La ‘piété filiale’ envers Marie : toujours actuelle

Quel vocabulaire utilisons-nous pour parler de notre relation à Marie ? Que vivons-nous avec elle ? Beaucoup parmi nous parleront sans doute de leur ‘dévotion’ envers Marie ; ils témoigneront de leur joie à vivre en ‘fils’ ou ‘filles’ de Marie, à avoir envers elle la relation d’un enfant pour sa mère, avec la nuance de tendresse et de proximité confiante que cela suppose. En cela, n’est-ce pas Jésus lui-même que nous voulons imiter ?

Membres de la Famille marianiste, dans la ‘prière de Trois heures’, nous rendons grâce à Jésus de nous avoir donné Marie pour mère.

Si nous interrogeons les plus jeunes de nos fraternités ou de notre entourage, il est probable qu’ils n’utiliseront pas le terme de dévotion ni celui de piété filiale. Ce ne sont pas ces mots-là qu’ils choisiraient pour parler de leur relation à Marie. Ce qui ne signifie pas qu’elle n’a pas de place dans leur vie spirituelle !

Il est donc bien utile de chercher d’où nous vient cette expression et surtout de quelle richesse elle est porteuse.

L’expression ‘piété filiale’ est ancienne, bien attestée dans le vocabulaire de la spiritualité, mais elle n’est pas présente de manière littérale dans les textes de notre fondateur.. Elle nous vient du Père Caillet, successeur du Père Chaminade.

Dans les constitutions de 1891, elle est présentée comme le ‘cachet distinctif’ de la Société de Marie : « Ce qui est pour la Société de Marie comme le don de Dieu, ce qui constitue sa physionomie et forme son cachet distinctif, c’est la piété toute filiale envers le Bienheureuse Vierge Marie. »

« La piété filiale, écrit le Père Cortes, souligne et renforce un aspect important de la spiritualité chaminadienne, notre filiation mariale, […] elle nous aide à en vivre la pratique dans notre vie spirituelle… » (Dans le Christ avec Marie p 40)

Le Père Chaminade, lui, parle ‘d’amour pour Marie’ : « Votre amour pour Marie me paraît toujours croître et j’en bénis le Seigneur. C’est Jésus Christ qui vous l’inspire ou plutôt qui vous inspire peu à peu et selon le degré de votre fidélité l’amour qu’il a lui-même pour sa sainte Mère. Son amour pour elle est éternel à raison du dessein éternel de son incarnation. » (Ecrits marials II,115)

Et le Père Chaminade dit ailleurs : « Il faut aimer Marie parce qu’elle est Mère de Dieu et Mère d’un Dieu sauveur. Il faut aimer Marie en Mère de Dieu… » (Ecrits marials).

Le Père Armbruster commente : « Aimer Marie de cette façon, c’est tout simplement l’aimer en chrétien, c’est-à-dire en baptisé. Et par le caractère baptismal nous sommes conformés à l’image de Jésus-Fils, Fils de Dieu et, comme verbe incarné, Fils de Marie. C’est pourquoi il est inscrit dans la réalité spirituelle de notre baptême que nous sommes fils dans l’unique Fils. Notre vie chrétienne est-elle autre chose que le développement de notre vie filiale ? » (Connaître, aimer, servir Marie p 62.)

Le Père Chaminade : un missionnaire passionné

Quand le Père Chaminade rentre d’exil, après trois années passées à Saragosse, il sollicite du pape le titre de ‘missionnaire apostolique’, ce qui lui ouvre un champ missionnaire aussi large que sa ‘malheureuse patrie’, blessée par la tourmente révolutionnaire.

Préoccupé au plus haut point par l’évangélisation du monde de son temps, il va reprendre sous une forme nouvelle l’activité commencée à Bordeaux au temps de la clandestinité. « Je ne crus pas pouvoir mieux exercer les fonctions (de missionnaire apostolique) que par l’établissement d’une Congrégation telle que celle qui existe. Chaque congréganiste…doit devenir membre actif de la mission . » (A Adèle de Trenquelléon le 18 octobre 1814))

Vingt ans plus tard, il écrit au Père Chevaux, que découragent les obstacles rencontrés dans sa mission d’éducateur à St Rémy : « De vrais missionnaires ne doivent nullement compter sur eux, sur leurs talents et sur leur industrie, mais mettre toute leur confiance dans le secours de la grâce de leur mission et aussi dans la protection de la Sainte Vierge, travaillant à cette œuvre pour laquelle elle a été élevée à la Maternité divine. (7 février 1834)

Le fondement marial du charisme marianiste

Dans la circulaire adressée à la Société de Marie en mars 2007 et déjà citée, le Père Cortes écrit : « La mission de Marie, intimement liée à la mission salvatrice du Fils, ne cesse pas, elle se perpétue dans l’histoire…Le Père Chaminade le comprit avec une évidence éclatante et à partir de cette perspective il se vit lui-même et il vit en nous les marianistes, les ouvriers appelés à collaborer avec Marie à sa mission d’aujourd’hui […] Le zèle missionnaire du Père Chaminade oriente son regard vers Marie et en retour la contemplation de Marie alimente et finalise son élan missionnaire. » (Dans le Christ avec Marie, p 38)

La véritable piété filiale : être les alliés de Marie !

Utilisons le mot que nous voudrons : dévotion ou piété filiale. L’essentiel ne serait-il pas de laisser Marie exercer à notre égard son rôle d’éducatrice de la foi et de nous reconnaître comme ses alliés, ses auxiliaires, à être ‘dans notre humilité le talon de la Femme’ ?

Membres de la famille marianiste, où en sommes-nous de notre alliance avec Marie ? Si nous avons fait notre consécration-alliance avec Marie, pourquoi ne pas relire ce que nous avons écrit et lu publiquement ce jour-là ? Serions-nous prêts à signer ce que le Père Neubert écrivait en 1954 ? :

« Pour le Père Chaminade, l’obligation d’être apôtre de Marie comprend toute l’activité du marianiste, car en tout ce que nous faisons, prières, enseignements, travaux manuels, nous devons être conscients d’agir au nom de Marie pour la conquête du monde au Christ. » (Père Neubert. Notre don de Dieu, p 146)

Sainte Marie, donne-nous ton Fils,
Ne nous le donne pas comme un cadeau tombé du ciel
mais comme le fruit de ton adhésion humaine au vouloir du Père
Forme en nous le Christ.
Fais-nous contempler et comprendre les mystères les plus cachés de son existence,
fais-nous accepter que ces mystères deviennent nôtres.
Donne-nous la force de vouloir la conversion nécessaire :
Que le Christ demeurant en nous n’y soit pas trop mal à l’aise
et développe en nous la force infinie de son mystère filial.
Toi qui t’es laissé habiter par le Fils
au point de le laisser habiter dans ta chair et de lui donner naissance humaine
fais en nous la même disponibilité intérieure,
sûrs que tel est le chemin
de notre vrai bonheur,
très au-delà de ce que nous pourrions imaginer.

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