Les grandes orientations de la pédagogie marianiste

Préface

« Les gens nous influencent, les voix nous attendrissent, les livres nous en imposent, les actions nous enflamment
(Cardinal John Henry Newman)

L’éducation a toujours été un mélange de ces éléments – et de bien d’autres encore. Cet essai sur les «Granes Orientations de la pédagogie Marianiste», je le présente avec humilité, espérance et reconnaissance. En 1991, le Chapitre Général de la Société de Marie avait reconnu la nécessité d’une « adaptation prudente aux temps », en demandant que l’on définisse les principes et l’esprit de la pédagogie marianiste.

Ce faisant, il était fidèle à l’un des principes fondamentaux du Père Chaminade et il agissait lui-même comme une vraie communauté éducative marianiste. En répondant à cette demande cet essai voudrait contribuer à donner un souffle nouveau à l’ensemble des oeuvres éducatives marianistes dans le monde.

En fait, l’élaboration des principes de base qui guident les marianistes dans le domaine de l’éducation n’est-elle qu’une étape du long périple qui débuta avec les premiers membres de la congrégation de Bordeaux, qui étaient éducateurs et, plus tard, devinrent membres de la Société de Marie.

L’effort se poursuit depuis le jour où la Société s’est investie dans le champ éducatif : dès les début elle s’efforça de dégager ce que sa pédagogie avait d’original dans «l’Ancienne Méthode 1824» et le «Manuel de Pédagogie Chrétienne à l’usage des Frères Instituteurs de la Société de Marie» (1856). Beaucoup d’éducateurs marianistes en divers pays ont continué cette recherche et, quelques années avant le Concile Vatican II, le Père Paul-J. Hoffer, SM, publia une riche synthèse des vues pédagogiques marianistes sous le titre de «Pédagogie Marianiste» (1956).

L’équipe internationale [1] qui a rédigé, pour aujourd’hui, la présente synthèse de notre tradition souhaite que son travail soit source d’énergie et de grâce pour tous les collaborateurs de l’action éducative marianiste qui s’efforcent de traduire fidèlement et fructueusement dans la vie de tous les jours ce qui nous est propre pour la construction du Règne de Dieu. [2]

Notre époque se caractérise par la recherche d’une autonomie toujours plus grande; de plus en plus de gens en jouissent de par le monde dans leur vie personnelle, cette autonomie allant de pair avec une interdépendance sans cesse grandissante, et le tout paradoxalement dans un contexte de pauvretés et de conflits locaux ou régionaux. Si l’action éducative des marianistes veut être source de la Bonne Nouvelle, elle doit avoir un message à proposer en réponse aux besoins et aux souhaits d’aujourd’hui et de demain.

C’était déjà la conviction de Chaminade, lorsqu’il écrivait en 1824 : «Qui donc ignore que depuis la Révolution, un nouveau point d’appui doit être trouvé comme levier pour toucher le monde moderne?». Notre époque fait également écho à l’insistance de Chaminade sur « les jeunes et les pauvres ». De là notre souci d’inventer des approches originales pour fournir une éducation meilleure aux plus pauvres et aux laissés pour compte.

A mon sens, les efforts de la Famille Marianiste dans le domaine de l’éducation peuvent avoir un impact au triple niveau des grandes forces qui régissent le monde d’aujourd’hui:

  • au niveau international : développer et mettre en oeuvre les principes éducatifs propres aux marianistes exige que l’on déborde les frontières nationales et continentales;
  • au niveau régional : les réunions sur l’éducation organisées par la Conférence des Marianistes Européens, la Conférence des Marianistes de l’Amérique Latine, la Conférence Marianiste de l’Amérique du Nord, les conférences en germe en Asie et Afrique, rassemblent les talents des diverses régions pour la réflexion et l’action.
  • au niveau local : chaque Province et Région de la Société de Marie est invitée à réunir – dans des commissions, organismes ou forums – ses éducateurs laïcs et religieux pour les aider à voir comment ils peuvent mieux marquer leur action quotidienne de ce qui fait la spécificité de la pédagogie marianiste.

La direction de la Société de Marie appuie à cette initiative. En 1994, lors d’une rencontre de tous les Supérieurs provinciaux, vice-provinciaux et régionaux, le Père Quentin Hakenewerth, S.M., alors Supérieur Général de la Société de Marie, commenta ainsi le projet sur les grandes orientations de la pédagogie marianiste :

«Le deuxième signe qui me remplit d’espoir est le souci de disposer pour toute la Société de Marie d’une orientation précise et valable … pour éduquer la foi dans la cadre de la nouvelle évangélisation. Je n’ai pas souvenir que dans un Chapitre Général ou dans un Conseil général Extraordinaire les Supérieurs de la S.M. aient traité systématiquement de l’éducation comme moyen principal d’évangélisation de la culture contemporaine».

Je fais mienne cette conviction à partir des visites que j’ai faites à la plupart des établissements d’éducation de la Société de Marie au cours des quatre dernières années et demie. Beaucoup d’éducateurs laïcs et religieux, partenaires de la mission d’éducation dans nos établissements, montrent que l’on poursuit bien dans cette voie. Leur compétence, leur dévouement, leur générosité engagent avec ardeur chaque jeune à donner le meilleur de lui-même. Certes, la route comporte des hauts et des bas. La présente initiative se veut une aide pour que nous apprenions ensemble comment faire les pas suivants et mener vers leur terme nos aspirations personnelles et professionnelles.

Cet essai tient compte des écrits marianistes du passé sur l’éducation, et nous continuerons à en avoir besoin pour compléter et d’adapter les principes. Il nous faut avoir une vive conscience de notre très grande diversité, au cours de ce travail où nous tentons de formuler et de mettre en œuvre dans la cohérence et l’unité les grandes orientations de la pédagogie marianiste.

Les étapes ultérieures du projet, qui seront développées par des éducateurs laïcs et religieux de l’ensemble du monde marianiste, comporteront des programmes de formation pour les enseignants et les personnels, et le présent document leur servira de base.

Il nous faut élaborer une pédagogie plus typiquement marianiste, capable d’imprégner de notre spiritualité et de notre tradition éducative propre les rapports mutuels entre enseignants, élèves et personnels dans la vie de tous les jours : voilà le grand défi.

En terminant, je voudrais remercier tous ceux qui ont contribué à l’élaboration de ce document. D’entrée de jeu, ce fut une tâche à laquelle s’est attelé un éventail très large d’éducateurs laïcs et religieux.

Le travail se poursuivra dans la même ligne et bénéficiera de la créativité de l’Esprit de Dieu qui travaille en nous. Marie de Nazareth nous a donné un témoignage de créativité et d’inculturation et nous pouvons compter sur sa présence dans notre marche. « Marie, Mère et Enseignante de l’Eglise, accompagna son Fils lorsqu’il croissait en sagesse et en grâce; dès les tout premiers jours, elle a accompagné l’Eglise dans sa mission salvatrice. » [4]

Thomas F. Giardino, S.M. – Assistant Général pour l’Education – 25 mars 1996.

Notes :

  1. William J. Campbell, S.M. Province du Pacifique – Luis Maria Lizarraga, S.M., Province de Saragosse – L.Santiago Valencia, S.M. Province du Pérou – Thomas F. Giardino, S.M. Administration Générale.
  1. La notion d’identité commune ou de « caractéristiques » n’implique pas une unicité totale. Nombre de ces éléments nous sont communs avec d’autres approches en éducation. Cependant, une expérience couvrant bientôt deux siècles révèle l’existence d’un esprit et d’une méthode spécifiques aux marianistes, ce que le Père Chaminade appelait « un air de famille ». Ce caractère particulier s’est nourri du charisme originel fondateur tel qu’il s’est concrétisé au gré des personnes et des circonstances tout au long de l’histoire de notre activité pédagogique.
  1. Quentin W.-J. Hakenwerth, S.M., « Réflexions finales », Assemblée Générale des Supérieurs, 24 juillet 1994, Nairobi, Kenya.
  1. Congrégation pour l’Education Catholique : La dimension religieuse de l’éducation dans une école catholique. (7 avril 1988), n° 29 (référence inexacte….????)

Les grandes orientations de la pédagogie marianiste

Introduction

Le Chapitre Général de la Société de Marie de 1991 a décidé que soit réalisée une synthèse, mise à jour, des éléments communs de la tradition éducative marianiste. A cette fin, ont été entreprises des recherches, des consultations et des discussions auxquelles ont participé des éducateurs laïcs et religieux des établissements marianistes du monde entier. Cette recherche s’est déroulée en référence à la spiritualité marianiste vécue sur le terrain, telle qu’elle découle du charisme fondateur de Guillaume Joseph Chaminade. [1]

Dans notre conception de l’éducation, nous visons les objectifs suivants :

  • éduquer dans une perspective de foi;
  • offrir une éducation intégrale de qualité,
  • dans une ambiance d’esprit de famille;
  • préparer à servir la cause de la justice et de la paix;
  • rendre capable de s’adapter aux changements.

Le présent essai sur les objectifs de la pédagogie marianiste, s’adresse à tous les membres de la Société de Marie et à tous ceux qui sont en relation avec des écoles, des universités, ou d’autres oeuvres d’éducation marianistes : équipes de direction, personnels administratifs et de service, professeurs, élèves. Tous sont invités à travailler ensemble selon une tradition marianiste adaptée à notre époque et, plus concrètement, selon les pratiques qui font la trame journalière des oeuvres d’éducation marianistes. [2]

Dieu nous appelle, nous éducateurs, à étendre en Eglise le Règne de Dieu sur le monde. L’action éducative est une action évangélisatrice en Eglise lorsqu’elle travaille à transformer le monde des hommes en les invitant à suivre de plus près l’évangile de Jésus-Christ.

Attentifs aux appels de notre époque et fidèles aux traditions marianistes, nous nous considérons « en état de mission permanente… pour former des personnes et des communautés qui vivent leur foi et la traduisent en actes en réponse aux besoins des temps. » [RV, 63] [3)

L’éducation marianiste a pour objectif de semer, cultiver et faire fructifier l’esprit chrétien dans l’humanité. C’est la raison pour laquelle, dans tous nos établissements d’éducation, l’éducation de la foi et l’animation de communautés chrétiennes sont nos véritables priorités. [RV. 71, 74]

Fidèles à la tradition de l’Eglise catholique et à l’idéal éducatif marianiste, nous croyons que chaque personne a été créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Bien que fondamentalement bonne, la personne humaine est affaiblie par le péché et il lui faut une discipline personnelle pour acquérir des conduites conformes au bien.

Mais elle a toujours, et malgré tout, une valeur intrinsèque, non réductible à telle fonction ou à telle réalisation. Dotée d’intelligence et de liberté, la personne doit être intégrée à une communauté dans l’amour et la gratuité, pour parvenir à la plénitude de son humanité. Cette conception de la personne devrait infor- mer toute activité éducative marianiste.

Ces convictions éclairées par la foi, permettent à la tradition marianiste de tenir compte avec sagesse des mutations sociales et culturelles du monde, suivant en cela la devise du Père Chaminade : « A temps nouveaux, méthodes nouvelles ».

Nous encourageons l’imagination créatrice. Affronter des temps nouveaux en s’inspirant de la foi, ne peut être que bénéfique pour tout éducateur, y compris pour celui qui ne partage pas notre foi, car cette attitude respecte scrupuleusement ce qu’il y a de plus authentiquement humain en nos élèves et en nous-mêmes. Dans la fidélité à l’Evangile de Jésus-Christ, le Verbe Incarné, nous vivons avec les hommes de notre temps et partageons leurs joies et leurs espoirs, leurs angoisses et leurs souffrances. (RV 11)

En étant tout simplement fidèles à l’évangile et à nos traditions pédagogiques, nous servons l’Eglise, et nous mettons à la disposition de tous l’élan et la grâce qui découlent de notre charisme. Nous espérons ainsi redonner une vie nouvelle à nos établissements d’éducation et à notre présence, et offrir aux hommes ce dont Marie, comme le croyait le Père Chaminade, fait don à tous : « Une raison d’espérer, un soutien, un secours et des forces renouvelées. »

Finalement, et peut-être est-ce là le plus important, cette manière de voir et d’agir renouvelle notre courage et notre confiance mutuels. En se montrant ouvert et attentif à des approches nouvelles, tout éducateur marianiste contribue par son apport à maintenir à jour notre tradition pédagogique.

Bien plus, en tant qu’éducateurs laïcs et religieux, nous sommes appelés à donner à ceux qui nous entourent, le témoignage de nos vies, en vivant d’une manière telle qu’elle apporte une nouvelle vigueur au message du Règne de Dieu, certes déjà présent dans notre monde, mais dont la plénitude est encore à venir.

Nous espérons que ce renouveau et cette mise en pratique de ce qui fait le propre de la pédagogie marianiste seront une bénédiction pour tous ceux avec qui nous travaillons dans nos établissements.

Spiritualité et pédagogie marianistes

Spiritualité marianiste

C’est de notre spiritualité que découlent les caractéristiques de notre pédagogie. Le Père Chaminade séjourna un certain temps à Saragosse, en Espagne, à l’époque de la Révolution Française et il passa de nombreuses heures en prière et en contemplation au sanctuaire de Notre-Dame del Pilar. Guidé par l’Esprit de Dieu, il entrevoyait des approches missionnaires toutes nouvelles, réclamées de manière urgente par les besoins de l’époque.

Dès son retour à Bordeaux, l’urgence des problèmes à résoudre incita Chaminade à créer diverses communautés apostoliques inspirées par Marie : des communautés laïques d’abord, puis deux congrégations religieuses – les Filles de Marie Immaculée et la Société de Marie – et, finalement, des écoles, des établissements pour former des instituteurs et que d’autres œuvres d’éducation.

Ce travail demanda de nombreuses années. S’il fut guidé par une spiritualité typiquement marianiste, il contribua en même temps à donner forme à cette spiritualité et à l’approfondir. Dans la suite, tout le travail éducatif des marianistes s’est inspiré de cette spiritualité avec les trois caractéristiques que voici: un esprit de foi à l’image de celle de Marie, le souci de former des communautés où se vive cette foi, un sens aigu de la mission. [4]

Pour Chaminade, une foi comme celle de Marie est une foi qui comporte en même temps la foi du coeur et l’adhésion intellectuelle, une foi si profonde qu’elle permet de concevoir et de donner naissance à Jésus tout comme Marie l’a fait. Par son Fiat, Marie incarne la disponibilité à l’action de l’Esprit Saint et la coopération avec cet Esprit, toutes dispositions, qui sont au coeur même de la foi chrétienne. Inspirée par l’Esprit, Marie donne Jésus au monde et démontre ainsi dans les faits qu’avec Dieu «rien n’est impossible».

Pourtant, et Chaminade en était conscient, l’action d’individualités juxtaposées ne peut suffire à transformer l’ordre social. Cette transformation requiert l’action conjuguée de beaucoup de gens attelés à une mission commune. Pour Chaminade, ce sont «des communautés de foi» qui constituent l’incarnation naturelle d’un christianisme entraînant.

Il évoquait souvent l’exemple des premiers chrétiens qui mettaient tout en commun, priaient ensemble, et partageaient le pain. Et Marie, la première croyante, qui s’était unie à la prière des Apôtres dans la salle haute pour donner naissance à l’Eglise, est, pour un marianiste, toujours au centre d’une communauté de foi.

Enfin, le Père Chaminade n’a eu de cesse d’infuser à ces communautés de foi un sens aigu de la mission. Devant les ruines laissées par la Révolution, ces communautés de foi, n’avaient d’autre but que de reconstruire l’Eglise. Religieux et laïcs, hommes et femmes, riches et pauvres, ils se mettaient ensemble, et cherchaient auprès de Marie l’inspiration pour leur tâche gigantesque.

Marie, elle qui avait formé Jésus pour sa mission, qui malgré sa très grande foi, devait méditer bien des choses qu’elle ne comprenait pas entièrement, qui, en dépit d’un avenir incertain avait prononcé son Fiat, cette même Marie, Chaminade en était convaincu, sous la conduite du Saint Esprit, nous formerait nous aussi à la conformité avec Jésus pour le salut des hommes.

La personne même et l’influence de Marie sont comme un fil qui parcourt tout le tissu de la spiritualité marianiste.

Spiritualité et éducation

La spiritualité marianiste modèle profondément le travail des éducateurs qui en sont imprégnés. Ainsi, l’esprit de foi aide le professeur à être vraiment présent à ses élèves avec le propos non seulement de les instruire, mais aussi de les aimer et de les respecter comme des êtres créés à l’image de Dieu. Quand un éducateur est vraiment présent à ses élèves, ils s’en trouvent comme transformés.

L’éducateur qui est transformé lui-même par la foi du coeur apprend à ses disciples non seulement à être compétents et efficaces, mais aussi à être intègres et attentifs aux autres.

Etre éducateur requiert non seulement une solide connaissance de la matière à enseigner et la maîtrise de techniques pédagogiques efficaces et créatives, mais encore une conscience aiguë des dimensions morales et spirituelles dont on ne peut faire l’économie en éducation.

Chaminade voulait que les oeuvres d’éducation qu’il avait fondées ne soient pas que des communautés fonctionnelles et temporaires mais des communautés de foi durables. Pour souder et renforcer ces communautés, Chaminade leur proposait comme idéal « l’esprit de famille » qui devait unir religieux et laïcs, éducateurs et jeunes; grâce à cette collaboration, des relations durables d’amitié et de confiance pouvaient naître, propres à encourager le soutien mutuel et à développer les dons respectifs de chacun.

Selon Chaminade, une école ne serait une communauté de foi que si ses animateurs, religieux et laïcs, voyaient dans leur travail plus qu’un gagne-pain, mais bien un apostolat d’amour et de service.

Finalement, la spiritualité marianiste requiert l’existence de communautés de foi pas simplement pour le service propre de ses membres, mais pour que ceux-ci deviennent eux-mêmes partenaires à part entière de l’engagement marianiste dans la mission. Aussi, les écoles marianistes n’oeuvrent-elles pas seulement pour une éducation de qualité et le soutien mutuel, mais elles encouragent professeurs et élèves à aimer et servir autrui à l’instar de Jésus.

La vertu ne se conçoit pas sans des connaissances, mais, malheureusement, des connaissances même très étendues ne vont pas toujours de pair avec la vertu. Un éducateur marianiste cherche à allier des connaissances approfondies à une authentique vertu.

C’est pourquoi, un éducateur marianiste considère la réussite sous plusieurs aspects. Il se réjouit lorsque ses élèves se montrent fidèles à l’esprit de l’Evangile de Jésus-Christ, lorsque la joie et le courage qu’ils témoignent de l’évangile font des émules, lorsqu’ils forment des communautés de foi avec l’ardeur des premiers chrétiens, ou encore lorsqu’ils utilisent leurs connaissances et leurs compétences pour servir et transformer la société.

Dans les pays, où les éducateurs marianistes travaillent dans un contexte à prédominance non-chrétienne, nous proposons le même idéal mais de manière adaptée, respectueuse de la part de foi et de vérité que recèlent ces cultures, et nous sommes heureux de voir tout cela vécu avec courage et esprit de service.

Au vu de la situation actuelle, cette mission peut sembler redoutable. Les moyens de communication moderne, confrontent tous les jours les éducateurs à des spectacles écrasants de pauvreté et de famine, avec des épisodes de guerres sanglantes et d’oppression politique impitoyable. Au milieu de ce tumulte, les éducateurs peuvent se demander si leurs efforts viendront jamais à bout des besoins pressants du monde.

Tout en travaillant à alléger les besoins immédiats et à faire évoluer les situations sociales, nous sommes bien conscients que les besoins les plus profonds sont ceux auxquels nous ne pouvons rien par nous-mêmes. La faim la plus essentielle, une faim que la nourriture seule ne peut combler, est la faim d’amour, la faim de Dieu.

La véritable libération, celle que les structures politiques seules ne peuvent apporter, est la liberté d’être enfant de Dieu en solidarité avec des frères et soeurs.

Et la connaissance la plus précieuse, celle que la seule compréhension des idées d’autrui ne peut fournir, vient de l’amour que nous portons aux autres.

Des éducateurs qui transmettent le savoir pour faire grandir l’amour et qui apprennent aux jeunes à cultiver leur liberté pour devenir capable d’un engagement, jettent des semences qui porteront des fruits pendant des générations, et préparent la terre qui fera pousser une culture génératrice de vie, de paix et d’amour.

Tâche redoutable, mais nos vies et nos communautés s’efforcent de prouver que cet espoir est réalisable. L’éducation dans la tradition marianiste va à la rencontre des besoins de notre temps avec une foi mariale profonde. Cette foi se forge dans des communautés qui ont pour mission de faire entendre dans les faits la Bonne Nouvelle de la miséricorde et de la justice de Dieu.

Si la spiritualité marianiste informe profondément la pédagogie marianiste, cette pédagogie doit alors se reconnaître à des traits spécifiques. Des années de pratique permettent de déceler cinq traits caractéristiques:

  • éduquer dans une perspective de foi,
  • en offrant une éducation intégrale de qualité,
  • dans une ambiance d’esprit de famille,
  • pour préparer à servir la cause de la justice et de la paix,
  • et rendre capable de s’adapter aux changements.

Eduquer dans une perspective de Foi

Donner le témoignage d’une foi personnelle et engagée qui touche le coeur

Les jeunes ont besoin de trouver un sens à leur vie, qui puisse les orienter dans leurs activités quotidiennes, les stimuler à faire fructifier leurs talents personnels et développer leur foi. En vertu de sa mission, l’éducateur marianiste aide le jeune dans sa recherche du sens, le rend capable d’entrevoir et d’accueillir favorablement le monde du sacré, et le guide vers la contemplation du bien, du vrai et du beau.

Donnant lui-même l’exemple de la prière et de la charité, l’éducateur marianiste, témoigne avec simplicité et humilité de cette foi que propose l’école.

Dès le premier jour de son entrée dans une école catholique, l’élève doit avoir l’impression de se trouver dans un milieu nouveau, illuminé de la lumière de la foi, avec des caractéristiques originales. [5]

Promouvoir le dialogue foi et culture à la lumière de l’évangile

Dans sa quête de la vérité, l’éducateur marianiste encourage le dialogue entre la foi et la culture et il en est le premier bénéficiaire. En intégrant l’intelligence et le coeur, l’Evangile éclaire notre connaissance des diverses cultures.

L’étude des sciences, des technologies et la connaissance des autres religions donnent une dimension nouvelle à ce que nous mettons sous l’expression de «recherche de la vérité».

Une étude sérieuse de la tradition éducative marianiste, alliée à la tolérance et à l’ouverture d’esprit, garantissent le sérieux du dialogue et fournissent à l’éducateur marianiste les outils dont il a besoin pour adapter son enseignement à la culture de ses élèves.

Former les élèves aux valeurs évangéliques pour qu’ils apprennent à se comporter en chrétiens

En favorisant la pratique des vertus chrétiennes chez ses élèves, l’éducateur marianiste espère, tout comme le Père Chaminade, créer un « peuple de saints ». Mieux, il s’engage lui-même dans une vie en accord avec les valeurs évangéliques et dans une éducation inspirée de la sagesse de l’enseignement de l’Eglise.

Apprenant à réagir évangéliquement avec coeur et courage devant les problèmes moraux et éthiques, l’élève, de son côté, se prépare à devenir membre à part entière des communautés auxquelles il appartient et à contribuer à bâtir une société où règnent la solidarité, la justice et la paix.

Eduquer dans un climat de liberté et de responsabilité qui suscite des réactions personnelles inspirées par la foi

Dans une institution éducative marianiste, le jeune s’exerce à développer sa volonté et le sens de la discipline, et à prendre des responsabilités à l’école et au dehors. Cette pratique des responsabilités lui révèle ses talents personnels et le prépare à exercer plus tard des fonctions où il pourra faire preuve de maturité et de sens social.

L’éducateur marianiste est convaincu que tout individu, professeur ou élève, qui accepte une responsabilité dans un groupe, apporte par là une réponse libre, authentique et personnelle à l’appel de l’Evangile.

(L’Ecole catholique) doit être en mesure de former des personnalités autonomes et responsables, capables de choix libres et conformes à la conscience. [6]

En s’engageant avec fidélité au service de l’Eglise, prouver que l’Evangile est crédible, aujourd’hui et demain

Des communautés de foi et d’espérance renouvellent toute la création et manifestent le Règne de Dieu. En vivant lui-même son charisme à fond, l’éducateur marianiste, par son exemple, provoque l’élève à développer un véritable esprit intérieur.

Ensemble, professeurs et élèves font émerger un type de communautés modelées par la foi et la charité. De telles communautés témoignent de la vérité de la parole de Chaminade : « L’évangile peut être vécu aujourd’hui comme aux premiers temps de l’Eglise ».

Incarner l’exemple et l’influence de Marie, premier disciple de Jésus et éducatrice de la foi

L’élève trouvera en Marie la «femme forte» dans la foi. Dans la visite à Elisabeth, il découvre, sa sollicitude attentive ; au pied de la Croix, il découvre sa fermeté dans le courage et le don.

Tout cela, il le constate aussi dans la vie d’un éducateur marianiste qui s’efforce de faire siennes les vertus et les dispositions de Marie. A la manière dont Marie a formé son fils Jésus, l’éducateur marianiste cultive à l’égard de chaque élève le même amour et le même respect mutuel.

CITATIONS DE SOURCES MARIANISTES

  1. « Notre objectif premier est l’éducation de la foi. Nous avons tout particulièrement le souci de susciter et de former des apôtres, et de faire surgir des communautés de laïcs engagés. » (R.V. 71)
  2. « L’éducation chrétienne est impensable hors d’un climat de foi… L’esprit de foi aide l’éducateur à se libérer de tout amour-propre … de toute ambition personnelle. » Paul-J. Hoffer, S.M., Pédagogie Marianiste (Paris, 1956), p. 468
  3. Dans l’essai de Chaminade pour rédiger un Manuel de Direction on découvre deux éléments typiques chez lui: (1) la formation dans la foi … et (2) le rôle de Marie dans la vie spirituelle… Vincent Vasey, S.M., « Marianist Spirituality », The Vasey Collection I, Marianist Resources Commission, Monograph Series, Doc. 28, (May 1982), p. 113.
  4. Les oeuvres éducatives sont pour nous un moyen privilégié de formation dans la foi. Elles permettent de semer, cultiver, faire grandir et rendre fécond l’esprit chrétien dans les âmes. » R.V. 7
  5. Dans chaque institution scolaire marianiste, on fera des efforts :
    1. pour affirmer l’identité catholique et marianiste de l’école;
    2. pour amener les personnels à s’engager dans une recherche spirituelle personnelle et contribuer à l’éducation de la foi de la communauté éducative tout entière: élèves, services, anciens, adultes et parents;
    3. pour impliquer les professeurs laïcs dans la spiritualité et l’apostolat marianistes;… » Perspectives pour une nouvelle étape, Actes du Chapitre Général de 1986, # 34.

Offrir une éducation intégrale de qualité

Promouvoir une éducation de toute la personne

L’école marianiste éduque toute la personne en développant ses qualités physiques, psychologiques, intellectuelles, morales et créatrices. L’élève d’une école marianiste cultive ses talents personnels ; il entretient le désir de continuer à se former tout au long de sa vie, et il assimile pour ce faire les apprentissages indispensables.

La conception marianiste de l’éducation vise à faire fonctionner des établissements de qualité où une formation générale solide puisse déboucher sur un enseignement professionnel et technique adapté aux besoins de chacun.

« L’éducation ne se limite pas à fournir l’éducation et l’instruction. Par définition, elle doit éveiller les puissances créatrices de l’homme, le munir de la capacité de se régénérer, forger des comportements de tolérance et de compréhension, fournir à chacun la capacité de maîtriser son destin. » [7]

Proposer des parcours de formation cohérents; veiller à la qualité des équipes de direction, d’administration, d’enseignement; se pourvoir en moyens financiers et matériels appropriés

Certes, c’est d’abord à travers son programme de formation que l’école donne l’éducation; mais l’environnement scolaire est son premier contexte éducatif. Le témoignage de la foi et de la façon de vivre de la communauté éducative est le complément indispensable des parcours de formation.

La pédagogie marianiste incite tous les personnels, d’enseignement, d’administration et de services à mettre en oeuvre et à améliorer leurs capacités professionnelles propres. Le conseil d’administration et le conseil de direction gèrent «en bons pères de famille» toutes les ressources de l’école, tant personnelles que matérielles et financières.

Respecter toute personne dans sa dignité de fils et de fille de Dieu, unique et particulière

Il faut savoir encourager les élèves, les inciter à se dépasser mais toujours en respectant leurs différences et en adaptant l’approche pédagogique aux besoins et aux capacités de chacun. Dans toutes les activités de l’école, élèves et professeurs, par interaction, développent leurs capacités et renforcent leur estime mutuelle.

Une communauté éducative n’existe pas seulement en vue du bien de ses membres : les programmes et la vie quotidienne de l’école doivent contribuer à rendre chacun attentif aux droits de tout homme, à ses responsabilités, à sa recherche du sens de sa vie.

Développer l’intériorité et la connaissance de soi-même

Chaminade a dit : « L’essentiel, c’est l’intérieur ». Pour développer la vie intérieure, nous prévoyons dans le cadre scolaire et extra-scolaire des temps où puissent se prendre des habitudes de silence et de réflexion. Grâce à ces habitudes, le jeune acquiert une connaissance lucide de lui-même, une pensée critique et un jugement prudent.

Il s’exerce son intelligence et son imagination à scruter la signification et les conséquences des données, des faits et des événements. Il apprend en même temps que toutes les disciplines étudiées sont des points de départ précieux pour s’examiner soi-même et regarder le monde à la lumière de l’évangile. Paradoxalement, plus notre vie intérieure s’approfondit, plus nous devenons capables d’agir et d’atteindre des objectifs enrichissants.

Faire découvrir l’importance des grandes questions que posent, au niveau général et local, la culture, l’écologie et l’usage des technologies

En prenant conscience d’être un élément au sein d’un réseau global, l’éducateur marianiste regarde les autres comme des frères. C’est une question de justice que tous nos élèves puissent acquérir les méthodes qui leur procurent les moyens de discerner dans leur quête du savoir et du sens.

En tout état de cause, les élèves apprendront à regarder et à juger la technologie comme un instrument utile pour la gestion des ressources du monde et le service de l’homme. Intégrer dans notre théorie et notre pratique pédagogiques le souci de l’environnement, c’est reconnaître du fait même la valeur de toute vie et manifester notre volonté de collaborer à la création de Dieu.

Accueillir la diversité aussi bien parmi les professeurs et les personnels que parmi les élèves

L’école marianiste accepte une grande diversité de personnes, professeurs ou élèves, chacun apportant son expérience complémentaire pour la réalisation de la mission. Elle accueille des élèves de milieux ethniques ou sociaux divers et qui n’ont pas tous les mêmes dons et les mêmes capacités.

Quand on a pris conscience de ses talents personnels, de son héritage culturel propre, on est de ce fait mieux à même d’apprécier les talents des autres. En accueillant des gens différents, l’école leur apprend à mettre leurs donc particulier au service du bien commun. (8)

Montrer en Marie un modèle de présence aux réalités du monde

En allant chez sa cousine Elisabeth, Marie nous dit comment rendre service avec empressement et nous mettre à disposition du prochain. En restant fidèle jusqu’à la Croix, Elle nous montre comment être solidaires de ceux qui souffrent.

Par sa présence au milieu des disciples à la Pentecôte, Elle nous donne l’exemple de la collaboration à la mission évangélisatrice de l’Eglise. En Marie, l’école marianiste trouve pour ses activités scolaires et extra-scolaires un heureux équilibre entre vie active et prière, réflexion et service.

CITATIONS DE SOURCES MARIANISTES

  1. « Je désirerais que les écoles de cette capitale (Colmar) s’y montassent exactement comme les nôtres, et qu’elles pussent servir de modèle à toutes les autres du diocèse… Si nous ne faisons les choses qu’à demi, il ne vaut pas la peine de se donner tant de sollicitude… Je serais d’avis de ne pas d’abord porter ses soins à multiplier les Etablissements, mais à en former réellement de bons. » Chaminade, Lettres, 18 Juin 1822, # 202
  2. « La véritable éducation forme l’enfant de l’intérieur vers l’extérieur » F. Kieffer
  3. « Ce qui plaisait au Père Chaminade dans cette Méthode, ‘c’est le moyen qu’ont les instituteurs de former l’esprit et le coeur des élèves en même temps qu’ils leur apprennent à lire et à écrire' », Paul-J. Hoffer, S.M. Pédagogie Marianiste (Paris, 1956), p. 111
  4. « L’enfant et le jeune homme doivent donc s’éduquer eux-mêmes, puisqu’on n’assimile vraiment que ce que l’on a trouvé, expérimenté et décidé par soi-même. » Paul-J. Hoffer, S.M., S.M., Pédagogie Marianiste (Paris 1956), p. 54.
  5. « Nous n’éduquons pas en vue de l’école, ni seulement pour les années que l’on passe à l’école. Cette idée est capitale en éducation. » F. Armentia, S.M., Nuestros chicos … y nosotros (Madrid : Ediciones, S.M., 1965) p. 247.

Dans une ambiance d’esprit de famille

Créer un environnement favorable pour l’éducation

Plus qu’une simple devise, «l’esprit de famille», pour un marianiste, est un style de vie reconnaissable à des traits typiques dans les communautés éducatives où il règne. En veillant à créer un climat de respect, de discipline et de charité, l’école devient comme une « seconde famille », favorable au développement et à la maturation de l’homme.

Ce sont les règles, les idées, les valeurs, les attitudes et les capacités de tous ceux qui travaillent dans une école qui génèrent l’harmonie dynamique constitutive de sa culture. Tous les membres de la communauté scolaire partagent la responsabilité de créer et d’entretenir un environnement où puissent s’épanouir la beauté, la simplicité, l’harmonie, la discipline et la créativité.

Là où cette responsabilité est assumée avec cœur, tous les partenaires en récoltent les bénéfices.

«La communauté éducative devient ainsi une expérience de communion et un lieu de grâce, où le projet pédagogique contribue à unir en une synthèse harmonieuse le divin et l’humain, l’Evangile et la culture, la foi et la vie.» [10]

Cultiver des relations interpersonnelles marquées par l’ouverture, le respect, l’intégrité et le sens du dialogue

Dans la tradition pédagogique marianiste, tous les membres de la communauté éducative, conseils de direction, administrateurs, corps enseignant, personnels, parents et élèves, se manifestent le plus grand respect dans les relations réciproques, sachant bien qu’ils font tous partie de la même communauté.

Nous savons créer un environnement agréable en prévoyant du temps non seulement pour l’étude et l’organisation de l’école, mais souvent aussi pour fêter les membres de la communauté scolaire, les remercier et leur témoigner notre reconnaissance.

Prétendre éduquer par « chaque mot, chaque geste, chaque regard », signifie écouter l’autre avec attention et engager le dialogue dans la confiance et la sympathie. La disponibilité et la bienveillance envers autrui contribuent à maintenir l’élan évangélique dans la vie quotidienne de l’école.

Munir la communauté éducative de structures et de processus de collaboration

Depuis longtemps la tradition marianiste éducative est caractérisée par le partage des responsabilités à tous les niveaux. Une collaboration efficace suppose une bonne communication, des directives précises et le respect du principe de subsidiarité.

Cette collaboration se manifeste en premier lieu par la mise en place de structures qui permettent un vrai travail d’équipe dans le conseil de direction, le corps professoral, l’ensemble des élèves.

Nous cherchons également des moyens efficaces pour travailler avec les familles des élèves pour nous soutenir mutuellement et mieux réaliser notre mission commune. Cette collaboration s’étend aux autres œuvres marianistes, aux autres réseaux éducatifs, aux organismes diocésains, sans oublier le dialogue oecuménique ou inter-religieux, ni les relations avec toutes sortes d’organisations nationales et internationales.

Exercer l’autorité comme un service

L’autorité n’a pas son but en soi mais dans le bien commun. Si elle s’exerce comme il convient, elle aide les enseignants à éduquer, les élèves à étudier, et les membres de l’administration à faire fonctionner l’école. L’autorité a pour mission de ménager les évolutions, de donner des directives, mais aussi d’établir des relations confiantes et vraies, dans un climat démocratique et harmonieux.

Notre tradition nous incline à une indulgence prudente et nous porte à faire confiance à la responsabilité personnelle de chacun..

Agir envers autrui en s’inspirant des vertus de Marie : ouverture, disponibilité, bienveillance et confiance

Les communautés marianistes, laïques et religieuses, qui s’adonnent à une activité éducative, doivent être des lieux où règnent l’esprit de famille et les vertus mariales.

Dans une communauté éducative accueillante, nous ne cessons de donner gratuitement et de recevoir avec gratitude. La bienveillance et la disponibilité prouvent que nous faisons confiance aux autres et que nous sommes sûrs que Dieu nous accepte nous-mêmes avec amour.

CITATIONS DE SOURCES MARIANISTES

  1. «Le vrai esprit de famille, le bon esprit, car c’est tout un, est fait surtout de confiance mutuelle. F. Kieffer, S.M., L’Autorité dans la Famille et à l’Ecole (Paris, Gabriel Beauchesne, 1920), P. 252
  2. « Le Père Lalanne disait : ‘L’amour seul est le nerf de l’éducation' » Paul-J.Hoffer, S.M. Pédagogie marianiste (Paris, 1956), p. 87
  3. « Toute école, tout éducateur qui cherche à être efficace, doit cultiver l’esprit de famille, la seule caractéristique qui puisse donner de l’attrait (à l’école et à l’éducateur) et qui permettra à l’enfant d’assimiler les bons exemples qui lui auront été donnés ». F. Armentia ; S.M., Nuestros chicos … y nosotros (Madrid : Ediciones, S.M. 1965), p. 340
  4. « L’une de nos vertus caractéristiques est au coeur de toute école marianiste : l’esprit de famille. A travers l’attention bienveillante de leurs éducateurs, les jeunes découvrent une communauté de foi, et l’école devient ainsi elle-même une communauté de foi. » Perspectives pour une nouvelle étape, Actes du Chapitre Général de 1986, # 31.
  5. « Supposé que les éducateurs soient des hommes sages et religieux, je demande pour qu’ils réussissent à donner une bonne éducation, qu’ils vivent avec leurs élèves de la vie de famille… Il y a trois manières de donner l’éducation: par voie d’enseignement, par voie d’exemple et par voie de communauté de vie. L’exemple n’est immédiat, l’enseignement n’est compris et senti qu’à la condition de la communauté de vie » Jean-Baptiste Lalanne, dans L’Esprit de notre Fondation, tome 3, Nivelles [1916], # 379, pp. 496 et 497.

Préparer à servir la cause de la justice et de la paix

Promouvoir un esprit missionnaire en vue du Règne de Dieu

« Nous sommes tous missionnaires », disait Chaminade, « et nous nous considérons en mission permanente », en rendant témoignage à la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Cette mission, nous la remplissons non seulement dans les salles de classes, mais à travers toutes sortes d’activités : retraites, récollections de groupes de jeunes, catéchèse, rencontres avec les parents, activités extrascolaires.

Toute la communauté scolaire – enseignants, élèves, parents, amis – est invitée à y prendre sa part. En exploitant toutes les ressources disponibles, nous pouvons faire de nos écoles des témoins vivants de la nouvelle évangélisation. Jésus a dit qu’il était venu apporter la « bonne nouvelle aux pauvres ». C’est ce qui nous pousse à redécouvrir le service direct des pauvres, en particulier dans de nouvelles oeuvres et de nouvelles initiatives. [11]

Eduquer au sens de la solidarité, de la justice et de la paix

(55) Puisqu’elle est au service du bien commun, l’école marianiste tient en haute estime la dignité de la vie humaine depuis son origine jusqu’au terme d’une mort naturelle. Elle vit cet engagement en faveur de la dignité de l’homme et d’une société juste et pacifique en instaurant dans l’institution des structures internes justes.

Un organigramme cohérent, une bonne description des tâches et de bons règlements intérieurs, assurent l’équité et la collaboration dans le fonctionnement de l’institution. Lorsqu’on donne une mission ou définit une politique pédagogique, on a soin de prévoir des critères clairs et justes pour traiter les problèmes qui se poseront : évaluation des élèves ou des professeurs, taux des rémunérations, cessations d’activité.

C’est par là que progressent le sens du corps social, la conciliation des divergences et la coopération dans une communauté éducative.

Se préoccuper des pauvres et des laissés pour compte

L’école marianiste se met au service des pauvres en fondant des œuvres éducatives qui s’adressent directement aux populations défavorisées. Elle le fait aussi en préparant les élèves à vouloir s’occuper des économiquement faibles, des handicapés et des marginalisés.

Cet engagement de l’école se traduit par des initiatives spécifiques : bourses, installations facilitant l’accès des lieux aux personnes handicapées, possibilité offertes de travailler dans les services de l’école, souci de la formation intégrale des personnes et des groupes.

Les enseignants et les élèves travaillent avec et pour les pauvres, en offrant, dans l’école et dans la société civile, leur assistance physique, économique, éducative et sociale. Le cursus scolaire d’une école marianiste doit aider l’élève à détecter les causes de la pauvreté et les racines de l’injustice, et le rendre capable d’inventer des actions judicieuses susceptibles de répondre véritablement à ces problèmes sociaux et moraux.

Promouvoir la dignité et les droits de la femme

Créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, chaque être humain possède en plénitude la dignité de la personne humaine, avec les droits et les devoirs corrélatifs à cette dignité. A une époque où le rôle de la femme, aussi bien dans le cadre familial que dans le domaine public, est mieux reconnu et prend une dimension nouvelle, l’école marianiste promeut l’égalité de la femme et favorise son apport à la mission de l’école et au développement de la culture.

Elle veille à assurer à la femme les mêmes opportunités d’accéder aux fonctions de direction ou de représentation, et de percevoir des rémunération similaires ; elle contribue aussi à faire progresser la cause des femmes par des actions de conscientisation et de promotion. La communauté éducative marianiste voit au-delà de ses murs et se sait en communion avec les femmes du monde entier qui poursuivent leur lutte pour l’obtention de l’égalité des droits.

« Le pape Jean Paul II a engagé l’ensemble des quelque 300.000 institutions sociales, hospitalières et éducatives de l’Eglise Catholique à s’investir dans une action urgente et concertée en faveur des filles et des jeunes femmes, en particulier des plus pauvres, pour que leur soient assurés égalité de statut, bien-être et perspectives d’avenir… » [12]

Promouvoir les actions d’entraide et favoriser la formation de groupes chrétiens d’entraide

C’est la foi qui nous inspire la volonté de servir et l’école marianiste aide ses élèves à percevoir cet appel et à y répondre. L’éducation étant par essence communautaire, l’école cherche naturellement à rendre service à la communauté locale par le biais d’activités éducatives, pastorales, liturgiques, sociales ou de loisirs.

De tels services et la réflexion sur les expériences faites mettent les élèves en rapport avec les milieux locaux, les sensibilisent aux situations, et leur font acquérir les aptitudes dont ils auront besoin pour leurs responsabilités futures.

Des occasions de s’engager jaillissent souvent du simple fait qu’on a favorisé, à l’intérieur de l’école ou en symbiose avec elle, la fondation de communautés chrétiennes, en particulier des Communautés Laïques Marianistes, dans lesquelles le service apostolique est partie intégrante.

Sous le regard prophétique de Marie, proclamer la bonté et la justice de Dieu et dénoncer l’oppression

L’école marianiste fait face avec courage aux problèmes de société et leur cherche une solution avec optimisme et espérance. Chrétienne et marianiste à la fois, la communauté éducative proclame la bonté et la justice de Dieu, et dénonce en même temps tout ce qui opprime et dégrade la personne humaine.

En recherchant la volonté de Dieu dans la prière, en analysant avec rigueur les conditions sociales, à travers des exemples personnels et communautaires, les élèves apprennent à reconnaître et à identifier des situations aussi bien de justice que d’oppression.

Sous le regard prophétique de Marie, enseignants et élèves lisent ensemble les signes des temps, sachant être à la fois des critiques constructifs et des artisans du changement qui ont reçu la « mission permanente » d’être témoins du message de l’Evangile.

CITATIONS DE SOURCES MARIANISTES

  1. « Nous avons pris pour devise le grand mot, si plein de sens et de vérité, que Marie adressait aux serviteurs des Noces de Cana : ‘Faites tout ce qu’il vous dira’, et nous embrassons dans cette vue l’oeuvre de l’éducation chrétienne de l’enfance et des pauvres surtout, l’oeuvre des arts et métiers, l’oeuvre des Congrégations, des retraites, des missions. Nous embrassons toutes les oeuvres [de zèle]. » Chaminade, Lettres, Tome V, 1839-1844, Lettre du 31 octobre 1839, # 1182.
  2. « Nous pouvons atteindre cet objectif par la proclamation directe de la Bonne Nouvelle, mais aussi par l’évangélisation des cultures et la transformation de la société … en nous rendant solidaires de ceux qui luttent pour la justice, la liberté et la dignité;… » R.V.72
  3. « …il faut encore souhaiter que tous jouissent des avantages matériels et spirituels de la communauté humaine… C’est dans ce petit monde qu’est la classe ou l’école, qu’on initie progressivement l’enfant au sens du bien commun. » Paul-J.Hoffer, S.M., Pédagogie Marianiste (Paris, 1956), pp. 382 et 383.
  4. « Ces méthodes qui forment la jeunesse au travail d’équipe et au soutien mutuel sont de loin préférables. Ceux qui forment des élèves doivent avoir présent à l’esprit cet aspect d’une conscience sociale qui est si souvent ignoré chez nous. » F. Armentia, S.M., Nuestros chicos … y nosotros (Madrid, Ediciones, S.M., 1965), p. 335.
  5. «Il faut garder nos institutions scolaires du risque de former des hommes qui, par manque d’esprit critique, contribuent à la permanence d’un ordre injuste; les garder aussi du risque de constituer une élite qui occupe des positions de prestige pour le seul intérêt personnel, sans mettre ses talents au service du bien commun.» Parole, Document du Chapitre Général de 1976 # 2.37.

Rendre capable de s’adapter aux changements

Préparer la construction de l’avenir

« A temps nouveaux, nouvelles méthodes », disait Chaminade. L’école marianiste affronte l’avenir avec sérénité, en pesant ce qu’il faut garder et ce qu’il faut changer. Nous acceptons que les choses changent et nous nous y préparons dans la ligne de la pédagogie marianiste et de la sagesse chrétienne. Ainsi l’école, pour remplir sa mission en un temps de mutations a besoin que ses personnels mettent en œuvre de nouvelles méthodes d’apprentissage et de nouveaux moyens pour améliorer l’enseignement et l’administration.

Refusons une attitude passive devant l’avenir, nourrissons l’espoir d’y mettre du nôtre pour lui donner forme. Cette attitude, nous l’encourageons chez nos élèves pour qu’ils soient porteurs du meilleur de notre tradition tout en acceptant les changements avec discernement et clairvoyance. La foi et une profonde vie intérieure nous aident à bien comprendre notre époque et à saisir ses atouts.

Apprendre à accepter et à respecter les différences dans une société pluraliste

Dans la mesure où toutes les populations du globe nouent des contacts plus étroits, leurs différences deviennent plus visibles. Si l’on veut que demain le monde vive dans la paix, les étudiants d’aujourd’hui doivent apprendre à découvrir les valeurs des autres cultures et à collaborer avec des gens très différents d’eux-mêmes.

Dans ce but, nous cultivons chez nos élèves la compétence et la vertu. Les capacités requises pour le dialogue, le consensus, le travail d’équipe naissent de vertus telles que l’acceptation bienveillante d’autrui ou la générosité mise au service d’une recherche commune, sincère et optimiste de la vérité.

«Convenablement assistés et aimés, les enfants eux-mêmes savent se faire protagonistes de paix, bâtisseurs d’un monde fraternel et solidaire. Par leur enthousiasme et la fraîcheur de leur dévouement, ils peuvent devenir des ‘ témoins’ et des ‘maîtres’ d’espérance et de paix au bénéfice des adultes eux-mêmes.» [12]

Une démarche critique pour chercher la vérité

L’interdisciplinarité et la coopération entre les divers secteurs de l’école sont des éléments favorables à la recherche de la vérité. Des enseignants et des administrateurs remplis de sagesse, faisant preuve de bon sens et de compétence, travaillent ensemble dans ce but.

Dans les écoles, organisées harmonieusement, nous montrons aux élèves comment des habitudes de réflexion peuvent les aider à suivre une démonstration, à comprendre le point de vue d’autrui, à jauger la valeur de solutions alternatives proposées, à juger prudemment et à faire des choix en toute responsabilité.

L’inculturation et l’adaptation au contexte général ou particulier

L’éducation prend un visage différent selon la diversité des cultures. Mais une école a pourtant tout avantage à nourrir le donné typiquement local par des préoccupations plus générales qui le dépassent. Dans ce but, les éducateurs favorisent l’étude des langues étrangères en organisant des échanges internationaux dont bénéficient élèves et professeurs, et tout d’abord entre œuvres marianistes.

L’organisation scolaire doit faire voir aux élèves que l’interconnexion des connaissances humaines constitue un fondement intellectuel solide pour une action efficace dans un monde toujours plus interdépendant.

« Faites tout ce qu’il vous dira ». Une foi qui rende capable de réagir aux signes des temps

Dans le fiat de Marie, nous voyons son ouverture aux signes de son temps, son « oui » au mystère de l’avenir. A travers son intervention à Cana « Faites tout ce qu’il vous dira », nous l’entendons nous presser d’être nous aussi à l’écoute des appels de Dieu.

Une école marianiste peut être assimilée à un disciple communautaire qui sait faire le tri dans les requêtes de son époque et adapter sa pédagogie quand il le faut pour qu’elle puisse remplir sa mission.

CITATIONS DE SOURCES MARIANISTES

  1. « Pour ne pas être des hommes du monde, nous ne sommes pourtant pas des hommes d’un autre siècle ou d’un autre pays; nous n’avons pas caché notre vie, relégués dans des solitudes ni renfermés dans des cellules. Persuadés que, pour agir sur le monde, il faut le connaître, nous avons passé notre vie, mêlés à tous les mouvements qui ont influé sur l’esprit de l’époque et y ont amené un nouvel ordre de besoins. » Jean-Baptiste Lalanne, cité dans Esprit de notre Fondation, tome III, § 394, p. 575.
  2. « Notre mission requiert de la part des religieux une grande faculté d’adaptation et la volonté de collaborer avec tous ceux qui sont au service de l’Eglise. » RV 75
  3. « A besoins nouveaux, pensait le Père Chaminade, il faut des solutions nouvelles. » Paul-J. Hoffer, SM, Pédagogie Marianiste (Paris 1956), p. 66.
  4. « Les vertus caractéristiques de sa spiritualité (celle du Marianiste) confèrent à ses méthodes des traits spécifiques. Ces traits, d’ailleurs corrélatifs, auxquels se reconnaissent toutes les écoles marianistes du monde, peuvent être ramenés à trois : l’esprit de famille, le respect de la personnalité de l’enfant et une sage ouverture aux adaptations exigées par les temps et les milieux. Paul-J. Hoffer, S.M. Pédagogie Marianiste (Paris 1956), pp. 85, 86.
  5. « Une école doit sans relâche réajuster ses méthodes, en tenant compte de la complexité et de l’instabilité du réel. L’ouverture aux réalités nouvelles suppose une affectivité sereine et une humilité respectueuse de la vérité. » Paul-J. Hoffer, SM, Pédagogie Marianiste (Paris 1956) p. 113.

CONCLUSION

Cette vision de l’éducation est un don pour une communauté éducative marianiste ; c’est aussi pour elle une tâche à réaliser. Sachons recevoir le don et mettons nous au travail solidairement avec toute la famille humaine.

La joie et l’espérance, la tristesse et les angoisses des hommes de notre temps, spécialement de ceux qui sont pauvres ou affligés, sont aussi la joie et l’espérance, la tristesse et les angoisses de ceux qui suivent le Christ. » [14]

L’initiative prise de synthétiser dans un tout organique les orientations fondamentales de la pédagogie marianiste est une invitation à mettre nos efforts en commun pour «l’évangélisation des cultures et la transformation de la société selon le message du salut ». (RV 72)

Si cet appel est entendu, il nous entraînera à ne pas ménager nos efforts et, au bout, nous aurons la joie de découvrir que le monde est devenu meilleur parce que, ensemble, nous aurons travaillé rudement pour qu’il le soit. C’est bien dans cet esprit missionnaire – Chaminade aurait dit « zèle » – que nous voulons

  • éduquer dans une perspective de foi,
  • offrir une éducation intégrale de qualité,
  • dans une ambiance d’esprit de famille,
  • pour préparer à servir la cause de la justice et de la paix,
  • et rendre capable de s’adapter aux changements.

Veut-on que cette conception marianiste de la pédagogie soit une vraie bénédiction pour chaque oeuvre et leur ensemble? Alors, elle doit être plus qu’un bref éclair dans le ciel sombre de notre époque. Toute cette réflexion loin d’être un point d’arrivée n’est qu’une étape cruciale sur la longue route qui part de nos origines. Les étapes suivantes continueront à réclamer un discernement attentif.

L’optimisme prometteur qui est au cœur de cette conception se maintiendra, nous en sommes sûrs, car il repose sur les fondations solides de la spiritualité marianiste : la foi, le rôle de la communauté et la mission, dont l’âme est Marie dans sa coopération avec le Saint-Esprit.

L’orientation et le dynamisme de cette vision pédagogique apportent un «plus» à la compétence, à l’esprit de corps, à la générosité des éducateurs laïcs et religieux des écoles, des universités et des autres centres marianistes.

Le témoignage de gens aux dons divers, unis d’esprit et de coeur dans l’action, qui acceptent de se consacrer durablement à la tâche de l’éducation, sera perçu comme ‘autre chose’ par les gens au milieu desquels nous vivons. Chaminade parlait souvent d’action apostolique « préventive » qui interpelle ceux qui travaillent dans la foi et l’espérance » [15] C’est aussi un signe de notre temps.

Le pape Jean-Paul II a dit : « … on ne peut guère espérer que des enfants seront un jour capables de construire un monde meilleur s’il n’y a pas un engagement bien spécifique en vue de leur éducation à la paix … les enfants ont le droit d’être éduqués systématiquement à la paix dans leurs écoles et dans les autres milieux éducatifs». (16] Federico Mayor, Directeur Général de l’Unesco poursuit sur le même thème : « Construire la paix, c’est mener une action préventive … Le problème est que les activités préventives n’apportent ni gloire ni reconnaissance à ceux qui les mènent… Nous devons être prêts… à prendre des mesures préventives pour empêcher que les problèmes ne dégénèrent en conflits. En d’autres termes, pour établir la paix dans les esprits et les coeurs. Et dans la culture ». [17]

Un monde rempli d’espoirs et de rêves brisés nous force à payer le prix nécessaire pour incarner dans la réalité concrète les promesses que recèle notre vision pédagogique. Ce défi exigera peut-être de nous plus que nous ne croyons pouvoir ou sommes prêts à donner.

Mais c’est une tradition chez nous, de donner largement. En 1839, Chaminade écrivait que « nous aussi, nous avons été appelés par Marie elle-même, comme nous le croyons, pour l’assister de toutes nos forces dans les combats de notre temps ». Nous, héritiers de la tradition éducative marianiste, nous sommes appelés par Marie à répandre largement la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui.

NOTES

[1]. « Le charisme même des Fondateurs apparaît comme ‘une expérience de l’Esprit’, transmise à leurs disciples pour être vécue, gardée, approfondie et développée constamment par eux, en harmonie avec le Corps mystique en continuelle croissance ». Les charismes engendrent le caractère spécifique et l’esprit qui influent sur les travaux d’un institut religieux. « Ce caractère distinctif va de pair avec un style particulier de sanctification et d’apostolat, créant sa tradition particulière, de sorte que l’on peut aisément observer ces éléments objectifs ». Sacrée Congrégation pour les Religieux et pour les Instituts Séculiers et la Sacrée Congrégation pour les Evêques. Directives pour les relations mutuelles entre évêques et religieux dans l’Eglise (14 mai 1978), # 11
[2]. Le terme « marianiste » employé comme adjectif dans le présent document se rapporte habituellement à une situation où la Société de Marie est propriétaire d’une institution ou qu’elle la dirige. Cela signifie que la province ou région marianiste assure la responsabilité directe en ce qui concerne l’orientation, la structure pédagogique, le recrutement des professeurs, les finances et la direction avec la ferme intention d’assurer la perennité de l’oeuvre. Il arrive néanmoins qu’un diocèse soit le propriétaire de l’établissement ou encore que la S.M., suite à une fusion d’établissement en partage les responsabilités avec un autre Institut religieux. Ces exemples ne sont pas exhaustifs et d’autres modes de collaboration peuvent donner l’occasion à la conception pédagogique marianiste de s’exprimer et de se réaliser. Il arrive aussi dans le présent document que le terme «marianiste» se rapporte aux autres branches de la Famille Marianiste.
[3]. R.V. = Règle de la Société de Marie, 1983
[4]. Par « spiritualité » nous entendons « un ensemble de principes, de méthodes, de valeurs et d’images qui motivent et guident la vie de notre esprit. Elle donne une forme ou une structure à la vie de l’Esprit Saint en nous. Elle éduque et guide notre vie intérieure et forme notre vie et notre personnalité. » (Perspectives pour une nouvelle étape, # 59, Document du Chapitre Général de 1986, p. 37). « Mission » désigne ici le fait d’être envoyé dans un lieu ou un milieu déterminé pour y réaliser un objectif précis. On peut reprendre ici les mots de Chaminade commentant son titre de Missionnaire Apostolique : « … afin de raviver ou de rallumer partout le divin flambeau de la foi, en présentant de toute part au monde étonné des masses imposantes de chrétiens catholiques de tout âge, de tout sexe et de toute condition, qui, réunis en associations spéciales, pratiquassent sans vanité comme sans respect humain notre sainte religion, dans toute la pureté de ses dogmes et de sa morale. » (Lettres de M. Chaminade, 16 septembre 1838, t. 4, # 1076, p. 374)
[5]. Congrégation de l’Education Catholique, La dimension religieuse de l’éducation dans une école catholique, (7 avril 1988) # 25
[6]. Congrégation de l’Education Catholique, L’école catholique (19 mars 1977) # 31
[7]. Federico Mayor, (Directeur Général de l’UNESCO), « Education, Clef du Futur », Le Courrier de l’UNESCO, Décembre 1994, p. 35
[8]. Dès les origines de la Famille de Marie, on a souligné la diversité et l’égalité des projets, des talents et des ministères. Aujourd’hui, dans toutes les branches de la Famille Marianiste, la mission est imprégnée par cet esprit. Dans la Société de Marie en particulier, cela s’exprime par l’égalité des frères et des prêtres, particularité connue sous le terme de « composition mixte ».
[9]. Jean-Paul II, Exhortation apostolique : Vie Consacrée (25 mars 1996)  »
[10]. « L’Eglise, qui fait sienne la mission du Seigneur … se tourne avec une véritable « option préférentielle » vers ceux qui se trouvent dans une situation de plus grande faiblesse, et donc de plus grand besoin. Les « pauvres », dans les multiples dimensions de la pauvreté , ce sont les opprimés, les marginaux, les personnes âgées, les malades, les petits, tous ceux qui sont considérés et traités comme les « derniers » dans la société… L’option pour les pauvres se situe dans la logique même de l’amour vécu selon le Christ. Tous les disciples du Christ doivent donc la faire,… «  Jean-Paul II, Exhortation apostolique, Sur la vie consacrée (25 mars 1996), # 82, p. 385. (D.C., n° 2136, 21 avril 1996)
[11]. Mary Ann Glendon : Intervention comme chef de la délégation du Vatican à la 4ème Conférence Mondiale sur la Femme, 5 septembre 1995
[12]. Jean-Paul II, « Message pour la journée mondiale de la Paix « 1er janvier 1996. » # 7
[13]. Deuxième Concile Oecuménique du Vatican, Constitution pastorale sur l’église dans le monde moderne.
[14] Constitutions de la Société de Marie 1839, # 253
[15] « Message pour la journée mondiale de la paix », # 6, # 9.
[16]. Federico Mayor, (Directeur Général de l’UNESCO), « Un nouveau commencement », Le Courrier de l’UNESCO, Novembre 1995, 7.

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