La vie fraternelle en perspective marianiste

La vie fraternelle en perspective marianiste

Ct aider ceux qui ont vécu jusqu’alors dans l’individualisme, à développer l’esprit de groupe, le sens de la communauté ?

La vie fraternelle en perspective marianiste (je m’inspire pour cet aspect ce que dit Lorenzo Amigo dans ‘formas de vida cristiana del carisma marianista’)

C’est dans notre vie fraternelle que va se vérifier l’authenticité de notre façon de vivre. Dieu nous donne les frères (sœurs) qu’Il veut. Il n’y a pas de vie chrétienne sans communion fraternelle, mais il n’y a pas de vie fraternelle sans vie de communauté.

La communion suppose un échange de dons : le don que tu as m’appartient et le mien est tien. La communion va naître de l’acceptation mutuelle avec les dons et les limites de chacun.

Les jeunes aujourd’hui ont peu l’habitude de vivre avec d’autres. Il va falloir s’habituer à la vie en groupe. De manière progressive, la relation va s’établir avec le formateur puis avec une ou deux personnes de la cté. Et il faudra aller plus loin.

La vie fraternelle est le grand témoignage que nous pouvons offrir aujourd’hui. Dans un monde aux nationalismes exacerbés, une communauté internationale peut être une alternative.

La communauté pour nos Fondateurs est communauté de foi où chacun vit l’alliance avec Marie

Il y a différents modèles de communautés évangéliques, comme de communautés religieuses. Pour nos Fondateurs, la communion s’entend à partir de l’image de la famille, une famille qui tire son origine de la famille du Dieu Trinité et de l’Eglise, famille de Dieu, particulièrement de l’église de Jérusalem où Marie est présente.

Le chapitre de la Règle de Vie des Sœurs sur la vie de communauté commence ainsi

« Le Christ, venu partager notre vie, nous a révélé le mystère de Dieu Trinité, mystère de communion dans le don mutuel et le respect des personnes… I .39 et un peu plus loin on peut lire : « De même que Marie est présente à l’Eglise naissante qui vit de l’Esprit, elle est présente à la communauté. C’est là qu’elle exerce son rôle de Mère, nous rendant disponibles à l’Esprit Saint et nous préparant à être les témoins de la Bonne Nouvelle ». I. 41

Nos communautés sont donc des communautés de foi : en Jésus chacun reconnaît dans les autres des frères, des soeurs, enfants de Marie tous en chemin avec tout le peuple de Dieu. Au sein de la communauté se vit l’alliance avec Marie. Elle exerce là son rôle de Mère, façonnant chacun, par les autres, à la ressemblance de son Fils premier-né et nous associant à sa mission maternelle à l’égard des membres de la communauté comme à l’égard de ceux que la mission nous confie.

Cela suppose de vivre de la foi, une foi personnelle et communautaire, une foi qui se partage. Une foi qui s’approfondit à la lumière de l’Evangile et de la Parole. C’est en communauté que se vit la foi, une foi qui discerne, se nourrit et se célèbre. La foi se vit dans la liturgie, la prière personnelle et communautaire.

La communauté est à la fois un don et une tâche, une vocation et une option de vie. La communauté nous est donnée, à nous de la faire vivre de sorte que tous parviennent à devenir frères, sœurs dans cette communauté où ils (elles) ont été appelés à vivre pour répondre à la mission.

Les relations interpersonnelles se situent dans une communauté qui est sacrement de la présence du Seigneur et épiphanie de la foi et de l’amour des membres. La foi nous rend capables de dialogue, de pardon, de réconciliation, de service et d’amour pour vivre l’engagement communautaire de façon authentique. La communauté peut devenir alors source de joie car on y fait l’expérience de la présence de Dieu et des manifestations de son amour.

Le Père Chaminade comme Adèle aimait cette image de la famille, la famille de Marie. La communauté toutefois n’est pas la famille humaine. Et plus il y aura de différences plus pourra transparaître la communion. Au sein de la trinité chacune des personnes est différente.

Celui qui s’approche de la communauté a le droit de rencontrer Dieu et de trouver des personnes qui le mettront sur le chemin de la rencontre personnelle avec le Seigneur. (C’est bien ce que le jeune en formation vient chercher) .

La communauté marianiste s’inspire de l’exemple de la communauté de Jérusalem où Marie était présente. Cette communauté s’ouvre au salut offert par Jésus Christ. Elle cherche à être fidèle aux enseignements de l’Eglise, mise en commun des biens, fidélité à la prière et au partage du pain (de l’Eucharistie), elle cherche à revêtir les traits caractéristiques de Marie : foi, humilité, accueil, refus des puissants, proximité des pauvres et de leurs besoins, partage des souffrances et des joies de tous les hommes… La communauté devient en quelque sorte le sein de la tendresse de Marie où elle nous éduque comme elle a éduqué Jésus et nous envoie à la mission, faisant de nous ses intendants.

La communauté est aussi communauté de vie

« Faire un cœur, une âme » : tel est le souhait souvent exprimé et de Chaminade et d’Adèle. Cela vaut pour les CLM, cela vaut a fortiori pour la communauté religieuse.

Il s’agit de développer les relations inter-personnelles : acceptation de soi, acceptation des autres, soutien du frère (de la sœur), dépassement des tensions à travers la réconciliation. Tout ceci est extrêmement important pour ceux qui viennent frapper à nos portes. Ils ne sont généralement pas préparés à cela.

Il s’agit d’accueillir les dons des autres, de s’en réjouir, d’aider à ce qu’ils développent. Il s’agit aussi d’accueillir mes propres dons et de les mettre au service de la communauté et de la mission.

Tout cela suppose une réelle ascèse : place de la méthode des vertus.

Toute communauté a besoin de structures, d’espaces, de temps, de services, d’autorité. La vie en communauté suppose l’intérêt et la participation des tous les membres, le respect des différences, des besoins fondamentaux, des besoins de l’âge et de la maladie. Il s’agit d’une communion dans la diversité.

Ce qui est au cœur de la communauté c’est le fait que tous s’en sentent responsables et instaurent à cette fin le dialogue. Mais le dialogue n’est possible que si nous sommes convaincus que personne ne détient la vérité mais que tous en détiennent une parcelle et qu’ensemble nous nous acheminons vers la vérité tout entière.

Cela suppose que les autres aient quelque chose à dire sur ma vie, souhaiter qu’ils me le disent et ne pas chercher à imposer aux autres mes points de vue ni ma façon d’agir. Ce n’est pas facile. Parfois éclateront des conflits : il ne faut pas en avoir peur mais les aborder avec réalisme. C’est là qu’il faudrait imaginer une nouvelle façon de faire la correction fraternelle.

La communauté n’est pas une entité repliée sur elle mais elle est en interaction et en dialogue avec le milieu . Il faudrait poursuivre le chemin commencé après Vatican II : que nos communautés s’ouvrent à l’accueil, au partage de la foi, de la prière, à l’amitié.

Dans repartir du Christ on peut lire ceci au sujet de la spiritualité de communion (c’est bien celle qui doit être au cœur de nos communautés) écrit :

« Jean-Paul II enseigne: «Une spiritualité de la communion consiste avant tout en un regard du cœur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés». Et également: «Une spiritualité de la communion, cela veut dire la capacité d’être attentif, dans l’unité profonde du Corps mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme “l’un des nôtres”».

De ce principe dérivent avec une logique implacable plusieurs conséquences de la façon de sentir et d’agir: partager les joies et les souffrances des frères; deviner leurs désirs et prendre soin de leurs besoins; leur offrir une amitié véritable et profonde. La spiritualité de la communion est également la capacité de voir surtout ce qu’il y a de positif dans l’autre, pour l’accueillir et le valoriser comme un don de Dieu; c’est savoir donner une place à son frère, en portant ensemble les fardeaux les uns des autres. Sans ce cheminement spirituel, les moyens extérieurs de la communion serviraient à bien peu de chose.

La spiritualité de communion se présente comme l’atmosphère spirituelle de l’Église au début du troisième millénaire, tâche active et exemplaire de la vie consacrée à tous les niveaux. Il s’agit de la voie royale d’un avenir de vie et de témoignage. La sainteté et la mission passent par la communauté, parce que le Christ se fait présent en elle et à travers elle. Notre frère et notre sœur deviennent sacrement du Christ et de la rencontre avec Dieu, la possibilité concrète et, plus encore, la nécessité incontournable afin de pouvoir vivre le commandement de l’amour réciproque et donc la communion trinitaire.

Ces dernières années, les communautés et les divers types de fraternités de personnes consacrées ont toujours été davantage entendus comme des lieux de communion, où les relations apparaissent moins formelles et où l’accueil et la compréhension mutuelle sont facilités. On redécouvre également la valeur divine et humaine du fait d’être ensemble gratuitement, en tant que disciples, hommes et femmes, autour du Christ Maître, en toute amitié et en partageant aussi les moments de détente et de loisirs.

On remarque, en outre, une communion plus intense entre les diverses communautés au sein des Instituts. Les communautés multiculturelles et internationales, appelées à « entretenir le sens de la communion entre les peuples, les races, les cultures», sont déjà une réalité positive dans bien des cas, où l’on fait l’expérience de la connaissance, du respect, de l’estime, de l’enrichissement mutuels. Elles se révèlent comme des lieux d’entraînement pour l’intégration et l’inculturation, et elles constituent en même temps un témoignage de l’universalité du message chrétien. » n° 29

La communauté marianiste est en mission permanente

La communauté est en mission permanente et chaque membre de la communauté est missionnaire. (Rappelons-nous ce que disait Adèle : ce terme « m’exalte »).

A la Pentecôte, Marie a aidé la primitive église à sortir de son « ghetto », de sa peur, à accueillir la nouveauté de l’Esprit et à retrouver la confiance et l’audace. La communauté n’est pas une fin en soi. La communauté est le premier lieu où s’exerce la mission : à l’égard les uns des autres mais aussi à l’égard de ceux du dehors. Il est clair que l’expérience vécue au sein de la communauté prépare à ce qui sera à vivre à l’extérieur.

La prière nous ouvre à l’action de Dieu et nous fait percevoir les besoins des autres.

La formation nous aide à approfondir la compréhension de l’amour de Dieu pour les hommes et le besoin de salut.

La vie communautaire est en elle-même évangélisatrice car elle rend présent l’amour de Dieu dans le monde et offre une image du royaume de Dieu dans lequel tous les hommes sont frères.

La vie de communauté nous stimule à nous engager au service des besoins du monde. Avec Marie du Magnificat et de Pentecôte, nous nous engageons au service des pauvres, des marginalisés, nous travaillons pour la justice et la paix, la défense des droits de l’homme, la promotion humaine en particulier (pour nous les Sœurs) de la femme, le respect de la création. Il est clair que nous nous engageons aussi au service des jeunes.

La communauté marianiste en croissance continuelle

Du fait que la communauté tend à grandir dans l’amour de Dieu et des frères (sœurs), elle devient dans le même temps un lieu de croissance humaine. C’est l’Esprit qui construit la communauté lorsque chacun, fidèle à l’Esprit, apporte son don à l’édification du Corps du Seigneur.

Pour progresser ainsi, le Père Amigo propose de mettre en œuvre le discernement communautaire dont nous n’avons pas beaucoup l’expérience.

Dans le monde actuel, au moment de prendre des décisions, on fait de plus en plus appel à des processus participatifs, démocratiques. On peut pas avoir recours, dans la vie de communauté, au référendum, aux élections… Mais il n’en reste pas moins que tous ont à être impliqués dans la recherche de la volonté de Dieu, sous la conduite du supérieure, cherchant à clarifier les motivations profondes qui nous poussent à agir. La seule motivation valable est celle de la recherche de la volonté de Dieu, peu importe ce que cela demandera de notre part.

Pour évangéliser, la communauté doit se laisser constamment évangéliser, ce qui suppose de vivre dans un climat d’écoute de la parole, de partage de la foi et de réflexion. Un moyen propre à la croissance de la communauté est l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation du projet communautaire.

La communauté doit être en formation permanente à travers la formation de chacun de ses membres comme le propose le nouveau guide de formation tant de la SM que des FMI.

La communauté marianiste et le service de l’autorité

L’autorité est au service de la communion et de la communauté. Le supérieure de la communauté a pour mission de rendre présent le Seigneur au milieu de ses frères. S’il exerce vraiment son autorité de façon charismatique selon les Constitutions, alors il permet de discerner la volonté de Dieu, surtout à travers le discernement communautaire.

L’autorité est au service de la croissance spirituelle des membres de la communauté, et de l’accomplissement de leur mission. Il accompagne chacun dans la recherche de la volonté de Dieu et du bien commun, il aide à développer l’esprit marianiste. C’est à lui de prendre les décisions qui aident à vivre du charisme.

On est passé d’une autorité qui commandait, donnait des ordres, à une autorité d’animation. L’animation suppose de faire appel aux motivations de foi, de fidélité, à l’évaluation, au recours à la prière, de commencer par l’exemple à donner …

Voilà les traits de la communauté marianiste. Nos communautés doivent devenir des communautés de formation car nous avons à être en formation permanente. Il est important de nous rappeler au départ que nous n’aurons jamais une communauté idéale.

Ce qui importe c’est que les membres de la communauté

  • soient imprégnés de bonne volonté,
  • prennent au sérieux le projet communautaire,
  • cherchent à vivre la mission confiée avec joie et dans la paix, dans la confiance au moment des difficultés,
  • aiment ce qu’ils font, la vie qu’ils ont choisie,
  • fassent passer le bien commun avant le bien individuel,
  • cherchent malgré leurs différences et leurs défauts de caractère, à se situer par rapport à un projet de conversion personnelle, s’engagent sur les chemins de la sainteté comme le souhaitaient tant nos Fondateurs.

Cela vaut aussi pour les communautés qui accueillent des postulantes, des novices en stage, des jeunes professes. La personne qui accompagne joue un rôle important mais il n’est que partiel, c’est la communauté qui est formatrice.

Chacun de ses membres devient le modèle des personnes en formation. C’est une grande responsabilité.

Lorsque les membres de la communauté prennent conscience de leur responsabilité de formation, alors ils sont plus attentifs à gérer leur comportement personnel. On exerce une influence les uns sur les autres.

Il n’est pas nécessaire d’être des saints, mais il faut sentir que les membres veulent le devenir, non à la force du poignet mais en se laissant convertir par l’Esprit Saint et en se confiant à Marie. Le Père Chaminade voulait que nous donnions le spectacle d’un peuple de saints et Adèle ne se lassait pas d’inviter ses sœurs à devenir des saintes, leur rappelant ce que le Père Chaminade avait dit au cours d’une retraite qu’avec un petit nombre de saintes on ferait beaucoup et fort peu avec un grand nombre de religieuses médiocres.

Qu’il est bon et qu’il sert à la formation le climat de la communauté qui suscite l’émulation, le don de soi, le service mutuel, l’encouragement, l’ouverture à la mission… le climat qui invite à s’aventurer, en toute confiance et simplicité, sur les chemins de la sainteté, en alliance avec Marie !

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