Marie, vierge, épouse et mère à la lumière de l’enseignement d’Adèle

La sainte Vierge

D’Adèle nous avons ses 707 lettres et ses petits catéchismes sur les silences. Nous n’avons ni notes de retraites, de conférences… A travers ses lettres (elle n’a pas encore 16 ans lors de la première) elle communique ce qu’elle vit avec le Seigneur, et elle va stimuler ses amies puis ses Sœurs à vivre une relation toujours plus vraie, plus aimante.

Dès les premières lettres, on découvre qu’Adèle entretient une relation vivante avec Marie. Elle aime la contempler dans les scènes de l’Assomption et de l’Annonciation. Toutefois lorsqu’elle recevra le Manuel du Serviteur de Marie en 1808, elle aura alors 19 ans, elle découvrira avec bonheur l’enseignement du Père Chaminade, en particulier la consécration, et son amour pour Marie va s’approfondir et mûrir.

Avant de connaître l’enseignement du P. Chaminade, elle aime voir en Marie la Sainte vierge, dont elle veut imiter les vertus qui lui semblent les plus nécessaires à sa vie spirituelle : l’obéissance, l’humilité, la douceur, la patience et la maîtrise de soi. (Lettres 17.35.53) : Adèle a dû lutter toute sa vie contre un tempérament vif. De la Vierge, Adèle imite très spécialement la pureté et l’amour de Dieu.

La première deviendra chasteté virginale qui s’épanouira dans la consécration d’elle-même à son céleste Epoux comme elle aime à appeler Jésus, quant à l’amour de Dieu, c’est le lien unique de la Société.

Elle revient sans cesse à l’amour de Dieu comme au but ultime de sa vie et de celle de ses associées. « L’amour de Dieu a surtout brillé dans cette vierge incomparable. A son exemple, aimons toujours Dieu avec une nouvelle ardeur et souvenons-nous que l’amour ayant été la cause de son triomphe, sera aussi celui du nôtre, si nous aimons véritablement, sincèrement et de tout notre cœur. » 17.6 (Adèle a 16 ans – méditation sur l’Assomption) cf. 15.3

Elle invite à recourir souvent à la Reine des vierges qui est aussi une humble servante ce qui conduit Adèle à engager ainsi ses amies : « Reconnaissons-nous toujours des serviteurs inutiles. Ne nous glorifions jamais de rien, reconnaissant en toute vérité que Dieu est l’auteur de tout bien. » 17.4

Adèle vit sa vie spirituelle dans l’intimité avec la Sainte Vierge. Dans les moments de souffrance, elle prend l’habitude de contempler Marie au Calvaire et de s’unir à Elle.

Elle prie le Sub Tuum, le chapelet quotidien. Elle donne des rendez-vous spirituels comme au Calvaire, (cela lui vient du Carmel) à 3 heures de l’après-midi. Elle le transmettra au P. Chaminade qui lui donnera une dimension plus mariale.

La Sainte Vierge est la protectrice de la Petite Société et par le fait de leur appartenance à la Société, les membres deviennent les enfants particulières de Marie qui est puissante auprès de son Fils. Cette appartenance est une mise sous la protection de Marie (cf le Sub Tuum), protection qui est encore marquée par le port du scapulaire (dévotion carmélitaine).

Porter l’habit de la Sainte Vierge c’est indiquer qu’on lui appartient et qu’elle peut exercer envers la personne son rôle de mère.

Marie est la vierge humble, pure, obéissante, qui sait qu’elle a tout reçu de Dieu, qui a dit oui au dessein d’amour du Père et s’est mise à son service, celle qui répond à l’amour par l’amour. « Voici la fête de l’Assomption qui approche, où la Sainte Vierge mourut d’amour. » 15.3

Marie est aussi la mère qui protège la petite Société dont les membres sont ses enfants particulières.

Voilà ce qui est à la base de la relation d’Adèle à l’égard de Marie avant de découvrir le « Manuel du Serviteur de Marie ».

Marie, la Mère

A l’automne 1808, la veille de la Présentation de Marie, Adèle, après un long temps d’hésitation marqué par la prière, le recours aux conseils de prêtres, prend la décision « de dire positivement non » à un mariage qui lui est proposé. Et peu après elle reçoit une lettre du P. Chaminade et le Manuel du Serviteur de Marie.

Le P. Chaminade terminait sa lettre en écrivant : « Oh ! si je pouvais bien vous faire sentir le bonheur qu’il y a d’appartenir d’une manière spéciale à la Mère de Dieu ! Nous nous glorifions ici du titre d’enfants de Marie : nous croyons composer sa famille privilégiée. » ( lettre P. Ch 31)

Il convient de souligner :

  • Bonheur d’appartenir de façon spéciale à la Mère de Dieu,
  • Se glorifier du titre d’enfant de Marie,
  • Composer sa famille privilégiée.

Adèle commence à lire « le Manuel du Serviteur de Marie », elle qui est d’un tempérament enthousiaste s’émerveille et en janvier, elle écrit à Agathe : « Nous avons donc le bonheur d’être ses enfants, membres de sa famille privilégiée. Oh ! confions-nous donc à cette tendre mère, elle est le refuge des pécheurs. » (90.2)

Très vite Adèle découvre la profondeur de la consécration à Marie que propose le Père Chaminade aux membres de la Congrégation. Elle se réjouit et engage ses correspondantes à se donner à Marie « par la consécration qui est dans le Manuel du Serviteur de Marie ».91.6 Il faut s’y préparer « par une grande pureté de cœur ». (205.3) Et pour appartenir à Dieu pour toujours, quel moyen plus adéquat que d’être offert par Marie « avec l’Enfant divin qu’elle offre » ? (215.3)

Elle peut écrire « j’ai la douce confiance que (…)Jésus aura accepté l’offrande que nous lui avons faite de nous-mêmes par les mains de notre Mère. » 294.2 Elle a même cette formule : « je priai notre divine Mère, le jour de sa Présentation, d’offrir à son divin Fils, toute sa petite famille conjointement avec Elle. » (256.2)

Ainsi Marie prend-Elle ceux qui se donnent à Elle pour les donner à son Fils. Situant bien Marie dans le plan de Dieu et consciente que Marie ne garde rien pour Elle mais fait tout remonter vers le Père. Elle dira aussi : « Consacrons-nous conjointement avec Elle […] au céleste Epoux. » (282.3) Il n’est de véritable consécration qu’à Dieu, Adèle semble l’avoir compris puisqu’elle s’unit à Marie pour se livrer totalement à son Fils.

Marie est la Mère du Fils de Dieu, elle l’a mis au monde, elle l’a présenté au Temple, elle l’a accompagné jusqu’au Calvaire et là elle reçoit sa nouvelle mission à notre égard.

Lorsque, encouragée par Adèle, Mélanie, une associée, établit la Congrégation à Pau, celle-ci lui explique que, par la consécration, Marie « devient réellement notre Mère et nous devenons ses enfants. » (469.3)

Marie nous a enfantés à la Croix

Souvent Adèle revient à la scène du Calvaire où Jésus, en regardant Jean, nous a confiés à sa Mère. Il nous a dévoilé sa maternité et depuis lors « Marie ne cesse d’apporter la coopération de son amour maternel à la naissance et à l’éducation des croyants ». (cf. Lumen Gentium 63)

« Marie transpercée d’un glaive de douleur nous enfanta à la Croix. » (192.6) A la Croix, Marie est debout. Elle unit son sacrifice à celui de son Fils et Elle accueille la mission nouvelle qu’Il lui confie. Adèle nous convie à « (voir) les choses avec les yeux de la foi et (à nous tenir), comme Marie, debout au pied de la Croix. » (568.3)

A Mère Emilie de Rodat qui lui fait part des épreuves qu’elle rencontre, elle écrit : « Mon cœur maternel sent bien vivement le glaive dont doit être percé le vôtre ! Entrez dans celui de Marie au pied de la Croix. » (349.2) Elle ne dissocie pas la Mère du Fils : « Montez sur la Croix avec Lui. »

Il convient de « (se montrer) les dignes filles d’une Mère debout au pied de la Croix. C’est le moment de prouver à Dieu notre amour. » (483.4) Suivre Jésus c’est accepter de porter sa croix, Adèle en est bien convaincue qui n’hésite pas à écrire qu’à la Croix, il y a les favoris de Dieu « témoins sa très sainte Mère et le disciple bien-aimé […] c’est par la croix qu’Il les rend plus conformes à Lui. […]

Pouvons-nous prétendre à une autre distinction, nous, les enfants d’une Mère transpercée d’un glaive de douleur ? » (260.3) Quelle foi ne manifeste-t-elle pas encore lorsqu’elle envoie ces mots : « Ce sont les bien-aimés de Jésus qui sont les plus près de sa Croix. […]Jetez toutes vos inquiétudes dans le sein de Dieu et Il fera tout tourner au bien. » (666.3)

De par notre alliance avec Marie, Marie exerce comme plus librement non seulement sa mission maternelle à notre égard mais elle nous associe à sa mission maternelle.

Participer à la mission maternelle de Marie ce sera pour reprendre les termes d’Adèle :

  • « assembler de jeunes cœurs sous les étendards sacrés de la reine des vierges. » (305.2)
  • Unir «  nos efforts pour arracher au démon ses victimes, pour donner des cœurs à Jésus et à Marie. » (320.4)

Marie, en effet « doit écraser la tête du serpent infernal » (469.2), il ne faut par conséquent pas s’étonner, puisqu’on est allié à Elle, d’avoir à lutter contre le Mal, contre le démon.

  • Placer dans le giron de Marie

Adèle écrira ainsi qu’elle se réjouit « de préserver des jeunes cœurs des griffes du démon en les mettant dans le giron de Marie. » (467.7) Le giron de Marie, c’est son cœur où Elle accueille tous ceux qui ont recours à Elle, qui s’en remettent à Elle, qui L’invoquent.

C’est, pour nos Fondateurs, dans le sein de sa tendresse maternelle que Marie forme ses enfants à la ressemblance de son Fils premier-né. Alors, pour « procurer la gloire de Dieu et la sanctification des âmes, (Adèle) invite à les placer dans le sein de Marie ». (cf.480.2)

Adèle se sent vraiment mère partageant la mission de Marie. Elle reconnaît dans la petite Société qu’elle a fondée, « les prémices de sa maternité » (338.4) et à la Supérieure de Tonneins elle confie : « oh ! ma chère Sœur, que c’est une grande charge d’être mère […] Mais le Bon Dieu ne donne pas des enfants spirituels sans donner abondance de lait pour les nourrir. Mais, pour cet effet, prenons nous-mêmes une bonne nourriture par l’oraison, la récollection, l’union à Dieu. » (458.3)

Elle aime Marie et veut la faire aimer. Dès sa première communion, Adèle brûle d’un amour passionné pour Lui, Jésus. Elle aime aussi Marie, sa Mère et toute sa vie, elle cherche à les faire connaître, aimer, honorer, servir. Elle les dissocie rarement, en effet en faisant aimer Marie « nous sommes sûres de faire aimer et servir notre céleste Epoux. » (334.6)

C’est ainsi que son désir le plus ardent est de voir le noviciat « pépinière de petites missionnaires » (711.2) se remplir de « sujets capables de travailler […] à faire connaître et aimer Jésus et Marie. » (702.7) Et elle incite ses filles à travailler « de concert à faire aimer et bénir (leur) Epoux, à Le faire connaître, à faire servir sa sainte Mère. » (429.11)

Elle conclut : « il y a un talisman dans la Congrégation, qui unit les cœurs, et ce talisman c’est l’amour de Jésus et de Marie, le zèle de leur gloire. » (324.4)

Vers la fin de sa vie, elle estime qu’elle et ses sœurs n’ont pas encore assez de dévotion envers Marie. Il faudrait « faire tout au Nom de Marie. » (688.3) Puisqu’elles ont tout remis à Marie, leur personne et leurs biens, il leur faut agir comme mandatées par Marie, conscientes d’être à son service, ne cherchant, avec Elle, que la volonté de Dieu, en un mot la laisser agir à travers elles : Elle sait si bien ce qui convient à chacune. Il faut suivre Celle qui est « l’étoile polaire » (347.4 – 452.7) : le chemin qu’Elle indique conduit au bonheur que Dieu donne au-delà des croix de cette vie. Avec Marie « courons donc vers le bienheureux terme auquel nous aspirons. » (15.3)

« Marie est notre Mère, c’est en son secours que nous espérons […] Nous sommes à Elle Il faut donc avoir pour Elle un cœur d’enfant, recourir souvent à Elle avec la confiance qu’inspire la plus tendre des Mères […] D’ailleurs, nous ne pouvons plaire à notre céleste Epoux qu’en aimant sa Mère qu’Il aime tant et qu’Il a rendue la dispensatrice de ses grâces. » (574.3)

Marie est la Mère de Jésus et notre Mère
Jésus aime sa Mère, par Elle il fait passer son amour
Elle est une mère pleine de tendresse
Nous pouvons compter sur Elle
Avoir pour Elle un cœur d’enfant, une confiance inébranlable
Et donc recourir à son intercession

Cette conscience d’être enfant de Marie la conduit tout au long de sa vie à avoir une confiance inébranlable dans l’intercession de sa Mère, à faire souvent appel à sa protection pour ses amies, les siens, l’Institut, le noviciat, les vocations.

A qui aurait un moment difficile à vivre Adèle dit : « Jetons-nous dans ses bras maternels, elle ne se reculera pas pour nous laisser tomber. » (94.2)

Vierge Marie, nous nous donnons à toi,
montre-toi notre Mère
et apprends-nous à nous montrer tes enfants
en te faisant aimer,
en faisant aimer Jésus, ton Fils.

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