La mission de Marie et la notre

Introduction

Toutes nos Joades sont orientées sur la mission, puisque nous sommes d’abord et avant tout missionnaires. Le Père Chaminade a voulu que ce soit en Alliance avec Marie que nous soyons missionnaires.

Mais quel lien y a-t-il entre Marie et la mission ? Marie n’a jamais rien annoncé, elle ne fait même pas partie des femmes qui sont au tombeau et s’empressent d’aller annoncer aux disciples que le Seigneur n’y est plus. Nous ne pouvons donc pas l’imiter à ce niveau là.

Mais alors, qu’est-ce que ça change d’être missionnaires avec Marie ? Cela donne-t-il une coloration particulière à la mission ? Y aurait-il une manière marianiste d’être missionnaire ? Qu’est-ce qui nous distingue des autres ?

Nous allons essayer de donner des pistes autour de ces questions.

Marie créatrice d’une culture chrétienne

Marie de Nazareth

a) Marie est celle qui reçoit le Christ

Saint Paul dit dans l’Epître aux Galates : « Quand est venu l’accomplissement du temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une Femme et assujetti à la loi, pour payer la libération de ceux qui sont assujettis à la loi, pour qu’il nous soit donné d’être fils adoptifs » (Ga 4,4s).

  • Je voudrais mettre en valeur cette idée de l’envoi du Fils par le Père : il nous le confie, nous le donne.
  • En fait il choisit pour cela un intermédiaire auquel il demande son consentement en son nom propre, mais aussi en notre nom à tous. Cet intermédiaire, c’est Marie.
  • Elle est donc celle qui reçoit ce don par l’effet de l’Esprit Saint et selon la volonté du Père
  • Elle en est la première bénéficiaire
  • Rien de ce qu’est Marie n’est gommé dans ce rôle qu’est le sien : Dieu s’adresse à une femme concrète, qui a un caractère, un âge, une famille, une histoire, qui habite un quartier d’un village, et y a des relations, qui parle une langue
  • Dieu va jusqu’à entrer dans ce projet de mariage avec Joseph : il va faire entrer Joseph lui aussi dans le projet et comme faire confirmer par l’un à l’autre leur mission respective

b) De Marie, nous apprenons que Dieu vient nous sauver dans notre humanité

En Jésus, Dieu vient dans l’humanité concrète, c’est-à-dire avec ses souffrances et ses limites.

Il ne gomme pas

  • la souffrance
  • le péché
  • les limites qui nous gênent

Il ne vient pas nous dispenser de tout ce qui fait notre humanité. Il vient la prendre en charge, pour nous sauver. Il ne craint pas d’affronter nos tentations, cela nous est montré plusieurs fois dans l’Evangile (tentations de Jésus ; avec Pierre au bord du lac : « Passe derrière moi, Satan ») Mais il est sans péché, car sa relation à son Père est absolument unique. Lui seul peut aller au bout du don de lui-même. Sa Passion et sa Résurrection nous révèlent en plénitude notre péché et dans le même temps, nous en sauvent, en révélant le don de Dieu.

« Il y a une mystérieuse identité entre ces deux images : celle de la défiguration opérée par le péché et celle de l’amour libérateur qui transfigure cette même défiguration. La première est l’œuvre des hommes, la seconde celle de Dieu. L’excès de l’amour répond à l’excès du péché. Mais aussi la radicalité de l’amour fort comme la mort révèle la radicalité du péché. Le péché est « déicide ». » 

(Documents épiscopat n°6 avril 2001. Conf de B. Sesboüé : Sauvés du péché)

Il ne s’agit pas pour nous de ne plus pécher, mais de nous reconnaître pécheurs : la seule qui n’a pas péché, c’est Marie. Pour nous, c’est impossible, ou c’est une illusion. Nous sommes, mais nous sommes toujours pécheurs, pécheurs réconciliés.

(Documents épiscopat n°6 avril 2001. Conf de B. Sesboüé : Sauvés du péché). Bernard Sesboüé parle de St Augustin : « Il peut alors écrire ses Confessions, qui sont d’abord un chant de louange et de gloire rendues à Dieu et dans ce cadre confesser avec une rare honnêteté tous ses péchés. Ses analyses aussi fines de la conscience pécheresse sont celles d’un cœur converti à Dieu. C’est le sens de Dieu qui permet de rendre compte du péché. Selon une image qui lui est chère le péché met sur nos yeux un bandeau qui nous empêche de le voir. C’est le salut, le pardon qui enlève le bandeau et nous permet de réaliser notre péché. C’est pourquoi aussi tous les saints se présentent comme les plus grands pécheurs. Le pécheur enfermé dans son péché ne se reconnaît pas pécheur. Il n’a ni tué ni volé, comme il dit. Celui qui dit « Je suis pécheur » ne l’est plus, du simple fait qu’il reconnaît sa situation et l’avoue en le désavouant. »

Nous aimerions bien échapper au péché, mais au contraire, plus nous cheminons avec Jésus Christ, plus nous nous savons pécheurs et pécheurs pardonnés. Jésus ne nous dispense pas de notre condition humaine, il la transfigure. C’est cela la Résurrection.

Un Dieu s’est anéanti jusqu’à prendre la forme d’esclave… Et qui choisit-il pour cela ? Une vierge humble. Dans quel moment s’opère ce prodige ? Dans le moment où cette vierge incomparable fait l’acte d’humilité le plus parfait, en s’avouant la servante du Seigneur, quand lui-même l’honore de la qualité de sa mère.

Lettre n°35 du 25/03/1806 à Agathe Diché

c) Marie est celle qui nous donne le Christ

  • Sans elle, selon le projet de Dieu, pas d’Incarnation donc pas de venue du Christ parmi nous : notre sort a été comme suspendu à la disponibilité de Marie (heureusement que Dieu a bien choisi !)
  • Elle n’est pas non plus un instrument passif, un simple canal inerte
  • Au contraire elle collabore par sa volonté, elle désire savoir et comprendre : c’est vrai à l’annonciation (comment cela se fera-t-il), mais aussi dans d’autres scènes de l’Evangile : elle méditait et conservait tout cela en son cœur (Lc 2,19 ; 2,51) ; elle s’étonne aussi (comme aux paroles de Syméon au Temple : Lc 2,33) ; elle interroge ou sollicite son fils (comme à Cana ; ou quand elle le cherche durant sa mission ; …)
  • Donc aucune passivité dans son rôle de nous transmettre son fils : elle pourrait se cantonner à en être disciple, elle prend l’initiative

Donner le Christ, c’est la première mission, la mission primordiale : il n’y en a pas d’autre.

d) La seule mission, c’est de donner le Christ

Donner le Christ, c’est donner ce qui ne nous appartient pas, c’est permettre la rencontre de quelqu’un.

Cela suppose donc de notre part que nous l’ayons rencontré : « l’essentiel, c’est l’intérieur », c’est notre relation intime avec le Christ. Comme Marie, nous devons d’abord l’accueillir, l’accepter dans notre vie. C’est une rencontre qui nous éblouit, nous transforme. Nous prenons conscience d’avoir découvert un trésor, une perle rare. Nous ne sommes pas parfaits pour autant. Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, mais il change notre vie, comme toute rencontre vraie. Alors nous ne pouvons résister au désir de l’annoncer, sans oublier :

  • Que c’est lui-même qui se donne avant tout, et qui nous est donné par le Père. Donc cette rencontre ne nous appartient pas.
  • La foi est don de Dieu. L’Esprit-Saint nous devance dans le cœur de l’homme. Il s’agit moins de donner le Christ, que d’aider à le reconnaître dans l’expérience de chacun.
  • Et Marie est la première à désirer cette rencontre entre le Christ et l’homme. C’est pour cela qu’elle existe. Elle nous accompagne donc toujours dans cette mission.

Cela suppose de notre part une attitude de désappropriation, d’accueil. La mission ne nous appartient pas. Son succès ne dépend pas de nous. Nous ne sommes pas au premier plan, c’est le Christ qui est premier. De notre part, cela sous entend humilité, écoute, accueil.

Mr Laumont vous aura, j’espère, fait voir une belle lettre que j’ai reçue de Mr Chaminade et qui nous marque le but de sa Congrégation : qui est d’être de petites Missionnaires, chacune dans notre état. Je vous avoue que ce terme m’exalte. Allons donc, ma chère amie, regardons-nous destinées à procurer par tous les moyens possibles, la gloire de Dieu et le salut du prochain. Faisons ainsi notre noviciat pour l’état saint que nous désirons embrasser.

Lettre n°250 du 13/10/1814 à Agathe Diché

 

Le véritable secret de la Congrégation est de former des âmes remplies du zèle du salut du prochain et de la gloire de Dieu, qui, chacune dans son état, soient de petites missionnaires parmi leur famille, leurs amies, leurs voisines. Nos Congréganistes ont bien pris cet esprit.

Lettre n°425 du 20/02/1821 à Emilie de Rodat

 

Nous avons renouvelé notre vœu d’enseignement : brûlons maintenant de zèle pour faire connaître Jésus Christ. Soyons prêtes à aller partout pour Le faire aimer, à accepter tous les emplois, à sacrifier notre santé, nos goûts, nos répugnances, notre vie même pour accomplir cet aimable vœu. Soyons de vraies missionnaires. Prions, mortifions-nous, renonçons-nous pour obtenir le salut des âmes.

Lettre n°534 du 18/10/1824 à M. M. du Sacré Cœur Diché

Jésus entre dans une culture : il entre dans celle de sa Mère

a) Jésus vit dans une époque et une culture bien déterminées qui le marquent

Marie nous donne le Christ par ce qu’elle est : elle nous le donne même marqué par ce qu’elle est : il va prendre son accent, son mode de vie, ses habitudes, son vocabulaire, ses tournures de phrases, son rythme de vie … il porte même en lui l’héritage génétique de Marie… il devient à jamais inséparable de ce que lui transmet sa Mère

N’oublions pas – bien-sûr – qu’il va recevoir de Marie (et de Joseph aussi) leur foi, l’héritage de la religion judaïque, avec ses coutumes, ses rituels, ses observances. Quand il va s’en faire l’interprète autorisé, il va le faire de l’intérieur et non de l’extérieur : ce sera la parole du Fils de Dieu – bien-sûr – mais aussi celle du Fils de Marie, du juif observant ayant été à l’école de ses parents pour le vivre au fur et à mesure de sa croissance.

Un signe manifeste en est sa circoncision : signe parfaitement inutile pour le Fils de Dieu : avait-il besoin de manifester aussi concrètement son entrée dans l’alliance lui qui est en communion totale et perpétuelle avec le Père et l’Esprit ? Il n’empêche qu’il s’y soumet et l’assume comme tout juif pratiquant de son temps. Il en est de même pour tous les autres rites de la foi juive.

La mission primordiale qu’accomplit Marie commence donc dans un lieu, un temps et un mode de vie (une culture) données avec ses richesses et ses limites : Jésus ne pourra pas utiliser d’autres mots que ceux qui existent dans sa langue hébraïque et son dialecte araméen ; il ne pourra pas voyager plus vite que ne lui permettent les moyens de son temps ; il n’aura pas d’autres moyens d’annonce que ceux qui sont à la portée d’un galiléen au début de notre ère : il va entrer dans cette condition que lui lèguent Marie et son temps

b) En même temps, il va la dépasser, la dilater de l’intérieur

C’est vrai des pratiques quotidiennes : le simple fait que le Fils de Dieu ait partagé tous les aspects de notre vie quotidienne leur donne un autre sens et en font pour chaque être humain un chemin vers le Père comme lui

C’est vrai aussi parce que son message va être comme un crible par lequel tous les modes de vie de son temps vont passer.

c) C’est dans notre culture que vient le Christ

C’est Marie qui nous apprend que le Christ vient dans notre vie ordinaire. On le rencontre ici et maintenant, et non pas ailleurs et autrement !

Dieu nous rejoint dans le présent (double sens du mot) Il s’agit dons de consentir à une réalité qui bien souvent nous dérange, à l’autre qui nous gêne. C’est cela le Fiat de Marie.

En disant cela, nous sentons combien il est important d’écouter attentivement et avec bienveillance notre monde, tel qu’il est aujourd’hui. C’est pour celui-là que Jésus est venu, pour les hommes de notre temps, là où ils en sont. Se désespérer sur ce qu’est le monde ne l’évangélise pas, ne lui révèle rien ni personne.

Il ne nous est pas demandé de sortir de notre vie pour une démarche spirituelle exaltante, mais de

  • vivre notre vie de famille (bien souvent source de souffrance, notre croix quotidienne, même si elle est source de bonheur)
  • vivre notre vie professionnelle, assumer ses responsabilités (routine, exigence des clients dans bien des métiers, responsabilités de personnes avec tous les conflits qui peuvent en découler…)
  • vivre la jeunesse ou avec la jeunesse et ses questions, ses angoisses, ses épreuves, ses enthousiasmes (être avec eux, les écouter avant de donner des réponses…)
  • vivre la vieillesse, le handicap, la maladie (exemple des sœurs en maison de retraite, vieillissement de la Province : le vivre vraiment…)

Chacun est invité à trouver dans sa propre vie ce à quoi il aimerait peut-être échapper ; c’est sûrement le lieu où Dieu l’attend pour l’habiter avec lui. Pour que notre vie soit habitée par le Christ, il faut d’abord qu’elle soit habitée par nous-mêmes.

Notre principale œuvre est la formation et le soutien des Congrégations. Vous ne sauriez croire le bien que produisent ces Congrégations ! Nous les divisons en plusieurs réunions : les mères de famille et les demoiselles âgées forment une classe ; les jeunes personnes, une seconde ; les filles de service une troisième. Tout cela est bien la même Congrégation, mais nous les réunissons séparément, parce que les instructions doivent être un peu différentes quelquefois.

Lettre n°334 du 21/06/1819 à Emilie de Rodat

Nous n’avons dans nos maisons pas un moment de repos. Toujours en action : de l’oraison au travail ou à l’instruction du prochain. Il faut faire abnégation totale de ses goûts particuliers pour être toute à ses devoirs et imiter la vie de Jésus Christ, notre divin modèle, qui n’est venu sur la terre que pour notre sanctification. Imitons aussi Marie, notre auguste Mère, qui n’a vécu que pour la gloire de son divin Fils.

Lettre n°641 du 4/03/1826 aux novices de Bordeaux

MARIE D’AUJOURD’HUI

a) pour aujourd’hui

En même temps tout nous est donné dans le Christ, mais en même temps, il nous faut encore le faire entrer dans le concret de nos vies
Aujourd’hui encore nous recevons le Christ des mains de Marie : c’est le même geste qui s’accomplit maintenant pour nous.
Nous aussi, nous le recevons tel qu’elle nous l’a donné
Mais nous le recevons aussi tel qu’il se manifeste dans le temps et les conditions où nous nous trouvons.
Comme il l’avait fait en son temps, il est celui vient enrichir et transformer ce qu’est notre époque :
Il en renforce, en nourrit les points forts,
Il en critique les points faibles, il les revisite de l’intérieur
Ses paroles sont en même temps d’il y a 2000 ans et d’aujourd’hui. C’est aujourd’hui qu’il se communique à nous et nous parle.
Il le fait pour nous et par nous.

b) POUR NOUS : il redit son message qui nous invite à nous tourner vers son Père, à nous rendre disponibles aux appels de l’Esprit

  • C’est tout ce qui concerne notre relation à Dieu, notre foi, notre lien intime et personnel avec chacune des personnes de la Trinité
  • Mais c’est aussi comment ma vie va être orientée par cette relation. Beaucoup d’aspects vont en dépendre et en être transformés :
    • Le choix de ma profession, de la manière de l’exercer,
    • Mon sens des autres
    • Ma manière de gérer la création, d’y voir un trésor qui m’est confié et que je dois gérer dans le respect de tous les humains, de ceux qui me suivront
    • ….
    • Beaucoup de textes des évêques, du Concile, du Pape, nous disent où sont ces lieux de rencontre privilégiés entre la Parole et notre temps (Réhabiliter la politique ; le Sida ; Partager le travail ; Le respect de la vie …)

c) PAR NOUS :

  • Cette parole ne sera accessible à d’autres que par la mienne ou par mon action.
  • J’ai à en être à mon tour un bon transmetteur
  • J’ai à être avec le Christ le créateur de cette nouvelle culture qui naît de l’Evangile : faire que les rapports humains dans lesquels je suis en soient marqués positivement.

d) MARIE CONTINUE A MARCHER A NOS COTES

L’expérience du P. Chaminade :

  • Reconstituer une société basée sur l’Evangile.
  • Redonner toute sa place à la foi
  • Faire que les rapports humains soient dictés par notre désir de vivre l’Evangile
  • Peuple de saints avec la Toute sainte…
  • Mettre Marie au cœur de cette entreprise : pas seulement une aide extérieure, mais celle qui rend présente le Christ et lui permettant de rendre sans effets les obstacles qui se présentent (J’ai vaincu le monde : Jn) : Etre le talon de la femme.

Poursuivre cette mission aujourd’hui (bref développement)

e) Le Christ pour aujourd’hui, par nous et pour nous, avec Marie

Nous avons dit que Marie continuait aujourd’hui à nous donner le Christ. De sa part, cela ne fait pas de doute, mais de la nôtre, qu’est-ce que cela suppose ?

  • D’abord, il nous faut connaître Marie. On peut toujours imaginer bien des choses sur elle, on risque même d’en faire une idole, de la mettre à la place de Dieu.
    Le seul moyen de la connaître, c’est d’aller à la source qui nous la fait connaître : l’Evangile. Il nous faut contempler Marie dans les scènes d’Evangile qui parlent d’elle, dans leur grande simplicité, se mettre à l’écoute de ce qu’elle fait, de ce qu’elle dit.
  • Marie nous donne le Christ, nous apprend à la connaître. Alors contemplons le Christ, ses Mystères, sa vie, avec Marie : c’est cela le chapelet, c’est une contemplation du Christ avec Marie, plus encore qu’une prière à Marie.
    Et puis dans la prière en général, dans l’oraison, la méditation, prenons avec nous Marie. Demandons-lui de nous rendre dociles à l’action de l’Esprit-Saint qui seul peut nous éclairer. Là où est Marie, là est l’Esprit car elle s’est laissée complètement transformer par Lui.
  • Nous avons parlé de redonner sa place à la foi : il s’agit de faire foi, c’est-à-dire de faire confiance. Regardons Marie et sa confiance absolue jusqu’au bout. Avec elle nous découvrirons combien nous ne savons pas faire confiance. Alors elle pourra nous aider peu à peu à entrer dans le mouvement de la confiance en Dieu.

Nous sommes appelés à être des hommes et de femmes intérieurs, nourris de l’Evangile ; des gens qui, comme Marie, méditent dans leur cœur les événements de leur vie, pour laisser le Christ les illuminer.

Nous sommes appelés à être des hommes et des femmes de prière, dans l’action comme dans la contemplation, c’est-à-dire, tournés vers Celui qui est la Source de toute vie.

Nous allons entrer dans le mois de Marie, le noviciat se prépare-t-il à le célébrer avec zèle ? Oh ! faites germer et croître cette dévotion dans les cœurs de vos novices ! Marie est notre Mère, c’est en son secours que nous espérons pour le succès des fins de l’Institut ! Nous sommes à Elle. Il faut donc avoir pour Elle un cœur d’enfant, recourir souvent à Elle avec la confiance qu’inspire la plus tendre des Mères. La dévotion à Marie est une marque de prédestination… quel motif pour nous y exciter !… D’ailleurs, nous ne pouvons plaire à notre céleste Epoux qu’en aimant sa Mère qu’Il aime tant et qu’Il a rendue la Dispensatrice de ses grâces.

Lettre n°574 du 29/04/1825 à Mère Louis de Gonzague

Marie ferment de communauté

Aussi loin que remonte l’expérience des chrétiens, là où est Marie l’Eglise est renforcée, le peuple se constitue, trouve plus d’enthousiasme, d’énergie. Met le Christ au centre et se place sous la conduite de l’Esprit Saint…

a) L’expérience des Actes

b) Le Père Chaminade : en Eglise sous l’influence de Marie : un petit peuple qui est image de l’Eglise. Peuple de saints. Peuple de témoins.
Un peuple pour croire : lieu d’émulation
lieu de témoignage que l’évangile peut encore être vécu
Un peuple qui ne meure pas :

  • Stabilité
  • Le soutien des consacrés

c) Notre expérience :

  • Les pèlerinages marials : lieu de vie de l’Eglise, lieux de glorification du Christ, lieu d’attention à l’Esprit
  • Témoins d’une alliance avec Marie : de grands missionnaires (St Bernard, Louis Grignon de Montfort, Maximilien Kolbe, JP II, …)

d) Que lui demander aujourd’hui ?

  • Lutte contre l’indifférence religieuse : des communautés de foi, attachées au Christ, à sa Parole (faites tout ce qu’il vous dira)
    • disponibles à l’Esprit : unifie et distingue les dons, une cté où chacun sait avoir sa place et son rôle pour son bien et au service de tous
  • Lutte contre l’individualisme social ou chrétien : des communautés d’entraide et de solidarité, de service à la suite de la Servante du Seigneur
  • Un peuple de saints et de témoins : courageux et fidèles, sans ostentation : « ce que nous sommes a plus de poids que ce que nous disons… »
  • Faites tout ce qu’il vous dira :
    • Parole
    • Esprit
    • Louange (le culte nouveau)
  • Entrer dans une alliance stable ! (stabilité dans la mission, dans la consécration…)

e) Une communauté bien concrète animée à la manière de Marie

A cause de Marie, la manière d’être missionnaire pour un marianiste est de créer des communautés et de les animer.

  • Inviter, dire aux gens qu’une communauté les attend, où ils peuvent vivre leur vie de foi et la nourrir
  • Assurer un accompagnement, une présence maternelle et attentive aux gens inspirée par l’attitude de Marie.
  • qui laisse l’autre devenir lui-même
  • qui ne prend pas pour soi (Jésus retrouvé au Temple : dans notre vie, c’est la même chose : l’autre nous échappe toujours)
  • qui aide à grandir
  • qui met en valeur et aide à découvrir les dons de l’autre : à Cana, Marie intervient et s’efface aussitôt pour laisser son Fils se révéler)
  • qui accepte de ne pas toujours comprendre ce qui se passe
  • Savoir faire la fête ensemble
  • Communautés ouvertes sur le monde car pétries de l’Evangile ; missionnaires rien que par leur existence : « voyez comme ils s’aiment ! » : les grands discours ne sont pas nécessaires.

Dites, dites, ma chère sœur, à ces chères néophytes, combien elles nous sont chères, et que, quoique éloignées, je sens qu’elles sont nos sœurs chéries. Il y a un talisman dans la Congrégation, qui unit les cœurs, et ce talisman c’est l’amour de Jésus et de Marie, le zèle de leur gloire. (…)

Je veux que nos chères sœurs n’aillent au Ciel que bien accompagnées d’un grand nombre d’âmes qu’elles auront gagnées au bon Dieu. N’oublions pas qu’une Congréganiste doit être, par son zèle (prudent et borné à son état) une petite apôtre brûlante de charité.

Lettre n°324 du 24/02/1818 à Mélanie Figarol

Conclusion

On l’a senti dans tout ce qui vient d’être dit, être missionnaire de Marie, ce n’est pas forcément parler toujours de Marie. C’est annoncer Jésus Christ avec elle, car elle n’est là que pour cela. Toute sa vie est relative à son Fils. Il s’agit donc d’avoir une attitude qui s’inspire de celle de Marie, qui la rappelle, d’une certaine manière qui révèle Marie.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas parler de Marie : c’est plus que jamais nécessaire : en parler à ceux qui n’en ont jamais entendu parler, en parler à ceux qui en parlent trop et à tort et à travers, en la déformant : une Marie mièvre, toute soumise à Dieu, sans personnalité, ou une Marie toute-puissante qui prend la place de Dieu. C’est notre mission d’en parler avec justesse, comme faisant partie de la Révélation de Jésus Christ, en fidélité à l’Evangile : nous avons le devoir de connaître toujours mieux l’Evangile quand il parle de marie, de l’avoir médité, d’y avoir réfléchi en ayant recours à des exégètes sérieux. Ainsi nous pourrons la faire vraiment connaître, aimer et servir pour ramener les hommes à son Fils.

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