Nos Fondateurs et la communauté missionnaire

Au retour de l’exil à Saragosse, après ce long temps de désert qui lui a donné de prier, de réfléchir, de penser aux moyens de rechristianiser la France, le P. Chaminade aime à répéter «qu’un chrétien isolé est un chrétien en danger». Il est persuadé que les chrétiens ont besoin de se regrouper pour vivre et témoigner de leur foi. C’est là toute la raison d’être de la Congrégation. Les membres se retrouvent régulièrement pour approfondir leur foi, se soutenir, envisager les multiples façons de servir la mission et cela en faisant alliance avec Marie, la Femme de foi, la Mère qui transmet la Vie.

Adèle, pour sa part, fait cette même expérience de l’isolement et de la déchristianisation c’est pourquoi, au lendemain de sa confirmation, elle se met à écrire à son amie Jeanne Diché. Confirmées toutes deux, en février 1803, elles veulent, par cette correspondance, se soutenir dans leur vie de foi, leur amour du Christ et laisser l’Esprit reçu à la confirmation agir en elles à sa guise. Jeanne et Adèle développent une solide amitié profondément enracinée dans l’amour de la Trinité.

Durant l’été 1804, Jeanne vient passer quelques jours à Trenquelléon. Discutant, avec le précepteur du frère d’Adèle, de la misère des campagnes, de la difficulté à vivre sa foi, les deux amies décident de mettre en œuvre la suggestion qu’il leur fait de former une « Petite Société » pour s’aider à vivre selon l’Evangile. Aussitôt, elles s’ingénient à proposer à des jeunes filles, des mères de famille, de rallier leur association. Toutefois, Jeanne se marie l’année suivante, c’est alors Adèle (elle a 16 ans) qui, chaque semaine, envoie une lettre qui, commentant l’Evangile, une lecture, anime, encourage, soutient la foi, l’amour, le dynamisme missionnaire des associées. Elles veulent « former un cœur, une âme » pour s’encourager à répondre aux besoins de la mission.

A l’automne de l’année 1808 – les associées sont alors plus de soixante – Adèle entre en correspondance avec le P. Chaminade. Découvrant la consécration à Marie que font les Congréganistes de Bordeaux, elle agrège la «Petite Société» à la Congrégation de Bordeaux. Elle fait la consécration à Marie et engage ses amies à faire de même.

Peu à peu, au sein de la « Petite Société » à l’instigation d’Adèle, on parle de vie religieuse. Ces jeunes femmes veulent se donner à temps plein à l’évangélisation des campagnes si démunies. Ensemble, elles commencent à échafauder un « cher projet » dont elles parlent longuement à Lompian en juin 1814. Elles veulent se retrouver en communauté pour vivre leur consécration à Jésus Christ et être de petits apôtres.

Au lendemain de cette rencontre décisive, Adèle écrit au P.Chaminade lui faisant part de leur dessein de se consacrer au Seigneur en communauté afin de mieux servir la mission.

Dans un premier temps, le P. Chaminade leur propose « l’Etat religieux dans le monde » dans lequel sont engagées des congréganistes ferventes, chargées de diriger, d’accompagner les autres membres de la Congrégation. Cela ne doit pas correspondre car il semble bien qu’Adèle, tout en faisant pleinement confiance au P. Chaminade, réitère sa demande. D’un côté comme de l’autre, on invoque l’Esprit Saint.

Attentif à ce qui se passe et ne cherchant que la volonté de Dieu, attentif, en un mot, à l’Esprit Saint, le P. Chaminade discerne que « l’Etat » ne correspond pas à ce que l’Esprit inspire à Adèle et à ses compagnes. Alors, toujours dans son souci de fidélité à Dieu, il incite Adèle à préciser sa pensée: elle et ses compagnes veulent-elles être des missionnaires?

C’est exactement ce à quoi elles aspirent : en communauté pour la mission. « M. Laumont vous aura, j’espère, fait voir une belle lettre que j’ai reçue de M. Chaminade et qui nous marque le but de sa Congrégation: qui est d’être de petites missionnaires, chacune dans notre état. Je vous avoue que ce terme m’exalte. »

Le « missionnaire apostolique » perçoit alors que, loin de priver la Congrégation de ses membres les plus dynamiques, la communauté souhaitée par Adèle et ses compagnes, peut être de grande utilité pour la mission. Il écrit ainsi à Adèle : « Votre Communauté sera toute composée de religieuses missionnaires. » Les deux inspirations se sont rejointes et le P. Chaminade conçoit l’Institut de Marie comme cet « homme qui ne meurt pas », chargé d’accompagner dans la durée la Congrégation.

Merci, Seigneur, pour le don de
Guillaume-Joseph Chaminade et
d’Adèle de Batz de Trenquelléon à l’Eglise.
Merci, parce que, par eux,
tu nous as offert aussi
la Famille Marianiste, source de vie
et d’enthousiasme, lieu de liberté,
de miséricorde et de créativité.
A leur suite,
tu nous invites à vivre de la foi.
Avec eux, tu nous invites
à faire communauté.
Comme eux, sous la mouvance de l’Esprit,
tu nous invites à dire « oui »
à l’imprévu de Dieu et à nous engager
de façon renouvelée sur le chemin de la mission,
sous la conduite de Marie,
dans le monde de ce temps.
Merci, Seigneur, pour nos Fondateurs.

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