La fête de l’Assomption nous amène à prendre de la hauteur par rapport à notre vie quotidienne. Cette année, c’est sous l’angle du service du frère que nous allons essayer d’entrer dans le mystère de l’élévation de Marie en son corps et en son âme à la gloire du ciel. Les textes bibliques d’une infinie densité, que nous donne l’Eglise, nous ouvriront quelques pistes.

Saint Paul nous donne la clé de lecture dans son épître en nous disant : « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. ». En d’autres termes, il nous dit que ce que Dieu a donné à son Fils, il le promet à tous ses enfants. Dans l’Assomption, il fait par avance à Marie le cadeau destiné à tout homme, au dernier jour. Associés au Christ, tous ceux qui le veulent partageront la gloire de la résurrection et entreront dans la maison du Père, où le Christ est parti nous préparer une place. Voilà notre espérance !

Nous voici, apparemment, bien loin des réalités terrestres et donc du service du frère ! Nous ne pouvons rester dans cette impasse et pour cela il va nous falloir entrer dans le chemin d’unification ouvert par Jésus qui a toujours situé sa mission de salut dans des perspectives d’éternité et d’accomplissement. Lui, le Fils de Dieu a vécu toute sa vie sous le regard du Père et dans la recherche de sa volonté, le Père et Lui ne faisaient qu’Un lorsqu’Il guérissait, bénissait, ressuscitait…c’est dans l’Esprit qu’il agissait. Le Royaume de Dieu qu’Il annonçait et qu’Il instaurait était déjà une anticipation de l’Eternité.

En ce jour de l’Assomption, c’est avec Marie, associée étroitement à l’oeuvre du salut que nous entrons dans ces perspectives qui nous concernent tous et qui renouvellent totalement notre regard sur nous-mêmes et sur les autres : le but de toute vie n’est-il pas d’ouvrir progressivement tout ce que nous sommes à la présence vivante de Dieu pour qu’Il puisse faire circuler son amour dans les moindres replis de notre coeur, dans les événements, les rencontres, les joies et les souffrances qui font la trame de nos journées. Nous sommes tous appelés à laisser la vie de Dieu s’incarner en nous : ce qu’Il a fait en Marie il veut le faire en nous et les uns par les autres.

Les textes bibliques de ce jour (1ère lecture et Evangile) expriment ce magnifique mystère à travers l’image de Marie Arche d’Alliance.

Dans l’Apocalypse, texte adressé à des chrétiens persécutés, pour les soutenir dans leurs épreuves, nous assistons au combat entre une femme et un dragon. Cette femme est comme la réapparition de l’Arche d’Alliance, signe de la présence de Dieu au peuple élu dans ses combats, elle est aussi le peuple élu qui engendre le Messie ; ce Messie traverse la mort pour ressusciter et il est enlevé au ciel. Désormais le combat continue dans le désert du monde mais les croyants sont assurés de la protection de Dieu et de la victoire.

Dans l’Evangile, nous contemplons Marie comme la femme victorieuse qui assure à l’humanité la victoire définitive sur le mal puisqu’elle porte en elle le Seigneur lui-même. Elle est la nouvelle arche d’Alliance qui porte le Seigneur. C’est ce qu’exprime Elisabeth en proclamant : « Heureuse celle qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Marie, en croyant à la Parole, lui permet de s’accomplir en elle et ainsi, par elle et en elle, s’opère le salut.

Ces textes nous disent donc que pour nous, chrétiens, le service du frère est participation à la mission du Christ et de sa Mère. Ce service peut nous amener à vivre d’intenses combats contre les forces du mal en nous et autour de nous, mais nous savons que le Seigneur est avec nous et qu’il y aura un terme, qui sera l’accomplissement de ce que nous avons cherché à construire. Que la Vierge Marie, « Arche de l’Alliance nouvelle qui contient la nouvelle Loi, Jésus Christ, notre Seigneur »*, nous accompagne dans tous nos gestes, aussi petits soient-ils, qui construisent dès maintenant la cité future.

*Oraison de la messe de ‘Marie, temple du Seigneur’