’une Congrégation ? […] C’est une société de chrétiens fervents […], qui, pour imiter les chrétiens de la primitive Eglise, tendent par leurs fréquentes réunions à n’avoir qu’un cœur et qu’une âme et ne former qu’une même famille, non seulement comme enfants de Dieu, frères de Jésus-Christ et membres de son Corps mystique, mais encore comme enfants de Marie, par une consécration spéciale à son culte et une profession ouverte du privilège de son Immaculée Conception » (« Des Congrégations sous le titre de l’Immaculée Conception de Marie, Mère de Dieu », in : CHAMINADE G.J., Ecrits et Paroles, T. I, p. 164.

[24] Manuel du Serviteur de Marie, 1804, in : CHAMINADE G.J., Ecrits et Paroles, op. cit., T. I., p. 86.

[25] Cf. : Ecrits et Paroles, op. cit., Tome I, pp. 86-87.

[26] Voir par exemple l’ « Institut de la Congrégation des jeunes gens de Bordeaux sous le titre de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge ». Ce texte précise concernant le devoir d’assister aux réunions : « l’accomplissement de ce dernier devoir est comme l’essence du Congréganiste). Ecrits et Paroles, T. I, p. 475.

[27] C’est ce qu’exprime entre autres le vœu de stabilité prononcé par les religieux et les religieuses : il s’agit de la stabilité dans l’Institut signifiant leur stabilité dans leur don à Marie. Ce vœu trouve des correspondances dans certains règlements primitifs de certaines sections de la Congrégation : il y avait par exemple chez les Dames de la retraite un « vœu de stabilité dans la Congrégation » (Cf. Ecrits et Paroles, T. I, p. 561) ; ou encore chez certains jeunes gens plus zélés une « promesse d’un inviolable attachement à la Congrégation » (Id. p. 534).

[28] Lors de la retraite de 1820, le P. Chaminade explique aux religieux les devoirs réciproques créés par cette alliance :

« De notre part. […]

« 2. Nous nous sommes engagés envers Marie, et à quoi ? A tout ce qu’un enfant doit sentir et faire pour une bonne Mère, à l’aimer, à la respecter, à lui obéir, à l’assister. Oh ! surtout nous nous sommes engagés à ce dernier effet de l’amour filial : l’assistance, la bienveillance active ; nous nous sommes engagés à publier le nom de Marie et à le faire honorer partout.

« 3. Nous faisons société avec Marie : c’est à dire que nous acquérons des droits et sur ses mérites et sur ses prières, et sur sa protection, et sur sa gloire, et sur tout ce qu’elle a reçu de la libéralité sans bornes de son Fils »

« Marie s’allie avec nous. […]

« 2. Elle prend des engagements avec nous. Quels engagements ? Ceux d’une mère : de nous aimer, de nous secourir dans tous nos besoins, de nous défendre.

« 3. Marie entre en société avec nous, en participation c’est–à-dire de tous nos biens. C’en est fait : tout ce que nous pouvons est au service de Marie ; nous nous sommes donnés à Marie, avec tous nos biens et toutes les facultés de notre être. Qu’elle fasse de nous ce qui lui plaira, pour la plus grande gloire de son Fils » (Ecrits Marials, op. cit. nn. 752-753)

[29] Lettre du 24 août, in : Lettres, T. V, op. cit., p. 73

[30] Id., p. 70.

[31] Lettres, T. III, 3 décembre 1831.

[32] Manuel du Serviteur de Marie, 1844, in : EM II, p. 154, n. 432.

[33] « les privilèges de la bienheureuse Vierge, […] sont toujours orientés vers le Christ » : LG 67.

[34] Notes d’Instruction [aux laïcs des Congrégation], In : EP, vol. II, n. 94, p. 234

[35] Ecrits et Paroles, op. cit., vol. 5, p. 373.

[36] Esprit de notre Fondation, Tome II, n. 960, p. 558.

[37] Retraite de 1837, in : CHAMINADE Guillaume-Joseph, Notes de retraite, T. III.

[38] Manuel du Serviteur de Marie, op. cit., EM II, n. 482, pp. 174-175. Ou encore : « C’est une vérité que Jésus-Christ est né de Marie, ex qua natus est Jesus… Nous avons été tous conçus en Marie, nous devons naître de Marie et [être] formés par Marie à la ressemblance de Jésus-Christ »

[39] Notes d’Instruction, in : EP II, n. 164, p. 369. Le texte poursuit : « Ainsi tous les élus auront la plus grande ressemblance, d’abord avec Jésus-Christ, ensuite avec la divine Marie. On peut dire que le corps entier des élus, qui n’est autre que le corps mystique de Jésus-Christ, fut conçu d’abord en Jésus-Christ, ensuite en Marie, par là que Jésus-Christ voulait que tout ce qui se passait en lui, se passât dans sa divine Mère, et qu’ainsi elle fût participante de tous les mystères qui s’opéraient. C’était pour annoncer et comme pour confirmer ce grand mystère de la formation du Corps des élus que Jésus dit : « Femme, voilà votre Fils et au disciple : Voilà votre Mère » [Jean 19,26-27]. Ibid.

[40] Ibid., il compare également le rôle de Marie à celui des « pasteurs de l’Eglise, et particulièrement les confesseurs, [qui] sont appelés pères spirituels, parce qu’en effet ils communiquent l’être de grâce, la vie de l’Esprit, par l’administration des sacrements » (Ibid.).

[41] La question de la coopération de Marie à l’œuvre du salut opérée par le Christ est l’une de celles qui est soulevée par le travail remarquable du Groupe des Dombes : Cf. Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints, Bayard Editions/Le Centurion, 2° partie, 1998, pp. 16-28. Au numéro 225, ce texte propose comme ouverture possible à la compréhension d’une coopération humaine à l’œuvre de Dieu, l’exemple de Paul se disant des « coopérateurs de Dieu » (1 Co 3,8). Il rejoint quelque peu l’exemple du P. Chaminade cité plus haut des ministres coopérant à l’œuvre de l’Esprit par les sacrements.

[42] Pour le Père Chaminade, la maternité de Marie n’est pas adoptive ; elle est liée à l’Incarnation en elle du Christ. Il écrit : « Ce n’est pas alors seulement [au Calvaire] qu’elle a commencé d’être notre Mère. […]. En effet, si nous n’étions les enfants de Marie que depuis le Calvaire, les paroles de Jésus à sa Mère, ‘Femme, voilà votre Fils’, ne constitueraient qu’une adoption plus ou moins étroite. […] … car l’adoption ne fait pas naître de la personne qui adopte. […] Il nous faut une mère véritablement et proprement dite dans l’ordre de la foi comme dans l’ordre de la nature ; là, comme ici, jamais une mère adoptive ne saurait en tenir la place. […] Et voilà bien, ce nous semble, le sens des belles paroles de Jésus-Christ. En disant au disciple : ‘Voilà votre Mère’, il voulait dire : voilà celle qui vous a engendré spirituellement à la foi, quand elle m’a conçu corporellement dans son sein virginal : elle est votre mère, comme elle est la mienne non pas au même titre, sans doute, mais toutefois à un titre de génération ». Manuel du serviteur de Marie, 1844, EM II, n. 486…489, pp. 176-177.

[43] Les membres des instituts religieux et de l’Alliance mariale renouvellent quotidiennement leur alliance avec Marie, celle qui est née de leur engagement dans l’Institut qui lui est dévoué. C’est donc dans l’esprit autant un renouvellement de leur consécration religieuse que de leur don à Marie.

[44] Lettres, T. II, n. 388, 15 février 1826, pp. 175-176.

[45] EP I, n. 142, p. 590. Le texte précise : « Obligation prise : 1) de l’excellence du caractère de sa consécration : il est consacré prêtre roi, enfant de Dieu, etc… » Il s’agit donc toujours de la consécration baptismale. Ibid.

[46] Il écrit à propos des laïcs de la Congrégation : « L’homme vertueux a beau éclater ; on dit assez ordinairement qu’il n’est pas imitable. On lui suppose un autre cœur, d’autres organes, d’autre tempérament que nous avons. On dirait que la vertu est un phénomène étrange, et non pas un fruit qu’on puisse recueillir ordinairement en société.

Il n’y a qu’une réunion d’hommes vertueux qui puisse amoindrir ou détruire ce funeste préjugé. […] Que les chrétiens se forment en Congrégations et de leur sein resplendira comme une sorte de lumière qui les rendra l’objet de l’attention générale. […] Si l’assemblée est étendue, si elle est nombreuse, elle frappera plus les regards ; elle ouvrira plus de portes à ceux qui demandent ce que c’est que la religion » ; « Instruction pour les chefs de division », EP I, n. 43, pp. 126-127.

[47] Voir par exemple : GIZARD Vincent, « La Consécration à Marie comme expérience pastorale d’évangélisation », in : La nouvelle évangélisation avec Marie. La consécration mariale dans la Famille marianiste, sl, [1994], pp. 69-73. L’auteur y décrit l’expérience faite au sanctuaire marial d’Abidjan depuis 1987 de proposer, après une préparation assurée sur place, une « consécration à Dieu par Marie, selon la spiritualité marianiste » (p. 70).

[48] Elles ont été reconnues comme « association privées de fidèles » en 2000 par le Conseil Pontifical pour l’apostolat des laïcs.

[49] En 1996 a été fondé un « Conseil mondial de la Famille marianiste » en vue de renforcer les liens et l’action commune des quatre composantes de la famille chaminadienne. Il est présidé tour à tour par l’une des quatre branches.

[50] L’usage actuel tend à généraliser le mot alliance plutôt que celui de consécration à Marie ; on utilise parfois l’expression « consécration-alliance », nuançant un terme par l’autre. Le Père Chaminade aimait l’expression « consécration au culte de Marie » qui exprimait bien l’idée de dévouement envers elle contenu dans cet engagement. L’expression « Consécration à Marie » a donné lieu à de nombreux débats qu’on ne peut synthétiser ici. Une réflexion marianiste a donné lieu a une publication : La nouvelle évangélisation avec Marie. La consécration mariale dans la Famille marianiste, sl, [1994], 89p. On peut lire encore : COLE William J., « Consecration to Mary in the Society of Mary », in : Mater fidei et fidelium. Collected Essay to Honor Théodore Koehler on His 80th Birthday, Dayton (OH), Marian Library Studies, vol. 17, 1985-1991, pp.518-539.

On remarque le caractère éminemment biblique du terme « Alliance » qui ouvre par cela de riches perspectives. Cf. DE FIORES Stefano, « Consacrazione », in : Nuovo dizionario di mariologia, Cinisello Balsamo, Paoline, 19883, pp. 394-417. On peut bien sûr penser aussi à un ouvrage classique développant largement ces perspectives d’un point de vue biblique : LA POTTERIE Ignace de, Marie dans le mystère de l’alliance, Paris, Desclée, Jésus et Jésus-Christ n. 34, 293 p.

[51] De nombreux textes marianistes sont le résultat d’une telle réflexion, outre les textes constitutifs des assemblées de chacune des branches de la Famille marianiste, on peut aussi citer : « La Nueva Evangelización y los marianistas », in : Revue marianiste internationale, Rome, 1994, n. 15/4, pp. 51-113 ou encore The Promises Woman. International Symposium on Marianist Spirituality (May 5-13 1992 – Dayton), North American Center for Marianist Studies, Dayton (OH), 1995, 750p. Des intervenants ce chacun des cinq continents y partagent l’actualité du charisme marianiste tel qu’ils le perçoivent dans leur contexte culturel.

[52] MONIER David, Prospectus sur les faits évangéliques, document manuscrit conservé aux archives générales de la Société de Marie (AGMAR 34.1.2), publié dans EP, I, p. 58.

[53] Chaminade écrit : « Le nombre des paroissiens diminue tous les jours à proportion que l’esprit du christianisme s’affaiblit ou plutôt qu’il se perd et que l’indifférence en matière de religion fait des progrès. Les Congrégations sont instituées pour guérir d’aussi grands maux et réparer les pertes immenses de la religion ; comment pourraient-elles avoir de tels succès si des offices des paroisses auxquels on n’assiste plus, étaient le moyen employé pour leur inspirer le moyen d’y assister ? » in : « Réponse aux sept questions ou difficultés qu’on fait ordinairement sur la nouvelle forme donnée à Bordeaux au Congrégations… », in : EP, nn.153.7-8, p. 649.

[54] Lettre du 11 janvier 1816, Lettres, T. I, p. 103.

[55] « Introduction à l’état du Congréganiste », in : EP, I, p. 365. Le texte donne à ce sujet divers conseils de prudence.

[56] La « Convention des Jeunes gens » de 1814 nous en donne une liste, cf. EP, I, nn.86.5-6 et 87, pp. 311-312. A chaque réunion de fraction, l’examen des oeuvres zèle et de prosélytisme accomplie durant la semaine occupaient une part importante de la réunion. Il était prévu à ce propos un schéma détaillé. Cf. « Travaux des fractions », in : EP, I, n. 105, pp. 407-409.

[57] « De la Congrégation », in : EP, I, n. 106.1, p. 411.

[58] « Observations sur le Conseil de M. de Directeur… », <1817>, in : EP, I, n. 109, p. 471.

[59] « De la fin prochaine de la Congrégation … » in EP, I, n.91.2, p. 326.

[60] EP, I, n.94.80, p. 373. Le texte lu par le congréganiste continue ensuite en spécifiant les différents aspects de cet engagement.

[61] Retraite du 15 septembre 1816 aux Congréganistes, in : EP, I, n. 6a, p. 590.

[62] CHAMINADE G.-J., Lettre du 24 août, op. cit., p. 73.

[63] La congrégation des prêtre de Saint Charles collège visait précisément à s’agréger des écoliers zélés. Guillaume-Joseph entrera dans cette catégorie en 1776 ; il a quinze ans ! On peut estimer de ce point de vue que le but recherché a parfaitement porté ses fruits chez lui. Les « Règles des écoliers agrégés ou qui vuelent l’être » peuvent être trouvées dans : DELAS J.-C., Histoire des Constitutions…, op. cit., pp. 27-28.

[64] CHAMINADE G.-J., Lettres, T.I, Nivelles, Havaux, 1930, pp. 87-88.

[65] MONIER David, Prospectus sur les faits évangéliques, document manuscrit conservé aux archives générales de la Société de Marie (AGMAR 34.1.2), publié dans EP, I, p. 58.

[66] Chaminade écrit : « Le nombre des paroissiens diminue tous les jours à proportion que l’esprit du christianisme s’affaiblit ou plutôt qu’il se perd et que l’indifférence en matière de religion fait des progrès. Les Congrégations sont instituées pour guérir d’aussi grands maux et réparer les pertes immenses de la religion ; comment pourraient-elles avoir de tels succès si des offices des paroisses auxquels on n’assiste plus, étaient le moyen employé pour leur inspirer le moyen d’y assister ? » in : Réponse aux sept questions ou difficultés qu’on fait ordinairement sur la nouvelle forme donnée à Bordeaux au Congrégations… », in EP, nn.153.7-8, p. 649.

[67] Lettre du 11 janvier 1816, Lettres, t.I, p. 103.

[68] « Introduction à l’état du Congréganiste », in : EP, I, p. 365. Le texte donne à ce sujet divers conseils de prudence.

[69] La « Convention des Jeunes gens » de 1814 nous en donne une liste, cf. EP, I, nn.86.5-6 et 87, pp. 311-312. A chaque réunion de fraction, l’examen des oeuvres zèle et de prosélytisme accomplie durant la semaine occupaient une part importante de la réunion. Il était prévu à ce propos un schéma détaillé. Cf. « Travaux des fractions », in : EP, I, n. 105, pp. 407-409.

[70] « De la Congrégation », in : EP, I, n. 106.1, p. 411.

[71] « Observations sur le Conseil de M. de Directeur… », <1817>, in : EP, I, n. 109, p. 471.

[72] « De la fin prochaine de la Congrégation … » in EP, I, n.91.2, p. 326.

[73] EP, I, n.94.80, p. 373. Le texte lu par le congréganiste continue ensuite en spécifiant les différents aspects de cet engagement.

[74] Retraite du 15 septembre 1816 aux Congréganistes, in : EP, I, n. 6a, p. 590.

[75] Lettre du 8 octobre 1814, in : CHAMINADE G.-J., Lettres, op. cit., Tome I, pp. 87-88.

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