Journal de Faustino

Préface

C’est une joie pour moi que de préfacer ce livre consacré au Serviteur de Dieu Faustino Pérez-Manglano Magro. Oui, vraiment, son Journal et ses autres écrits m’ont impressionné. Je suis convaincu que les jeunes tireront un grand profit de la lecture de ce livre. Ils y découvriront un jeune qui se pose la question radicale de son existence, et qui trouve en Jésus-Christ le Chemin, la Vérité et la Vie.

Faustino nous montre qu’il est parfaitement possible pour un jeune d’aujourd’hui de vivre dans la quête de la sainteté, que la jeunesse n’est pas fâchée avec Dieu, qu’elle peut vivre une amitié sincère avec Lui, et par conséquent, mener une vie d’union au Christ. Faustino a quitté cette terre à dix-sept ans et demi, nous laissant le souvenir de sa fidèle amitié envers Notre Seigneur Jésus-Christ. « L’Assemblée des Théologiens » a reconnu, à l’unanimité, l’héroïcité des vertus du jeune garçon, sur le cas duquel se penche actuellement la Congrégation pour la Cause des Saints.

Dans la Constitution Lumen Gentium, le Concile Vatican II traite de la sainteté et de la sanctification en partant du thème de notre union au Christ. En ce sens, les écrits de Faustino surprendront peut-être quelque peu le lecteur, tellement ce jeune garçon vivait en union avec le Christ. En lisant ce Journal, n’imaginons pas cependant que nous sommes en présence de phrases écrites par un saint « avant la lettre ».

Il s’agit d’abord du Journal dans lequel l’adolescent note jour après jour, en vrac, les choses les plus diverses : événements scolaires, résultats de foot, films qu’il a vus. Mais il y a quelque chose de particulier dans ces pages que nous parcourons, quelque chose qui mobilise toute notre attention : au-delà de ce quotidien banal qu’il vit chaque jour, comme n’importe quel jeune, voilà qu’il nous raconte avec la même simplicité quand et où il a dit son chapelet, qu’il s’est confessé, qu’il a communié.

Or cela est essentiel pour comprendre la sainteté de Faustino, sainteté à laquelle tout chrétien est appelé. Je vais essayer d’expliquer cela d’une façon très simple : l’Eglise est sainte parce que le Christ, le seul Saint, l’a aimée comme son épouse et qu’il s’est donné à elle pour la sanctifier. Ainsi donc, la sainteté de l’Eglise vient du Christ et de son amour pour elle.

Le Seigneur s’est uni à l’Eglise comme à son propre corps. En ce sens, on peut dire que le Christ a comblé son Eglise en lui faisant le don de son Esprit, et l’Esprit imprègne tout, vivifie tout et unit tout au Christ : il nous communique la sainteté. En effet, si l’Esprit nous unit au Christ, il nous fait du même coup participer à la vie de Dieu.

Tous les chrétiens, membres de l’Eglise, ont donc l’obligation morale de tendre vers la sainteté. Tous doivent avoir une conduite sainte, conforme à ce qu’ils sont dans l’ordre de l’être. Faustino commence à écrire son Journal à quatorze ans. Un an et demi plus tard, déjà, malgré ses lacunes, il s’en dégage quelque chose de tout à fait essentiel : il est le reflet de sa relation avec Dieu et avec Marie.

Elles sont fortes ces paroles du Concile : «Appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres mais au titre de son dessein gracieux, justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus par le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par là même, réellement saints.

Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie. C’est l’apôtre qui les avertit de vivre « comme il convient à des saints » (Ep 5,3) » (LG 40). La façon très originale dont Faustino interprète ces mots donne à sa vie une cohérence toute particulière : nous découvrons, en effet, au fil de son Journal, qu’il n’y a pas d’un côté tout ce qui est religieux, et de l’autre le reste. Pour lui, il est aussi naturel d’aller applaudir son équipe de football favorite que de parler au Christ.

Je tiens à souligner la présence de Marie dans sa vie, une vie dont on peut dire, sans risque de se tromper, qu’elle avait un caractère profondément marial. Mais la cohérence soulignée plus haut s’affirme ici encore : si ses amis étaient importants pour lui, la présence de Marie ne l’était pas moins ; en fait, il y avait place pour tous dans son cœur.

Allons plus loin : plus il vivait intensément sa vie chrétienne et plus il était accueillant pour ceux qu’il rencontrait. Quelle existence magnifique que celle de ce jeune garçon ! Il aimait regarder un bon film, et en même temps il trouvait parfaitement normal de réciter son chapelet. Il vivait ces différents aspects de sa vie sans l’ombre d’une contradiction. Nous voyons ainsi à quel point marcher à la suite de Jésus-Christ a donné de la cohérence à la vie de Faustino.

Sa vie est une sorte de montée, d’ascension. En effet, lorsque nous disons que le chrétien est appelé à la sainteté, il s’agit véritablement d’une invitation à l’héroïsme ; le sacrement qui nous incorpore au Christ nous oblige à être prêts, à tout moment, au sacrifice suprême de la charité. Les écrits que Faustino nous a laissés témoignent de cette ascension progressive, de cette maturation chrétienne.

Son Journal, très laconique au début, finit par devenir le riche témoignage d’une âme entièrement donnée à Dieu. La même impression se dégage des notes qu’il a prises au cours des diverses retraites qu’il a suivies : aux premières, il se contente de résumer ce qu’il a entendu, alors qu’il nous livre dans les deux dernières sa réaction personnelle aux enseignements, ce qui prend une singulière importance quand on veut suivre sa montée vers la sainteté ! Il réalise ainsi dans sa propre vie ce que dit Lumen gentium : « ll est donc bien évident pour tous que l’appel à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité s’adresse à tous ceux qui croient au Christ, quel que soit leur état ou leur forme de vie; dans la société terrestre elle-même, cette sainteté contribue à promouvoir plus d’humanité dans les conditions d’existence. Les fidèles doivent s’appliquer de toutes leurs forces, dans la mesure du don du Christ, à obtenir cette perfection, afin que, marchant sur ses traces et se conformant à son image, accomplissant en tout la volonté du Père, ils soient avec toute leur âme voués à la gloire de Dieu et au service du prochain. » (LG 40). Faustino découvre donc progressivement que la sainteté n’est pas quelque chose d’inaccessible.

Trois éléments m’ont frappé dans cette montée vers la sainteté

  1. Faustino comprend peu à peu la logique qui préside à toute vie chrétienne. Pour ce qui concerne l’union au Christ, le témoignage du jeune garçon nous montre tout spécialement combien peut être plurielle la relation entre les personnes. Il nous fait découvrir que la vie nouvelle dans le Christ n’obéit pas aux lois rigides de la justice distributive, mais bien plutôt à celles de la souveraine libéralité du Seigneur : « Chacun de nous a reçu sa part de la faveur divine selon que le Christ a mesuré ses dons » (Ep 4, 7). La personnalité de Faustino élevée au plan surnaturel a donc acquis des traits personnels encore plus marqués que ceux que la nature lui avait donnés. ainsi qu’il s’est senti appelé à se consacrer à Dieu dans la vie religieuse et le sacerdoce et qu’il a vu son désir de sainteté grandir progressivement, d’une sainteté qui comprend et qui vit, pétrie d’ « amour de Dieu et du prochain… et tellement plus facile avec Marie. », comme il l’affirme lui-même.
  2. Sa compréhension de la Passion du Seigneur, à laquelle il associe spontanément la maladie dont il souffre alors, mérite d’être soulignée. Non seulement il ne perd pas sa joie de vivre, mais il éprouve un bonheur chaque jour plus grand, un bonheur qui vient du plus profond de son cœur.
  3. Il a conscience d’une présence habituelle de Marie dans sa vie. On peut, en effet, bien affirmer que la récitation quotidienne du chapelet tisse en lui une vie intérieure toujours plus riche. Lui-même attribue la grâce de sa vocation à la force que lui donne cette pratique du chapelet.
  4. Faustino a appris à dire « oui » à Dieu en tenant Marie par la main, en étant toujours aux côtés de Celle qui a été à la fois sa Mère et son Accompagnatrice spirituelle. Le « oui » qu’il a appris à dire à « tout ce qui est bon », depuis sa première retraite, ce « oui » de Marie dynamisera toute sa vie. Jeune disciple du Christ, Faustino peut servir de référence pour tous les jeunes de son âge qui s’interrogent sur leur manière de suivre Jésus-Christ. Le jour où, au Vatican, « l’Assemblée des Théologiens » a reconnu, à l’unanimité, l’héroïcité des vertus de Faustino, j’ai pensé à tous ces jeunes qui préparent les Journées Mondiales de la Jeunesse de Madrid en 2011. Pouvoir préparer cette rencontre en suivant Jésus-Christ, à la manière de jeunes contemporains comme Faustino, constitue une grâce toute particulière. « Dans la vie de nos compagnons d’humanité plus parfaitement transformés à l’image du Christ (cf. 2 Co 3, 18), Dieu manifeste aux hommes dans une vive lumière sa présence et son visage. En eux, Dieu lui-même nous parle et il nous donne un signe de son Royaume » (LG 50)

    Carlos, archevêque de Valence (Espagne)

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