La pédagogie de Marie

Deux scènes de l’Evangile : la présentation de Jésus et les noces de Cana nous aideront à découvrir la pédagogie de Marie

Regardons-la au Temple lorsqu’elle retrouve Jésus. Jusque là comme toute maman juive, elle l’a éduqué à la prière, aux coutumes juives. Marie et Joseph se sont rendus à Jérusalem. Cette fois, Jésus les a accompagnés. Ensemble ils ont passé les sept jours de la Pâque. La fête terminée, ils ont pris le chemin de retour. Marie fait confiance à son fils. N’est-il pas désormais majeur selon la Loi ? Mais, à l’étape, à l’évidence, Il n’est pas là !

Inquiets, ils retournent à Jérusalem et le trouvent écoutant et interrogeant les docteurs de la Loi. Il ne leur a rien dit. Quel choc !

Marie prend la parole : « mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi, nous te cherchions, angoissés. »

Elle questionne, veut comprendre. Elle dit à la fois sa responsabilité (Jésus lui a été confié. Il est son fils) et leur souffrance à tous deux (l’angoisse de ces jours de recherche).

Elle ne fait aucun reproche. L’attitude de Jésus la surprend. Il répond : « Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? ».

« Ne saviez-vous pas ? » Jésus fait appel à ce qu’ils savent. Ils savent qu’il est le Fils de Dieu. Ils ont à aller plus loin dans l’acceptation du projet du Père. Comme Jésus ils doivent être aux affaires du Père.

Marie se heurte au mystère de son Fils, elle est renvoyée à la Parole de l’ange. Jésus est à la fois son enfant et le Fils de Dieu. Elle ne comprend pas mais elle entre dans le silence de l’amour, silence d’accueil, de respect du mystère de l’autre. Nouveau oui à sa vocation, à la mission de son fils.

Dans l’éducation, il nous arrive souvent d’être confrontés au mystère de la personne. Certes, il y a des attitudes qu’il faut questionner. Marie nous apprend à le faire calmement sans débuter par des reproches, dans une attitude de disponibilité pour entendre une réponse que nous ne comprenons pas toujours, réponse à garder dans notre cœur, notre prière. Elle nous enseigne que nos enfants sont nos enfants mais aussi les enfants de Dieu qui a un projet pour chacun, projet qui nous dépasse et sur lequel nous ne pouvons pas avoir prise.

« Il y eut des noces, à Cana, et la mère de Jésus était là. » Nous découvrons l’impact de la présence de Marie. Il y a des êtres dont la présence seule transforme un climat en bien ou en mal. Marie est là, elle partage la joie de tous. La joie des noces, n’est-ce pas l’image que Dieu aime prendre pour parler de son amour pour son peuple ? Elle observe, attentive et discrète. Le vin manque. Impossible de continuer la fête sans le vin qui réjouit le cœur de l’homme.

Au fil des années, elle a mieux perçu le mystère de son Fils. Ne se doit-il pas aux affaires de son Père ? N’est-ce pas le moment de commencer sa mission ? Docile à la motion de l’Esprit, elle va vers lui et dit tout simplement ce qu’elle a vu : le manque de vin.

Femme et mère, elle ne s’arrête pas à sa réponse : « mon heure n’est pas encore venue ». Elle connaît son Fils. Intuitivement, elle saisit qu’il est à une étape cruciale. Elle le respecte et, en même temps, par son attitude, elle l’entraîne dans son oui à la volonté du Père. Elle est tellement convaincue que Jésus va agir. Elle ignore ce qu’il va décider. Qu’importe. Elle donne un ordre aux serviteurs avec une telle autorité qu’ils n’hésitent pas à faire quelque chose de totalement incongru : remplir d’eau les cuves destinées aux ablutions et servir le maître du repas.

Marie s’efface. Le maître du repas appelle le marié, fait des éloges du vin. Marie ne dit rien. C’est la femme de l’effacement et du silence.

La qualité de sa présence nous interpelle. Jean nous met sur la piste en la nommant la première : c’est elle qui compte, elle a pressenti que le moment était arrivé pour Jésus de rompre avec elle pour se consacrer à sa mission. Elle ne le retient pas, elle semble même le pousser à agir. Elle a pleinement confiance et encourage les autres à faire de même.

Humblement, elle redescend à Capharnaüm avec Jésus et les siens. Jésus, poussé à anticiper son Heure en accomplissant le signe du vin de l’alliance, à son tour, anticipe l’heure de la mère universelle en la prenant avec lui dans le groupe des disciples. La mère de Jésus est avec eux.

La pédagogie de Marie c’est la pédagogie de la présence.

Merci, Marie, pour ta présence,
Présence silencieuse qui garde dans son cœur,
Présence qui cherche à comprendre,
Présence qui adhère à la volonté du Père,
Présence pleine d’amour,
Présence heureuse de la joie des mariés et de leurs amis,
Présence attentive et discrète,
Présence qui sait voir les manques,
Présence efficace qui agit au bon moment,
Présence ferme auprès de ton Fils,
Présence qui fait confiance,
Présence qui pousse à la mission,
Présence contemplative,
Présence maternelle qui, avant l’Heure, s’ouvre aux disciples de ton Fils.
Présence qui partage leur chemin de foi.
Oui, merci, Marie, pour ta présence qui nous enseigne en nous accompagnant.

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