Les sœurs marianistes et la vie communautaire

En communauté pour la mission : Les sœurs marianistes et la vie communautaire

Pour quiconque veut découvrir la place de la vie communautaire chez les sœurs marianistes, deux pistes sont possibles : aller voir du côté des écrits (ce que nous appelons notre Règle de vie) et regarder vivre les personnes. Ou mieux encore partager la vie d’une communauté, ne serait-ce que quelques jours!

Je vous invite donc à feuilleter avec moi la Règle de vie des sœurs marianistes ( une fois n’est pas coutume !) et à voir l’importance qu’elle donne à la vie communautaire. Autant le dire dès le départ : munies de cette boussole qu’est la Règle de vie, nous sommes en chemin, un chemin qui comporte obstacles, avancées, peines et joies et qui n’est pas si éloigné qu’on pourrait le penser du chemin d’un chrétien désireux de vivre selon l’Evangile.

Dès le premier chapitre, la Règle de vie fait référence à la première communauté de Jérusalem : « Rassemblées dans des communautés animées par la foi, nous cherchons à vivre l’idéal de la première communauté de Jérusalem, visant à ne former qu’un cœur et qu’une âme et à témoigner qu’aujourd’hui comme dans la primitive Eglise il est possible de vivre les exigences de l’Evangile. »

La référence à la première communauté de Jérusalem nous vient du Père Chaminade lui-même. Le 15 février 1826, il écrit : « L’esprit principal de la Société de Marie est de présenter au monde le spectacle d’un peuple de saints et de prouver par le fait qu’aujourd’hui comme à la primitive Eglise, l’Evangile peut être pratiqué dans toute sa rigueur de l’esprit et de la lettre » (lettre au Père Nouailles)

Le chapitre VI est entièrement consacré à la vie de communauté : il en donne la source véritable et théologique : « Le Christ venu partager notre vie nous a révélé le mystère de Dieu Trinité, mystère d e communion dans le don mutuel » et il en donne le but, la perspective : « C’est le Seigneur qui nous rassemble pour vivre une même vocation. Au milieu d’un monde divisé par la haine et le péché notre communauté dévoile que c’est le Christ qui fait notre communion et nous aide à vivre dans la joie et l’amour. Notre vie fraternelle, signe de sa présence prépare ainsi l’avènement du monde nouveau. »

C’est le Christ qui nous rassemble : voilà assurément une première vérité à ne pas oublier. En effet, nous ne nous sommes pas choisies, et la vie quotidienne nous fait expérimenter nos différences de culture, de sensibilité, d’éducation, d’opinion. Cela peut nous amener à livrer un véritable combat qui n’est possible qu’en gardant les yeux fixés sur le Christ.

« Le Seigneur nous redit que lui seul est notre force et notre paix et que par le pardon reçu et donné, c’est lui qui recrée chaque jour la communauté. »

Nous nous savons en communion avec ceux et celles qui vivent leur propre vocation dans le mariage et connaissent, eux aussi, les ajustements et les renoncements nécessaires pour vivre dans l’amour. Nous sommes en communion avec tous ceux et celles qui cherchent à aimer en vérité, dans leurs relations familiales, professionnelles ou de voisinage, et plus largement avec ceux qui à travers le monde et jusque dans nos quartiers cherchent à construire un monde fraternel. Dans la prière communautaire qui nous rassemble chaque jour, ce monde est bien présent avec ses appels, ses souffrances, son espérance.

« Marie, nous dit notre Règle de vie, est présente à la communauté , elle y exerce son rôle de mère, nous rendant disponibles à l’Esprit Saint et nous préparant à être les témoins de la Bonne nouvelle. » Chaque matin, en renouvelant ensemble notre consécration-alliance avec elle, nous ravivons notre conscience de lui appartenir, d’être de sa famille.

Peut-être ne sommes-nous pas toujours attentives à cette présence maternelle qui, très discrètement, nous modèle à la ressemblance de Jésus, si nous y consentons.. Dans la prière personnelle silencieuse, à laquelle chacune de nous consacre du temps, nous expérimentons le soutien de nos sœurs qui poursuivent dans le secret leur propre recherche de Dieu.

« Votre communauté sera tout composée de religieuses missionnaires » (lettre du Père Chaminade à Adèle d e Trenquelleon, le 3 octobre 1815.) La vie communautaire est intimement liée à la dimension missionnaire de notre vie : « C’est comme communauté que nous coopérons à l’évangélisation. Chaque communauté est une mission permanente qui agit et évangélise à travers la diversité des dons et des fonctions de chacune… Dans l’accomplissement de la mission, chacune se souvient qu’elle est apôtre plus par ce qu’elle est que par ce qu’elle fait et que la communauté évangélise dans la mesure où elle-même se laisse évangéliser. » (Règle de vie, chapitre VIII)

La vie communautaire enracinée dans la foi, nourrie par la prière et par le partage fraternel est appelée à témoigner de celui qui nous rassemble : il me semble que c’est d’abord par cela qu’elle est missionnaire, elle dit qu’il est possible de vivre dans un monde réconcilié, elle témoigne de la puissance de la force de Dieu dans des vies humaines toutes simples. Elle est aussi un tremplin, une ‘base de départ et de ressourcement’ où chacune peut puiser pour aller vers ceux auxquels elle est envoyée.

Notre dernier chapitre général  nous l’a redit :

« Nous ressentons l’appel à être des communautés ouvertes et accueillantes pour permettre aux personnes que nous côtoyons de partager notre expérience de prière et de vie. Notre vocation marianiste, vécue en profondeur, pourra donner à d’autres le goût de s’engager sur un tel chemin. C’est l’heure de travailler avec courage au renouvellement permanent de notre vie fraternelle. »

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