La formation des missionnaires

Des missionnaires formés : libres et vrais

Chaminade et Adèle insistent sur la formation des missionnaires marianistes, laïcs et religieux. Les Constitutions de 1839 et les Ecrits de Direction du P. Chaminade répondent à la question: quelle sainteté pour la mission marianiste ?

A/ Pour former des PERSONNES LIBRES ET VRAIES, structurées et unifiées en vue de leur apostolat, les fondateurs mettent au point une méthode psycho-religieuse originale qu’ils appellent : la direction. Aujourd’hui nous l’appelons souvent ‘système des vertus’ ou ‘méthode des vertus‘. En voici un bref aperçu.

  1. a) Les vertus de préparation doivent aider à faire découvrir et faire grandir en soi, sous l’action de l’Esprit, des espaces de liberté toujours plus importants. Plus on est libre, mieux on peut aimer en vérité et assumer la vie à laquelle Dieu appelle.

. Par les silences extérieurs, de la parole et des signes, on apprend à maîtriser le cri pour aboutir à la parole.

. Par les silences intérieurs de l’esprit, de l’imagination et des passions, on arrive à mettre toutes les facultés intérieures au service de la vie vécue dans le présent, dans l’aujourd’hui où le croyant rencontre et aime Dieu.

. Le recueillement ouvre dans le cœur humain le sanctuaire intérieur qu’habite la Trinité, Dieu que l’on prie, que l’on écoute…

. L’obéissance permet aux débutants dans la vie religieuse de reconnaître et de donner leur place aux autres et à Dieu dans les réalités concrètes de la vie. On apprend par là à coopération franchement avec les autres et à s’ouvrir à Dieu dans la conduite de sa vie personnelle.

. Le support des mortifications préserve nos espaces de liberté contre l’agression parfois intempestive des peines, des épreuves, des reproches, des incompréhensions. Il développe en nous comme un blindage spirituel qui nous rend capables d’affronter les difficultés inhérentes à la vie.

En pratiquant tout cela pour arriver à se connaître et à se maîtriser, on s’engage sur le chemin de la perfection.

  1. b) Les vertus d’épuration permettent ensuite aux vertus de préparation de prendre racines plus profondément. Mieux on se connaît et plus on s’approche de Dieu, plus on devient conscient aussi du péché qui est en nous et autour de nous, et de toutes nos complicités avec le mal.

Je suis faible par nature mais j’apprends à compter, dans la foi, sur l’Esprit-Saint qui agit en moi et qui est ma force (cf. 2 Co 12,10).

Pour combattre nos mauvais penchantsobstacles intérieurs -, nous devons développer les vertus opposées. Par une franche ouverture de l’âme et la docilité, nous évitons et la maladie du scrupule et l’illusion de la sainteté.

Des obstacles extérieurs peuvent nous agresser. Des contrariétés diverses font croître la patience, la prudence, la sagesse, la confiance en Dieu. Les suggestions venant du ‘monde’ obligent à approfondir la vérité, et cela, par l’oraison faite à la lumière de la foi, selon la méthode. Les tentations du démon exigent de nous vigilance et combat spirituel.

Le travail de l’épuration permet donc « d’atteindre jusqu’aux racines de nos fautes et de nous préparer à correspondre plus entièrement à la grâce de Dieu. »

  1. c) Il y a une troisième étape ou dimension à ce travail spirituel, à cette initiation spirituelle: les vertus de ‘consommation’.

Il s’agit de l’humilité, de la modestie intérieure, qui libèrent de l’égoïsme et de l’égocentrisme et nous rendent dociles à l’Esprit de Dieu. Elles supposent que nous soyons dans la vérité sur Dieu et sur nous-mêmes.

Quant à l’abnégation de soi-même, elle porte à rechercher dans la conduite de la vie ce qui est selon Dieu et sa grâce. Ainsi prend forme la démarche première qui est demandée à tout disciple du Christ. En s’attachant à suivre son Seigneur, il sera prêt au renoncement aux créatures et au monde.

L’ensemble de ces démarches et de ces vertus veut être une initiation à la vie spirituelle des missionnaires marianistes. Elle veut implanter en tout candidat une vie morale sur laquelle pourront s’appuyer à la fois les engagements religieux et la vie théologale de conformité à Jésus Christ.

Former de hommes de foi par le Credo

Le P. Chaminade a eu un souci constant de former des hommes de foi. La foi qu’il propose est celle que l’Eglise, depuis les origines, transmet à toutes les générations par le Credo, le « Symbole des Apôtres« . Fidèle en cela au catéchisme du concile de Trente, il a utilisé le Credo durant toute sa vie.

Il l’a fait de différentes manières, selon les époques.

  1. a) D’abord objet de prédication, surtout pour les fidèles et les Congréganistes,
  2. b) le Credo devient ensuite, pour Chaminade, la base sur laquelle il construit la vie de foi et de conformité au Christ.
  3. c) Finalement, il l’utilise systématiquement, soit pour initier les débutants à la méditation, soit pour servir de sujet à l’oraison de foi.

Je crois en Dieu

Chaminade aime commenter ce premier article en relation avec le dernier: « je crois à la vie éternelle« . En effet, les articles du Credo forment comme un cercle: on part du Dieu créateur et on aboutit, avec tous les croyants rassemblés dans l’Eglise universelle, à la vie éternelle, qui est la vie même de Dieu. Le Credo renferme donc la globalité de la foi chrétienne, ce que Vatican II appelle « le mystère de l’Eglise »: de Dieu créateur, – par le Dieu sauveur – et l’Esprit sanctificateur, – grâce à l’Eglise, – jusqu’à la vie définitive en Dieu, partage de la vie-même du Dieu éternel.

Le premier article parle de Dieu, 1) objet de notre foi, source de convictions, et 2) invite à la foi du cœur : foi vécue, adhésion globale du croyant à la Révélation.

1) Foi objective. Je crois en Dieu: il est l’objet premier de notre foi.

  1. a) Ce Dieu est CREATEUR, « origine », et non simple « cause » de sa création. L’acte créateur est un acte originel, un acte d’amour qui jaillit du cœur de Dieu. Dieu aime tout ce qu’il crée, il le maintient dans l’être et il en est la fin

.Moi j’existe en relation avec ce Dieu créateur et Père. Cette relation fonde ma dignité.

Créé libre, à l’image et à la ressemblance de Dieu, je suis capable d’aimer et d’être « cause ».

  1. b) Autre aspect: Dieu est pour nous l’Etre SOUVERAIN, la Vérité souveraine, la Bonté souveraine: il est Dieu au-dessus de nous et nous lui appartenons. Notre relation à ce Dieu est faite d’adoration mais toujours aussi d’amour, car il est surtout l’AMOUR SOUVERAIN, l’amour en personne, le Père qui suscite dans le cœur des humains une réponse d’amour à son amour.

2) Foi du cœur. Mon cœur s’attache à Dieu.

  1. a) « Je crois en Dieu » veut dire non seulement: je crois qu’il y a un Dieu, mais je mets ma confiance en Dieu, je l’aime, j’espère en Tout mon ‘cœur’, mon esprit et toute la richesse de mes sentiments, tout mon être, est tendu vers Dieu. Comprise ainsi, la foi me rend saint, « juste » (me « justifie »); elle constitue le dynamisme central de ma vie, elle me fait vivre (cf. Rm 1,17: « Le juste vit de la foi »).
  2. b) J’aime Dieu parce que je le connais comme Père aimant. J’aime ce que Dieu me dit, me révèle, partage avec moi. La foi du cœur est la conséquence de la foi objective. Je ne peux aimer Dieu de tout mon cœur que parce qu’il s’est fait connaître à moi comme Père. La foi du cœur grandit en moi au fur et à mesure que je deviens plus profondément disciple de Jésus, le Fils bien-aimé du Père. Le vrai disciple aime le Père en Jésus, avec Jésus, comme Jésus.

« Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15,15).

Dans l’oraison nous contemplons le Dieu d’amour et ce qu’il fait, et ainsi naît et grandit en nous la foi du cœur.

3) La foi, conviction et dynamisme du missionnaire.

L’Esprit-Saint fait de notre connaissance aimante de Dieu une conviction ferme et dynamisante. Il me pousse à servir ce Dieu que je connais (foi) et que j’aime (charité).

« Me voici, servante du Seigneur » (Lc 1, 38)

Ainsi la foi structure l’être humain du croyant:

.son esprit – par la connaissance du vrai Dieu;

.son cœur – pour l’amour-réponse à l’amour reçu de Dieu;

ses mains = son activité – par un service affectif et effectif du Dieu vivant.

Ce que Chaminade résume par: CONNAITRE, AIMER, SERVIR!

Je crois en Jésus Christ

Il s’agit ici d’une foi historique. Nous croyons en Jésus « qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert, est mort, est ressuscité, est monté au ciel. »

Cette histoire de Jésus éclaire l’histoire des humains sur terre, qui est, elle aussi, naissance, vie, mort et résurrection.

1) Vivre une « histoire sainte »

Croire en Jésus Christ, c’est le centre de la démarche de tout chrétien, disciple de Jésus, comme ce fut le centre de la foi de Marie, mère de Jésus. Il s’agit pour le disciple de croire en son Maître, de le suivre sur ses chemins, de partager sa destinée terrestre et, par la suite, sa vie céleste.

En vivant sa foi en Jésus Christ, le chrétien fait peu à peu de son existence une histoire sainte. Marie est le modèle parfait de cela.

« Elle gardait dans son cœur paroles et événements et les confrontait » (Lc 2, 19).

De cette façon, elle éclairait sa propre conduite à la lumière de son Fils et elle l’ajustait sans cesse, à mesure qu’elle découvrait mieux le mystère de son enfant.

.L’oraison de foi aide le missionnaire, comme Marie, à incarner ainsi en une seule histoire la vie humaine et la révélation divine, à l’exemple de Jésus, qui est Dieu fait homme pour sauver les hommes. Toute vie vraiment chrétienne a, de soi, une orientation missionnaire.

2) Témoigner de l’Evangile aujourd’hui

Pour vivre sa foi en Jésus Sauveur au sein de l’Eglise, le chrétien se nourrit de l’Evangile. L’Eglise d’aujourd’hui reçoit cet Evangile à travers un longue et riche Tradition, et elle cherche à le transmettre à toute la création.

Le P. Chaminade veut que ses disciples se nourrissent de l’Evangile et de la Tradition de l’Eglise pour être capables d’instruire les autres des vérités de la foi. Cette mission comprend deux éléments essentiels:

  1. a) une formation biblique et théologique,
  2. b) une vie communautaire

tellement imprégnée de l’Evangile qu’elle soit capable de prouver au monde, « par le fait des bons exemples des religieux, que le christianisme n’est pas une institution vieillie mais que l’Evangile est encore praticable aujourd’hui comme il y a près de 2000 ans. »

Le témoignage de cette vie selon l’Evangile doit prouver que l’enseignement de la foi chrétienne est vérité pour les hommes. Paroles et actes doivent être inséparables dans la vie du missionnaire marianiste, comme dans la vie de Marie.

3) Bien connaître le mystère du Christ

La vie évangélique s’appuie sur une connaissance du Christ par la foi. « Connaître Dieu et son Fils Jésus Christ, c’est la vie éternelle; c’est-à-dire: avoir la connaissance que nous donne notre foi en Dieu et en son Fils Jésus Christ, c’est être dans la voie de la vie éternelle. Notre foi en Jésus-Christ consiste à croire véritablement de cœur qu’il est le Fils de Dieu. Aimons à répéter sans cesse cette parole de vie éternelle que prononça St Pierre: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant! » (Chaminade, 1828).

Que faut-il enseigner?

« La foi doit nous faire considérer Jésus Christ en lui-même,

  1. a) ce qu’il est par rapport à son Père – son mystère divin, ses perfection divines, la gloire, la richesse et les délices…,
  2. b) et ce qu’il est par rapport à nous« , ses perfections humaines, les merveilles de sa conception, de sa naissance, de sa vie; ses vertus, ses qualités, ses actions… Il est notre principe, notre moyen et notre fin.

4) Etre saint = être conforme à Jésus Christ

Déjà les plus anciens écrits du P. Chaminade invitent à imiter Jésus Christ, modèle d’humilité. A partir de 1829, il présente aux religieux marianistes, comme objet unique de l’Institut, l’imitation de Jésus Christ, la conformité à Jésus Christ.

. »Jésus Christ est le modèle des saints. Sa vie est le miroir de ce qui doit arriver à l’Eglise en général et à chaque fidèle en particulier jusqu’à la fin des siècles.

.Nous devons imiter Jésus Christ parce que Dieu l’a voulu en nous donnant son Fils, parce que

l’Evangile le demande et parce que nous portons le nom du Christ – chrétiens – depuis notre baptême.

.Dans la vie du Christ, il y a 4 choses à considérer: 1. ses mystères, qui nous devons retracer en nous (cf. St Paul), 2. ses miracles et les actions qui manifestent qu’il est le Fils de Dieu, 3. la vie intérieure de Jésus Christ, 4. sa vie extérieure.

Par son insistance sur ce thème, Chaminade se situe nettement dans la ligne de l' »école française de spiritualité ».

5) Imiter Jésus, fils de Marie

Peu à peu se précise un choix charismatique propre au P. Chaminade: il faut imiter Jésus Christ, oui, mais comme fils de Marie. Le mystère de l’Incarnation prend ainsi une place plus importante (et donc la méditation du récit de l’Annonciation, en Luc 1, 26-38). En contemplant Jésus, humainement fils de Marie, Chaminade veut développer aussi entre nous et Marie la relation filiale-maternelle, comme elle existe entre Jésus et sa Mère.

C’est en particulier la méditation du Credo qui a poussé le P. Chaminade dans cette direction. Il a souvent commenté cet article sur le Christ: « qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie« .

. Jésus est devenu Fils de Marie pour être Sauveur des hommes: « pour nous et pour notre salut, il est descendu du ciel. » Dans le mystère de la Rédemption aussi, le P. Chaminade voit en Jésus le fils de Marie. Il médite et commente très souvent la scène du Calvaire (Jean 19, 25-27 surtout), où s’accomplit le salut du monde. Il a de mieux en mieux saisi la profondeur de l’union maternelle de Marie à son Fils, son association au mystère de la naissance de l’Eglise, sacrement du salut et de l’unité des hommes. Les dernières paroles de Jésus crucifié révèlent la profondeur et la richesse de l’Alliance qui relie la mère de Jésus et le disciple de Jésus. Au Calvaire prend naissance cette Alliance ecclésiale que le P. Chaminade nous propose de faire avec Marie et de renouveler chaque jour dans la Prière de Trois Heures.

6) La dualité homme-femme: Marie consacrée à Jésus

Entre l’Incarnation et le mystère pascal se déroule la vie de Jésus Sauveur, qui est également objet de notre foi en Jésus.

Le P. Chaminade découvre de plus en plus, à force de contempler les mystères de Jésus, que Marie y est toujours associée.

Entre Jésus, l’unique Sauveur et Médiateur, et l’Eglise, constituée par la multitude des hommes devenus croyants, il y a une place propre à la Mère de Jésus, la Femme par excellence, l’Eve nouvelle. Marie, associée à Jésus, vit, dans les mystères du salut, la dualité voulue par Dieu dans la création: « homme et femme il les fit ». (Gn 1, 27)

.A partir de cette dualité, le P. Chaminade est amené tout naturellement à mettre l’accent sur l’Alliance, lien d’amour entre deux partenaires. Le concile Vatican II soulignera à son tour l' »union de la Mère et du Fils » dans l’œuvre de la Rédemption (LG n° 57, et plus largement: n° 56-61).

Le concile dit: « Marie, fille d’Adam, acquiesçant au Verbe de Dieu, est devenue Mère de Jésus et embrassant de plein cœur, sans être entravée par aucun péché, la volonté salvatrice de Dieu, elle s’est consacrée totalement comme servante du Seigneur à la personne et à l’œuvre de son Fils, toute au service du mystère de la Rédemption en dépendance de son Fils et en union avec Lui, par la grâce de Dieu Tout Puissant »(LG. n° 56).

Le charisme marial des Marianiste plonge donc ses racines dans la Bible, dans le Credo et dans la Tradition de l’Eglise, récapitulée par le concile Vatican II.

Je crois au Saint-Esprist

Le missionnaire marianiste a besoin d’une forte vie « spirituelle », – vie dans l’Esprit -, qui est l’œuvre conjointe de l’Esprit de Dieu et de notre collaboration humaine, orientée et stimulée par la présence active de Marie.

1) L’action sacramentelle de l’Esprit

Le P. Chaminade rappelle d’abord ce que l’Eglise enseigne sur la place de l’Esprit dans la Trinité, puis il décrit longuement son action en nous à travers les sacrements du baptême et de la confirmation, en particulier dans son ‘Manuel de direction à la vie et aux vertus religieuses dans la Société de Marie‘, 1829.

  1. a) Avec la grâce du baptême, nous recevons le Saint-Esprit pour que nous devenions vraiment et profondément enfants de Dieu à l’exemple de Jésus, le Fils de Dieu. Cette « grâce du baptême » est comme « un lait divin dont le Saint-Esprit nous nourrit spirituellement. »

« Nous avons reçu l’Esprit des enfants de Dieu, nous devons vivre selon Dieu et de la vie même de Dieu. Dès notre baptême, l’Esprit Saint nous « éclaire », nous « anime et répand sur nous ses sept dons. »

  1. b) « La grâce de la confirmation, écrit Chaminade dans le même ouvrage, est comme une nourriture solide qui, par l’opération proportionnée du Saint Esprit, nous fait croître spirituellement en Jésus Christ jusqu’à l’âge de la maturité ; c’est pour cela qu’on dit que la confirmation nous rend parfaits chrétiens. »

.Mais Chaminade nous met en garde : on peut mal recevoir ce sacrement et ainsi l’empêcher de porter ses fruits en nous. Il faut alors, d’une part, demander pardon à Dieu pour ce péché de négligence ou de gaspillage du don de Dieu et, d’autre part, faire revivre, ranimer en nous, la grâce de ce sacrement, comme on le fait aujourd’hui dans les groupes du Renouveau charismatique.

.L’Esprit-Saint est donné à tous les chrétiens pour faire d’eux des témoins du Christ en les menant à la sainteté, c’est-à-dire, en les rendant conformes à Jésus Christ.

2) Une vie selon l’Esprit

Chaminade énonce un certain nombre de règles de croissance de la vie spirituelle dans le baptisé-confirmé chrétien.

  1. Chaque chrétien reçoit à son baptême l’Esprit de Jésus Christ; il est conçu pour ainsi dire par l’Esprit de Jésus Christ. C’est ce divin Esprit qui le fera croître jusqu’à l’âge de l’homme parfait, jusqu’à l’entière conformité avec Jésus Christ. Le directeur spirituel n’aura qu’à régler la coopération de son élève à cette opération continuelle de l’Esprit de Jésus-Christ.
  1. Nous avons tous été conçus en Marie, nous devons naître de Marie et être formés par Marie à la ressemblance de Jésus Christ afin que nous ne vivions que de la vie de Jésus Christ, que nous soyons comme avec Jésus Christ d’autres Jésus, fils de Marie. D’où une grande dévotion à Marie, afin d’obtenir d’elle de plus en plus les traits de conformité avec Jésus Christ qu’opérera l’Esprit de Jésus Christ.
  1. L’Esprit de Jésus Christ n’opère en nous notre conformité à ce divin Modèle qu’à proportion que nous avons plus de foi. En conséquence, ce principe donne aux directeurs trois objets de sollicitude par rapport à la foi: épurer la foi, faire croître dans la foi, faire agir par la foi.
  1. Le directeur observera souvent les progrès des opérations de l’Esprit de Jésus Christ dans ses élèves depuis le commencement de leur éducation religieuse, pour y faire coopérer, pour animer et encourager.
  1. « Dieu nous a prédestinés pour être conformes à l’image de son Fils » (Rm 8,29). Or cette conformité consiste à lui ressembler en l’extérieur et en l’intérieur de ses mystères. D’où patience de la part du directeur pour attendre l’achèvement de l’ouvrage; courage de la part de l’élève pour la mortification de sa nature, que lui inspirera l’Esprit de Jésus Christ opérant en lui.

Voilà les principes primordiaux selon lesquels l’Esprit prépare les missionnaires marianistes.

3) L’Esprit de Marie

Chaminade approfondit cette réflexion de guide spirituel par une série d’autres principes:

  1. L’humilité est le fondement de toutes les vertus. « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles » (Pr 3, 34/Jc 4,6). Il s’agit d’être vrai et juste. En proposant l’exemple de Jésus et de Marie, le directeur encourage les pratiques de la vraie humilité: se connaître, s’accepter, accepter d’être vu et traité par l’autres comme on est.
  1. « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez; mais si, par l’Esprit, vous faites mourir les oeuvres du corps, vous vivrez. » (Rm 8, 13). La mortification fait donc partie de notre docilité à l’action de l’Esprit en nous. C’est l’Esprit qui vivifie et qui nous fait agir en tout non comme des enfants d’Adam pécheur mais comme de vrais enfants de Dieu. « Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu son enfants de Dieu » (Rm 8, 14).

La communion spirituelle à Dieu et la communion sacramentelle à Jésus Christ sont les deux mamelles dont parle l’Ecriture qui sont meilleures que les vins les plus délicieux du monde (cf. Ct 1,1).

  1. L’esprit de pénitence est fait d’humiliation, de contrition pour notre être de pécheurs et de remise de nous-mêmes à la justice divine. Cet esprit nous pousse à faire des actes extérieurs, corporels, de pénitence…

Des pénitences non inspirées par l’esprit de Jésus ne valent rien.

  1. La chasteté, enfin, est une manière de participer à la vie de Dieu; elle donne les mêmes inclinations et sentiments dont le Fils de Dieu est rempli dans l’état de sa résurrection. « Une âme chaste est de la nature même de Jésus-Christ ressuscité, qui n’a plus rien de la pesanteur et de la grossièreté de la chair ». (cf. Lc 20,36) L’homme ne peut cependant posséder cette vie qu’après avoir longtemps et fortement combattu dans l’Esprit de N.S.J.C..

Le directeur encourage son disciple à lutter pour la chasteté par la bonne volonté concrète de sortir des tentations contraires, en particulier par des efforts de pénitence. Il s’unit à Dieu et invoque l’Esprit-Saint pour discerner la cause du mal chez son dirigé, dépassant ainsi le subjectivisme dans son accompagnement. La ‘tentation’ peut venir du corps, du démon ou d’une conduite particulière de Dieu qui veut éprouver le croyant…

La vie selon l’Esprit forme donc dans le missionnaire marianiste l’homme théologal, le religieux conforme à Jésus mort et ressuscité; celui qui ne vit plus que de la foi, de la charité et de l’espérance; celui dont toute la vie est inspirée par l’amour de Dieu et du prochain; celui dont toute la vie est orientée vers la vie éternelle, laquelle est participation à la vie de Jésus Christ au cœur de la très Sainte Trinité.

Les 9 principes du P. Chaminade rappelés ci-dessus précisent chaque fois ce que fait l’Esprit-Saint et ce que doit faire le Directeur qui accompagne le candidat à la sainteté. Toute la vie spirituelle, comme l’oraison en particulier, est à la fois l’œuvre de Dieu et l’œuvre de l’homme. Dieu agit par l’Esprit-Saint et tout ce qui est divin vient de lui.

Mais tout ce qui est humain vient de nous, – à la fois du candidat en lien avec son Directeur, et aussi de Marie, elle qui, dans l’invisible, dispose à la fois le candidat et son Directeur à rester très ouverts à l’action multiforme de l’Esprit de Jésus Christ. L’Esprit, l’Eglise – dont Marie est membre -, le fidèle: chacun son rôle dans le travail spirituel !

Je crois à la sainte église catholique

Après la foi en la Ste Trinité, essayons d’affermir la foi que nous devons porter à l’Eglise. Pour cette partie, le P. Chaminade a puisé le meilleur des enseignements dans le concile de Trente, en laissant de côté les aspects polémiques anti-protestants. Par là, il se montre très moderne et déjà dans l’axe de Lumen Gentium de Vatican II.

1) L’Eglise de Jésus Christ avec Marie

Marie située au cœur de l’Eglise a inspiré au P. Chaminade ses vues modernes sur l’Eglise. Il voit toujours Marie, non pas isolée, pour elle-même, mais en relation aux Personnes de la Trinité et à l’Eglise et à ses membres. Il contemple Marie dans les mystères du Christ et dans le mystère de l’Eglise (cf. le titre de L.G. 8).

Le missionnaire marianiste de Marie, fidèle au Fondateur, se montre donc ouvert à une ecclésiologie mariale, plus encore qu’à une mariologie ecclésiale.

En disant dans le Credo: « Je crois à l’Eglise », nous sommes renvoyés à l’Eglise en sa totalité et surtout en son mystère. Quand nous évoquons l’Eglise catholique = universelle, nous sommes orientés vers l’Eglise comme « peuple de Dieu » répandu sur toute la terre et animé de l’esprit missionnaire (LG 2). En proclamant l’Eglise sainte, nous croyons en sa vocation universelle: la sainteté (LG 5).

La présentation de l’Eglise faite par le concile Vatican II repose sur trois chapitres fondamentaux:

  1. a) l’Eglise dans la pensée éternelle de Dieu (mystère);
  2. b) l’Eglise dans l’histoire (peuple de Dieu);
  3. c) l’Eglise qui a atteint son but (Peuple saint, communion des saints pour la vie éternelle).

2) Marie dans l’Eglise comme mystère

L’Eglise, c’est la première chose à laquelle Dieu pense en créant et c’est le but final de la création. L’Eglise trouve en Dieu son origine et sa plénitude. En l’Eglise se réalise le dessein d’amour infini de Dieu sur toutes les créatures (cf. Jean-Paul II dans Redemptoris Mater n°7, commentant Eph 1, 3-14).

Marie, comme créature et comme croyante, ne peut être que membre à part entière de l’Eglise du Christ, bien qu’elle en soit un membre éminent, le plus saint.

Marie, mère de l’Eglise, fait partie de la famille comme toute maman fait partie de sa famille.

La vocation unique de Marie comme Mère de Dieu et sa sainteté immaculée la prédestinent dans l’Eglise à une fonction qui lui est propre: celle de vivre une relation de dualité avec son Fils Jésus et, par là, avec les autres Personnes de la Trinité.

Marie est ainsi la fille préférée du Père, et le temple de l’Esprit-Saint. Sa vocation la met au-dessus de toutes les créatures et pourtant elle est bien aussi, comme fille d’Adam, unie à tous les hommes qui ont besoin d’être sauvés (cf. LG 53).

Quand je dis: « Je crois à la sainte Eglise », je dois donc aussi accueillir Marie et lui donner la place qui lui revient. Elle fait partie de la foi des disciples du Christ depuis que, sur la Croix, Jésus l’a déclarée mère de son disciple bien-aimé et que ce disciple l’a accueillie.

3) L’Eglise est catholique

Peuple de Dieu, peuple des baptisés, l’Eglise a pour chef le Christ de qui l’Eglise est devenue le Corps qui lui sert d’instrument pour la rédemption de tous. La communauté-Eglise tout entière est sacrement du salut pour tous les hommes, c’est-à-dire: lieu et moyen de leur conversion et de leur union à Dieu.

Cette même Eglise, Corps du Christ, est aussi sacrement de l’unité pour tous les hommes, lieu et moyen de leur unité, certes imparfaite sur la terre mais plénière dans le ciel.

Comme communauté des croyants, l’Eglise se reconnaît en Marie, et cela depuis le Cénacle (Ac 1,14).

Mère de Jésus, Marie a été associée à son Fils et Sauveur pour faire naître au Calvaire le Corps ecclésial du Christ. Son rôle – sa missionmaternel consiste en ceci: sous l’action de l’Esprit, Marie cherche à rassembler le Peuple de Dieu en une communauté fraternelle dont elle est la mère et le modèle de sainteté. Ce faisant, elle actualise les prophéties sur la Nouvelle Jérusalem.

Marie se situe donc au cœur de l’Eglise missionnaire animée par l’Esprit-Saint (cf. LG 13-17).

4) L’Eglise du Christ est sainte (cf. LG 5, complétant 2)

L’Eglise est peuple du Dieu saint. Le Christ « a aimé l’Eglise comme son Epouse et s’est donné pour elle afin de la sanctifier » (Ep 5, 25-26). LG 5 identifie sainteté et charité.

Marie est l’archétype de l’Eglise sainte. Avant que l’Eglise soit née au Calvaire, la future Mère du Christ fut conçue « sainte et sans péché », comme doit le devenir l’Eglise (Ep 1,4). Avant l’Eglise, Marie est, en âme et en corps, dans la gloire éternelle. Avant que l’Eglise ne réalise, en sa multitude, sa totale sainteté et sa présence dans la gloire de son Seigneur, Marie, par la grâce de Dieu, en sa seule personne, vit cette plénitude. L’Eglise met donc Marie devant ses yeux, la contemple, pour devenir comme elle, sainte, conforme à Jésus Christ jusque dans la gloire de la vie éternelle (cf. LG 59).

Marie n’est pas seulement modèle de l’Eglise. Elle a mission, comme Vierge Sainte, de coopérer avec l’Esprit-Saint pour faire de l’humanité entière, devenue Eglise, l’Epouse de l’Agneau qui « s’est faite belle » (Ap 19, 7-8).

La destinée de Marie, au cœur de l’Eglise, c’est que toute l’humanité devienne cette « cité sainte, Jérusalem nouvelle » (Ap 21,2), la « communion des Saints », un « Peuple de saints« , comme l’écrit le P. Chaminade au P. Noailles, son ami.

Je crois à la vie éternelle

La destinée finale et la plus haute de l’Eglise, – destinée qui est déjà réalisée en un de ses membres: Marie -, c’est d’être rassemblée dans la plénitude de Dieu et de vivre de sa vie, éternellement.

1) La vie éternelle.

Tendre vers la plénitude finale c’est quelque chose d’essentiel à l’Eglise entière comme à chaque croyant. Il ne s’agit pas seulement de chaque âme, qui doit se sauver, se convertir, renoncer au péché, mais il s’agit de l’Eglise entière.

Le Credo dit: « Je crois à la communion des Saints » – qui est l’Eglise achevée.

Pour arriver à cela: « je crois à la rémission des péchés » – qui sont le seul obstacle à la vie plénière qui s’épanouit dans la « vie éternelle ».

Ainsi le Credo achève sa boucle. Il a pris naissance en Dieu Créateur et il s’achève dans la vie même du Dieu Trinité, à travers l’histoire humaine du Sauveur et celle de l’Eglise.

Le désir et la joie de la vie éternelle doivent se graver profondément dans tous ceux qui entrent dans la vie religieuse. « Mais ceux qui combattront bien, comme athlètes de Jésus Christ leur divin Chef, seront assurés de cette couronne de gloire qui ne se flétrira jamais » (cf. 2 Tm 2,5), écrit le P. Chaminade aux jeunes qui entrent au noviciat en 1835.

2) « En tout, regarder la fin«  (le but)

Le P. Chaminade aime ce proverbe. Toute sa vie, il a médité les fins dernières. Pour vivre dans le temps et bien y accomplir sa tâche, il lui fallait regarder au-delà du temps. Il écrit à un maître de novices, en 1835:

« Quelle lâcheté n’aperçoit-on pas dans les noviciats si, au commencement du noviciat, la vue du ciel et le désir de posséder Dieu, qui est lui-même la vie et le bonheur éternels, ne sont pas imprimés fortement par les vives lumières de la foi dans l’âme de chaque novice!

Vous reconnaîtrez que vos élèves font des progrès dans la foi de ce 12e article du Credo, s’ils en écoutent parler avec plaisir, s’ils prennent du courage et s’ils ne redoutent pas les lois de Jésus-Christ sur le combat spirituel. »

3) Vivre en présence de Dieu

De façon plus universelle, la foi en la vie éternelle nous fait dépasser le monde des causalités pour saisir, au-delà et en dedans, le Dieu Amour comme origine de toute vie, comme celui qui la maintient et celui qui attire tout être créé vers Lui, en sa vie éternelle.

Voilà pourquoi il est bon de prendre et d’entretenir l’habitude de la présence de Dieu.

Le P. Chaminade écrit encore, dans la lettre qu’on vient de citer:

« Vous désirez que je vous dise mon sentiment sur la première pratique que vous avez à introduire au noviciat. J’y ai réfléchi souvent. Mes réflexions m’ont toujours ramené à la foi en la sainte présence de Dieu partout. De la sainte crainte de Dieu vient l’amour parfait auquel le religieux doit toujours tendre. « Marchez en ma présence et vous serez parfaits! » dit Dieu à Abraham. (Gn 17,1).

Dieu nous fait voir notre mystère personnel en celui de l’Eglise. Un tel regard est capable d’orienter notre histoire et de nous faire vivre dans le sens même de Jésus-Christ, contemplant sans cesse son Père des cieux.

Progresser vers la plénitude : direction et oraison

Montrer le but et donner les moyens de l’atteindre, voilà le double souci du P. Chaminade.

A/ Dans la « DIRECTION » marianiste, qui définit le travail de la coopération humaine à la grâce de Dieu qui sanctifie, Chaminade s’inspire beaucoup de la Règle de St Benoît.

‘Direction’ désigne: l’éducation du religieux dans la vie dans l’Esprit. Chaminade a laissé plusieurs versions inachevées d’un Manuel de direction (1828-9).

1- Une direction complète concerne la vie théologale de foi, d’espérance et de charité. Elle doit centrer le religieux, – initié à la vie religieuse pas les vertus de préparation, d’épuration et de consommation -, sur une vie de relation avec les Personnes de la Trinité.

La conformité à Jésus-Christ apparaît, à partir de 1829, comme la synthèse des fins de la Société de Marie, telle que les présentent les Constitutions. Dans la version de 1835 de son Manuel de direction, Chaminade résume sa pensée sur la direction:

« Jésus est vraiment le fils de Marie (Mt 1,16). Personne ne sera sauvé qu’autant qu’il aura une grande conformité avec Jésus Christ; Dieu ne prédestine personne que pour être conforme à Jésus Christ. »

2- A la suite de St Benoît, Chaminade demande à ses disciples de travailler à « devenir saint« , de collaborer pour cela avec l’Esprit qui oeuvre en nous.

Dans le Mystère de l’Incarnation, nous voyons comment Marie apporte à l’Esprit son humble personne, sa foi et sa fidélité. Elle veut aussi comprendre, à l’intérieur de sa foi, comment va se dérouler cette initiative extraordinaire pour laquelle Dieu demande sa coopération intelligente et libre.

Se tenir auprès de Marie et vivre comme Elle, est une constante invitation à utiliser les moyens humains dans la lumière de la grâce divine. Mère du Verbe Incarné, elle favorise toutes les incarnations de Dieu saint en notre monde, désormais sauvé par Jésus.

B/ Un moyen privilégié pour la formation spirituelle: l’oraison.

  1. a) Il s’agit de structurer tout l’être, de l’unifier intérieurement, pour qu’il puisse s’offrir au Christ et s’engager de façon permanente à le suivre. C’est la charité qui doit tenir ensemble les composantes de l’être: intelligence, cœur, volonté. Il faut connaître la vérité par la foi, l’aimer de tout son cœur et, par la force de l’espérance, l’exprimer en actes. Les moyens concrets: instruire, méditer, agir.

La foi éclaire l’esprit ; la charité redresse les dérèglements du cœur et le polarise sur son véritable objet; l’espérance fortifie la volonté par la confiance en Dieu, soutient nos forces et les augmente par la prière, excite notre courage en nous montrant la couronne.

L’unité foncière du chrétien se fait par l’action de l’Esprit de Jésus-Christ et le développement des vertus théologales. En nous orientant sur Dieu en toute notre vie, les vertus théologales assurent à tout chrétien une unité intérieure qui permet l’épanouissement de la vie spirituelle.

  1. b) L’oraison doit évangéliser la personne des missionnaires marianistes, étant un temps de rencontre avec Dieu-même, un temps où nous nous livrons volontairement à Lui pour qu’il nous transforme. A l’oraison, pendant que nous prions, l’Esprit de Jésus imprime en nous l’image du Christ, la mentalité du Christ, la manière de vivre du Christ.

Nous recevons de Dieu la grâce sous de multiples formes: lumière, force, attirance, désir. Il nous revient de vouloir bien faire oraison, d’être disponibles, de faire agir notre foi et d’exprimer nos convictions en réalisations concrètes.

Evangélisé par l’oraison, le missionnaire pourra témoigner par toute sa vie que l’Evangile est aujourd’hui praticable par des personnes et des communautés ferventes.

Pour Chaminade il n’y a pas à se sentir tiraillé entre action et contemplation: le Christ réalisera d’autant plus efficacement sa mission à travers ses envoyés que ceux-ci sont davantage habités par Dieu. Progresser dans la vie apostolique et progresser dans l’oraison vont de pair.

Chaminade se soucie fort d’aider ses missionnaires à progresser dans l’oraison. Au début, il les pousse à développer, dans l’oraison, l’action de l’esprit qui réfléchit sur les vérités, du cœur qui se laisse émouvoir par les vérités méditées, et de la volonté qui pousse à prendre des décisions concrètes. Instruire, méditer, agir: c’est la même méthode que pour la pratique des vertus.

Puis, il donne une plus grande place à l’Evangile: le Christ en ses mystères, le but étant la conformité au Christ. Tout naturellement, il invite à s’unir habituellement à Marie pour cela.

A partir de 1821 (ouverture du noviciat), il met l’accent sur la foi. Les vérités de la foi

nous donnent quatre connaissances: Dieu, Jésus Christ, soi-même, les autres créatures. L’oraison doit s’appuyer sur la foi et la vie spirituelle consiste à vivre la foi.

Autour de 1841 enfin, Chaminade livre sa Méthode d’oraison sur le Symbole: le Credo et l’oraison font désormais un. Il est proposé comme le texte-source de l’oraison quotidienne.

Le Credo unifie la vie du missionnaire. Il amène jusqu’aux baptisés d’aujourd’hui, à travers les siècles, la foi des Apôtres, celle de Marie, celle de l’Eglise universelle.

Portrait du missionnaire marianiste.

* Avec Marie, Vierge Immaculée, il est au service de la Foi en Dieu, en Jésus Christ, en l’Esprit Saint, dans l’Eglise. Grâce à sa vie de foi et d’oraison, il devient de plus en plus conforme à son Maître et Ami, Jésus. Aussi peut-il être son témoin.

* Avec Marie, Mère de Dieu et des hommes, il est au service de la Charité dans l’Eglise de la charité, communauté de vie et de témoignage. A travers sa vie communautaire et personnelle, il est appelé à manifester au monde l’Evangile du Christ Sauveur.

* Au nom de Marie, coopératrice de l’Esprit Saint, il est actif au service de l’Espérance chrétienne dans l’Eglise en route vers sa plénitude. Son dévouement dans des missions stables et permanentes lui permet d’être au service de l’Esprit de la Pentecôte qui renouvellera la face de la terre.

En guise de conclusion:

« UN HOMME QUI NE MEURT PAS! »

Chaminade veut que tous soient missionnaires avec lui et que les méthodes qu’il a expérimentées soient transmises aux générations suivantes. Son charisme doit se transmettre à travers une Société de missionnaires qui l’incarne et qui le met au service de l’Eglise pour toujours.

Comme au début de sa grande activité après la Révolution, et pour qu’elle continue toujours, Chaminade s’adresse à Rome, en 1838, pour demander l’approbation des constitutions des deux Congrégations fondées et, en outre, que les Supérieurs Généraux après lui soient également Missionnaires Apostoliques, avec les mêmes pouvoirs que lui. Il veut donner à sa grâce charismatique de missionnaire une assise ecclésiale.

La réponse de Rome, le 3 décembre 1839 déçoit: elle réduit le titre de missionnaire apostolique à une sorte de titre honorifique, vidé de l’élan qu’en avait reçu le P. Chaminade autrefois. Malgré tout, il est content de léguer ce titre à ses successeurs. « Notre oeuvre est une mission, écrit-il, un écoulement et une participation de l’apostolat de Jésus Christ. Nous sommes tous missionnaires catholiques, avoués du Saint-Siège. »

Notre mission est donc participation de l’apostolat, à la mission, de Jésus Christ (cf. Jn 20,21), et en même temps, elle nous est transmise et authentifiée par l’Eglise, à travers le Supérieur Général des Marianistes. Comme l’Eglise est missionnaire de par sa dépendance de Jésus Christ, ainsi la Famille de Marie est tout entière missionnaire à l’intérieur de l’Eglise et à son exemple. Les fondations du P. Chaminade, en se groupant autour de Marie et en faisant alliance avec elle, sont à l’image de l’Eglise qui est à la fois mariale et missionnaire (cf. Lumen Gentium).

A travers les successeurs de Chaminade continue donc le caractère sacré de la mission, avec une sorte de confirmation ecclésiale que nous sommes tous missionnaires et missionnaires de Marie, à la suite du P. Chaminade et en fidélité avec lui.

 

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LE CREDO CHEZ LE PERE CHAMINADE

(1761-1850)

Jean-Baptiste ARMBRUSTER SM – (Revue Marianiste Internationale, 1988 n°9, p.7-15)

Durant toute sa vie, à travers des écrits qui se suivent entre 1796 et 1848, le P. Chaminade a utilisé le SYMBOLE DES APOTRES (« Je crois en Dieu… »), – parfois, le SYMBOLE DE NYCEE (« Je crois en un seul Dieu… ») -, en approfondissant progressivement le sens spirituel et la puissance transformante de cette Profession de Foi.

.Il utilise d’abord le Credo comme thème de sermons et de conférences (cf. Notes d’Instruction, 1800-1809);

.puis il donne tout un enseignement sur la foi, à partir du Credo (cf. Notes de Retraite, 1813-1829);

.puis il propose aux religieux/religieuses un approfondissement de leur vie de foi basé sur le Credo (cf. Ecrits de Direction, 1828-1838);

.enfin il met au point une méthode d’oraison sur le Symbole des Apôtres (cf. Ecrits d’Oraison et Lettres, 1828-1842).

LE SYMBOLE NOUS VIENT-IL DES APOTRES?

Le P. Chaminade en est convaincu durant toute sa vie, comme la plupart des chrétiens occidentaux de son époque. On pensait que les Douze Apôtres, avant de ses séparer pour porter la foi chrétienne à toutes les nations, avaient énoncé, chacun, une des douze vérités qui composent le Symbole des Apôtres. Il se base en particulier sur le catéchisme du Concile de Trente (1566): « Cette profession de foi et d’espérance chrétienne que les Apôtres avaient composée, ils l’appelèrent Symbole...

Ce que les chrétiens doivent savoir tout d’abord ce sont les vérités que les saints Apôtres… ont enfermées dans les douze articles du Symbole... »

.En fait, si le Symbole n’a pas été composé par les douze Apôtres, la doctrine qu’il contient remonte bien aux Apôtres. Le texte que nous avons s’est formé progressivement à partir, à la fois, d’une profession de foi en la Ste Trinité, telle qu’on l’exprime à l’occasion du baptême chrétien (en particulier à Rome) et d’une profession de foi plus centrée sur le Christ. Progressivement, dès les premiers siècles de l’Eglise, se sont ajoutées des affirmations portant sur le mystère de l’Eglise.

Le Credo dans la prédication du P. Chaminade (cf. Notes d’Instruction)

Le P. Chaminade, comme beaucoup d’autres prédicateurs de l’époque, aime baser son sermon sur un article ou une expression du Credo.

– Il prêche, par exemple, sur l’Ascension du Christ à partir du 6e article du Credo, commenté en deux parties:

  1. a) « Jésus-Christ par son Ascension devait consommer (achever) l’oeuvre de notre sanctification et nous assurer pour nous-mêmes de la possession du ciel;
  2. b) « Il est assis à la droite de Dieu, le Père tout-puissant… » Cette expression est assis nous marque la perfection de son repos, l’immutabilité de son bonheur, l’exercice de son autorité souveraine… A la droite de Dieu, le Père tout-puissant..., c’est-à-dire qu’il jouit de la même gloire que son Père, qu’il a la même puissance que son Père, qu’il possède et qu’il exerce la même autorité que son Père.

– Autre exemple: sa prédication sur le 8e article, pour le fête de la Pentecôte ou pour le sacrement de confirmation. Le P. Chaminade développe à partir du Credo un enseignement qui s’intègre dans son enseignement général sur le Saint-Esprit.

.Je crois au Saint-Esprit… Considérations théologiques sur l’existence du Saint-Esprit, sur sa personnalité différente par rapport au Père et au Fils, sur la divinité du Saint-Esprit…

.Il y ajoute des considérations sur les effets et opérations du Saint-Esprit, à partir du Credo qui dit que l’Esprit-Saint donne la vie: il éclaire les prophètes, il guérit, il fortifie les humains…

.A partir de ces éléments du Credo, le P. Chaminade nous rappelle nos devoirs envers le Saint-Esprit, commente le symbolisme des langues de feu et présente les sept dons du Saint-Esprit comme des propriétés du feu; il décrit la vie de foi et l’excellence du ministère apostolique que l’Esprit-Saint inspire.

.Dès la première étape de sa vie active, le P. Chaminade a fait de longues considérations sur le caractère de la Loi de l’esprit par opposition à la Loi écrite. Ce thème s’apppuie sur le slogan de 2 Co 3,6: « La lettre tue mais l’esprit vivifie« , que le Fondateur approfondira jusqu’à la fin de sa vie. Il formera la colonne vertébrale de la grande lettre aux prédicateurs de retraite du 24 août 1839.

.Pour le P. Chaminade, ce que le Credo dit de l’Eglise, de la communion des saints, de la rémission des péchés, se rattache à la foi en l’Esprit-Saint. « La vie éternelle sera dans le ciel l’heureuse consommation de cette communion des saints et la résurrection de la chair est le passage qui doit nous y conduire »... Ces convictions guident le P. Chaminade quand on lui demande, après la Révolution française, d’aider les prêtres repentants qui avaient prêté le serment imposé par la Constitution civile du clergé.

Le Credo, base de l’enseignement du P. Chaminade sur la foi (1816-29)

Entre 1813 et 1829, le P. Chaminade prêche beaucoup sur la foi à l’occasion de retraites aux membres des Congrégations (C.L.M.) et aux premiers religieux marianistes. Auprès de ces personnes, Chaminade met l’accent sur son ministère de directeur spirituel. Il travaille beaucoup à mettre au point une méthode d’accompagnement – que les Marianistes appellent « méthode des vertus » (1816-1827).

Il veut inculquer à ses disciples la foi en Dieu et la foi en la vie éternelle, toujours en partant du Credo, comme le recommande fortement le concile de Trente. Avec insistance, le P. Chaminade développe a) le contenu objectif de la foi: Dieu et son action et, b) les aspects subjectifs de la vie de foi: ce que signifie croire, la richesse spirituelle de la démarche de foi et les qualités de la foi en Dieu.

Comme tout enseignant, le P. Chaminade utilise des livres. On connaît celui qui l’aide le plus pour son enseignements aux novices de Saint-Laurent à partir de 1823: l’ouvrage eu deux volumes de l’abbé Joseph Lambert, de 1728: Instructions courtes et familières sur le Symbole.

Après la chute de Napoléon (1814-15), quand la Congrégation peut reprendre ses activités en France et que naissent les Instituts religieux marianistes (à partir de 1816), le P. Chaminade centre l’essentiel sur Dieu et la vie éternelle (1er et dernier articles du Credo).

  1. L’objet de la foi est Dieu, présenté comme Créateur (origine), ‘conservateur’ (accompagnateur) et fin dernière (but et aboutissement). Dieu est Etre souverain, Vérité souveraine, Bonté souveraine; Dieu est tout-puissant, infiniment parfait; il est maître de tout et tout lui appartient. Le P. Chaminade parle généralement de « Dieu », sans faire beaucoup de considérations sur les personnes de la Ste Trinité.

Pour expliquer ce qu’il y a derrière le mot croire, le P. Chaminade reprend volontiers ces expressions de St Augustin:

.Croire Dieu: c’est croire qu’il y a un Dieu qui existe. C’est le minimum qu’un humain puisse faire pour honorer Dieu: croire qu’il existe et le chercher.

.Croire à Dieu: c’est considérer comme vrai tout ce qu’Il dit. C’est croire que la Révélation est authentique, que sa Parole adressée aux hommes dit vrai.

.Croire en Dieu: c’est faire tout ensemble un acte de foi, d’espérance et d’amour à l’égard de Dieu. C’est la démarche plénière de la foi, celle que Chaminade, à partir de 1827, appelle: la foi du coeur.

De ce tronc central de la foi jaillissent diverses branches qui en font la richesse spirituelle. Croire entraîne l’adoration (foi), la dépendance (espérance), l’appartenance (amour). Croire c’est imiter celui en qui l’on croit, le servir.

Conséquence pratique, dit le P. Chaminade: il faut s’exercer dans la foi, la vivre, la développer, croître dans la foi…

Les qualités de la foi les plus souvent présentées en rapport avec le Credo sont celles qui ancrent la foi dans la vie du croyant.

.La foi doit être raisonnable. « Il n’y a rien de plus raisonnable que la foi… quoi qu’elle ne soit point appuyée sur la raison comme sur un motif. Quel est donc le fondement de la foi? C’est la Parole de Dieu même« .

.La foi doit être certaine et ferme.

.La foi pratique tend à relier ensemble, dans le coeur du croyant, la foi objective (aux vérités révélées) et la foi subjective (qui est faite de nos dispositions intérieures).

Ainsi, pour l’Eucharistie: Plus ma foi augmente, plus mon respect augmentera.

Plus la foi est pratique, plus elle va se diversifier en attitudes spirituelles variées et pouvoir englober tout le comportement chrétien.

Avec le P. Chaminade nous apprenons ainsi du Credo que la foi, tout en s’adressant à l’intelligence, doit être ferme et vécue. La foi veut structurer l’esprit par la connaissance du vrai Dieu, le coeur par l’amour qui répond aux avances du Dieu-Amour et la vie pratique par un service effectif et affectif du Dieu vivant. Connaître, aimer, servir: une triple démarche familière au P. Chaminade.

Le Credo pour vivre avec Dieu et ressembler à Jésus Christ (1825-38)

Le P. Chaminade veut aider les religieux/religieuses qu’il a fondés et qu’il dirige à vivre en communion avec Dieu (vie théologale) et à chercher explicitement à ressembler de plus en plus à Jésus-Christ, Fils de Marie (conformité au Christ). Le Directeur spirituel marianiste se base, là encore, sur le Credo, tant dans son enseignement oral que dans ses écrits de direction.

Le programme est aussi vaste que le Credo. « Nous ne parlerons ici que de notre foi en Dieu, en Jésus-Christ, au Saint-Esprit et en la Sainte Vierge« .

L’exercice de la foi « consiste à multiplier les actes de foi, d’esprit et de coeur, en reprenant les formules enseignées dans le Symbole des Apôtres, c’est-à-dire en concevant des sentiments de foi, de confiance et d’amour, car, dans la doctrine des Apôtres, JE CROIS EN DIEU veut dire non seulement: je crois qu’il y a un Dieu, mais encore: je me confie en Dieu, je cherche Dieu et je tends à lui comme à ma fin dernière ». « Croire dans son coeur conduit à la justice » (Rm 10,10).

Centrer plus nettement la direction spirituelle sur la conformité à Jésus-Christ sous l’action de l’Esprit-Saint et de la Vierge Marie, le P. Chaminade le fait à partir de la retraite prêchée à Saint-Remy en 1827 et dans son 2e manuel de direction (1829), inspiré de M. Olier.

Il part pour cela des articles 2 et 3 du Symbole des Apôtres: « Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, Notre Seigneur, qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie ».

A partir de là, il propose d’accueillir avec la foi du coeur et dans la joie les réalités révélées suivantes:

  • Jésus est le Fils unique du Père et nous, nous sommes ses enfants adoptifs.
  • Jésus est le fils unique de Marie et nous, en Jésus, nous sommes fils et filles spirituels de Marie.

Comme Jésus, le chrétien est donc aussi « conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge Marie, par le baptême et par la foi ».

Le rôle de l’Esprit-Saint est primordial dans ce ‘travail de conformation sainte’ à Jésus-Christ. Chaminade en parle en relation avec l’article 8 du Credo.

Depuis notre baptême, l’Esprit est actif en nous par ses sept dons. Mais il faut vivre de l’Esprit de Jésus-Christ reçu pour cela à la confirmation.

« Les oppositions à la vertu que trouvent quelquefois en eux-mêmes les jeunes gens viennent de la mauvaise réception du sacrement de Confirmation. C’est d’autant plus regrettable qu’on ne peut recevoir ce sacrement qu’une fois! »

Comment revivifier la grâce du sacrement de confirmation? Cinq démarches sont proposées, pour aider à faire, dans un esprit de pénitence, ce qu’on aurait dû faire avant de recevoir ce sacrement:

  1. Apprendre à bien connaître ce qui regarde ce sacrement.
  2. Purifier sa conscience.
  3. Dire souvent au Seigneur qu’on désire que la confirmation produise ses fruits en nous, en particulier quand on communie.
  4. Prier, invoquer l’Esprit-Saint souvent, longuement…
  5. Combattre nos passions mauvaises et tous les ennemis de notre salut avec la force de l’Esprit qu’on a reçu, avec fidélité et reconnaissance.

Pour vivre selon l’Esprit-Saint, il faut bien discerner entre l’Esprit de Jésus Christ et l’esprit malin, avec l’aide du directeur spirituel et en demandant à l’Esprit-même la grâce de ce discernement. Celui qui est docile à l’Esprit de Dieu s’attache à Dieu et se détache des réalités créées.

La conformité à Jésus-Christ doit nous ouvrir à la joie de la vie éternelle, et cela dès le noviciat.

Le P. Chaminade propose donc aux siens une vie théologale solide et large. Pour cela, il s’appuie sur le Credo-trinitaire: Père, Fils (et Marie), Esprit Saint et vie éternelle en Dieu.

On voit bien, ainsi, où se situe le rôle de Marie, Mère des croyants, pour assurer, sous la dépendance de l’Esprit, la vie spirituelle des Marianistes.

Faire oraison avec le Credo

Utiliser le Credo pour prier, pour faire oraison, c’est le sommet spirituel de l’utilisation du Symbole des Apôtres. Le P. Chaminade l’a fait d’une manière assez unique dans la Tradition catholique. L’oraison avec le Credo prend une place importante dans la vie du P. Chaminade dans les derniers temps de sa longue vie apostolique: en 1840, il écrit sa Méthode d’oraison sur le Symbole. Mais l’idée de faire oraison en utilisant le Credo, il l’a depuis longtemps.

  1. En 1796 déjà, dans une lettre de direction à Melle Marie-Thérèse de Lamourous, il écrivait:

« Vous joindrez à la prière du matin une oraison mentale, d’abord d’un gros quart d’heure au moins;

.vous la commencerez en adorant Dieu intérieurement et en disant en vous-mêmes: ‘N’étant que cendre et poussière, je me présenterai devant mon Dieu!

.Vous réciterez ensuite lentement le Symbole des Apôtres (si vous êtes seule, vous vous prosternerez en vous allongeant par terre pour faire l’acte d’adoration, ensuite, vous remettant à genoux, vous direz le Symbole les bras étendus).

Ces préparations finies, vous vous tiendrez en la présence de Dieu, dans le plus grand recueillement. La disposition où doit être votre âme dans ce recueillement, est celle d’un sentiment simple, ou de foi, ou d’espérance, ou de charité, ou de résignation à la volonté de Dieu.

Vous terminerez votre oraison en demandant à Dieu de vous faire la grâce de vous tenir toute la journée dans le recueillemnet et de n’agir que par des motifs de foi… etc.

Dans cette lettre, le Credo fait partie des exercices de préparation à l’oraison, au même titre que l’adoration de Dieu. Le coeur de l’oraison ici présentée est donc: la présence

de Dieu dans le plus grand recueillement où l’âme se tient en un sentiment simple, ou de foi, ou d’espérance, ou de charité, ou de résignation à la volonté de Dieu et cela afin de se maintenir, avec la grâce de Dieu, toute la journée dans le recueillement et de n’agir que par des motifs de foi…

Déjà oraison de foi et vie de foi sont étroitement liées.

  1. Autour de 1830, le P. Chaminade propose le Credo comme moyen, non seulement d’introduire à l’oraison mais de la prolonger dans la vie, pour nourrir l’esprit d’oraison, pour se transformer en foi pratique.
  1. a) Le Credo initie à l’oraison. Le P. Chaminade conseille à ceux et celles qui apprennent à faire oraison de la commencer par une lente récitation de quelques prières vocales (comme des psaumes, des formules de prière du matin ou du soir, le Notre Père, etc.), en particulier du Credo, « car il faut beaucoup s’appuyer sur la foi ». Ensuite, qu’on laisse monter de son coeur des prières personnelles…
  1. b) Le Credo au coeur de l’oraison: l’oraison de foi.

En 1837 le P. Chaminade écrit au P. Chevaux: « Tout consiste essentiellement à ce que vous fassiez un tel usage de la foi, que vous preniez liaison en quelque manière, et bien réellement néanmoins, tant avec les mystères (de la vie du Christ) qu’avec les vérités de foi qui vous servent de sujets de méditation (les articles du Credo). La foi, tant des mystères que des vérités, qui entrera dans votre âme, vaincra infailliblement votre lâcheté dont vous vous plaignez. »

. Le P. Chaminade propose trois types de sujets à méditer pour nourrir la vie de foi: 1. un texte ou une parole de l’Ecriture Sainte; 2. une vérité de foi enseignée par l’Eglise, laquelle est toujours appuyée, ou sur quelques textes de l’Ecriture Sainte ou sur la Tradition: tels sont les articles du Symbole; 3. la représentation d’un mystère ou d’une action de Notre Seigneur, de sa sainte Mère ou de quelque saint.

Il écrit en 1842 à un dirigé: « Tous les articles de notre foi, toutes les vérités révélées se rapportent à celle dont St Pierre fit profession: ‘Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant!' » (Mt 16,16)

L’oraison de foi (utiliser la foi comme moyen et aussi comme objet de l’oraison) est le pivot de toute la vie chrétienne et religieuse.

  1. c) Le Credo fait le lien entre l’oraison et la vie.

Pour nous faire grandir dans la foi, l’oraison a besoin d’être en lien avec la vie quotidienne, de la transformer en maintenant dans notre coeur la présence active de Dieu, rencontré durant l’oraison.

.Dans ce but, le P. Chaminade, s’inspirant de saints comme Augustin, Bonaventure…, propose de faire pendant la journée de fréquentes aspirations qui élèvent notre âme dans le ciel par des impressions ardentes; des actes d’amour de Dieu. Et il ajoute, revenant encore au Credo: « Les seuls mots de ‘je crois en Dieu’, ‘je crois en un seul Dieu’, ‘je crois en Dieu Père, en Dieu Créateur’…: quelques-uns de ces mots sont de vives aspirations pour celui qui en a bien senti le sens ».

En 1840 enfin, le P. Chaminade rassemble tout l’essentiel de son enseignement – sur la vie de foi, sur l’oraison de foi, sur l’union à Jésus et à Marie dans l’oraison, sur l’esprit de foi devenant agissant dans la vie quotidienne, – en un texte unique: Méthode d’oraison sur le Symbole, avec l’aide de son secrétaire Narcisse Roussel. Le Credo se situe au coeur de ce texte comme il doit être au coeur de notre vie de chrétiens, baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit

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LA SPIRITUALITE MISSIONNAIRE MARIANISTE DU P. CHAMINADE

Table des matières:

Page:

2   I. LES FONDATEURS

  1. G.J. Chaminade « Missionnaire Apostolique »

4   2. Adèle de Trenquelléon

et son charisme marianiste missionnaire

7   II. LA MISSION VECUE EN EGLISE

  1. Au service de la foi de l’Eglise

8   2. « Vous êtes tous missionnaires! »

9   3. Une mission universelle

10   4. Missionnaires de Marie

13 III. LA FORMATION DES MISSIONNAIRES

  1. Des missionnaires formés: libres et vrais

15 2. Former des hommes de foi par le CREDO

28 3. Progresser vers la plénitude:

Direction et oraison

30 Conclusion: « Un homme qui ne meurt pas. »

33   LE CREDO CHEZ LE P. CHAMINADE

  1. Le Symbole nous vient-il des Apôtres?

34   2. Le Credo dans la prédication du P. Chaminade

35   3. Le Credo, base de l’enseignement du P. Chaminade sur la foi

37   4. Le Credo: pour vivre avec Dieu et ressembler à Jésus Christ

39   5. Faire oraison avec le Credo.

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