Dans la discrétion d’un accompagnement respectueux

Dans la discrétion d’un accompagnement respectueux, avec le souci d’un permanent échange valorisant pour l’autre

Accompagner quelqu’un, voilà bien une expérience qui nous rejoint tous, quel que soit notre âge, notre formation, nos engagements. Le Carême peut être une bonne occasion pour réfléchir sur « nos accompagnements », ceux que nous vivons dans la banalité de nos journées : accompagner un enfant en classe, accompagner sa voisine à la gare, accompagner un parent âgé chez le médecin… ceux pour lesquels nous avons reçu mission : accompagnement des catéchumènes, des familles en deuil, d’un stagiaire dans la vie professionnelle… ceux qui viennent nous surprendre : telle personne qui se tourne vers nous sans que nous l’ayons sollicitée, accompagnement d’un proche dans la maladie, vers la mort…

A chacun, peut-être de noter en quoi, comment et où il se trouve en situation d’accompagnement et de regarder paisiblement ce qui est en jeu. D’un tel exercice, nous ne pouvons que ressortir « grandi » du fait que nous sommes là dans là dans une relation où le maître mot est la confiance.

L’accompagnement n’est pas l’apanage des croyants, il peut être donc bon de se demander, dans le cadre où nous sommes, ce qui est différent pour nous dans ce type de relation. C’est tout simple, nous ne sommes pas deux : l’accompagnateur et l’accompagné mais trois, le troisième et non pas le dernier est l’Esprit saint.

Cela me semble vrai même dans ce qu’il y a de plus banal comme d’accompagner un enfant en classe ou à un cours de violon ; dans nos relations, l’Esprit nous précède toujours, en prendre conscience nous rend plus disponible, plus détendu pour laisser advenir une question, un émerveillement, une souffrance… ce qui veut s’exprimer.

Accompagner quelqu’un engendre une forme de dissymétrie dans la relation : enfant/adulte, celui qui a besoin d’être aidé/celui qui aide, celui qui ne sait pas/celui qui sait… En prendre acte est capital et permet de se situer de façon juste c’est-à-dire humble jusqu’à prendre conscience que celui qui accompagne est guidé par l’accompagné.

En effet, ne faut-il pas se mettre au rythme de l’autre : rythme de son pas, de sa réflexion, de son élocution, de son évolution pour jouer vraiment son rôle ?

Ces deux points fondamentaux étant posés, pour aller plus loin, posons maintenant ensemble quelques repères fondamentaux valables pour tout type d’accompagnement afin de trouver chacun de quoi « visiter » notre pratique au quotidien et d’entrer ainsi dans une relation plus profonde et plus vraie avec ceux qui nous sollicitent.

Pour cela, nous prendrons quatre verbes : accueillir, comprendre, confronter et choisir, verbes qu’il faudra conjuguer dans l’ordre de la présente énumération sans pour autant les utiliser tous selon les situations.

Accompagner suppose d’être en état d’accueil comme quand on prépare sa maison pour accueillir des amis mais il s’agit de sa maison intérieure. L’ami qui entre chez moi se sent bien si je suis vraie (authenticité), si je suis heureux de sa venue (acceptation), si je prends le temps de m’asseoir pour l’écouter (écouter), s’il se sent compris (compréhension) jusqu’à vivre une certain forme de communion.

Accompagner demande de comprendre c’est-à-dire d’entrer un peu dans le monde de l’autre non pas pour savoir au sens de la curiosité mais pour bien entendre, il est parfois important de vérifier avec délicatesse que ce que l’on a entendu correspond bien à ce que l’autre dit.

Accompagner amène parfois à renvoyer l’autre à une certaine confrontation avec lui-même. Chacun étant unique, ayant sa propre histoire doit lui-même trouver ses propres réponses mais avec une aide, des pistes que l’accompagnateur pourra suggérer : question, lecture, rappel de certains engagements pris, règlement, lecture priée de la parole de Dieu…

Accompagner peut amener à aider l’autre à choisir. Si c’est le cas, il est essentiel d’aider à bien définir où se situe le choix à faire et surtout de ne pas choisir pour l’autre sauf dans certains cas particuliers.

Je terminerai ce petit article, en revenant au thème d’année de notre revue : « Sous le signe de la joie », en effet il s’agit de bien situer cette brève réflexion dans cette perspective et pour cela, je retiens ces quelques versets de l’Evangile de Jean (Jn 16,21), verset qui disent bien ce que nous sommes amenés à vivre dans toute demande d’accompagnement :

« Le femme sur le point d’accoucher s’attriste parce que son heure est venue ; mais quand elle a enfanté, elle oublie les douleurs dans la joie qu’un homme soit venu au monde. »

Vivre l’accompagnement, c’est vivre une forme d’enfantement avec ses passages douloureux qui nous amènent à un renoncement à nous-même si nous entrons vraiment dans ce type de relation. En effet, nous nous quittons, nous nous vidons de nous-même pour laisser toute la place à l’autre. Il y a aussi ce « lâcher-prise », douloureux parfois, de voir l’autre prendre son chemin, non pas celui dont nous rêvions pour lui mais celui qu’il a choisi.

Profitons de ce temps de Carême pour vivre plus profondément nos accompagnements comme une communion à la Pâque du Christ avec Marie et demandons à Marie de nous enseigner au jour le jour l’attitude juste et vraie.

Article Attachments

Est-ce que cet article vous a aidé ?

Articles similaires