Le Credo chez le P. Chaminade

Durant toute sa vie, le P. Chaminade a utilisé le Symbole des Apôtres. On trouve dans ses écrits (entre 1796 et 1848) de nombreux textes qui témoignent d’un approfondissement spirituel progressif : il utilisait le Credo pour l’instruction et la prédication, donnant à partir du Credo un véritable enseignement sur la foi, proposant aux religieux un approfondissement de leur vie théologale et, enfin, mettant au point une méthode d’oraison sur le symbole.

Le Symbole vient-il des Apôtres ?

Chaminade a gardé cette opinion toute sa vie. Elle était traditionnelle en son temps [cf. Tertullien, vers 200, et le Catéchisme du concile de Trente (1556 I 1,2) que Chaminade utilisait].

Cette tradition n’existait que dans l’Eglise occidentale. On sait aujourd’hui que le texte s’est formé progressivement, à partir d’une profession de foi trinitaire et d’une autre christologique avec, dès les premiers siècles, des affirmations plus ecclésiales. Il servait primitivement de profession de foi du rituel du baptême à Rome. Sa doctrine est cependant apostolique.

Le Credo dans la prédication de Chaminade

Dans sa prédication, Chaminade aime partir d’un article du Credo. Deux fêtes en particulier illustrent cette pratique : l’Ascension et la Pentecôte. Pour l’Ascension, il commente le 6ème article du credo en deux temps : 1. « Est monté aux cieux… » 2. « Est assis à la droite de Dieu… »

Pour la Pentecôte (ou à l’occasion de la confirmation et de son enseignement sur le Saint Esprit), il utilise le 8ème article : « Je crois au Saint Esprit … ». Même sa fameuse Lettre aux prédicateurs de retraites du 24 août 1839 s’en inspire (via St Paul 2 Cor 3,6 : « la lettre tue… »). Le Credo est donc très présent dans la prédication du P. Chaminade, notamment lorsqu’il parle de l’Eglise et de la foi des chrétiens.

Le Credo comme enseignement sur la foi

C’est au cours des retraites qu’il prêche (notamment aux congréganistes) que l’on peut lire un ensemble d’analyses sur la foi. Il cherche avant tout à leur inculquer la foi en Dieu et la foi en la Vie éternelle, s’appuyant toujours sur le concile de Trente mais aussi sur les Instructions sur le Symbole des Apôtres d’un prêtre du nom de Joseph Lambert (cf les Instructions sur le Symbole des Apôtres données par Chaminade aux novices à Saint-Laurent, en février 1823 = un des ensembles les plus étendus sur le sujet).

L’objet de la foi est Dieu Père (rarement il est fait allusion à la Trinité) et la méditation porte aussi, souvent, sur la vie éternelle.

Chaminade s’interroge souvent sur le sens exact à donner au mot « croire ». Pour lui, croire, c’est : croire en l’existence de Dieu ; croire en la Parole de Dieu adressée aux hommes ; croire enfin, c’est faire un acte de foi, d’espérance et d’amour (c’est à partir de là qu’il commencera à parler, en 1827, de la foi du cœur).

Croire ne va pas sans conséquences : croire entraîne l’adhésion, la confiance, l’amour, et signifie aussi que l’on veut imiter celui en qui l’on croit, le servir.

Les qualités de la foi doivent ancrer cette foi dans la vie du croyant : la foi est raisonnable (cf Benoît XVI), ferme (fortes in fide !), pratique( c’est-à-dire vécue), entraînant tout un ensemble de comportements (respect…) chez le croyant. Elle structure l’esprit, le cœur, la vie, d’où le fameux « connaître, aimer, servir », démarche familière à Chaminade.

Le Credo pour une vie théologale de conformité à Jésus

Le Symbole fournit les bases pour une vie théologale (que Chaminade propose à ses disciples de 1825 à 1838) et un centrage plus important sur la conformité à Jésus Christ.

  • « Dans la doctrine apostolique, je crois en Dieu veut dire non seulement je crois qu’il y a un Dieu, mais encore : je me fie en Dieu, je recherche Dieu et je tends à lui comme à ma fin dernière ».
  • en 1827 (retraite à Saint-Remi), Chaminade propose la direction spirituelle sur la conformité à Jésus Christ à partir des articles 2 et 3 du Symbole
  • le rôle de l’Esprit Saint étant primordial, Chaminade part là aussi de l’article 8 du Symbole …

Le fondateur propose aux siens une vie théologale solide et large. Pour cela, il s’appuie sur le Credo trinitaire : Père, Fils (et Marie), Esprit Saint. Marie, mère et croyante, assure, sous la conduite de l’Esprit, la vie spirituelle des siens.

Faire oraison avec le Credo

le sommet spirituel de l’utilisation du Symbole par le P. Chaminade.

En 1840, il composera même une Méthode d’oraison sur le Symbole (= sommet de la pensée de Chaminade sur l’oraison, R. Halter). Auparavant déjà, il avait :

  • invité Melle de Lamourous à faire oraison avec le symbole (adorer Dieu, se mettre humblement en sa présence, réciter lentement le Symbole, se tenir en la présence de Dieu dans le recueillement, demander enfin la grâce d’une journée recueillie, régie par des motifs de foi).
  • proposé la méditation priante de tel ou tel verset du Credo (aux religieuses marianistes par ex)…

Dans une lettre au P. Perrodin de 1842, Chaminade écrit : « Puissiez-vous voir, dans ce petit abrégé (sur l’oraison), le pivot sur lequel roule toute la vie chrétienne ».

Ailleurs : « Les seuls mots de je crois en Dieu …sont de vives aspirations pour celui qui en a bien senti le sens ».

Le Credo se tient donc vraiment au cœur de l’enseignement du P. Chaminade. « Il semble qu’enfin M. Chaminade soit arrivé à son but en faisant sortir l’oraison de la méditation du Symbole des Apôtres ». (R. Halter)

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