Contexte historique et réponse donnée par nos Fondateurs

Avec la Révolution Française c’est une partie de l’esprit des « philosophes des Lumières » qui passe dans les faits. Les idées révolutionnaristes gagnent l’Europe entière :

  • triomphe de la raison en politique,
  • lutte contre le christianisme.

En France, on distingue la Révolution et l’ère napoléonienne. En Europe les deux périodes sont considérées comme un tout. Napoléon propage l’idéologie révolutionnaire jusqu’aux steppes de Russie.

Les faits

  • Les États généraux (ouverture le 5/5/1789) : pour tenter de résoudre une crise financière et politique sent convoqués le clergé, la noblesse et le tiers-état. “Les cahiers de doléances” émettent des souhaits de réformes mais il n’y a aucune animosité centre la religion.
  • 26/8/89 l’Assemblée vote la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui s’inspire de la philosophie des Lumières et de la déclaration des droits de l’homme (États Unis 1776)
  • 2/11/89 : les biens du clergé sont mis à la dispensation de la Nation. L’État se chargera de la subsistance du clergé. De nombreuses églises, monastères sont saccagés…
  • 3/2/1790 : les vœux de religion sont interdits.
  • 12/7/1790 : vote de la Constitution civile du clergé :
    De 135 diocèses on passe à 85 ; 1 paroisse pour 6 000 habitants.
    Evêques et curés seront élus par ceux qui élisent les responsables de département ou arrondissement.
    L’évêque demandera son institution à l’archevêque (il y en a 10) et en informera le pape.
    Le pape, informé de tout ce qui se passe tarde à parler.
  • 27/11/1790 l’assemblé exige que le clergé prête serment : 7 évêques sur les 160 le prêtent. Les prêtres qui l’ont refusé ne peuvent plus exercer le ministère.
  • mars-avril 1791 le Pape condamne la Constitution civile du clergé
    Les droits de l’homme sont déclarés contraires à la Révélation car ils méconnaissent les droits de Dieu et de la Vérité en prônant une liberté absolue. Le Pape demande une rétractation du Schisme.
    (prêtres jureurs – prêtres non jureurs)
    Certains évêques constitutionnels furent de grands pasteurs : l’Abbé Grégoire, évêque du Loir et Cher.
  • printemps 1792 : jusque là l’Eglise réfractaire est tolérée. Puis les prêtres réfractaires connaissent la déportation (les évêques ont déjà émigré). 30 à 40 000 prêtres partirent pour différents pays d’Europe.
  • Massacres de septembre : près de 300 ecclésiastiques, un millier de victimes, le registre d’état civil est enlevé au clergé, le divorce est autorisé.
  • 26.1793 : exécution de Louis XVI
    Pour un chrétien c’est une faute impardonnable, il est l’Esprit de Dieu. C’est l’origine des soulèvements de l’Ouest (Bretagne – Vendée -les Chouans) : un millier de victimes.
  • de septembre 93 à juin 1794 : la TERREUR / GUERRE à LA RELIGION.
    Mise en place du calendrier républicain, destruction d’églises, mascarades, culte de la déesse Raison, abdication et mariage des prêtres, exécution de prêtres, religieux, religieuses… de vrais martyrs. Tout culte extérieur a pratiquement disparu.
  • 27/7/1794 chute de Robespierre: fin de la Terreur.
  • 21/2/1795 la Convention reconnaît la liberté de culte dans les églises. Il y a séparation de l’Église et de l’État jusqu’en 1801 : le Carême voit les églises pleines, l’église constitutionnelle se réorganise, l’église réfractaire aussi, met au point les Missions :
    – dans les diocèses circulent des missionnaires sans domicile fixe,
    – des laïcs assurent un encadrement stable comme chefs de villages et catéchistes.
  • septembre 1797 craignant la poussée royaliste, le Directoire se durcit de nouveau contre l’Église, des prêtres sont arrêtés, déportés en Guyane eu fusillés.
    ->Départ en exil du P. Chaminade, de Mme de Trenquelléon
  • début 1798 le Directoire chasse le pape Pie VI de Rome et y établit la République romaine. – On assiste à des pillages. Contraints à la retraite, les Français emmènent le Pape à Valence, près du Rhône eu il meurt le 24/8/1798.

L’ère napoleonnienne

  • 14/3/1800 les cardinaux réunis à Venise élisent Pie VII. Évêque, il avait reconnu que la forme démocratique de gouvernement n’était pas incompatible avec l’Évangile. Bonaparte, premier Consul, pense qu’il faut une réconciliation religieuse des Français, mais il s’agit d’une vision politique, on aboutit le :
  • 15/7/1801 au CONCORDAT : Il ramène la paix religieuse en rétablissant les liens avec Rome.
  • 18/4/1802 à Notre Dame de Paris: on célèbre Pâques.
  • avril 1802 : Chateaubriand publie “le Génie du Christianisme”. L’Église va se relever lentement.
  • 2/12/1804 : couronnement de Napoléon par Pie VII
  • dès 1806 tension entre le Pape et Napoléon. Dans sa lutte centre l’Angleterre Napoléon veut que le Pape respecte les obligations du Blocus continental.
  • février 1809 les États pontificaux réunis à l’Empire français. Le Pape excommunie les usurpateurs, il est emmené à Savone. Jusqu’en mars 1812, il est en résidence surveillée.
  • juin 1812 le Pape est transféré à Fontainebleau. Les désastres militaires amènent l’empereur à renvoyer le Pape à Rome où il entre triomphalement le 24/5/1814.

Des changements profonds et irréversibles

Les biens d’Église sont passés en des mains laïques, la société française est sécularisée, seul le Pape garde un pouvoir temporel, la liberté des cultes est introduite dans la législation, ce qui signifie que des Français peuvent s’affirmer non catholiques, non chrétiens.

L’état civil échappe à l’Église, la maîtrise de l’enseignement est enlevée à l’Église,

Il y a séparation de l’Église et de l’État. Ces décisions seront reprises plus tard. Le divorce est autorisé.

L’Église est purifiée, elle est contrainte de revenir à sa mission essentielle. Un clergé digne et hiérarchisé dépend de l’Administration, les évêques sont maîtres absolus dans leurs diocèses, ils déplacent les desservants comme ils veulent. Le prêtre tend à devenir un fonctionnaire qui se recrute dans les milieux modestes ce qui lui permet une promotion sociale. L’attachement au pape est renforcé.

Au l9ème siècle la France est coupée en deux:

  • les catholiques (dans leur majorité) souhaitent une restauration sociale et relieuse sur le modèle de l’Ancien Régime. (ils voient souvent l’œuvre de Satan dans les principes de 1789.)
  • les libéraux tiennent à défendre les acquis révolutionnaires.

La réponse donnée par nos Fondateurs

  • Une vraie vie religieuse, à la fois nouvelle et inscrite dans la tradition de l’Église.
  • Avec des notes spécifiques :
    – Marie (stabilité)
    – la mission (éducation de la foi et des mœurs chrétiennes)

Le P. Chaminade et Mère Adèle ont voulu que nous soyons de vraies religieuses, c’est-à-dire des femmes totalement consacrées à Dieu en Jésus Christ (Lumen Gentium 42) c’est par amour pour le Christ qu’Adèle et ses compagnes ont voulu se rassembler pour aimer le Christ et le servir dans les jeunes, les pauvres. Il s’agit d’être à Dieu dans la conformité à Jésus Christ.

Comment cela se vit-il ?

*en communauté

Au P. Chaminade qui lui propose l’État religieux dans le monde, État qu’ont embrassé des Congréganistes de Bordeaux, Adèle répond en demandant la constitution d’une communauté régulière.

Une fois l’Institut fondé le P. Chaminade refusera toujours des fondations d’un ou deux religieux. Il voulait un corps manifestant 1‘Église. « Que tous soient un… » (Jn 17) Dans son enseignement le P. Chaminade insiste sur le Corps Mystique. Adèle recommande souvent à ses amies puis à ses sœurs de « ne faire qu’un cœur et qu’une âme. »

*une communauté apostolique

Pour cela le P. Chaminade recourt au vœu de clôture (qui revêt le sens marial du vœu de Stabilité) : ce vœu fait des sœurs de vraies religieuses tout en laissant la disponibilité nécessaire à l’apostolat puisque les supérieurs peuvent en dispenser. Pour cette raison encore le P. Chaminade refuse le Grand Office au chœur de façon à ce que les sœurs puissent consacrer du temps au monde à évangéliser (Congrégations, mendiantes, classes…).

* dans la tradition monastique de S. Benoît (à l’origine du vœu de Stabilité)

  • être entièrement consacré à Dieu pas aux 3/4 ni même aux 3/4 et demi.
  • comme chez S. Benoît deux Ordres, un seul Institut avec plus ou moins la même Règle
  • inspiration fraternelle et non hiérarchique : un bon Père – une bonne Mère.

* pour les soeurs en plus la tradition du Carmel : la prière de 3 heures, l’oraison, Dieu seul

* universalité de l’Institut qui n’est pas pour un seul diocèse

  • Mgr Jacoupy voulait un Institut diocésain,
  • Le P. Chaminade a voulu un Institut ouvert au monde entier : de son vivant, la S.M. fonde aux États Unis.

* vivre tout cela avec une Mère : Marie qui nous éduque et nous forme à la ressemblance avec Jésus Christ.

Une forme de vie religieuse nouvelle avec ses notes spécifiques

Marie

Les premiers sont devenus religieux par amour de la Vierge Marie. Marie était le motif qui les poussait à se donner totalement à Dieu, à son service dans l’apostolat. Le P. Chaminade leur avait fait connaître et aimer la Vierge Marie. Par amour pour Elle ils ont voulu devenir des chrétiens plus dynamiques.

Les premières religieuses étaient des Congréganistes. Par la vie religieuse elles vont porter jusqu’au bout les engagements de leur baptême. Cet amour pour Marie fait la grâce de notre vocation, notre charisme.

En contemplant le mystère de Marie à Saragosse le P. Chaminade a découvert le rôle de Marie dans l’Église, dans nos vies (cf. lettre du 24.8.1839) Il part des combats, difficultés, luttes de l’Église (il a vécu la Révolution, le régime napoléonien, les tracas de la Restauration, la révolution de 1830 très antireligieuse – elle a supprimé les Congrégations.)

Derrière ces luttes il a vu l’œuvre de Satan : la Bible (Gn 3,15) présente dès l’origine, la lutte de Satan contre le premier couple humain, la chute, la promesse, l’espérance : « je mettrai une inimitié entre toi et la femme, et elle (ou un de sa descendance) t’écrasera la tête. »

Marie devient l’associée du Nouvel Adam – la Nouvelle Ève.

L’Église a toujours vu en Marie son type

  • celle en laquelle elle s’est reconnue,
  • celle qui a vécu la destinée de l’Église de façon historique auprès du Christ,
  • celle qui lui est proposée comme l’idéal de son achèvement, le signe de son espérance,
  • celle en qui l’Église est réalisée,
  • celle qui aide l’Église à se réaliser sous l’action de l’Esprit Saint.

Le P. Chaminade a de beaux développements sur la Femme.

Le vœu de Stabilité ou de clôture

Au nom de Marie et par amour pour Elle, nous nous engageons, pour l’Église, dans cette lutte dans laquelle Marie est engagée comme Femme auprès de son Fils.

C’est un vœu de persévérance dans l’Institut parce que celui-ci appartient à Marie et continue dans l’histoire et par l’Église le rôle même de Marie.

Pour cette oeuvre, l’Esprit saint et Marie nous forment à la ressenb1ance de Jésus Christ.

LA MISSION : Éducation de la foi et des mœurs chrétiennes

Nos Fondateurs ont toujours regardé les besoins de leur époque.

Le P. Chaminade avant la Révolution est enseignant, éducateur de la foi (à Mussidan), pendant la révolution il devient confesseur de la foi. Pendant l’exil à Saragosse il approfondit sa vie de foi c’est le désert de l’homme actif. C’est un temps de grâces reçues au pied de N.D. del Pilar et par Elle. Après la Révolution, Il cherche à répandre et à développer la foi par tous les moyens.

L’éducation de la foi est une réponse à l’hérésie régnante : le rationalisme.

Adèle de retour au château après l’exil voit le besoin d’affermir la foi, de la partager : elle fonde « la petite Société ». Après la rencontre avec le P. Chaminade, ils travaillent ensemble à un même projet, lui en ville, elle à la campagne. L’un et l’autre exercent l’amour du prochain en lien avec les besoins de l’après révolution : la foi à cultiver, l’Église à reconstruire.

Dans ce but, dès son retour en France, le P. Chaminade demande à Rome le titre de « Missionnaire apostolique ». Il n’a jamais été vicaire, curé, évêque. Le Saint Siège confiait cette charge de Missionnaire apostolique à un certain nombre de prêtres appelés à travailler au relèvement ou à l’approfondissement de la foi en pays de chrétienté. Ces prêtres dépendaient de la Propagande (cf. S. Jean Eudes -S. Louis G. de Montfort). Le P. Chaminade a demandé cette responsabilité. C’est sa façon de se situer dans l’Église.

En 1814 (8/10) il écrit à Adèle : « Je rentrai en France, il y a 14 ans avec la qualité de Missionnaire apostolique dans toute notre malheureuse patrie. Je ne crus pas pouvoir en exercer mieux les fonctions que par l’établissement d’une Congrégation telle que celle qui existe. Chaque Congréganiste de quelque sexe, de quelque âge, de quelque état qu’il soit devient un membre actif de la mission ».

« Membre de la mission » : expression chère au Père Chaminade : il veut partager la mission avec d’autres, en lien étroit avec le Pape. Il appelle la Congrégation de Bordeaux une “mission permanente” par opposition aux missions temporaires paroissiales (en hiver à la campagne)

Les missions permanentes du P. Chaminade sont des centres de renouvellement qui durent, car dans la foi et dans la vie il faut durer.

Le but de la Congrégation, c’est de faire des membres actifs de la mission.

Il écrit à Adèle en 1816 (n ° 76) : «  Faites de petites missionnaires: c’est le but ». Il écrit cela à propos des jeunes filles de la Congrégation d’Agen. Il faut les rendre chrétiennes jusqu’à la plénitude de leur baptême : la mission.

Quand il envisage la fondation de l’Institut, il a le même projet: (n° 57 p.98) : « Quant à ce qui doit vous distinguer des autres ordres c’est le zèle pour le salut des âmes. Il faut faire connaître les principes de la religion et de la vertu, il faut multiplier les chrétiennes. (…) Vous aurez à instruire de la religion, à former à la vertu (…), à faire de vraies Congréganistes, à tenir des assemblées, (…) à faire faire de petites retraites (…) Votre communauté sera toute composée de religieuses missionnaires. »

Il nous faut remarquer au passage le rôle actif dans l’éducation de la foi que le P. Chaminade envisage pour les Sœurs. Ce n’était pas commun pour les femmes qui se consacraient à l’enseignement, au soin des malades.

Dans une autre lettre adressée à Mme Belloc et où il lui dépeint la mission du nouvel ordre, le P. Chaminade écrit : « Elles seront associées à l’œuvre de la rédemption, participantes de l’esprit apostolique,   brûlantes du zèle des missionnaires. » (lettre citée par Adèle – 297.5)

Autrement dit, être missionnaire c’est participer à l’esprit des Apôtres or les Apôtres ont eu une double mission :

  • mission de témoigner comme disciples du Christ qu’ils écoutent et dont ils sont les envoyés, transmettant son message.
  • mission hiérarchique, sacramentelle.

Quand le P. Chaminade parle de la mission des Apôtres, il parle de la première : « Allez porter la Bonne Nouvelle à toute créature » ; et nous, Marianistes, nous suivons cet appel en faisant alliance avec une laïque : MARIE. Il s’agit d’affermir la foi des chrétiens, de multiplier les chrétiens.

A cela il faut ajouter ce qui est cher au P. Chaminade: la scène du Calvaire : c’est la contemplation du Christ mort et ressuscité pour le salut du monde, en particulier par la Prière de 3 heures. Notre mission est une mise en oeuvre de la mission que le Christ a confiée à sa Mère sur la Croix : Voici ton Fils, Voici ta Mère.

En quoi va consister la mission ?

* Que faire ?

Au début : la Congrégation (jusqu’en 1830 quand le gouvernement interdit les Congrégations)
les catéchismes, la préparation à la l ère communion, confirmation,
les retraites personnelles ou de groupes,
les mendiantes,
l’école puis les pensionnats (à Condom en 1824).

La formation de la jeunesse a toujours attiré le P. Chaminade et Mère Adèle. Le P. Chaminade appelle Marie : la Mère de la Jeunesse. Par les jeunes le P. Chaminade et Mère Adèle voulaient toucher les familles et former la société chrétienne de demain.

« Nous voulons faire de nos Congréganistes de petites missionnaires qui répandent dans leurs familles et dans la ville, la semence que nous répandons dans leurs cœurs. » (414.11)

* Comment choisir les oeuvres ?
  • se mettre à l’écoute des besoins : ainsi avant la fondation d’Agen, le P. Chaminade écrivait : « vous n’aurez point à faire la classe » (3.1.1815 – lettre 57) Et peu après (6.12.1815) il écrira: « Quant à l’enseignement gratuit des enfants, vous pouvez le promettre. On m’avait mis dans l’erreur sur la population d’Agen et sur les secours que cette ville pouvait avoir en ce genre. » (59)
  • nécessité de discernement pour reconnaître les besoins qui sont des indications de la Providence.
  • « multiplier les chrétiens » : inventer des moyens pour cette fin.
  • L’exemple de S. Emmanuel est parlant : elle jouait du piano, de la harpe, connaissait la géographie, un peu d’italien… C’est exceptionnel à cette époque. On va utiliser ces compétences pour amener à Dieu une catégorie de personnes que la Congrégation, les dévotions n’attirent pas.
  • ne pas transformer la fin de l’Institut en le particularisant

Mgr Jacoupy propose à la jeune communauté d’Agen de reprendre la maison des Orphelines et d’y poursuivre l’œuvre. Mère Adèle est enthousiaste. (312) A l’enthousiasme de Mère Adèle le P. Chaminade répond : « Il serait essentiel de faire attention que cette admission des orphelines ne devint pas une cause ou un prétexte d’éloignement pour des classes différentes de la société. Il ne faut pas se presser trop sur cette admission, il ne faut pas intervertir la fin de l’Institut en le particularisant. » (82)

Cette ouverture à tous est caractéristique du P. Chaminade. On trouve un autre exemple quand la sœur Saint François s’occupe des pauvres mendiantes : le P. Chaminade insiste sur la prudence, l’Institut devant rester un Institut enseignant. (cf. lettre 93 du P. Chaminade — 346.10 et 414.10 de M. Adèle)

Pour choisir les œuvres il faut agir dans le sens de notre être profond, de notre charisme en demeurant accueillant à la lumière de l’Esprit Saint et en tenant compte des besoins que nous constatons.

*  Universalité de la Mission

« Nous embrassons toutes les oeuvres de zèle et de miséricorde… » (E.M.II 81) pour former des hommes, des gens de foi (vœu d’enseignement), des chrétiens. Ainsi toutes les oeuvres sont bonnes du moment qu’elles servent l’éducation chrétienne, l’éducation de la foi.

« Mais dira-t-on la S.M. n’est-elle pas essentiellement un corps enseignant ? Oui, sans doute, et les Apôtres aussi étaient essentiellement un corps enseignant : allez enseigner toutes les nations. » (…) 15.2.1826 n0 388) Comme l’explique le P. Chaminade dans la suite de cette lettre cela dépasse le scolaire.

Une remarque à propos de ce vœu d’enseignement de la foi et des mœurs chrétiennes : pour le P. Chaminade il y a toujours unité entre pensée et pratique. De même, toute jeune, Adèle a eu le souci que son oraison passe dans sa vie. Nos Fondateurs sont très évangéliques, comme Marie : « qu’il me soit fait selon ta Parole » – « Faites tout ce qu’Il vous dira ».« Ma mère et mes frères ce sont ceux qui écoutent la Parole et la mettent en pratique ». (Lc8, 21)

Notre mission prend son origine dans la foi et transmet la foi. D’où l’importance de l’oraison et de l’esprit d’oraison qui nous permet de vivre sous l’action de l’Esprit et en présence de Marie. Pour enseigner la foi il faut commencer par se laisser enseigner, adhérer à Dieu du fond du cœur. Comme Marie et avec Elle il faut tout garder en son cœur, faire l’unité entre prière et action. Sans cela nous ne pouvons pas être missionnaires au sens du P. Chaminade et de Mère Adèle.

« Ainsi le vœu d’enseignement que nous faisons, pour nous être commun avec d’autres Ordres est autrement plus étendu dans la Société et dans l’Institut que partout ailleurs. Réalisant dans son objet la Parole de Marie : faites tout ce qu’Il vous dira, il atteint toutes les classes, tous les sexes et tous les âges, mais le jeune âge et les pauvres surtout. » (24.8.1839)

* Continuité de la Mission

Le P. Chaminade est extra paroissial. Il voulait des lieux de culte que les gens peuvent choisir pour leur style de liturgie, leurs oeuvres… Au regroupement géographique qui est habituel, il préfère le regroupement par affinités spirituelles. La Congrégation de Bordeaux repose sur le principe de la Famille spirituelle. L’esprit de famille est une de nos caractéristiques. Et pour assurer la continuité de la mission, le P. Chaminade recourt au titre de Missionnaire Apostolique. Il se réjouit (lettre 1193), quand, après le Décret de louange de 1839, il obtient le titre pour lui et ses successeurs. Il y voit une garantie pour maintenir l’esprit missionnaire de la Fondation. Fort de sa confiance en Marie, la Femme toujours victorieuse sur le Mal, s’appuyant sur sa responsabilité de Missionnaire apostolique, le P. Chaminade est toujours allé de l’avant.

* Caractère communautaire de la mission
  • -La Congrégation se définissait comme un groupement de chrétiens qui se rassemblent souvent autour d’un prêtre et de son église.
  • Les Congrégations animées par nos communautés (de religieux, religieuses) se groupaient autour d’elles. Les « missions stables et permanentes » étaient ces communautés qui agissaient avec, par et sur les laïcs des Congrégations pour le bien de la mission.
  • « Votre communauté sera toute composée de religieuses missionnaires » avait écrit le P. Chaminade à Adèle (57)
  • Au début à Agen : une seule oeuvre, des apostolats divers, et les sœurs vivent ensemble et partagent tout.

Une remarque : aujourd’hui plus les apostolats sont diversifiés et plus nous avons besoin d’une forte vie communautaire, c’est-à-dire, une vie de profonde union à Dieu personnellement et en communauté, une vie de foi, une vie de partage.

Pour nous, Marianistes, l’appartenance essentielle doit rester l’appartenance à la communauté religieuse et non au milieu apostolique, encore moins à tel groupement. Plus l’apostolat nous prend, plus nous avons besoin de profondeur spirituelle. Le P. Chaminade a voulu réunir les avantages de la vie active et de la vie contemplative.

En conclusion

En découvrant Marie et sa mission dans le plan du salut, le Père Chaminade a reçu la réponse à apporter à tous ceux qui, bouleversés par la révolution, se trouvaient désemparés.

Il les a regroupés dans les Congrégations leur proposant de travailler avec Marie dans leur milieu à la rechristianisation.

Attentif aux signes des temps, disponible à l’Esprit Saint, il a su accueillir Adèle et sa « petite Société », leurs activités au service des pauvres, des jeunes… Avec elle, ils ont fondé l’Institut, se consacrant au service de la mission de Marie. Participer à la mission de Marie, c’est tout simple : oeuvrer à l’éducation de la foi et des mœurs chrétiennes, en communauté, par tous les moyens possibles et en demeurant ouvert à tous.

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